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problèmes et règles d’insertion du schwa en tarifit: analyse de cas et propositions

par: h.banhakeia et farhad el hossaien

 

la suivante analyse discute la problématique de la présence et le fonctionnement de la quatrième voyelle dans la langue amazighe, précisément l’emploi du schwa1 dans les mots amazighs inscrits dans une «tradition écrite» naissante qui se confronte à un usage quotidien de la dite voyelle lubrifiante.2 elle va approcher la contribution des linguistes sur le système vocalique, tout en étudiant la réception de l’amazigh standard en tant que langue enseignée à l’école marocaine publique.

est-il correct d’omettre le schwa, cette voyelle prononcée qui se rapproche de «a» et de «u»?3 cette voyelle, neutre et centrale, peut-elle être une absence de voyelle? certes, le schwa est absence pour les amazighophones du sud, mais il ne l’est pas pour l’amazigh du nord. seulement à l’oral, les rifains confondent, souvent, le schwa avec la voyelle pleine «a».

i.- présence / absence du schwa: probleme didactique et pedagogique

la syllabation en langue rifaine pose, depuis l’intégration de l’amazigh à l’école, un ensemble de problèmes, notamment la voyelle «neutre» (notée e). les conventions orthographiques proposées s’avèrent problématiques pour la réception. le lexique proposé dans les manuels est dénué de schwa, ainsi il y a des transcriptions difficiles à lire comme «tessekkemt» devient «tsskkmt»… comment gérer cette présence «physique» du lubrifiant dans cette syllabe constituée par cinq consonnes? quelles sont les règles la syllabation par le «schwa»? pratiquement, l’ircam (institut royal pour la culture amazighe), promoteur de cette insertion, propose deux règles simples:

1.- pour séparer trois consonnes identiques: «tammemt» (miel);

2.- pour séparer deux consonnes identiques dans le radical: «mlel» (blanchir).

en conséquence, des mots sans voyelles, difficiles à prononcer, pullulent dans les manuels scolaires, suivant deux conditions pratiques:

1.- obéir d’une part, à l’exception soussie dans les règles standard;

2.- de l’autre, ne pas être concernés par les deux règles.

alors, divers problèmes se posent avec la présence ou l’omission du schwa dans les manuels 4 (du 1er livre jusqu’au 6e). la réception de l’amazigh se trouve plus contestable dans les autres régions du maroc où le schwa, de manière générale, lubrifie l’enchainement des consonnes. sans cette présence, il serait impossible de parler de syllabes dans la langue amazighe.

qu’avance la tradition académique à propos de la présence et de l’absence d’une telle voyelle? selon quelques travaux linguistiques, le schwa en langue soussie, ne possède pas de segment correspondant sur le plan des représentations phonétiques. (dell 88, 96) il ne s’agit que d’une règle spécifique à une région, et la règle de base d’une standardisation veut que l’exception soit toujours annulée.

de son côté, m. g. kossmann avance que la voyelle neutre est «voyelle centrale non-phonologique. elle apparaît pour éviter la constitution de groupes de plus en plus de deux consonnes. elle n’est jamais distinctive. sa nature strictement phonétique est confirmée par son instabilité selon

- les locuteurs

- le débit

- la constitution du «mot phonétique» où elle apparaît; sa position varie avec la composition phonique du groupe.»5 ce sont les mêmes propos avancés par salem chaker6, ajoutant que cette (voyelle neutre) est interdite en syllabe ouverte et sera systématiquement supprimée dans la notation phonologique. qu’entendent-ils par voyelle centrale non-phonologique? est-ce que la seule instabilité de cette voyelle permet aux linguistes d’opter pour la supprimer? comment résoudre son existence sur le plan phonétique?

d’ailleurs, il est de noter que le schwa /e/ est une voyelle avec un statut particulier, il existe en kabyle et en rifain mais pas en chleuh. la standardisation nationale pose problème puisque les deux variantes, au maroc, le centre et le nord disposent d’une voyelle neutre «e» quant à la langue standard, celle des manuels scolaires, ne l’est pas. c’est vrai que la suppression de cette voyelle neutre viendra à bout du problème de son instabilité comme dans le verbe:

yefser (il a exposé); radical: fser

fesren (ils ont exposé); radical: fesr

en supprimant le «e», on obtient:

yfsr (il a exposé) ; radical: fsr

fsrn (ils ont exposé) ; radical: fsr

un autre problème pourrait être résolu par la suppression de cette voyelle neutre, c’est surtout dans la confection d’un dictionnaire amazigh où les mots sont classés par ordre alphabétique et où nous ne retenons que les radicaux, dans ce cas nous ne pouvons avoir ni les verbes conjugués ni les noms au pluriel. dans un tel dictionnaire nous aurons des mots comme:

yefser

fesren

ainsi, nous obtenons deux radicaux différents: «fser» et «fesr» qui sont le résultat du déplacement de la voyelle «e». dans ce cas, nous ne savons pas le vrai radical, ce qui mettra nos apprenants dans des situations d’insécurité causées par la conjugaison.

cependant, d’autres écritures posent des problèmes au niveau de la lecture.

prenons les exemples suivants:

ssnn; munn ; ad ffghgh ; ad tmmurdd ;…

dans ces exemples, nous ne pouvons savoir quelle est la consonne qui porte une accentuation, et du coup on peut lire incorrectement. l’insertion du «e» permet de reconnaître les consonnes accentuées pour une lecture correcte. de plus dans ces exemples, comment savoir si les deux «m» ou les deux «gh» ou les deux» d»  représentent deux phonèmes distincts ou une tendue? c’est bien avec l’introduction du «e» qu’il est possible de lever toute ambigüité. on écrit alors:

ssnen ; munen ; ad ffghegh ; ad temmurded ;…

dans ce cas, l’accentuation est marquée par la présence du «e» et dans «ssnen», par exemple, l’accentuation est marquée sur les consonnes «s» et le dernier «n» et si on écrit ce verbe conjugué sans la voyelle»e» on aura ‘‘ssnn’’ et on ne peut pas savoir quelle est la la deuxième  consonne accentuée: est-ce que le premier «n» ou le deuxième?

donc, la suppression du «e» posera problème dans le cas d’une suite de deux consonnes identiques significatives, qu’on peut confondre avec une consonne tendue7 représentée par un doublet (ssnen ; munen ;…)

en plus, l’emplacement du schwa influence sur la réception de la langue amazighe enseignée à l’école marocaine, observons les deux verbes suivants:

-mlel «être blanc»

-mell «être dégouté»

le déplacement du schwa dans ces deux verbes influence sur le sens, donc ces exemples et d’autres soutiennent l’idée d’utiliser la voyelle neutre afin d’éviter ces suites de consonnes identiques significatives. d’autre part les suites de plus de trois consonnes sont difficilement déchiffrables pour les apprenants du nord.

en plus d’être un problème de la phonétique/phonologie, le schwa se pose comme un problème didactico-pédagogique. au rif, cette nouvelle transcription vocalique du lexique (sans l’insertion du schwa) pose différents problèmes. nos visites des écoles de berkane, kebdana, nador, alhucemas… nous ont aidés à comprendre une telle réception.

le problème de cette voyelle neutre rend difficile la réalisation correcte d’un certain nombre de termes sans schwa, surtout pour les non-amazighophones. notons que le rifain oriental «a trois voyelles pleines, a, i, u et une voyelle brève ə, dont le statut phonologique est discutable.»8 cette présence du schwa n’est-elle pas due à l’influence des autres langues méditerranéennes, notamment du nord? cette présence est, à notre point de vue, fondamentale. par exemple la syllabation, qui gère la composition d’un poème, impose la présence du schwa. comment scinder le vers? utiliser quel autre moyen «physique»? faut-il compter le schwa en tant que voyelle?

Notes :

1emprunté à l’hébreu שוא « vide », le schwa est une voyelle neutre, ni ouverte ni fermée, ni antérieure ni postérieure, ni rétractée ni arrondie; en français, le e muet […]» (chva, trésor de la langue française)

2 la langue usuelle connaît une importante présence des emprunts.

a notre avis, il serait erroné d’étudier la place du schwa dans des emprunts. lors des emprunts, le « a » se transforme en « e » : « albahr » devient « lebhar » ou « rebhar »

3 dans les parlers catalans, le « a » ou le « e » (unstressed) sont prononcés comme une voyelle neutre. les petits rifains mettent à la place du schwa un « a » : pour eux il y a présence physique d’une voyelle.

4 les manuels “tifawin a tamazight“ publiés par l’ircam en partenariat avec le ministère de l’education nationale

5 m. g. kossmann, schwa en berbère, jall 16 (1995), 71-82, p.72.

6 s. chaker : manuel de linguistique berbère i, ed. bouchène, p.83

7 en phonologie, se dit d’un phonème dont l’articulation se caractérise par une déformation plus grande de l’appareil vocal (opposé à lâche) par rapport à sa position de repos.

8 kossman, maarten g., esquisse grammaticale du rifain oriental, « ussun amazigh », 16, editions peeters, paris-louvain, 2000, p.16

 

 

 

 

 

 

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