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Minucius felix, l’africain voilé (3ème partie)

par: hassan banhakeia (université de nador)

Cette dernière «ne gouverne pas seulement la marche du cosmos, elle est également l’auteur de sa beauté, jusque dans ses détails. C’est en l’homme surtout que se manifeste la beauté de la création, dans l’infinie diversité des individus.»(15) Néanmoins, Dieu n’est pas responsable des fautes des êtres humains. Son intervention dans leurs affaires est nulle. Le même personnage ajoute: «Que personne ne compte sur le destin ; que personne non plus ne rejette ses fautes sur le destin. Quels que puissent être les événements, l’esprit reste libre ; et c’est l’action de l’homme qui est jugée et non pas sa condition: le destin n’est rien, c’est la volonté de Dieu qui décide de tout, parce que Dieu voit l’avenir comme le présent, et règle les destinées de chacun de nous selon les mérites qu’il a prévus.» (Oct.36) Cette longue explication révèle une position rationnelle de l’auteur. Les affaires humaines sont autonomes de la providence divine. N’est-il là qu’un refus des oracles, influents mais «menteurs», des dieux païens sur la vie des Africains?

Le modèle de chrétien est précisé comme quelqu’un qui prétend, pour l’amour de Dieu l’unique, au martyre. Octavius va plus loin, comparant le fidèle au soldat romain.(16) Les soldats du Christ (milites christi) sont différents des païens (pagana fides) qui sont des fidèles de la religion locale. Ces derniers s’attachent au culte de la terre, du pays… Les Pères de l’église africaine, en général, vont forger le concept de «soldat de Dieu», une forme optimale de «mourir au nom de Dieu». En mourant dans le combat, le soldat chrétien rejoint la Divinité…

Plus Minucius se réfère avec minutie aux enseignements bibliques, plus il s’attaque au règne profane des philosophes. La sagesse n’existe que dans l’Ecriture – curieusement non citée. La mort, l’enterrement et la résurrection des chrétiens est transposée comme une histoire «heureuse»: «Nos funérailles se font avec la même simplicité qui nous a distingués durant la vie. Nous ne couronnons pas les morts de fleurs qui sont bientôt fanées, mais nous attendons de Dieu même une couronne incorruptible. Modestes, sans inquiétude, et pleins de confiance dans la miséricorde divine, (…) nous avons la certitude que nous ressusciterons heureux, et nous vivons dans la contemplation de l’avenir. Que Socrate, ce bouffon d’Athènes, glorieux du témoignage d’un oracle menteur, confesse qu’il ne sait rien» (Oct.38) Cet éloge de la vie des chrétiens (heureux dans la douleur) montre un Octavius inébranlable dans ses vœux d’une résurrection toujours «heureuse». Cela est vrai pour les croyants.  Qu’en est-il des impies? Minucius les décrit en énumérant des adjectifs dépréciatifs, mais sans aller loin: décrire l’Enfer attendu dans ses horreurs…

Aussi l’Africain Cécilius apparaît-il un antisémite virulent: «La misérable nation juive est la seule qui reconnaisse un seul Dieu ; mais elle a des temples, des autels, des cérémonies et des sacrifices publics: toutefois la puissance de ce Dieu est si nulle, que maintenant il se trouve, ainsi que ses adorateurs, prisonnier des Romains.» (Oct.10) Quelle serait la juste position de l’auteur? Minucius Félix, par le truchement de ce personnage, présenterait un diptyque des Juifs: ils étaient prospères quand ils avaient la foi ; et ils devinrent pervers quand cette foi fut oublié et transgressée.(17) Cet antijudaïsme théologique préparerait l’antisémitisme déclaré de saint Cyprien et d’autres pères de l’église africaine.

A cet antisémitisme s’adjoint un anti-impérialisme fort dans le texte. Tout en s’attaquant au panthéon impérial (païen), l’Octavius est un réquisitoire contre l’empire romain. Il fustige l’empire et ses institutions car il est fondé sur le système païen. Que veut dire Octavius dans ce propos? «César, au contraire, quoiqu’il eût méprisé les auspices et les augures, qui s’opposaient à ce qu’il s’embarquât pour l’Afrique avant l’hiver, n’eut-il pas une navigation favorable suivie de la victoire?» (Oct.26) Les oracles avancent et propagent le faux. Pour les Pères de l’Eglise africaine, la grandeur de Rome est bâtie sur la destruction et le crime. Octavius ajoute: «Dépouiller les voisins, détruire leurs cités, leurs temples et leurs autels, emmener des captifs, s’agrandir par la ruine des autres et par les crimes (…). Ainsi, tout ce que les Romains tiennent, adorent, possèdent n’est que le butin conquis par leur audace» (Oct.25) Les persécutions des chrétiens sont bien décrites, de même la conquête des pays étrangers. Cette politique d’expansion ne montre pas seulement un système barbare, mais également la nature des Romains: cruels, féroces, voleurs, traîtres, assassins...(18)

En suivant une telle esquisse, les dieux romains sont des créatures mondaines. Octavius en dira: «Ceux que l’on mit au rang des dieux furent, selon Prodicus, des hommes qui, en parcourant le monde, se rendirent utiles à la société par quelques découvertes relatives à l’agriculture. Perseus est du même avis, et ajoute que l’on appela du même nom les fruits et ceux auxquels on en était redevable, comme a fait Térence quand il dit: Vénus languit sans Bacchus et Cérès.»» (Oct.21) Selon ce texte apologétique, tout mène à croire en un Dieu vrai et unique, et à abandonner les dieux païens. (cf. Oct.5 et 17) Ce doit être là la seule conviction que l’auteur tente d’inculquer au lecteur. La nature dicte à l’homme l’ordre ou le conseil d’embrasser la foi, et l’auteur ne fait que traduire une telle position en se basant quand même sur des arguments profanes.

III.- LA REPRESENTATION DU PROPRE

Si l’Octavius défend timidement le christianisme, c’est parce qu’il entend exposer et soutenir la supériorité de la religion par rapport au paganisme. Peut-être s’expliquerait-il par une telle apologie durant les persécutions. Ce qui nous y intéresse, c’est la part réservée à l’africanité au niveau des mœurs et lors de cette époque, en pleine Rome… Que dit-il justement du païen (ou bien du propre)? Nous y décelons un ensemble de détails intéressants non seulement sur la culture païenne, propre et africaine, mais aussi sur sa propre vie d’amazigh expatrié à Rome. L’auteur évoque amplement l’Afrique, ses dieux d’enfance, ses rois… Généralement, à l’instar des autres auteurs chrétiens africains, Minucius se place dans la polémique avec le païen, la négation du propre et la défense de la foi romaine.

Le païen, qu’il soit romain ou africain, est «ridiculisé» dans la littérature chrétienne. A ce propos, Voltaire dira dans son Dictionnaire philosophique: «Vous verrez dans Minucius Felix les imputations abominables dont les païens chargeaient les mystères chrétiens. On reprochait aux initiés de ne se traiter de frères et de sœurs que pour profaner ce nom sacré: ils baisaient, disait-on, les parties génitales de leurs prêtres, comme on en use encore avec les santons d’Afrique ; ils se souillaient de toutes les turpitudes».(19) Cette constante querelle entre païens et chrétiens se fait par des campagnes de discrédit et d’affront mutuelles.

Non dogmatique et non cléricale, la religion naturelle africaine est refusée par l’auteur chrétien. Il réfute le système mystique qui unit Nature et Humains. Il n’y a pas de transcendance entre eux. Les esprits et les dieux sont immanents au monde, et l’homme est central dans cette religion. Octavius dit à propos de cette «culture propre»: «vous vantez vos ancêtres? cependant nous naissons tous égaux ; c’est par la vertu seule que nous différons. C’est donc avec raison que les chrétiens, qui ne tirent vanité que de leur vie, que de leurs mœurs, s’abstiennent de vos plaisirs, de vos pompes et de vos spectacles, dont ils connaissent l’origine superstitieuse, et dont ils condamnent les attraits corrupteurs.» (Oct.37) Les hommes sont égaux ; et si une culture crée la distinction entre hommes, elle est corruptrice. Les chrétiens méprisent alors les fêtes païennes, sacrifices, les libations… (Oct.38)

Opposé aux institutions publiques de l’époque, Minucius va dénoncer l’arrogance des empereurs, la tyrannie de leur politique contre les chrétiens. Ainsi Octavius voit-il d’un mauvais œil les combats des gladiateurs, les sacrifices d’êtres humains à la gloire des dieux ; ce rituel prédomine dans l’Afrique de l’époque (IIe et IIIe siècles).

La société africaine adopte, fort probablement, des attitudes positives envers les acteurs et les gladiateurs, mais point avec les empereurs de Rome. Ceci est une expression d’une culture païenne qui se construit dans son contact continu et particulier avec la culture des Romains. Ainsi, les pères d’église dénigrent-ils ces «héros» des spectacles profanes comme ils haïssent l’empire.

Dans l’Octavius, c’est bien Cécilius qui va défendre la culture des siens. En tant que personnage déterminé comme autochtone d’Afrique, il dira: «ne serait-il pas mieux de conserver la croyance de nos ancêtres comme le plus sûr garant de la vérité? de suivre une religion transmise par la tradition? d’adorer les dieux que nos parents nous ont appris à craindre avant de les connaître? et, sans juger nous-mêmes de nos divinités, de nous en rapporter à nos pères, qui, dans un siècle grossier et à la naissance du monde, ont mérité d’avoir des dieux pour bienfaiteurs ou pour rois? De là vient que chaque empire, chaque province, chaque ville a un culte particulier et des dieux municipaux.» (Oct.6) Un tel raisonnement épouse parfaitement la défense de la culture autochtone. Toutefois, elle est mise entre le péché et le ridicule au regard d’un majestueux Octavius.(20)

Les nouvelles formes (ou bien les innovations) et les ‘superstitions’ païennes font figure de religion locale, auxquelles «l’empire romain est redevable de sa grandeur !» (Oct.25) Minucius écrit, fort probablement, l’Octavius dans une perspective anti-païenne. Il est le premier à dénoncer l’inanité du polythéisme, à affirmer la vanité des statues divines – ne servant que comme refuge aux animaux.(21) Le peuple, dans son attachement à son patrimoine, est dit «multitude ignorante» (Oct.3) L’aliénation y est pour quelque chose. Le local, ou le païen, est non seulement absent, mais il sert le triomphe du christianisme.(22)

A propos du paganisme africain, Cécilius explique: «nos ancêtres se sont appliqués à l’observation des augures, à l’inspection des entrailles des victimes, qu’ils ont institué des sacrifices et consacré des temples.» (Oct.7) Le paganisme africain a une action particulière: déifier les rois. Les dieux païens ne sont que des hommes divinisés par leurs sujets vu leur grand héroïsme et générosité de leur vivant. Cet évhémérisme, en tant qu’argument, sert à détruire le paganisme. A propos, Octavius dira: «Juba n’est dieu que parce que les Maures l’ont voulu, et ainsi de tous les autres rois déifiés, dont l’apothéose est moins un témoignage de divinité qu’un dernier honneur rendu à leur autorité passée. C’est bien sûrement contre leur gré qu’on les place au ciel: ils aimeraient mieux toujours rester hommes ; ils redoutent de devenir dieux, et ne le veulent pas même à l’âge le plus caduc. On ne peut donc faire un dieu d’un être mort, parce qu’un dieu ne meurt point ; et on ne peut faire un dieu d’un être qui a pris naissance, parce que tout ce qui naît est sujet à la mort: or ce qui est dieu n’a ni commencement ni fin. Je le demande, si jadis il est né des dieux, pourquoi n’en naît-il plus aujourd’hui?» (Oct.23) Ceci est également clair dans les œuvres des auteurs africains comme Cyprien, Tertullien, Arnobe, Lactance, Saint-Augustin…(23)

Pour Octavius, les statues ne sont que des signes d’un paganisme à condamner. Il décrit l’élévation d’une statue chez les païens: «Est-il de pierre? il est taillé, sculpté et poli quelquefois par un homme souillé de vices. Le dieu cependant n’est sensible ni à l’injure qu’il reçoit en naissant, ni aux témoignages de vénération que vous lui donnez dans la suite ; mais peut-être n’était-il pas encore dieu tandis que son simulacre n’était qu’un bloc de marbre, une pièce de bois ou un lingot d’argent ; quand devient-il donc dieu? on le fond, on le taille, on le sculpte, ce n’est pas encore un dieu ; on le soude, on le dresse, on le met sur un piédestal, ce n’est pas encore un dieu ; enfin on l’orne, on le consacre, on le prie: pour le coup le voilà dieu, puisque l’homme l’a voulu et l’a dédié.» (Oct.23) Minucius ne se lasse pas de narrer l’histoire des dieux païens. Pourquoi? Il tente de dire qu’il y a décalque entre la tradition monothéiste et le paganisme, mais afin de légitimer la première voie, la plus juste et rationnelle. La pensée chrétienne s’amplifie d’anecdotes, d’explications et d’histoires relatives à la tradition païenne pour justifier l’homme «pécheur» qui ne retrouve son salut que dans la voie chrétienne.

Fort probablement doté d’un savoir de paysan, Cécilius compare la multiplication des chrétiens à l’abondance de plantes dangereuses: «semblables aux plantes dangereuses qui sont les plus fécondes, les oratoires ténébreux de cette sacrilège coalition, qui s’accroît avec la perversité de nos mœurs, se multiplient par tout l’univers. Il faut anéantir cette exécrable secte dont les partisans se reconnaissent à des signes secrets, et s’aiment mutuellement presque avant de se connaître. Ils couvrent leurs débauches du nom de religion et s’appellent entre eux frères et sœurs, afin que, par l’interposition de ce nom sacré, ils fassent un inceste d’un crime ordinaire: tant un fanatisme vain et insensé les porte à se glorifier de leurs crimes !» (Oct.9) Cécilius énumère les rumeurs qui entourent la nouvelle religion: consacrer la tête d’un âne, honorer les parties «honteuses» du prêtre… Il incarne ou bien l’esprit de la persécution impériale, ou bien la résistance «amazighe» à la nouvelle foi «globalisante».

Selon la vision d’Octavius, partagée totalement avec l’auteur, le christianisme retrace la condition humaine (quand le paganisme domine) dans un état de cruauté inimaginable ; d’où la légitimité pour son avènement en Afrique du nord. En suivant la même logique, les autochtones ont une conception négative de cette nouvelle foi. Cécilius raconte: «Le récit que l’on fait de leurs initiations est aussi horrible que véridique. On présente un enfant couvert de pâte à celui qui doit être initié, afin de lui cacher le meurtre qu’il va commettre, et le novice, trompé par cette imposture, frappe l’enfant de plusieurs coups de couteau: le sang coule, les assistants le sucent avec avidité, et se partagent ensuite les membres palpitants de la victime. C’est ainsi qu’ils cimentent leur alliance (…) Tous nos auteurs en font mention, et la harangue de l’orateur de Cirta l’atteste également. Dans un jour solennel tous se rendent au banquet avec leurs enfants, leurs femmes et leurs sœurs ; là, après un long repas, lorsque les vins dont ils se sont enivrés commencent à exciter en eux les feux de la débauche, ils attachent un chien au candélabre, et le provoquent à courir sur un morceau de viande qu’on lui jette à une certaine distance. Les flambeaux renversés s’éteignent ; alors, débarrassés d’une lumière importune, ils s’unissent au hasard, au milieu des ténèbres, par d’horribles embrassements, et deviennent tous incestueux, au moins de volonté s’ils ne le sont d’effet, puisque tout ce qui peut arriver dans l’action de chacun entre dans les désirs de tous.» (Oct.9) Ici, l’orateur de Cirta, selon les historiens, est bien Cornélius Fronton. Cette anecdote tend à discréditer le «bien moral» que le christianisme dit apporter à l’Afrique.

Le personnage de Cécilius résiste à l’avènement de l’étranger, païen il demeure. Il raille longuement les (nouvelles) croyances chrétiennes. Citons à titre d’illustration: «Non contents de professer des opinions aussi extravagantes, ils débitent des contes de bonnes femmes ; ils disent qu’après leur mort ils renaîtront de leurs cendres, et, par je ne sais quel aveuglement, ils ajoutent foi à ce qu’ils ont inventé.» (Oct.11) Par contre, Octavius va railler la religion d’Isis et d’Osiris: «Voyez le sistre d’Isis changé en hirondelle ; jetez les yeux sur le tombeau vide de votre Sérapis ou Osiris, dont les membres furent dispersés ça et là ; considérez enfin vos sacrifices et vos mystères, vous y apprendrez les disgrâces, la fin tragique, les funérailles, les plaintes et les gémissements de ces dieux infortunés. Isis a perdu son fils, elle le pleure, et le cherche accompagnée de son Cynocéphale et de ses prêtres chauves qui, dans leur tristesse, se frappent la poitrine, et imitent la douleur d’une mère inconsolable. Bientôt Isis se réjouit, parce que son fils est retrouvé ; les prêtres s’en réjouissent aussi, et le Cynocéphale qui l’a trouvé en est tout glorieux. Ainsi, ils ne cessent tous les ans de perdre ce qu’ils trouvent, et de trouver ce qu’ils perdent. N’est-il pas ridicule de pleurer ce qu’on adore, ou d’adorer ce qu’on pleure?» (Oct.21) L’auteur africain excelle dans la manière de dénigrer et de déprécier les soubassements et les croyances du paganisme pour leur substituer l’héritage chrétien. Soucieux de conquérir les païens, Minucius n’explique que rarement des passages de l’Ecriture.

Au système des «oracles», le sommeil apporte également des prémonitions. La conception du sommeil est tributaire de ce qu’on en dit la culture locale. Cécilius dira: «Pendant le sommeil même, nous voyons, nous entendons, nous reconnaissons ces dieux que notre bouche impie ose nier et blasphémer durant le jour.» (Oct.7) Le Païen est rassuré dans ses croyances élémentaires. Certes, le paganisme africain est longuement décrit dans quelques passages, mais c’est le ton de dénigrement d’un auteur aliéné qui nous le rapporte.(24) Les Pères de l’église africaine critiquent tout ce qui se fait dans les amphithéâtres, les arènes et les places publiques. Pour ces jeux d’horreur, le public applaudit la beauté du péché, du vice et du crime.

Le paganisme africain est fort connu pour Octavius ; il s’attaque aux dieux égyptiens et à tout ce qui se rattache aux cultes africains: «La peine capitale n’atteint-elle pas quiconque aura tué un des animaux divinisés? Ces mêmes Egyptiens, ainsi que la plupart d’entre vous, redoutent autant l’aigreur des oignons que leur Isis, et les flatuosités qui sortent du corps humain ne les font pas moins trembler que leur Sérapis. Celui qui, dans ses récits mensongers, nous accuse d’adorer en la personne de nos prêtres une chose dont la pensée seule nous fait rougir, nous impute des infamies qui lui sont propres. Un culte aussi obscène se pratique sans doute parmi ceux qui, prostituant toutes les parties de leur corps, donnent au libertinage le nom de galanterie, et portent envie à la licence des courtisanes ; hommes dont la langue n’est pas pure, lors même qu’elle se tait, et qui éprouvent le dégoût de l’impudicité avant d’en sentir la honte.» (Oct.28) Aux yeux de l’auteur, ces cultes profanes sont complètement infâmes. Donc, le refus de la tradition locale est, en conséquence, total.

EN CONCLUSION…

Minucius rêve d’interdire les religions locales ; une telle interdiction ne sera effective qu’à la fin du IVe siècle, avec l’empereur Théodose 1er. Le paganisme sera remplacé par le monothéisme (globalisant): les africains païens seront massacrés, pillés et décimés. Le païen est figé dans sa nature animale ; il ne peut espérer le salut que par le fait d’attendre la conversion au monothéisme.

Notons enfin que l’Octavius prépare les autres apologies africaines: De utillitate credenti et de vera Religione de Saint Augustin, Unitate Ecclesaiœ de saint Cyprien… A ce propos, Lactance dans ses Divinae institutiones: «Parmi les défenseurs de notre cause que je connais, Minucius Felix occupa au barreau un rang très distingué.» Il y précise que son livre est un raisonnement continu pour défendre le christianisme naissant.

Ce christianisme timide de Minucius est à lire comme la première conversion d’un écrivain africain qui continue à célébrer le continent «basané», ses chaleurs, ses dieux, ses traditions, ses rois…. Ce doit expliquer pourquoi l’auteur se cache derrière ses créations, notamment les points de vue de ses personnages. Mais, pour lui, la nature humaine mène fondamentalement au christianisme,(25) non au paganisme.

(H. Banhakeia,(Université de Nador)

NOTES:

(1) Charles Schmidt, Essai historique sur la société civile dans le monde romain, publié C.F. Schmidt, 1853, p.335

(2)  «Augustin ne fait aucune place à Minucius Felix qui méritait, pourtant, comme Lactance, de compter» (p.57) in Yves-Marie Duval, «La lecture de l’Octavius à la fin du IVe siècle», pp.56-68.

(3) «J’ai exposé les opinions de presque tous les philosophes, dont la plus grande gloire est d’avoir reconnu un seul Dieu, quoique sous des noms divers ; en sorte que l’on croirait que les chrétiens sont autant de philosophes, ou que les philosophes ont été autant de chrétiens.» (Oct.20)

Cette affirmation tente alors d’unir sagesse philosophique et sagesse religieuse.

(4) Que dès le commencement, les éléments de tous les êtres se soient réunis d’eux-mêmes par un effort de la nature, que les parties de cet univers aient été formées, disposées et jointes ensemble par un concours fortuit, faut-il qu’un dieu en soit le créateur ou l’architecte? Que le feu ait allumé les astres ; que le ciel soit suspendu par sa propre matière ; que la terre se soit affermie par son propre poids ; que la mer se soit formée par la pente naturelle des eaux, d’où ferons-nous venir cette religion et cette terreur qui n’est après tout qu’une superstition?» (Oct.5)

(5) Le personnage de Cécilius est constamment décrit comme un intellectuel inconstant dans sa vision et ses convictions.

Nous lisons de la bouche d’Octavius: «notre Cécilius a été si irrésolu, si incertain, si chancelant, que je ne sais si la fluctuation de ses opinions vient d’une érudition embrouillée ou est le fruit de l’erreur» (Oct.16)

(6) cf. L’Enfer (La Divine Comédie)

(7) Benjamin de Constant de Rebecque, Du polythéisme romain,considéré dans ses rapportas avec la philosophie grecque et la religion chrétienne, publié par Béchet, 1842, p.241

(8) «Le plus grand nombre d’entre vous sait que les démons se rendent justice à eux-mêmes, toutes les fois que nous les chassons des corps par la force de nos paroles et la ferveur de nos prières. (…) Croyez donc qu’ils disent la vérité lorsqu’ils assurent qu’ils sont des démons, puisque c’est contre eux-mêmes qu’ils rendent témoignage, car ils ne peuvent plus rester dans les corps quand on les conjure par le seul et vrai Dieu ; ils en sortent aussitôt, ou s’en retirent peu à peu, selon la foi du patient ou la volonté de celui de qui dépend la guérison. Aussi les voit-on fuir l’approche des chrétiens, qu’ils insultaient par votre ministère dans les assemblées publiques, et semer en secret, par la terreur, la haine de notre religion dans les âmes faibles dont ils se sont emparés ; car il est naturel de haïr ceux que l’on craint et de chercher à leur nuire: ils s’agitent donc en cent manières, pour que tous les hommes nous aient en horreur avant de nous connaître, de peur que nous ayant connus, ils ne puissent nous condamner et ne cherchent à nous imiter.» (Oct.27)

(9)  «Nos aïeux ont été si faibles, qu’ils ont cru les choses les plus absurdes, telles qu’une Scylla qui avait plusieurs corps, une Chimère qui réunissait en elle différentes formes, une Hydre qui renaissait de ses blessures, des Centaures, hommes et chevaux tout ensemble: leur crédulité adoptait également toutes les fictions de la renommée. Que vous dirai-je de ces contes de bonnes femmes, de ces métamorphoses d’hommes en oiseaux, de bêtes en hommes, d’hommes en arbres et en fleurs? métamorphoses qui se feraient encore si elles avaient jamais été faites, et qui ne l’ont point été, puisqu’elles ne sont pas possibles. Nos ancêtres, imprudents et crédules, ont adopté des dieux avec une grossière simplicité ; car, en rendant un hommage religieux à leurs rois, en désirant les contempler dans des images après leur mort, et conserver leur mémoire dans des statues, ils ont fini par convertir en culte ce qui n’avait été pour eux qu’un sujet de consolation. Avant que le monde fût ouvert au commerce, et que les peuples eussent mélangé leurs rites et leurs mœurs, chaque nation vénérait comme un citoyen dont le souvenir lui était cher, son fondateur, un guerrier illustre, la reine que sa chasteté et sa valeur avaient élevée au-dessus de son sexe, l’inventeur d’un art, ou l’auteur de quelque bienfait. C’est ainsi qu’en récompensant les morts on laissait un exemple à la postérité.» (Oct.20)

(10) «Toutes ces fables ont sans doute été inventées pour autoriser les vices des hommes. C’est par ces fictions et ces agréables mensonges que l’on corrompt l’esprit des enfants. Tout ce qui s’y imprime à cet âge laisse des traces que le temps ne peut effacer ; ils croissent avec l’erreur, sans pouvoir découvrir la vérité que rencontrent aisément ceux qui la cherchent.» (Oct.22)

(11) Octavius sait se défendre bien des accusations païennes. 

«Pensez-vous que nous soyons assez cruels pour verser et pour boire le sang d’un être aussi faible et qui ne vient que de naître? une telle atrocité ne peut trouver de créance qu’auprès de ceux qui sont capables de la commettre. C’est vous qui exposez vos enfants nouveau-nés aux bêtes féroces et aux oiseaux de proie ; c’est vous qui, devenant parricides avant d’être pères, les étouffez dans le sein de leur mère par des breuvages empoisonnés. Et c’est de vos dieux mêmes que vient cet usage barbare ; car Saturne dévorait ses enfants. Aussi c’est pour cette raison que, dans quelques parties de l’Afrique, on lui sacrifiait des enfants qu’on empêchait de crier en les couvrant de baisers et de caresses, afin de ne pas offrir à ce dieu une victime lamentable.» (Oct.30)

(12) «Les animaux muets ne jugent-ils pas mieux que vous de vos dieux? Les rats, les hirondelles et les milans savent qu’ils sont privés de sentiment ; car ils les rongent, les foulent aux pieds, se perchent sur leurs têtes ; et si vous ne les chassiez, ils feraient leurs nids jusque dans la bouche de votre dieu: les araignées font leur toile sur son visage, et suspendent leurs fils à sa tête. Vous essuyez, vous nettoyez et frottez ces dieux, et vous les protégez et les redoutez, quoique vous les ayez faits: et tout cela, parce qu’aucun de vous ne pense que l’on doit connaître Dieu avant de l’adorer ; parce que, suivant en aveugles l’exemple de vos pères, vous aimez mieux adopter l’erreur commune, que vous en rapporter à votre propre conscience» (Oct.24)

(13) «Mais, sans avoir aucun doute sur la Providence, peut-être pensez-vous qu’il faille s’enquérir si le royaume du ciel est gouverné par un seul être ou par plusieurs? Il ne sera pas difficile de résoudre cette question, si l’on considère que tous les empires de la terre ont leur modèle dans le ciel. Jamais le partage d’un trône a-t-il commencé de bonne foi, ou fini sans quelque scène sanglante? (…) je vous rappellerai la querelle si connue de deux jumeaux, qui se disputaient à qui régnerait sur une troupe de bergers et sur des cabanes, les guerres d’un gendre et d’un beau-père qui ont troublé l’univers entier ; car la fortune d’un si vaste empire ne put suffire à deux hommes. Voyez les animaux: les abeilles n’ont qu’un seul roi, les troupeaux n’obéissent qu’à un seul conducteur: et vous voulez que dans le ciel la souveraineté puisse être divisée, et que la puissance absolue de ce divin et véritable empire puisse être partagée? N’est-il pas hors de doute que Dieu, l’auteur de toutes choses, n’a ni commencement ni fin ; que celui qui a donné l’être à tout ce qui existe s’est donné l’éternité ; qu’avant d’avoir créé le monde, il était un monde à lui-même ; que tout a été fait par sa parole, disposé par sa sagesse, consommé par sa puissance?» (Oct.18)

(14) «Que vous êtes loin de la vérité lorsque vous nous accusez d’adorer un criminel et sa croix ! Pouvez-vous penser qu’un criminel ait mérité d’être cru Dieu, ou qu’un homme terrestre ait pu le devenir?» (Oct.29)

(15) Philippe Caspar, L’embryon au IIe siècle, L’Harmattan, Paris: 2002, p.59

(16) «Quel plus beau spectacle pour la divinité que de voir un chrétien aux prises avec la douleur, braver les menaces, les supplices et les tourments, l’appareil de la mort et la cruauté des bourreaux, défendre sa liberté contre les princes et les empereurs, céder à Dieu seul, et triompher, en expirant, du juge qui l’a condamné ! car c’est être vainqueur que d’obtenir ce qu’on désire. Quel est le soldat qui affronte le danger avec plus d’audace devant son général? nul n’a droit à la couronne avant d’avoir combattu, et cependant le général ne peut donner que ce qui dépend de lui: il ne saurait prolonger la vie, mais il peut honorer le courage.» (Oct.37)

(17) «Les Juifs adoraient notre Dieu, qui est celui de tous les hommes. Tant qu’ils lui sont restés fidèles et qu’ils ont obéi à ses commandements tout leur a prospéré: leur petit nombre se multiplia à l’infini ; de pauvres qu’ils étaient, ils devinrent opulents ; d’esclaves, souverains: Dieu était à leur tête ; les éléments combattaient pour eux ; une poignée de Juifs taillait en pièces des légions innombrables ; sans arme, ils faisaient reculer leurs ennemis armés ; même en fuyant, ils remportaient la victoire. (…) la perversité des Juifs a été causé de leur perte, et que tout ce qui leur est arrivé leur avait été prédit longtemps auparavant s’ils persévéraient dans leur désobéissance. Ainsi, quand vous serez convaincu qu’ils ont abandonné Dieu avant que Dieu les eût abandonnés, vous ne direz plus dans vos discours impies qu’ils sont avec leur Dieu les captifs des Romains ; mais vous serez forcé de convenir que ce Dieu les a livrés, comme des transfuges de sa loi, à la merci de leurs ennemis.» (Oct.33)

(18) Le pieux Octavius dira: «Qu’était Rome dans son berceau? une poignée de brigands que leurs forfaits avaient réunis, et qui, forts de la terreur qu’inspirait leur férocité, s’accroissaient chaque jour. Une première populace une fois rassemblée dans ce repaire, on y vit accourir des voleurs, des traîtres, des assassins, des scélérats de toute espèce ; et afin que Romulus, qui était leur chef, l’emportât sur eux en cruauté, il massacra son frère: voilà sous quels auspices a commencé cette ville religieuse.» (Oct.25)

(19) Voltaire, «L’initiation», Dictionnaire philosophique, p.25.

(20) Selon Octavius, les dieux païens sont ridicules.

«Que dirai-je de la forme et de la figure de vos dieux? N’offrent-elles pas l’assemblage du ridicule et de l’ignominie? Vulcain est boiteux ; Apollon, après tant de siècles, est imberbe ; Esculape a une longue barbe, quoique fils d’Apollon qui n’en a point ; Neptune a des yeux d’azur, Minerve les a bleus ; Junon en a qui ressemblent à ceux d’un bœuf ; Mercure a des ailes aux talons ; Pan, des pieds de bouc ; Saturne, des fers aux pieds ; Janus a deux visages, comme s’il voulait marcher à reculons ; Diane la chasseresse a une robe retroussée ; Diane d’Ephèse a une infinité de mamelles ; Diane Trivia, trois têtes et plusieurs mains qui la rendent monstrueuse. Que dirai-je de votre Jupiter lui-même? tantôt il est sans barbe, tantôt il est barbu: s’appelle-t-il Hammon? il a des cornes ; Capitolin? il tient des foudres ; Latiaris? il est couvert de sang ; Feretrius? on ne l’aborde pas sans dépouilles opimes: enfin, pour ne pas énumérer toutes ces sortes de Jupiter, contentons-nous de dire que les bizarreries et les monstruosités qu’on lui attribue, sont aussi diversifiées que les noms qu’on lui donne. Erigone se pend pour être une vierge étincelante parmi les astres ; Castor et Pollux, afin de vivre, meurent tour à tour ; Esculape est renversé par la foudre et se relève dieu ; Hercule, pour cesser d’être homme, est consumé dans les flammes du mont Oeta.» (Oct.21)

La religion païenne est de nature un péché.

«Vos lois défendent les adultères, mais vous les commettez ; pour nous, nous ne naissons hommes que pour nos épouses: vous ne punissez que les actions criminelles ; parmi nous la pensée même est un crime: vous redoutez les témoins de vos fautes, et nous notre conscience, qui toujours est avec nous: enfin c’est des vôtres que les prisons regorgent, tandis qu’on n’y voit jamais des chrétiens, à moins que ce ne soit un défenseur de nos vérités ou un apostat.» (Oct.35)

(21) Nous citons toujours Octavius: «ils feraient leurs nids jusque dans la bouche de votre dieu: les araignées font leur toile sur son visage, et suspendent leurs fils à sa tête.» (Oct.24)

(22) Gaston Boissier, Fin du paganisme, tome 2, Librairie Hachette et Cie, Paris: 1891.

Nous lisons: «l’artifice de Minucius est facile à saisir. Il consiste à invoquer, à l’appui des idées nouvelles, des autorités antiques. (…) Tout son travail consiste à chercher dans les livres des anciens sages des précédents au christianisme ; et, quand il y trouve des opinions qui lui paraissent se rapprocher des siennes, il le constate d’un air de triomphe”» (p.324)

(23) Marcel Simon, Le christianisme antique et son contexte religieux, volume 1, publié par Mohr Siebeck, p.192

(24) Octavius dit: «Si vous passez vos rites en revue, qu’ils vous offrent de choses ridicules et souvent dignes de pitié quelques uns de vos prêtres marchent tout nus au plus fort de l’hiver ; d’autres, la tête couverte d’un bonnet, portent de vieux boucliers et se font des incisions ; d’autres promènent de quartiers en quartiers des dieux qui demandent l’aumône. Vous avez des temples où l’on ne peut entrer qu’une fois par an ; d’autres où ce serait un crime de pénétrer ; il y en a dont l’entrée est interdite aux hommes ; d’autres qui sont fermés aux femmes. Vous avez des cérémonies où un esclave ne peut assister sans une profanation qu’il faut expier: certaines idoles ne peuvent être couronnées que par la femme qui n’a eu qu’un mari ; d’autres ne peuvent l’être que par celle qui en a eu plusieurs ; et l’on recherche avec une grande dévotion celle qui peut compter le plus d’adultères. Que dirai-je de ceux qui font des libations de leur propre sang, et qui supplient les dieux en se couvrant de stigmates? Ne vaudrait-il pas mieux qu’ils fussent sans religion que d’en avoir une semblable? Ceux qui se privent des parties de la génération n’offensent-ils pas leurs dieux en croyant les honorer? car si Dieu eût voulu être servi par des eunuques, il pourrait en créer pour nous dispenser d’en faire. Peut-on ne pas voir que ce sont des esprits malades qui se livrent à ces extravagances, et que la foule de ceux qui en sont atteints se prête un mutuel appui? Le grand nombre de ces insensés est la seule excuse dont ils puissent se servir pour couvrir leur folie.» (Oct.24)

(25) «les hommes, sans distinction d’âge, de sexe et de rang, sont nés avec un esprit capable de discerner le bien d’avec le mal, et qu’ils ne doivent pas leur sagesse à la fortune, mais à la nature» (Oct.16)

 

 

 

 

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