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Succès énorme du chanteur rifain Afdjah à Assif n’dadès Par: Ali HADDOUCHI, Warzazate, Boumalen n’dadès C’est dans l’une des belles soirées fraîches de juillet 2006 que le chanteur Afdjah, le Rifain du village Ibdourne, est venu se produire au sud-est, au mont de la vallée d’Assif n’ Dadès, dans le cadre du 5 ème festival Mgoune-Dades que l’association Lkhmis Amal n’dades a coutume d’organiser chaque année. Une soirée d’été pas comme les autres et unique en son genre par la présence exceptionnel de ce jeune rifain venu du haut du Maroc pour honorer la région et nouer avec ses frères amazighs du sud-est, une présence significative et très symbolique dont la dimension est purement identitaire et fraternelle. Reçu cordialement en grande trompe et fanfare par le public dadèssien qui a rarement l’occasion de voir de pareils artistes rifains venir chanter au berceau de la rivière Dadès. Une fois apparu sur scène, le public s’est fondu en joie et créant à force et à cœur « Nous les Amazighs, nous sommes une seule entité», «Unis ensemble pour toujours». C’était un Afdjah venu de loin et traversant en longueur le Maroc pendant toute une nuit pour être au grand rendez- vous qu’il a promis à ses frères Ait Dadès. Le prix de son sacrifice n’est nullement vain, il a été reçu en prince, énormément apprécié et largement aimé par son public. Du jamais vu et sans précédant, le monde présent réclame des entrevues avec l’artiste, ne serai- ce que d’écouter son joli accent amazigh-rifain, il était sans conteste la coqueluche de la soirée, un grand honneur pour la jeunesse de causer avec ce chanteur-militant de la cause amazighe, le jeune Afdjah a su par sa modestie et sa sympathie gagner le cœur de son public et d’être chéri par la totalité de l’audience, il a présenté lors de la soirée artistique le modèle exceptionnel du rapprochement entre les Amazighes du Nord et du Sud. La chaleur et l’amour réservés à cet enfant du Rif n’est pas un simple fruit de hasard, avant de se montrer sur scène les étudiants d’Agadir, de Marrakech en savaient long sur lui. Avant même son arrivée sur les lieux, le nom d’Afdjah revenait en leitmotiv dans les cafés, dans les souks, dans les maisons, tout le monde en parlait «Afdjah le Rifain sera présent, la soirée sera chaude». On disait aussi que le nom «Afdjah» n’est qu’un sobriquet de l’artiste et que son vrai non est Mohamed Maysinas. Afdjah - paysan en tarifite - est un surnom qu’il lui a été valu à une présentation d’une pièce théâtrale dont il avait joué le rôle du paysan dans l’enceinte université de Oujda. Depuis ce temps là, il n’est connu auprès du public que par ce joli nom artistique, cependant notre chanteur a vitement déserté le théâtre pour embrasser un autre style artistique à savoir celui de la chanson et de la musique. Il commence ses débuts en s’exerçant avec un groupe d’amis dans l’un des quartiers de la ville d'Oujda Alqods dans le grand jardin romantique, l’époque où il faisait ses premiers pas dans le militantisme. Toutefois, son chaleureux et unique rêve était de jouer merveilleusement la guitare à l’instar de sa grande idole Walid Mimoun, la grande icône de la chanson rifaine, une figure de proue qu’il avait pris comme parrain depuis le début de son parcours artistique, c’est d’ailleurs les chansons anthologiques de ce grand chanteur qu’il avait choisies pour inaugurer ses premières sorties devant le public. Le chanteur Afdjah se souvient encore de sa première monté sur scène, c’était à l’improviste, lorsqu'un de ses amis manquant à la dernière minute d’un guitariste le supplia de le rejoindre pour combler le poste vacant, l’aubaine se présenta pour lui et en fait un événement très marquant et inoubliable pour lui et pour le public présent qui l’a trouvé excellent et dont il espérait un avenir très souriant et prometteur. Désormais, il se sent dans le bain, plus de tra , plus d’hésitation, l’engouement est présent, il met fin à l’imitation, il se consacre à sa propre création. Doté d’un grand répertoire considérable, cependant moins présent sur le marché musical. L’artiste toujours moins convaincant des critères qu’on lui impose, ce qui retarde l’apparition de ses albums, le feu vert a du mal à apparaître, l’art pour l’art lui importe énormément, il voudrait que ses albums occupent pour assez longtemps et pourquoi pas éternellement les cœurs de ses fans, l’expérience de Choukri, un autre chanteur rifain qui a su surmonter les entraves dans un certain temps, lui sert tellement d’exemple, artiste qui connaît actuellement un succès incroyable en Hollande et en Espagne, dû certainement et incontestablement à son attachement aux paroles originales. Le paysan tient beaucoup à sa terre, Afdjah tient aussi beaucoup à ses paroles; des paroles imprégnées dans le lointain rifai , dans la tradition ancestral , une musicalité douce, sensible qui traverse et perce les âmes dites dures; des chansons faites de quête, d’errance, d’amour dans le vouloir est de greffer l’Histoire des Amazighs. La quête qui l’a amené, lorsque encore enfant, à prendre conscience de l’existence d’une graphie de sa langue maternelle délaissée au sort de l’abîme, notre chanteur frustré n’avait que son propre cœur pour la mettre à l’abri et de lui en chercher d’autres auprès des rifains. La découverte, l’amour et la tendresse de tifinagh lui ont tracé précocement l’itinéraire du chanteur militant qu’il est. L’attachement à son identité et à sa culture amazighe lui ont valu d’être taxé d'impie du lycée Taha Houceine à Zeghanghane, toujours hautement fier de ses origines, de son passé et de ses paroles dont il ne sera jamais prêt à changer aucune position de ponctuation, même s’il est contraint à faire la traversée du désert .C’est un Afdjah qui s’est mêlé à la foule, qui parlait aisément aux Sudistes, qui comprenait les nuances des variétés amazighes, qui causait en Amazigh de tous les marocains, c'est pour toutes ces bonnes raisons bien fondées qu’il tient chèrement et affectueusement à ses paroles. Afdjah le talentueux était sur scène l’étoile du Sud qui a éclairé et a lui les cœurs des Sudistes pendant la fabuleuse nuit mythique de juillet 28/ 30/2006. Une nuit inoubliable où les cœurs Amazighs se sont fondus en un grand cœur. Bravo à l’ artiste Afdjah. (ouhddouch@hotmail.fr)
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