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La nouvelle constitution sera-t-elle pragmatique? Par: Hassan Oulghazi
Si la «constitution» désigne un ensemble de lois fondamentales qui déterminent la forme du gouvernement d’un Etat démocratique et réformiste, depuis son indépendance, le gouvernement marocain avait institué plusieurs lois discriminatoires et anti-démocratiques qui visent essentiellement à marginaliser le peuple amazigh et éradiquer la langue et l’identité amazighes!! Le peuple amazigh n’a pas cessé de revendiquer des réformes politiques et une constitution meilleure et plus démocratique, il a même payé cher! Les militants amazighs avaient subi les conséquences graves de la politique coloniale et des années de plomb, ils ont été kidnappés, torturés et malheureusement assassinés pour avoir réclamé un droit naturel!! L’idéologie autoritaire du» Wahhabisme», prônée par les adeptes xénophobes d’une secte dangereuse qui constitue une menace planétaire et, malheureusement, qui s’implante facilement et durablement dans les pays de très faible niveau d’alphabétisation et la doctrine morbide du «nationalisme arabe» ont pu emporter les partis politiques arabo-intégristes marocains (exemple du PI et du PJD) qui prennent une attitude trompeuse en faisant semblant d’ignorer que l’amazighité plonge profondément ses racines dans une histoire millénaire, ils se sont inspiré d’une réflexion haineuse anti-amazighe et ils cherchent à transformer l’Etat de droit en Etat de force et mettre la glaive au service de la Charia où des Fqihs arrogants monopolisent la fabrication des lois! Le Makhzen a intentionnellement favorisé la prolifération expéditive de ce concept idéologique intrépide par l’instauration des lois anti-démocratiques qui soutiennent la politique discriminatoire et marginalisent le peuple amazigh dans les domaines: politique, économique, socioculturel etc. Le 17 juin 2011 SM le roi annonce la consécration d’une véritable charte des citoyens (constitution du citoyen). A travers le référendum du 1er juillet 2011 le peuple marocain approuve la nouvelle constitution. Nous préjugeons ainsi que le Maroc entre dans une nouvelle ère où règnera plus d’égalitarisme. Malgré que la voix d’une minorité n’ait pas répondu «présent» à l’appel des urnes, le taux de participation des marocains au référendum du 1er juillet 2011 a pu approuver la nouvelle constitution. Peut-on démontrer que le peuple marocain a convenablement saisi l’importance du nouveau texte constitutionnel? Eh bien l’ancien président du CCDH assimile l’adoption de cette nouvelle constitution à une seconde indépendance pour le Maroc. Oui, le Maroc a été déclaré pays indépendant il y a 55 ans mais les séquelles de la colonisation n’ont pas été effacées à ce jour, le peuple amazigh souffre toujours de la marginalisation et de la discrimination raciale, culturelle, politique, économique etc. Ainsi, pour que le Maroc soit véritablement indépendant, il faut instaurer une volonté politique sage. Comment comprendre les chefs de partis politiques qui adoptent la politique du pire: avant le 17 juin 2011 ils s’opposaient à la reconnaissance constitutionnelle de la langue Tamazight et après le 1er juillet 2011 ils prennent la solution de facilité et ils applaudissent le texte qui stipule que: Tamazight est la langue officielle du pays du côté de la langue arabe?! Le secrétaire général du MP confirme que l’adoption du nouveau texte signifie la rupture avec l’époque qui précède 2011, le texte constitutionnel représente un indicateur de confiance notamment par la reddition des comptes, il ajoute que la constitution, à elle seule, est insuffisante ; il faut élaborer des lois organiques. Dans le but d’aboutir au poste de premier ministre, le secrétaire général du PJD indécis modifie sa position et dit «Oui» à la nouvelle constitution, mais..! A l’instar de ceux qui s’engagent par haine des compromissions politiques, cet islamiste xénophobe n’a pas pu avaler convenablement la légitimité de l’officialisation de la langue Tamazight et, beaucoup plus loin de la bonne voie, il conduit ses maquisards vers une dérive politique pernicieuse!! Malheureusement, le premier responsable du PJD cherche à persuader les militants amazighs Pjdistes à croire qu’en renonçant à leur langue et à leur culture ils iront au paradis, il omet qu’il rendra compte lui et ses partenaires qui éprouvent le sentiment de haine contre l’amazighité que le Bon dieu a voulu créer!! En effet, tous les vrais racistes qui continuent de perdre leur crédibilité devant le peuple marocain doivent savoir que Tamazight est notre langue millénaire et «Tifinagh» est sa propre graphie, ils n’ont pas le droit à conjecturer les conséquences de son avenir brillant que les nouvelles générations préparent aujourd’hui pour qu’elle se mette au diapason des langues vivantes et développées. Le secrétaire général du PPS affirme que la promulgation du nouveau texte constitutionnel cristallisera un changement considérable. La commission mixte UE-Maroc a salué la décision de la constitutionnalisation de la langue amazighe comme langue officielle du pays. Le premier secrétaire de l’USFP reconnaît dans sa déclaration que l’identité du Maroc est diverse et indivisible. Le mouvement islamiste fondamentaliste est allé plus loin, il boycotte le voter et il poursuit son action jusqu’à ce que ses revendications soient satisfaites, en particulier jusqu’à la fin du despotisme estime quelques chercheurs spécialistes du mouvement islamiste. Si le peuple marocain a voté pour le nouveau texte constitutionnel, c’est qu’il espère obtenir un ensemble de données constituants une solution définitive à la politique discriminatoire et à la marginalisation menées par le pouvoir autoritaire contre le peuple marocain amazigh qui aspire à la démocratie, à la liberté et au développement global et durable. Dans les dispositions générales de la constitution votée le 1er juillet 2011, on remarque que le régime constitutionnel au Maroc sera fondé sur la séparation, l’équilibre et la collaboration des pouvoirs, ainsi il conçoit le principe de la bonne gouvernance et de la corrélation entre la responsabilité et la reddition des comptes. L’amazigh constitue aujourd’hui la langue officielle de l’Etat en tant que patrimoine commun à tous les marocains sans exception. Dans le cadre du respect des droits humains, l’autorité chargée de la parité et de la lutte contre toutes les formes de discrimination veillera au respect des droits et des libertés. La haute autorité de la communication audiovisuelle est une institution chargée de veiller au respect de l’expression pluraliste et du respect des valeurs civilisationnelles fondamentales. La cour supérieure des comptes a pour mission la protection des principes et des valeurs de bonne gouvernance de transparence et de reddition des comptes de l’Etat et des organisations publiques. En effet, la nouvelle orientation demeure foudroyante pour les intolérants protecteurs de la langue unique et pour les opposants à la diversité culturelle!! Faut-il alors se demander si la nouvelle constitution marocaine qui affirme vraisemblablement certaines vérités sera-t-elle plus pragmatique ou bien elle sera un texte rédigé noir sur blanc et la politique de la loi de la jungle l’emportera toujours? Faut-il se rappeler qu’en vertu d’une loi promulguée au XIX ème siècle et quasiment inchangeable, la France autorise tous les français à modifier les noms qui leur portent préjudice, plusieurs centaines de demandes concernant la «francisation» des noms d’origine étrangère parviennent au ministère de la justice française chaque année. Chez nous, un phénomène grave paraît! Il provoque une dangereuse rupture avec notre glorieuse histoire, il nous oblige à renier notre identité et notre culture d’origine: les officiers de l’Etat civile interdisent les prénoms purement amazighs que les parents amazighs choisissent à leurs progénitures!! Est-ce à dire qu’une consonance autochtone est assimilable à un préjudice?! J’évoque aux chers lecteurs que la revue Maghreb magazine n° 7 du mois d’octobre 1992 avait publié une étude patrimoniale sous le titre: «Essaouira mémoire d’hier» réalisé par Mr Abdelkader Mana en collaboration avec Mr Michel De Laborde. Les chercheurs avaient expliqué que les vestiges préhistoriques incitent à penser que la région a été habitée depuis des millénaires, ils ont pu déterminer que la tribu Regraga est une tribu amazighe issue anciennement du pays de Haha qui s’étendait de l’oued Tensift au nord à Ida ou Tanane au sud. Malheureusement, le pouvoir politique du PI est atteint d’une folie douce, il minimise sans honte l’histoire du Maroc à 12 siècles de propos mensongers!! Mais, il fallait le savoir, surtout une thèse irrévocable: l’intégrité territoriale du pays du Maroc a été habitée depuis des millénaires par le peuple amazigh et l’étude des hommes, des sociétés et des événements du passé a laissé une histoire que les amazighophobes cherchent toujours à occulter!! En collaboration avec le protectorat français, le Makhzen avait divisé le Maroc en un pays utile que devaient occuper les nationalistes arabes et un pays inutiles à majorité amazighophone à marginaliser!! Quelque soit leur origine, les métis arabophones cherchent à s’intégrer au clan des privilégiés «Chorfa» pour bénéficier des avantages politiques et économiques accordés à cette horde malgré que «Chrif» n’a pas été fondé sur aucun groupe humain défini par son appartenance génétique ni culturel ; il s’agit tout simplement d’une appellation politico-religieuse qui met le fiel dans le miel, elle est soldée par un échec qui entraîne une baisse de l’estime de soi. Mais, la conscience est la lumière de l’intelligence pour distinguer le bien du mal, dit-on. A la lumière de la nouvelle constitution, le pouvoir politique et économique du pays doit rétablir la justice sociale, il doit déraciner la politique de l’autruche et la loi de la jungle. Le pouvoir politique doit assurer le respect et l’exercice des droits de l’homme dans de bonnes conditions et garantir la protection des droits et des libertés des individus, il doit lutter contre toutes les formes de discrimination raciale et de la corruption administrative. Désormais, la préservation et la promotion de la langue et de la culture amazighes sont la responsabilité nationale et toute prévarication à ce devoir est une grande trahison à la nation. A cet effet, l’Etat doit élaborer une stratégie nationale pour généraliser l’enseignement de la langue amazighe avec sa graphie originelle Tifinagh et élargir son horizon culturel, il doit intégrer la langue et la culture amazighes dans les programmes de l’enseignement public et prendre en charge effective les frais scolaires des familles pauvres. L’Etat doit œuvrer pour créer l’esprit de solidarité, de convivialité et de tolérance entre tous les citoyens. Si les tribus amazighes ont pu libérer le pays du joug militaire de la colonisation étrangère, Imazighen se sont déterminés, depuis plusieurs siècles, pour la stabilité et pour le développement du pays, ils n’ont pas attendu le 21eme siècle pour pratiquer les préceptes religieuses prêchés par les prédicateurs charismatiques et malheureusement, mal intentionnés, d’une secte religieuse bornée et raciste!! Ils se sont volontairement et définitivement engagés à pratiquer correctement leur foi conformément à la religion divine de référence, il n’y a aucune raison pour qu’ils soient marginalisés par le pouvoir xénophobe autoritaire et il est formellement absurde que les adeptes du mouvement Wahhabite «islamisme politique» continuent de propager des superstitions et des voyances trompeuses au sein de la communauté amazighe, ces partisans doivent cesser d’éreinter le peuple par leurs hérésies destinés à forcer Imazighen à se résigner pour les écraser politiquement! Heureusement, Imazighen résistent toujours et dans le but d’aménager une langue standard, les intellectuels amazighs s’efforcent aujourd’hui à réparer les dégradations scandaleuses causées à la langue tamazight par les amazighophobes à travers l’histoire. En conséquence, l’administration marocaine vient de se doter convenablement d’un manuel de procédure: un instrument de travail énergique qui permet d’optimiser le processus et de délimiter les responsabilités. Toutefois, pour pouvoir instituer un Etat de droit et des institutions modernes, il faut respecter les libertés publiques, écarter les détentions arbitraires et il faut libérer immédiatement les détenus politiques amazighs ; pour pouvoir perfectionner convenablement et favorablement la révision constitutionnelle, il faut que le pouvoir politique renonce à la politique déloyale, à la politique discriminatoire et délatrice du favoritisme et du clientélisme et faire preuve du pragmatisme, plutôt que des considérations théoriques. Il faut que les pouvoirs législatif et exécutif soient entre les mains propres des sages dévoués. Il faut que les ségrégationnistes cessent de faire subir au peuple amazigh les pires avanies. Il faut que les reformes touchent efficacement tous les secteurs publics de l’Etat, les hauts responsables doivent prendre la décision d’amélioration et conduire les transformations radicales pour lutter contre l’arbitraire et les abus dans l’administration publique marocaine. Il faut établir l’égalité raciale et linguistique entre toutes les couches populaires, il faut que notre pays accède pratiquement à l’indépendance effective, il faut perpétuer obligatoirement la véritable histoire du peuple pour que les marocains révèlent leur identité, leur origine et leur authentique et glorieuse histoire qui enregistre tout et rejette les falsifications ignobles.
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