Numéro  51, 

  (Juillet  2001)

Amezwaru

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Tamazight

Tamazight, tazmamart nnidven

Anebdu

Da cem tirix ciyyan

Fadvma mzel ayt mas

Ghigh imkiddgh gigh

Japennama!!!

Peddu i yserman

Taghrut

Tghuyyit n uxeyyq

Uccan d waoraben

Udem amxib

xnifra nnegh

Français

Qu'est-ce que l'alphabétisation?

Tamazight, quel mode d'emploi?

Pour plus de pédagogie et de justice dans les écoles

Les Feurs revendiquent la berbérité

العربية

الأمازيغية تازمامارت الأخرى

الشهيد مرماح ماسينيسا

استمرار اعتقال الأسماء الأمازيغية

إكراهات العمل الجمعوي الأمازيغي

اكتشافات أمازيغية

الانتفاضة الأمازيغية بالجزائر

أئمة الفتنة والتخلف

المغرب، الماروك، المارويكوس

الأمازيغية والمؤرخون المغاربة

من منع تاويزا من مغادرة التراب الوطني؟

من أجل لجنة وطنية لدعم القبايل

من أسرار لغتنا الجميلة

الأغنية الأمازيغية في إسبانيا

المساومة في القيم التقليدية

أمازيغية حزب التقدم والاشتراكية

مكانة تيزي في الأمازيغية

 

 

 

Pour plus de pédagogie et de justice dans les écoles publiques

Par: Aïcha Aït-Hammou (Bruxelles, Belgique)

Quand, adolescent, un professeur d'arabe classique, d'une cinquantaine d'années dont l'Arabe est la seule langue qu'il connaît, après que vous ayiez fini la lecture d'un texte en arabe classique, vous cite à répétition, après des ronflements, un célèbre vers "poétique" de l'époque de la Jahiliya:

Celui qui est intelligent, même dans les meilleures conditions se sent malheureux.

Celui qui est saut, même dans les pires conditions se sent heureux.

Ainsi l'intelligence et la compétence se réduisent sommairement sans procès et sans appel à une question de phonétique, d'après notre professeur.

Quand, adolescent,  vous rentrez dans une salle de classe et que vous vous attendiez presque toujours aux moqueries des autres élèves qui "savent prononcer" l'arabe. Quand vous recevez quasi-quotidiennement des bouts de papiers, qui étaient  passés de main en main de manière à ne pas en reconnaître l'auteur, sur lesquels vous pouvez lire: «D'où viens-tu?Tu descends de la montagne? Les moutons sont gras?».   Quand ces mêmes élèves n'arrivent pas à retenir leurs rires et leur sarcasme en l'exprimant publiquement en concertation avec le professeur en pleine classe.

Quand un professeur de français, une femme d'une trentaine d'années dont l'origine est la ville de Fez, vous explique que le mot "berbère" signifie littéralement "barbare",  que cela n'a pas besoin d'autres approfondissements et que la réalité le confirme.

Quand un professeur de biologie, arabe ou arabisé,  commente sarcastiquement et publiquement une image relevée dans un manuel de biologie et vous fait constater que si le mot écrit en Arabe sur l'image comporte une faute d'orthographe, c'est parce que la dite image a été prise dans une région "berbère" du côté du Sous. Tout ceci dans une classe où la majorité des élèves est amazighophone.

Quand tout cela se passe dans une grande ville marocaine et dans votre propre pays, vous commencez à vous posez des questions. Tout d'abords, quel crime ai-je commis dans une autre vie pour mériter de telles humiliations? Parce que je suis née de parents "berbères"? Parce que j'ai grandi dans une région où l'Arabe, même dialectal, n'a pas de cité?  Parce que je prononce la langue d'Abu Nuwwas à ma manière?

Mais surtout, sur quel principe pédagogique, humain ou moral, pouvait s'appuyer un "éducateur" pour tolérer de tels agissements (et même y participer) et considérer comme fondamental le fait de bien prononcer une langue pour apprendre? Surtout lorsque l'on n'est pas de cette origine linguistique.

Ce n'est pas là une situation exceptionnelle ou marginale ni un cas isolé dans un pays  grand comme le Maroc où une grande majorité parle exclusivement le tamazight.  Ce n'est pas non plus des jeux d'enfants ou d'adolescents qui avaient marqué un adolescent parmi eux.

 Il devient évident que je n'avais pas les mêmes chances au sein de l'école "publique" que mes collègues de classe que le hasard avait favorisés en les faisant naître de parents arabes ou arabisés dans une grande ville ou leurs frères d'origine "berbères" dont les parents avaient tenu à corriger l'accent afin d'assurer leur scolarité et leur ascension sociale dont l'une des conditions incontournables est une "bonne" prononciation de la langue d'Abu Nuwwas. Ceci dit, je tiens à préciser que tous les professeurs ne sont pas d'un tel niveau de médiocrité que les professeurs, surtout d'Arabe, cités ci-dessus.

Avec le recul et l'expérience pédagogique acquise dans des écoles publiques et privées dans plusieurs régions, je me crois en mesure de relever les facteurs qui ont fait  naître, et le font encore, de telles situations qui ne font pas honneur à la profession d'éducateur. D'abord, il y a des facteurs sociologiques et parmi eux je peux me permettre de citer:

1 - Notre société est basée encore sur une hiérarchie stricte qui sent la dictature en commençant par la famille dans laquelle la parole des enfants est négligeable devant l'autorité hégémonique du patriarche. Ceci est transféré à l'école et l'éducateur se sent inverti de la même autorité que chez-lui. Par conséquent, il se permet de punir physiquement  ou psychologiquement ses élèves.

2 -Le prestige accordé à une langue et la situation de marginalité injustement accordée à l'autre.  Le fait que l'on parle une langue de "prestige" fait que l'on se sent, sans raisons valables et bien fondées, supérieur à l'autre qui lui ne parle que sa langue.

3 -        L'état d'esprit des éducateurs et leur propre éducation les font réagir d'une manière qui ne fait pas honneur à leur métier. C'est là une tendance générale de l'esprit humain: Tout ce qui est différent fait peur et le moyen le plus immédiat et le plus facile pour s'en débarrasser est de l'attaquer.

Le reste des facteurs sont d'ordre purement pédagogique:

1 - La fixation sur la matière du cours elle-même et la négligence de la prise en considération des facteurs qui puissent mener à l'objectif, font que le professeur ne regarde que le contenu de sa leçon et oublie l'essentiel: La création d'un climat d'apprentissage. Cette manière de voir ce dernier a conduit certains instituteurs et certains professeurs à utiliser la punition corporelle afin de parvenir à leur objectif qui est une leçon bien apprise, et le plus souvent par cœur.  Si l'éducateur n'utilise pas cette punition, il se met en colère et psychologiquement le résultat est le même.

2 -        En principe, les élèves doivent être tous les mêmes pour l'éducateur. Ils ont les mêmes droits et les mêmes devoirs, quelles que soient leurs origines linguistiques, ethniques ou sociales.  La réalité est que l'éducateur confond son rôle dans sa classe et son rôle dans sa famille et dans la société en général.

 

Aïcha Aït-Hammou (Bruxelles, Belgique)

 

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