Tawiza

« L’essentiel est fait! » disaient certaines voix apparemment satisfaites. Mais le débat est loin d’être achevé. L’état des lieux fait que le monde est toujours chaotique. On ne suit enfin que sa destinée! Or, il se trouve qu’on y intervient d’une manière ou d’une autre.

Que peuvent faire des voix sans force ni soutien?!

Le temps use. Personne ne résiste, sauf des têtes froidement ignorées. Faire dans des conditions pires vaut que faire dans des meilleures conditions! Car, en fait, on peut voir de près le réel. Loin de se travestir, le coup des adversaires gagne du terrain. Que peut faire le clan admis sous les tentes des nouveaux protégés?! « Rien », lançait sèchement une mauvaise langue si ce n’est aiguiser l’instinct de sucer dans tous les sens et de caresser dans le sens du poil. Cette technique est efficace et elle a un effet magique sur les esprits. N’est ce pas?! Car cette terre, dit-on , donne sans recevoir depuis la nuit des temps! Le rêve, le vieux rêve est donc à ajourner. On est amené à vivre au rythme de l’attente. Et tant pis si cela nuit à cette vieille âme qui a su élever même les ingrats venus de je ne sais d’où! «Savoir gérer le jeu est un art qui nous fait défaut » lâchait un autre avec un accent de désespoir. Et oui, il ne suffit pas d’aiguiser ses armes quand une lueur se lance. « Que nous est-il arrivé exactement?! » ajouta-t-il furieusement.

«Prendre quand il le faut et quelque soit la condition ou le prix à payer!! Car ce qui perdure est d’ordre symbolique ». Enfin cette voix ne manque pas de justesse mais le traitement accordé ou octroyé par des nouveaux maitres des lieux manque de justice. Certes, il faut être fou pour rêver de la justice car depuis les coups manqués pendant les années vingt du siècle dernier, on est inscrit dans une nouvelle optique mondiale qui n’est pas du tout en notre faveur. On est dans la marge de l’Histoire. Des comparses qu’on fait défiler dans l’arrière plan sinon devant le touriste à Marrakech berceau d’une éminence politique comme Youssef Outachfin. On fait de nos demeures, de nos hommes, de nos femmes des sites géologiques à visiter et à apprécier. Seul sillage où la canaille a droit de cité, ou la populace ne nuit pas à l’image qu’on fait véhiculer partout dans le monde. L’ancienne-nouvelle vision exotique persiste encore depuis l’ethnographie coloniale, depuis Pierre LOTI et ses semblables de tous les temps. Dailleurs un prince dit rouge vient de l’aveugler en lui crevant les yeux ou peut-être la passion à la jordanienne a aveuglé le prince dit également progressiste et ouvert! Ce qui est frappant c’est qu’on fait de nous la victime et le bourreau. « Jusqu’à quand finira notre calvaire?! » cria-t-on dans l’air.

«Les pistes ne sont pas toutes exploitées. Agissons ensemble et évaluons par la suite. Instaurons des passerelles d’entente. Réanimons les groupes d’action et des dizaines de coordination. Rappelons avec force notre système fédéral.»

A vrai dire , on a raté notre rendez-vous avec l’Histoire. Il faut faire l’impossible mission. Cependant l’éclatement d’un tel pessimisme est probable à l’instar de ces Empires qui ont connu malgré tout leur chute. Des forces salvatrices peuvent être locales. Qui sait?! Même la diplomatie parallèle ne s’avère pas trop opérante car celui qui est puissant aujourd’hui sombre dans la bassesse politique et militaire et fait fi de l’éthique. Et qu’apporterons-nous à ces forces si ce n’est être une brebis à brûler au premier coup venant. L’Histoire l’a bien montré.

L’écho de ces voix blessées, râlées et confuses retentit encore dans la plaine comme dans le désert en passant par la montagne. Le rêve, vieux comme cette terre, est de dépoussiérer le sort civilisationnel de l’Afrique du Nord.