Uttvun 70, 

Sinyûr 2003

(Février 2003)

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La lettre “o” en tamazight

Par: Hha Oudadess  (Rabat)

Il est clair qu'une langue, pour être parlée et correctement lue, a besoin de voyelles. Le génie d'un peuple consiste, en plus de se doter d'un alphabet, à donner une place à celles-ci.

Je ne sais pas d'où vient l'idée qu'il n'y a pas le son “O” en tamazighet. En tant que locuteur assidu de cette langue, qui est ma langue maternelle, je suis convaincu du contraire.

Au risque de déranger des certitudes savantes, j'avance que le son ‘O’ existe bien en tamazighet. Je pense que les nombreux exemples qui vont suivre sont largement suffisants pour le prouver. Certains sont décisifs car ils montrent que le remplacement de O par U (ou) conduit à une signification tout à fait différente.

Les premiers qui se sont intéressé à tamazighet étaient certainement imbus des idées développées par les sémiologues. Or, en hébreu et en arabe, il n'y a effectivement pas de lettre O. Mais alors c'est appliquer des schèmes d'une langue à une autre qui ne lui est pas forcément apparentée. Il y' a donc vice de méthode. Il appartient à nos linguistes de faire preuve d'esprit d'initiative qui est le propre d'un véritable esprit de recherche; au lieu de vouloir à tout prix appliquer des carcans handicapants.

Un problème en relation étroite avec l'existence de la lettre O est celui de l'emphase. Privant, arbitrairement,  tamazighet de cette lettre on est conduit à surcharger l'alphabet en ajoutant des lettres qui existent en arabe mais pas en tamazighet. C'est le cas du d, s et t emphatiques. On introduit des signes diacritiques comme, par exemple, des points sous les lettres d, s et t. Quand à moi, je partage  l'idée de L.Oulhaj selon laquelle c'est la voyelle qui suit le consonne qui, en fait, amène l'emphase. Essayez en tamazighet et en français! Et au cas où il y aurait 100 ou même 200 exceptions, faudrait-il vraiment s'en inquiéter? Il n'y a qu'à regarder de près le nombre de celles-ci dans les autres langues. Si, toutefois, on tient à être exhaustif, il nous semble que le travail devrait porter sur un ajout (éventuel) de voyelles (cf. Allemand, Turc,…).

Voici maintenant quelques exemples, pour étayer ce qui vient d'être dit: Kkoz (quatre), Alod (boue), Abod (fond), Azor (racine), Tazoda (Ecuelle), Abellod (gland), Ahidor (peau, cuir), Bdo (partager), Afeddoz (bosquet de palmiers), Tanott (brue), Tanutt (petit puits), Tadott (laine), Aghrom (pain), Mocc (chat), Hdo (garder), Xott (devine), Sod (souffler), Dof (être vigilant), Hezzodi (nu), Afertetto (chauve-souris), Itto (nom propre), Ittu (oublier), Tamettott (femme), Aberdod (queue), Aceddor (pan d'un habit), Aghros (cuir), Mmonned (être tortueux), Taghori (appel, lecture, étude), Tadori (tombée, chute), Iqqor (il est sec), Amezlod (démuni), Idolan (gendres), Ado (Odeur), Odo (plier), Zzo (planter), Aderdor (sourd), Aderdur (crème), Azro (pierre, rocher), Aqidon (tente), etc.

Il semble aussi que nous n'ayons pas la lettre E à la française. Mais il ne fait pas de doute, pour moi, que nous avons, en quelque sorte, un demi-e (semi-voyelle) qui est notre voyelle; à ne pas prononcer nécessairement comme en français. Et il conviendra, au lieu de se mettre à la recherche d'une notation spéciale, d'adopter le E (e); il serait, par exemple, trop savant et peu pratique d'écrire le e doublement inversé des linguistes (le shwa; appelons le «truc» ou «cuite» car ce ne sont que des mots). Par contre, il appartient aux linguistes, sincèrement au service de tamazighet, de nous dire s'il faut aussi en tenir compte à la fin des mots.

Je ne peux pas m'étendre plus, n'étant pas linguiste. Je dois, cependant, rapporter ici que des discussions, avec certains d'entre eux, m'ont laissé pantois. Ils savent bien leurs leçons et peuvent parler longtemps à coup de termes techniques; mais ils ne semblent même pas écouter ce qu'on leur dit. Combien de fois leur ai-je répété qu'une théorie n'est pas plus qu'une théorie. Et que chaque théorie a ses limites et finit souvent par être dépassée. Encore faut-il signaler, ici, que les théories en question n'ont pas été élaborées en tenant compte des spécificités de la langue tamazighet. Et attention au scientifisme. La linguistique moderne (jusqu'à ce qu'elle ne le soit plus) a essayé d'adopter la méthode déductive i.e. la démarche mathématique par excellence. Le fait-elle bien? Je ne peux pas en juger. Quoi qu'il en soit, il reste le gros problème des axiomes. De plus, les mathématiques, aujourd'hui, sont sans illusions. Les sciences qui en dépendent fortement, par exemple, la physique et la chimie ne clament plus avoir des solutions indiscutables. Ceci fait que quand j'entends des collègues linguistes invoquer la science, je ne puis vraiment m'empêcher de sourire.

Alors, chers collègues linguistes, je vous en prie, mettez vos connaissances au service de tamazighet, mais non tamazighet au service de théories ou de querelles d'écoles.

 

           

 

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