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Echantillons de chants amazighs du jihad: un exemple d'amazighophobie. Par: Mohammed SERHOUAL (Université de Tittawin) La revue “Amal”. Histoire, culture et société, éditée en langue arabe, publie trois numéros par année. Le numéro double 25-26 du mois de novembre de l'année 2002, est consacré spécialement au thème intitulé “Résistance et ndépendance au 20ème siècle: symboles et significations”. Cette revue contient une vingtaine d'articles à peu près, qui pivotent autour de la thématique de la résistance marocaine. Ce numéro est publié par une subvention du Ministère de la culture et de la communication; les communications rassemblées dans cette revue ont fait l'objet d'une rencontre scientifique organisée en collaboration avec le Conseil municipal de la Province de Ben Msik Sidi Othmane les 24et 25 novembre 1995. Un seul 'article' se singularise par un titre à la fois séducteur etTrompeur: “Echantillons de chants amazighs du jihad”. Ce titre attire l'attention du lecteur potentiel de la revue en question; cependant cet énoncé tutélaire est creux et l'approche poétique est loin d'être satisfaisante, nous y reviendrons. La déception du lecteur n'a pas de bornes à cause de l'approche académique et idéologique faite à la poésie amazighe malgré l'étendue des pages de 138 154. Pourtant cette étude est mise dans la même sac avec d'autres comme celle de M. Brahim Soulami (pp. 6269) qui fait état de poésie arabe non marocaine consacrée à la guerre du Rif. M. Soulami cite des poètes les égyptiens Ali Mahmoud Taha et Abou Chadi, le palestinien Ibahim Touqan et l'irakien Maârouf Arroussafi ( p.65 66). Une lecture rapide de cette approche amazighophobe nécessite deux types de lectures: la première relève du plan méthodologique en tant qu'étude académique; la seconde du plan idéologique à travers des termes utilisés et choisis pas d'une manière arbitraire. Les deux plans, académique et idéologique, s'interpénètrent et forment un tout indissociable. Anomalie de l'approche: Entrée brutale dans le vif du sujet et attaque directe du texte à examiner sans introduction aucune, sans préambule pour annoncer le sujet et la méthode d'approche. Les extraits poétiques, au nombre de treize (13), soit un nombre de cent soixante vers, ne sont pas donnés dans la langue source; ils se présentent dans l'ordre suivant: 1.Chant du fqih Sidi Salah (9 vers)-2. Chant des Ayt Ugudid (17 vers)-3. Chants de la révolution(9 vers)- 4. Prophétie d'ElMehdi (6 vers)-5. Destin des Ayt Khalifa (12 vers)-6. Le télégraphe (19 vers)-7. Chute des Ayt Bou-Attas en terre berbère( 33 vers)-8. Les Amhaouchi et la révolution( 9 vers)- 9. Malédiction des Ayt Ugudid (6vers)-10. La route des poteaux (11 vers)- 11. Chant amazigh (6 vers, cela présuppose que les autres ne le sont pas)- 12. Résistance des Ayt Atab (8 vers)- 13. Arrivée du Général ou la manifestation hasardeuse ( 15vers). Ces intitulés sont proposés tels quels sans commentaire philologique, autrement dit ces titres font-ils partie des textes ou s'agitil d'une pure invention qui leur est ajoutée?. Seule une traduction ou trahison plus ou moins paraphrasée qui dénature et défigure les texte de départ; il n'y a pas d'appendice en fin d'article réservé au corpus d'origine. Une absence notoire de toute contextualisation historique, exception faite de quelques termes rendus par la traduction littérale comme bataille de Lahri ou l'anthrponyme Moha ou Hammou, ni plus ni moins. Il y a lieu de signaler également qu'il n'y a pas de caractérisations des genres poétiques étudiés tels qu'ils sont mentionnés par M. Chafik ( 2000 : 93122): izzli, tamawayt, tayeffart, tamidulit (pp. 3233 et 99) ou M. AlGhadiri (2000 : 43 63). Aucune allusion n'est faite à la poéticité des textes (organisation strophique, métrique, rythmique, etc.). Même remarque concernant la conclusion: le texte se termine en queue de poisson. La terminologie ayant trait au genre utilisé est vague et instable comme ‘aghani’, ‘unshudatun’, ‘anashid’, faute de définitions conceptuelles précises. Il y a une série de notes de bas de page allant de 1 à 35 mais sans aucune indication concernant le contenu de ces renvois numériques. Les quelques rares références ne sont pas signalées de manière précise. Quelques noms comme Shoepenhauer (pp. 144 et 150) et Garcia Lorba ou Lorca? et Achchabbi sont cités, ni plus ni moins: pur et simple terrorisme intellectuel, gratuit et arbitraire. Pour revenir au texte de base inexistant qui doit tenir lieu de corpus et qui est censé être analysé, celui-ci doit être présenté ne serait que par souci d'objectivité et par honnêteté intellectuelle pour que le lecteur soit mis en situation, pour qu'il puisse être mis en contact direct avec la poésie amazighe du MoyenAtlas. Le seul accès qu'il a fait à travers la traduction peu fiable de l'auteur; cette traduction de mauvaise qualité ampute le texte original de sa littérarité et de sa poéticité aux niveaux syntaxique (parallélismes), lexical (synonymie antonymie, etc.) et sonore (assonances et allitérations), au niveau des images poétiques (métaphores). Deuxième remarque importante: de deux choses l'une: ou cette poésie est ignorée, ce qui est plausible ou, ce qui est pire, il s'agit d'une extermination du texte amazigh pour des raisons idéologiques. Le texte de base est occulté et s'en trouve enlaidit par une traduction infidèle, et c'est une attitude assassine à l'égard de la culture autochtone des Marocains. On sait que les connotations sémantiques n'apparaissent pas toujours au niveau de la traduction, surtout lorsque l'écart culturel entre les deux langues est manifeste. Quant à l'analyse des échantillons (le terme employé apparaît au niveau du titre) est le moins qu'on puisse dire superficielle; il s'agit de redites pures et simples de la traduction paraphrasée des morceaux choisis, il y a un manque de profondeur et d'approfondissement propres au texte poétique. Ajoutons à cela une espèce d'éclectisme nocif adopté dans cette étude; il n'est pas presque pas fait allusion à la poésie épique qui rend compte des exploits guerriers, de la vaillance et du degré de combativité des Imazighen à l'œuvre, sur le champ de bataille, chose qui a été archi (re) connue, indéniable et incontestable. Voyons maintenant ce qu'il en est des thèmes abordés, ils se présentent comme suit: endurance, incarcération, labours manqués, oraisons funèbres, désespoir, lamentations et pleurs, destructions et ruines, diffamation, trahison, misère extrême, malédiction et humiliation, ce dernier mot/thème revient plus d'une fois dans l'analyse. Nous voyons donc que tous ces thèmes n'ont rien d'euphorique; ils sont au contraire tous dysphoriques comme si Imazighen n'avaient jamais eu leurs moments de gloire. Des historiens de grande envergure comme Ibn Khaldoun ont mis l'accent sur la bravoure et l'âme altière des Imazighen. Voici ce que dit Ibn Khaldoun à propos des Imazighen: «Les Berbères ont toujours été un peuple puissant, redoutable, brave et nombreux; un vrai peuple comme tant d'autres dans ce monde, tels les Arabes, les Persans, les Grecs et les Romains », Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères, I : 199-200, cité par S. Chaker 1989, en épigraphe. Les militaires européens, durant la période dite de pacification qui a duré au moins trois décennies, ont reconnu cette force de l'âme malgré la différence logistique et technique qui existe entre les résistants amazighs et l'armée coloniale. Donc éclectisme, amputation et occultation textuels, analyse superficielle et approche décousue, manque de cohérence et de fil conducteur, absence d'objectivité scientifique et honnêteté intellectuelle, juxtaposition de traduction et de gloses dénuées de toute analyse profonde tels sont les défauts majeurs de cette mauvaise explication de textes. Et dire qu'un produit de la sorte avec un titre si séduisant sera panthéonisé dans un C.V. ! ! ! Une telle communication nuit non seulement à la revue mais également à la poésie amazighe et aux Imazighen. Références: CHAFIK Mohammed, 2000, “Pour un Maghreb d'abord maghrébin, Centre Tarik Ibn Zyad pour les études et la recherche. CHAKER Salem,1989, Berbères aujourd'hui, 'Harmattan, Histoire et perspectives méditerranéennes. ELGHADIRI Mustapha 2000 “La guerre civile espagnole (1936-1939) à travers la poésie amazighe au Rif in La question amazighe: construction et théorie [en arabe], Publications de la F.L.S.H., no 39, Série Séminaires et colloques, no 10,Oujda, pp.43-64. |
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