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l’amazigh, de l’effacement a l’indétermination Par : H. Banhakeia (Université de Nador) La Constitution de 2011 n’a pas de mémoire. Elle met de côté la dimension historique. A-t-on honte de cette Histoire nord-africaine ou bien peur pour ne pas l’inoculer dans un tel texte fondateur? Les auteurs du texte préfèrent le démagogique aux droits «réels» d’un peuple. Ne vient-elle pas la Constitution rectifier le tir concernant l’amazighité après l’échec de la réalisation de l’amazighe dans les domaines publics? Après le dahir royal (créant l’IRCAM) et les discours royaux, que peut donner la Constitution à la langue amazighe dans son officialisation dans les organes de gouvernement, l’administration, les tribunaux, les registres publics, les documents administratifs…? Si toute Constitution est à définir comme le miroir «législatif» pour un citoyen, peut-il le Marocain s’enorgueillir: «Ah, voilà ! Je suis un marocain. Ce que je suis y est traduit. Mon histoire. Mon être. Mon identité.» Tous ces contenus ne peuvent qu’être éléments de l’amazighité, identité de cette terre. Hélas, tant d’éléments paradoxaux, hétéroclites et imprécis jonchent le texte vu la polyphonie fondatrice. «To be or not to be, that is the question». Ou bien la langue amazighe est officielle ou bien elle ne l’est pas. Il n’y a pas de troisième statut. Pourquoi ne pas ne pas se satisfaire de: «L’amazighe et l’arabe sont les deux langues officielles de l’Etat.» et de la suite juste et correcte: «L’Etat doit créer les conditions pour l’officialisation de la langue amazighe en parité avec la langue arabe.» En effet, le texte jette de l’indétermination au lieu de déterminer la destinée de la langue historiquement propre de tous les Marocains. Précisément, l’article (5) est non seulement une officialisation de l’amazigh, mais également un acte de cracher dans la soupe de la «démocratie». Cet article dit oui à l’officialisation de la langue amazighe, dans un espace d’aparté par rapport à la langue «réelle et officielle». Comment préciser les étapes de l’officialisation sans parler des conditions? Quelles lois organiques à venir des partis? Quels domaines d’application? Quelles fonctions? Pourquoi « protéger », « développer » et « motiver l’emploi » ne sont pas des actions afférentes à l’officialisation de l’amazighe?L’inconscient du texte de la Constitution va de l’effacement (par rapport aux autres textes) à l’indétermination? Officialiser l’indéterminé relève peut-être de la norme «marocaine», par un tour de magie parfaite. Comment remédier au problème constitutionnel? Ce sont les partis, et non les juristes «neutres», qui gèrent le politiquement démagogique, à diviser entre amazighophobes et hypocrites envers l’amazighité, qui font les lois organiques à idéologie «arabiste», et encore si le parti amazigh continue à être interdit au nom de l’article (7), peu demeure comme issue à l’amazigh, sinon l’indétermination continue… Selouane, 24 /06/2011 H. Banhakeia (Université de Nador)
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