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La volonté des peuples Par : Anarouz SAADANI – Khénifra Oui Nous avons tout oublié Mais notre terre En enfance tombée Sa vieille ardeur se rallume (Kateb Yacine) L’histoire est en marche dans plusieurs pays du Nord de l’Afrique et du Proche Orient. Rien ne semble arrêter ce tsunami démocratique irréversible qui dévaste tous les territoires de la dictature. Une frénésie soudaine s’est emparée des peuples opprimés par les régimes de la terreur. Et comme animés d’une force cyclonique, ces peuples crachent sur la face des monstres qui les dirigent et défient la mort pour affirmer une volonté rare qui ouvre la voie de la liberté, de la justice et de la dignité humaine. Le monde entier a découvert qu’en Tunisie et en Egypte et sûrement dans d’autres pays secoués par les révoltes populaires, les chefs d’Etats s’amusent à entasser des sommes faramineuses dans leurs coffres forts ou dans des banques étrangères au lieu de s’occuper des malheurs qui écrasent leurs peuples. Ces derniers ont découvert que ceux qui les gouvernent n’étaient que des voyous et des bandits de grands chemins. On a découvert aussi qu’un autre, le grand roi des rois d’Afrique, n’est qu’un tueur assoiffé de sang. «Le guide de la révolution» est déterminé à exterminer tout un peuple pour se maintenir au pouvoir. Ce monstre a perpétré des exactions et des crimes contre l’humanité au vu et au su du monde entier. Il a découvert sa véritable nature qu’il cachait tant mal que bien. Maintenant, on sonne le glas de sa fin et il n’est que temps de s’écrouler comme le Sphinx vaincu. Il peut s’accrocher encore quelques jours et mêmes quelques semaines mais sa fin tragique est imminente. Sous le joug de ce régime d’un autre temps, les amazighs ont payé le plus grand tribut. Exclus, dénigrés, marginalisés, malmenés, torturés et écrasés par ce régime qui est devenu l’une des écoles de despotisme sanguinaire, les amazighs sont condamnés à disparaître en tant que réalité historique, politique et culturelle. Au Maroc, et partout ailleurs, la situation des amazighs n’est pas meilleure. Maintenus à l’ère médiévale, ils sont restés suspendus, sans appartenance et sans avenir sur leur propre terre. Au nom d’une union chimérique et d’une logique absurde, ils font objet de discriminations sur tous les plans depuis l’intervention coloniale et la dislocation de leurs structures sociales et de leur mode de production. Aujourd’hui, il faut mettre en place une archéologie de secrets, de mensonges et de traces perdues pour sonder l’ampleur des ravages subis par les amazighs. Notre retard civilisationnel qu’on ne peut pas nier aujourd’hui provient de cette politique qui met le peuple au service du pouvoir maintenu sans conteste par une élite indifférente aux drames du peuple et dans les meilleurs des cas, se contente d’un geste caritatif humiliant. Aujourd’hui, les amazighs sont conscients que le contexte actuel offre une occasion historique pour recouvrer leurs droits de liberté, de justice et de dignité et qui ne peut se concrétiser qu’avec l’inscription de la langue amazighe comme langue officielle dans la constitution prochaine, la reconnaissance de leur identité, la réhabilitation de leur histoire et leur personnalité culturelle et une autonomisation de leurs régions pour prendre en charge leur développement et dessiner leur avenir. Les résistances qu’opposent le parti de l’Istiqlal et d’autres partis archaïques sont dérisoires. Ces partis de tolbas doivent se rendre compte qu’ils sont dépassés et qu’ils ne peuvent plus continuer à imposer leur vision qui fait d’eux les maîtres et des amazighs des esclaves. Les temps où on croyait à leur «baraka» sont révolus. Les amazighs sont aujourd’hui en mesure de choisir leur destin et de vivre dignement sur leur propre terre.
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