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Hicham Al Alaoui, Istiqlal et PJD même combat contre tamazight Par: Ali khadaoui* La dernière sortie fracassante du Prince Hicham Al Alaoui (entretien accordé à Stéphane Smith dans la revue «le Débat» - Septembre 2011-) où il exprime son opposition à l’officialisation de la langue amazighe ne laisse aucun choix aux acteurs du Mouvement Amazigh: en se déliant de la réserve que son rang devrait lui imposer sur un sujet aussi sensible, Monsieur Hicham Al Alaoui nous oblige en retour, en tant que citoyens amazigh de ce pays, à lui répondre du tac au tac. Depuis longtemps, nous suivons avec une attention particulière, les sorties médiatiques de Monsieur Hicham Al Alaoui. Nous nous sommes toujours demandé ce que voulait ce Prince qui ne rate pas une occasion pour se rappeler au monde à travers une critique systématique qui vise à saper tous les efforts de son cousin pour dépasser les conséquences catastrophiques des années de plomb de son oncle. On sait aujourd’hui que les sorties médiatique du Prince sont toutes intéressées et que les valeurs morales, modernistes et démocratiques mises en avant de ses prises de position perdent de leur crédibilité. On comprend mieux maintenant les objectifs de Monsieur Hicham: se positionner comme ultime rechange au Roi Mohamed VI. En fait, Hicham Al Alaoui veut apparaître comme le leader d’une opposition au pouvoir qui ne dit pas son nom, mais une opposition qui a certainement des ramifications un peu partout et jusque dans le Maroc même. En déclarant son opposition à l’officialisation de l’amazighité du Maroc dans la nouvelle constitution, en faisant appel au maudit « Dahir berbère » et à la démagogie qui va avec, Monsieur Hicham a dévoilé au grand jour ses alliés politiques ou au moins idéologiques au Maroc, à savoir le Parti de l’Istiqlal et le PJD. Cette connivence idéologique n’est pas fortuite. Depuis longtemps déjà, on connaissait les supporters du Prince au Proche Orient et ailleurs. Mais les spéculations allaient bon train quant aux éventuelles complicités et alliances dont bénéficiait le Prince au sein des mouvances politiques marocaines. Maintenant tout le monde est fixé. L’anti-amazighizme du Prince n’a d’égale que sa jalousie voire sa haine pour Mohamed VI auquel il reproche -consciemment ou pas -d’être amazigh par sa mère, alors que lui, Hicham, est un pur produit arabe à cent pour cent, donc prioritaire pour le trône marocain. Cette position de principe, raciste en soi, rejoint parfaitement l’idéologie arabo-islamiste du Parti de l’Istiqlal et du PJD, les seuls partis à dire officiellement et publiquement non à l’officialisation de la langue amazighe. Mais ce qu’oublie le Prince qui rêve du trône du Maroc depuis toujours, c’est que justement le Maroc est un pays amazigh, que le Roi Mohamed VI est amazigh par sa mère- mais la mère prime dans la culture amazighe- et qu’à ce titre, il a plus de légitimité politique que n’importe quel autre rejeton arabe et de surcroît arabiste. Et si les marocains devaient choisir entre un Prince arabe belliqueux qui tire sur son pays depuis l’étranger et un Roi qui, depuis dix ans, essaie tant que bien mal de dépasser un héritage justement arabiste aux conséquences dramatiques, le choix n’est pas difficile à opérer. Monsieur Hicham Al Alaoui se présente comme le chantre de la modernité face à un makhzen rétro. C’est bien beau tout cela. Mais que propose Monsieur Hicham ? Les recettes d’un scénario monté de toutes pièces autour du « Dahir »-dit à tort- « berbère » et que les marocains ont tous vomi, car il a introduit la fracture entre des citoyens frères dont une majorité est demeurée amazighophone mais privée du confort de dire « je suis »et une minorité darijisée, elle-même privée du confort de dire « je suis » autrement que dans le moule identitaire artificiel que les tenants de l’arabisme, notamment le Parti de l’Istiqlal avait fabriqué pour des finalités purement politiciennes. Refuser au peuple amazigh ses droits naturels et reconnus par toutes les instances internationales concernées, est-ce cela la modernité ? Ramener la société marocaine cinquante ans en arrière, est-ce cela la modernité que propose Monsieur Hicham, « l’intellectuels », le « Prince rouge » auquel la presse mondiale ouvre ses bras à coup de pétrodollars de ses cousins arabes du Golfe? En fait, cette position du Prince contre l’officialisation de l’amazighité du Maroc comme le demandaient toutes les recommandations des instances internationales des droits de l’homme à l’Etat marocain et comme le demandaient toutes les composantes du Mouvement Amazigh ainsi que toutes les tendances politiques démocratiques, épouse clairement la position du parti de l’Istiqlal et du PJD, deux formations hors du temps, qui utilisent l’arabisme et l’islam à des fins politiciennes et dont les marocains ne sont plus dupes aujourd’hui. Ces deux formations politiques sont donc, objectivement les alliés du Prince qui convoite le trône du Maroc. Ce qui constitue un fait très grave sans précédent. Le double jeu de ces deux formations est maintenant clair: rien ne pourra les arrêter et tous les moyens sont bons pour se maintenir pour les uns et arriver pour les autres au pouvoir. Comme celles de ses deux alliés idéologiques, les déclarations de Monsieur Hicham constituent une véritable déclaration de guerre contre imazighen, toutes tendances confondues. Qu’il ne s’étonne donc pas de les voir réagir avec véhémence car c’est leur dignité qui a été touchée. De quel droit Monsieur Hicham dénie-t-il aux imazighen, peuple déclaré autochtone par l’instance compétente des Nation-Unies, le droit d’exister pleinement sur sa propre patrie? Si cette provocation émane d’une ignorance des faits, cela est grave. Si cette provocation est bien calculée, c’est encore plus grave. Dans tous les cas de figure, Monsieur Hicham Al Alaoui est hors circuit car il n’a rien compris au Maroc d’aujourd’hui. C’est le lot de l’opposition intellectualiste et confortable installée à l’étranger. La question amazighe est des plus sensibles et des plus complexe à la fois. Et ce n’est pas Mohamed VI que nous respectons et qui nous le rend bien notre problème. C’est l’entourage arabo -raciste et fassiste qui a tissé sa toile et jeté ses tentacules partout dans les rouages de l’Etat notre problème. Il devra soit composer démocratiquement ou dégager. La véritable exception marocaine dans ce qui se passe actuellement en Afrique du Nord et au Proche Orient, on la devra à la sagesse amazighe dont le patriotisme n’est pas à démontrer. Elle a su, à chaque moment crucial de l’histoire de ce pays, se rappeler au monde avec éclat. Elle l’a fait hier contre les français. Elle le rééditera aujourd’hui contre toute ingérence étrangère à la terre marocaine. * - Poète- anthropologue -Ancien membre démissionnaire du Conseil d’Administration de l’IRCAM - Membre de l’Académie Européenne des Sciences, des Arts et des Lettres (Khénifra, capitale des izayane, le 16-10-2011)
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