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L’image poétique dans l’œuvre de Lwalid Mimoun (exemple: Nccin ssa)

Par: Mbarek Bakkou

 

"Toute société se révèle à travers sa culture, or la littérature constitue l’un des volets les plus importants de cette dernière; elle exprime des valeurs, en véhiculant la vision du monde; elle instruit sur les fibres sensibles des ses dépositaires". "Dans la culture amazighe, comme dans toute culture liée à l’oralité, la poésie est un miroir fidèle qui reflète l’imaginaire collectif et individuel. Dans les sociétés de tradition orale, l’importance de la poésie comme témoignage historique est plus grande encore car c’est le seul document authentique dont on dispose souvent. En effet la voix (l’oral) est l’âme à travers laquelle le poème oral respire la vie, au moment ou le poème écrit est enseveli dans le linceul blanc de la feuille".

Après ce bref aperçu sur la culture, oralité et poésie nous précisons que notre travail porte sur deux points: d’abord la définition de la notion de l’image poétique, ensuite nous essayons de voir comment ces images poétiques se manifestent-elles dans l’œuvre de Lwalid Mimoun? Et notamment dans le poème intitulé (a neccin ssa).

L’idée de travailler sur l’image poétique chez ce poète-chanteur nécessite d’abord une définition de l’expression, d’après le Grand Robert le concept de l’image «est une reproduction inversée qu’une surface polie donne d’un objet qui s’y réfléchit». Chez Platon et d’autres écrivains grecs, «la notion d’image s’associe à la conception de la mimèsis (la production artistique par la représentation d’éléments et objets naturels). Toute œuvre littéraire est une image fondée sur la ressemblance entre la réalité représentée dans l’œuvre et la réalité extralittéraire». Pour André Breton «l’image est une création pure de l’esprit. Elle ne peut naitre d’une comparaison mais du rapprochement de deux réalités plus au moins éloignées. Plus les rapports des deux réalités rapprochées seront lointains et justes, plus l’image sera forte plus elle aura de puissance émotive de réalité poétique».

Parler de l’image poétique chez un poète nous pousse à suivre le cheminement de sa pensée. De se référer à sa vie, et d’interroger le contexte et le milieu qui ont permis à l’œuvre de voir le jour. Chez Lwalid Mimon la poésie rifaine dans la tradition orale s’attache à la nature mnémotechnique de la poésie. Car elle semble avoir été la première forme littéraire connue dans toutes les sociétés; avant l’invention de l’écriture. Pour lui; il s’agit d’une poésie chantée, plaintive qui crée un lien de complicité entre lui et son lecteur, elle est rendue sacrée à travers sa thématique universelle; à savoir l’identité, la liberté, et la terre, cette dernière constitue un leitmotiv dans la poésie Mimounienne, sans oublier l’injustice, et le mépris du Rif de la part du pouvoir.

Comme tous les poètes rifains lwalid Mimoun puise dans la mémoire collective et ancestrale en rejetant la tradition poétique et en donnant libre cours à un langage sorti directement de la conscience harcelée, d’un poète du peuple nourri par les expériences de désenchantement et d’un certain pessimisme exposé sous des formes poétiques. Comme le cas dans notre texte (a nccin ssa).

A travers ce poème chanté qui résume en quelque sorte l’histoire de ce révolutionnaire engagé étroitement liée; à celle de la terre de l’identité. Le poète renoue le doigt dans la plaie, c’est un texte où il chante l’appartenance et l’espoir de l’être rifain et amazigh de se libérer de toutes contraintes et aspire d’être doté de droits et devoirs. Cependant Lwalid Mimoun revendique son identité aliénée et celle de rif, mais aussi l’identité d’un peuple otage sur sa propre terre. Le poète remplit alors une fonction sociale, il lui appartient de glorifier le beau, mais aussi de dénoncer les maux dont souffre son peuple. Son inspiration doit être nourrie par une cause noble et universelle. Le premier vers du texte dévoile la cause défendue par le poète, celle de la terre /identité prise. En effet le poète ouvre son texte par une phrase déclarative, elle apporte une information qui s’étale jusqu’à la fin du poème. Il construit son texte sous forme d’un hymne à la liberté et à l’émancipation du moi collectif. Dans ces vers l’indignation mêlée à l’émotion traduisent parfaitement le malaise social et la douleur nationale. A travers l’utilisation du pronom personnel du pluriel «nous,a nccin» le poète descend de son statut pour se mêler à la foule, au quotidien. Rappelant dans ce sens la fameuse formule de Victor Hugo «insensé qui crois que je ne suis pas toi» ainsi la voyelle(a) dans (a nccin ssa) constitue un élément adverbial qui marque le lieu, cette hypothèse renforce l’idée avancée de l’appartenance et de l’affiliation à un espace partagé. Nous pouvons dire aussi que la voyelle (a) dans ce premier vers a une fonction phatique. (a neccin) dans la mesure où elle permet en quelque sorte; d’établir le contact entre le poète et son interlocuteur (wnni) dans le vers 7. Il s’agit également d’une situation d’énonciation qui englobe le poète qui parle et, son interlocuteur qui est la terre à l’image d’une femme, on s’adressant implicitement à l’autre par le pronom personnel (wnni, celui qui te hait…).En évoquant la terre le poète recourt à un champ lexical précis (tammurt, car, cjar, tibhhar, rharac, nwwac) .

En effet Lwalid Mimoun décrit au long du poème une réalité existante, par des métaphores puissantes, citant ici les vers:

«ad nssu cjar nnm s tidi nngh» “nssudum acar nnm”

«Nous arroserons tes entrailles avec notre sueur»

«Oh ! Notre sainte terre, nous t’embrasserons»

Dans ce procédé rhétorique qui s’éloigne de l’usage courant lwalid Mimoun met l’accent sur le mot (s tidi nngh=la sueur) pour montrer cet effort physique fourni-et pourquoi pas intellectuel- pour arroser les arbres de sa terre natal. Notons dans ce sens l’expression figée: «faire suer le burnous» se disait de colons européens d’Afrique du Nord accusés d’exploiter la main-d’œuvre indigène, Nous pouvons ajouter que le mot ( tidi nngh) revient souvent dans les textes Mimounien prenant à titre d’exemple le poème (a yajjaj) page 10 vers 4. Concernant le deuxième hémistiche du vers 2 «nssudun car nnm», nous avons une personnification qui consiste à évoquer une chose inanimé (car, la terre) comme s’il s’agit d’un être réel et physique, doué de sentiment et de vie. Dans les vers2et 5 le poète s’amuse à parler de la terre qualifiée de (lalla) comme si c’était une femme. Or ( nssudun=baiser) symbolise l’union des souffles c'est-à-dire la fusion de deux esprits en un, celui du poète et de la terre, ce qui dévoile l’importance de la terre chez le poète, réfléchissant également sur l’action de s’agenouiller pour baiser la terre.

Les figures et les images poétiques sont nécessaires pour tout poème, la répétition des adjectifs possessifs sert à marquer un lien d’appartenance et de partage «nngh, notre et nnm, ton,» en plus de la charge sémantique qui véhiculent, ils introduisent un mouvement binaire, rythmique qui dévoile une alternance de la rime fermée dans «timmura» et ouverte dans «nngh», ce qui donne une musicalité au texte et caractérise la poésie rifaine. D’ailleurs la répétition aussi de certaines sons (ssa,tt,nn,gg) évoque la continuité et l’insistance du poète afin de faire entendre sa voix.

Pour lwalid Mimoun et comme tous les poètes rifains, la principale source d’inspiration a été le patrimoine oral de la région c’était le cas d’Ahmed Ziani et Said Mousaoui. Grace à son génie, il a redonné vitalité et force à sa poésie, et généralement à la poésie amazighe. En plus des procédés esthétiques utilisés, les allitérations en (s,r,v, Ã,ž) et les assonances en (n,m) crée dans le poème un effet sonore et évocateur. Ceci permet en quelque sorte à la chanson et en particulier à la poésie rifaine de chanter le métissage culturel et civilisationnel afin de gommer les frontières, de rapprocher les distances et d’exister au delà du rif.

La publication du premier recueil de Lwalid Mimoun sous le titre (ajjaj,tonner)qui sera interdit de diffusion, fait de lui le porte parole des opprimés, et des marginaux. Un symbole de résistance contre les abus du pouvoir de l’époque. Dans cet album, Il a servi de la souffrance et de la douleur dont il pourrait être l’objet pour nourrir sa poésie et créer de plus belles. Chaque morceau raconte une partie de chacun de Nous ou tout au moins la vie dans laquelle on se projette en tant qu’imazighens. Lwalid Mimoun s’est montré à travers tous ses poèmes audacieux, sincère; avec des voix chaudes, crus et provocateurs, animeés par le désir de s’affirmer. or les répétitions du premier vers (a nccin ssa, a nccin ssa) ou les verbes d’action à l’inaccompli (ad nssu,ad ncarz,ad cm nsun,ad cm nhda,ad ndrq, ad nggûr) qui constitue une sorte d’accumulation renforce bien ce propos. À travers ce texte on découvre un mouvement d’affection intense; et d’amour voué à son pays natal surtout dans le deuxième hémistiche du vers 2. Dans le dernier vers le verbe (ad nggûrr ad nggûr) est un verbe d’action qui a un rapport avec les pieds ces derniers symbolisent la marche, et par analogie la conduite de l’homme de ce diriger et d’avancer vers la possession d’un bien (la terre), ainsi pour lwalid Mimoun marcher sur la terre est une façon da marquer son ascendance et son appartenance, qui est considérée comme une espèce de signature.

Après ses déboires avec l’administration marocaine, lwalid Mimoun a quitté le rif mais le rif ne l’a pas quitté. malgré son éloignement de son berceau maternel il refuse de poser ses armes et de s’incliner, il refait surface avec la publication d’un second album intitulé (amtluo,le vagabond)il parvient néanmoins à combiner ce qui relève de la revendication politique intrinsèque comme(a nccin ssa,on est d’ici)ou dans d’autres textes comme (usind,il sont venus) (min nona nccin?qui sommes nous?)et (aqbuc,la jarre) dans ce dernier il parle d’une femme rifaine traditionnelle. Outre cette description sympathique et en somme toute banale, la femme symbole de féminité, de vie et d’authenticité. Cette figure féminine est omniprésente dans la poésie Mimounienne comme étant une figure centrale, peut être pour lui c’est une figure porteuse d’espoir, d’espérance. Elle est le symbole de: l’identité, la terre, la patrie, la langue, et la liberté, comme si le cas dans notre texte.

En effet le poète couronne ce texte par un message porteur de sens, (ad nggûr, ad nggûr ar gha naf nwwac), pour raviver la mémoire d’un soleil qui ne s’éteint pas. Car en fait la poésie est un cri humain, étant artiste et poète Lwalid Mimoun prend conscience de son appartenance à la société et au monde de son temps et décide enfin de mettre son art, sa pensée au service d’une cause réelle; celle de l’injustice, de l’identité amazighe. Delà nous pouvons déceler que la poésie engagée est toujours ancrée dans la réalité, et dans l’histoire.

Comme nous l’avons signalé auparavant le poète fait recourt dans le texte aux symboles (ad ndrq idbarn=les pigeons symbole de paix et de liberté), à l’antithèse dans les derniers vers (rharracnwwac) qui permet de mettre face à face deux réalités opposées celle du présent et du future, mais aussi à l’anaphore de (ad,nous) qui crée un effet d’insistance. Tous ces ingrédients incarnent les idées du poète par des images concrètes. Ils sont utilisés dans une démarche argumentative, afin de solliciter l’imagination du lecteur pour susciter son émotion et son adhésion, et l’amener enfin à une prise de conscience.

Pour conclure nous pouvons signaler que malgré ces images poétiques la poésie de Lwalid Mimoun est un exemple d’une poésie qu’au delà de la musicalité, de la rime, du rythme demeure profondément engagée, l’idéal, humain a toujours fait vibrer le cœur de ce poète-chanteur. Il le pousse dans une voie de résistance et de combat, et fidèle à ses principes de ne pas rester inutile, et de continuer à nous éclairer sur la route parsemé d’obstacles, c’est ce que montre clairement la clôture de ce poème:

- abrid waxxa iccur, iccur s aparrac

- ad nggûr, ad nggûr ar va naf nwwac…

-même si le chemin est parsemé de plantes épineuses

- nous marcherons; nous marcherons…, jusqu’à nous trouvions des fleurs?

nccin ssa

a nccin ssa, a nccin ssa!

lalla tammurt nngh, nsudum acar nnm,

ad issu cjar nnm s tidi nnv,

ad icarz timmura, ad ibppar tibppar

ad cm nãun, ad cm npÄa

s min ghar ngh n tizmmar,

ad nÄrq idbarn dg ujnna nnm aziza.

Wnni cm icarhn, min isdahll ad t içaë.

Abrid waxxa izzu, izzu s rparac,

Ad nggûr ad nggûr ar gha naf nwwac

Amdyaz: Lwalid Mimuon

(Mbarek Bakkou - mbakkou@gmail.com)

 

 

 

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