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Omar
n'Ayt Said: le rebelle de la chanson Dadèssienne
Par: Ali Haddouchi
Dans la vallée de Dadès, les artistes se
comptent sur les doigts, la vallée n’a enfanté q’un rare nombre. Le contexte
socio–religieux de la région freine impitoyablement l’émergence des esprits
artistiques ayant tendance à la chanson, dessiner est un pêché, chanter est un
blasphème; d’ailleurs le dicton dadèssien en dit long sur le bannissement de
tous ce qui relève de la musique et de la chanson «ahdawi bouqlal» qui veut dire
en langue de Molière: « Le fou au tambour», le fait de toucher à un instrument
musical, l’individu est vitement montré du doigt comme quelqu’un de mentalement
dérangé, de misérable ou plus encore de mendient. Ces idées préconçues du passé
proche sont relativement encore d’actualité malgré l’avenue d’une génération
rebelle qui a fait sauter les verrous d’acier et décomplexer les mentalités
ancrées dans des valeurs rigides.
Mohammed Mellal, Omar n' Ayt Said, Alwardi Mustapha, Oujoud et compagnie sont
les premiers fondateurs de la chanson dadéssienne moderne, les premiers à avoir
oser se débarrasser des attitudes enfermées et otages d’un passé lointain.
Mellal Le vétéran patriarcal de la chanson dadessiene - d’ailleurs qui est un
passage obligatoire et incontournable pour comprendre le contexte dans lequel la
chanson dadèssienne a évolué - avait un début très significatif, le jeune
chanteur au début des années quatre vingts, c’est à dire l’aurore de sa
carrière, animait des soirées nocturnes dans le lit de la rivière n’Dades, temps
et espace très significatifs, nuits pendant lesquelles les yeux gardiennes des
valeurs rigides sont en répit et lieu de refuge, loin des mauvaises oreilles.
Le contexte n’épargne pas aussi le jeune rebelle Omar n' Ayt Said, un Omar qui a
éclaté la porte de sa famille laissant derrière lui un passé douloureux qui a
bien retardé sa carrière artistique du grand chanteur qu’il est devenu
maintenant. Depuis son jeune âge il avait la musique dans ses veines, un fou
amoureux de la musique Amazighe, très jeune encore il allait jouer Ahidous dans
les villages voisins malgré les contraintes continuelles que son environnement
lui imposait. De grandes besognes dans les champs sont réservées à notre
artiste, histoire de l’esquinter de telle manière à garder le lit pendant la
nuit et le priver de sa grande passion. Devant un entourage enfermé sur lui-même
refusant catégoriquement tous genres de musique excepté la musique andalouse que
les grands patriarcaux aliénés mettaient à fond les jours des Aïds.
Notre malheureux chanteur n’avait qu’à chercher son style de musique ailleurs.
Omar tout petit s’identifie et se reconnaît à la musique de ses ancêtres et
pousse d’un grand coup de pied la musique du patriarcale à laquelle il n’éprouve
aucun frisson, il s’est fait vite forgé sa propre personnalité et son genre à
lui. Le rebelle se détacha de sa famille mais sans jamais délier le lien
maternel , sa mère était sa muse, sa grande inspiratrice et la gardienne des
valeurs ancestrales, c’était la mère chérie tout court qui lui soufflait les
meilleurs chants berbères pendant qu’il dormait.
C’est à Marrakech, la ville amazighe Amur n’kouch, que Omar avait réellement
débuté sa carrière. A 18 ans il y est parti poursuivre ses études
universitaires, libéré des contraintes familiales et d’un espace enfermé et très
phobique à la musique, il trouve un appui considérable chez son frère aîné déjà
installé dans la ville ocre, c’est d’ailleurs ce généreux frère dont Omar garde
encore une grande reconnaissance à son égard pour lui avoir offert sa première
guitare de sa vie.
Marrakech fait de lui un grand chanteur au sein de ses champs associatifs et de
son université Caddy Aayad, Plus tard Omar termine son parcours artistique dans
la capitaine du Maroc où il était appelé à terminer sa formation de professeur,
c’est à Rabat où notre chanteur avait côtoyé les grands militants de la cause
Amazigh, un lieu aussi où il avait caressé les subtilités du militantisme et
surtout où il avait pris une grande dose d’énergie durable de la cause amazighe,
une cause que notre artiste avait pris dans son grand cœur à jamais: la
réhabilitation des Droits Amazighs est l’unique rêve du chanteur et le slogan
que le chanteur prononce pour inaugurer ses spectacles .
Le prodige Omar retourne au bercail au coté des siens après avoir mené une vie
de bohémien dans les grandes villes du royaume, aiguisé d’esprit et doté d’une
longue et grande expérience, l’espace jadis restreint devient pour lui un
immense champs de travail vierge très fertile, notre chanteur fouilla dans le
répertoire du Dadès, collecta les fabuleux contes de la vallée, en un coup
d’alchimie il en fait miraculeusement des belles chansons, son premier album
fait un grand tabac et réalisa le best-seller de la région, le chanteur
Dadèssien a su mêler la musique moderne aux chants d’ahidous, les contes
deviennent des chansons sublimes, les petits enfants de la région les apprennent
par cœurs, même un refrain de l’une de ses magnifiques chansons devient un
proverbe dans le Dadès «sk chm ouli, sou fgh ouli amia ourili» qui veut dire en
français «Fais rentrer les brebis! Fais sortir les brebis! Rien de rentable»
l’album se Venda comme des petits pains à un point que chaque individu dans une
même famille à son propre album. O.n' Ayt Said épuise sa force magique dans le
répertoire des contes et des traditions Dadèssiennes, ce qui fait d’ailleurs son
grand succès, des contes et des fables qui se cristallisent en jolies paroles
nostalgiques «maza taymat?»: Où est la fraternité ? Dans cette chanson notre
artiste fait allusion à l’absence de l’union des Amazighs, le chanteur y invite
les Amazghs à s’unir, Chansons aussi portant sur la question existentialiste «
wa soulgh»: j’existe encore: L’être amazigh existe et existera éternellement
malgré la politique d’extermination dirigée contre lui par différentes
civilisations qui ont succédées au pays de Tamazgha, on trouve également chez
notre chanteur des paroles qui rendent hommage à l’affection maternelle «Ima »:
Ma mère, symbole de l’amazighité et la gardienne des valeurs ancestrales, Omar
le chanteur militant garde encore le cordon ombilical, c’est à travers lui que
la culture amazighe se perpétue et se consolide, la mère c’est Tamgharte: la
présidente, titre noble et honorifique qui a fait au fil des temps la femme
amazighe une femme libre et responsable , à belle lurette Dihya portait ce titre
noble et symbolisait l’émancipation de la femme amazighe, la femme qu’on croyait
sorcière pour la seule raison que son peuple croyait en elle et croyait déjà à
l’égalité des deux sexes, ce sont ces pensées que O.n' Ayt Said véhicule dans
ses Albums, l’artiste se penche sur le passé pour mettre en relief ce passé
glorieux des Amazighs.
(Ouhddouch@hotmail.fr, Boumalen, Warzazate)
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