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La
réunion de la vérité calculée Par:
Hassan Banhakeia Le deux septembre
deux mille deux est un grand jour pour le rendez-vous avec la vérité calculée.
Ce jour-là, la forme et le but coïncident parfaitement dans un corps bâtard.
Une ville amazighophone, dite Nador, va être jaugée sur tous les plans à la
lumière des réalisations faites par le président de la commune. C'est sûr,
y a beaucoup de choses à dire si l'on a l'intention de parler objectivement.
L'on va entendre que cette ville est très sale, étoilée de trous et de
fosses, munie de services pouilleux, dirigée par des responsables
irresponsables… Mais, ce qui était encore plus intéressant à voir, c'est
le fait d'assister à une «conférence» de presse présidée par un
politique qui ne maîtrise aucune langue, qui a si honte de parler en
tamazight jusqu'au point de s'aventurer «à la manière de Don Quichotte», hélas,
dans la langue des autres, dans un arabe déchiqueté et un castillan pénible,
qui arrive très tard, qui raisonne à force de hurler «bêtement», qui fuit
les questions à la fin de la rencontre, cela est en plus d'être le comble de
la bêtise, ne peut se passer qu'à Nador, dans le cercle de ses représentants..
Devant une
cinquantaine de canards connus et inconnus, Yahya Yahya expose dans une langue
«peu convaincante», des idées nostalgiques d'un temps où Nador était une
grande ville bien organisée, sans les nécessaires trous sur les voies, dans
les administrations et les fosses indélébiles…
Ce temps-là, existe-t-il vraiment? Ce
temps n'existe que pour l'addition «minutieuse» des comptes, des comptes à
rendre, des comptes célébrés justement à la même époque, cinq ans avant,
par le cousin Tariq Yahya, maintenant le coupable. Où va le destin de Nador
immiscé totalement dans la saga obscure
des Yahya? Cette réflexion nous obnubile jusqu'au point de se dire
dans quel téléfilm de quatre sous on se trouve inséré… Ce jour-là, tout
le monde a l'air curieux: voici revenu le temps des hommes honnêtes qui
hurlent des lois, jurent de dire tout. Par souci constant de «mourir pour ce
bout de terre»! Quelle leçon de patriotisme à l'orée des élections! Et la
couleur rose, et la main tendue, symboles d'un parti précis! Travail niais
assumé par un président! Le président tremble, il a peur: quelque chose lui
fait défaut. A aucun moment, il n'ose nommer le cousin malimé, mais oui le
gouverneur. Qui lui dicte ce comportement? Y a-t-il d'autres comptes
circonspects? Le discours
cahotant est pimenté d'une série de photos réalistes dignes de Zola ou de
Balzac: des mendiants, des fous, des clochards... Ensuite, des photocopies de
chèques (pots de vin) et des spéculations immobilières et… et… Mais
tout cela est naturel à Nador! A la fin, une allocution morale ou moralisante
sur l'état des lieux de la ville. Au moins, y a un président consciencieux
des faits! La vérité naît d'un pouvoir, d'un système ou d'un régime. Ces
trois espaces la produisent, parfois la reproduisent. Où est la vérité
alors? Qui croire? Au fait, personne
ne sait ce que défend le président de la Chambre de l'Artisant à Nador. Il
est arrivé en retard. Il est parti très tôt, fuyant les questions de peur
de se faire canarder. Des mains, invisibles et prestidigitatrices, tissent son
discours: ficelé et argumenté dans un compact-disque offert aux journalistes
dans un arabe parfait! Faut dire, à la
fin, les choses ont beaucoup évolué, et le cours retracé s'avère une
aventure dangereuse ou une mésaventure pitoyable.
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