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  (Octobre  2007)

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Aït-atta entre l’oubli et la découverte.

Par: Oulghazi hsaine

Nombreux sont ceux qui abordent un sujet sous le thème: Aït-atta, mais ils sont rares ceux qui affirment qu’il s’agit d’un peuple de martyrs, qu’il s’agit d’un peuple Amazigh fier descendant de Jugurtha, roi de Numidie unifiée par Massinissa. Leur ancêtre éponyme Dadda-Atta a été tué lors d’un combat contre les bédouins Béni-Maâqil, son tombeau serait perdu dans la vallée du Drâa autour de Tagounite dans le canyon de «Taqqat n’ilkwtaoune».

La grande confédération des Aït-atta, constituée de cinq khmous, est victime de l’ingratitude historique, elle est totalement marginalisée et privée des droits naturels tels que, la construction des routes et des hôpitaux, l’approvisionnement en eau potable, l’électrification et malheureusement elle est privée d’écoles. Les enfants scolarisés doivent quitter leurs familles pour aller vivre chez un oncle villageois, privés de la tendresse de leurs parents. Ils sont confrontés à des professeurs qui ignorent leur langue et méprisent leur mode de vie! En conséquence, ils désertent massivement l’école! Ceux qui poursuivent les études sont coupés de leurs racines et les diplômes obtenus ne leurs offrent aucun débouché sérieux.

Les fanatiques religieux sont heureux d’accueillir ces jeunes désorientés qui deviennent une proie convertie aisément en fondamentalistes ou largement endoctrinés par les partis politiques qui les exploitent simplement pour leur faveur au moment des élections.

Il s’agit d’un peuple qui a mené la lutte armée pour l’indépendance du pays et son intégrité territoriale, les Aït-atta ont chèrement défendu leurs montagnes. En 1933, Aït-atta qui ne possédaient que des armes traditionnelles et artisanales de type (bouchfer ou sasbou) avaient mené une guerre acharnée contre une armée organisée et lourdement équipée, sous la présidence du leader Assou Ou Baslam, Amghar doux, austère et inflexible, chef de la tribu Ilemchane reconnu par la majorité. Il a répondu à la lettre des autorités françaises qui lui demandaient de cesser les attaques: «Que celui qui a rédigé cette lettre vienne chercher ici la réponse». Les Aït-atta, avaient courageusement résisté à la faim et la soif sous le bombardement intensif, diurne et nocturne, de l’artillerie lourde et de l’aviation de l’une des armées les plus modernes du monde, et, malgré les effectifs engagés sous le haut commandement du général A. Huré, les attaques françaises ont été repoussées par la résistance des Aît-atta. Devant cet échec, le général A. Huré a écrit dans son livre (la pacification du Maroc): «Faut-il essayer de punir à bout de nos adversaires par la famine et par la soif». L’interdiction des points d’eau et le blocus se traduisirent tous les jours par des luttes à l’arme blanche entre les goumiers et les dissidents chargés d’approvisionner en eau Aït-atta. Le général A. Huré n’hésita pas de violer les «traditions» et faisait la guerre aux femmes et aux enfants. Pour amener à la soumission les défenseurs de Bougafer, A. Huré écrit dans le même livre: «Je prends le parti d’user deux puissants moyens de pression; d’abord un implacable investissement interdisant, d’une façon absolue, toute communication des défenseurs avec l’extérieur et toute utilisation des sources auxquelles ils essayaient encore de venir s’abreuver. Ensuite, un bombardement est à exercer de jour par l’artillerie, les engins blindés, l’aviation et continue sans interruption la nuit par l’artillerie sur les quelques points d’eau existants à l’intérieur de Bougafer, sur les pistes que les assiégés ont l’habitude de suivre, sur les abris qu’ils utilisent et sur les rassemblements qui peuvent se former».

La confédération Aït-atta a joué un rôle de premier ordre en menant une lutte farouche sur un territoire aussi étendu et où l’adversaire a pris des positions de plus en plus avancées, surtout après l’occupation des oasis de Touat en 1900 et de Tabelbala en 1910 érigé en point d’appui.

Parlant des Aït-atta, dans son livre «Aït-atta du Sahara», l’émissaire français Spilmann définit leur aire de nomadisme comme suit: «les Aït-atta dominent depuis plusieurs siècles toute la région située entre la ligne Dadès, Todgha, Ferkla, Ghéris au nord, le Tafilalet et la Daoura à l’est, et le Drâa inclus à l’ouest. Au sud ils ne se sont limités que par l’Iguidi saharien difficilement pénétrable».

Les Aît-atta n’ont pas quitté leurs armes et les actes héroïques des dissidents ont jalonné la guerre de libération et ont rapporté une défaite aux forces coloniales.

En revanche, les héros des Aît-atta avaient lutté pour la liberté de la France envahie par le nazisme dans la 2éme guerre mondiale (1939 – 1945). Ils ont soutenu ce même pays dans ce que nos parents appelèrent: «LGwIRRA N’LANDOUCHINE» et «LGwIRRA N’LALMANE».

En répondant à l’appel de feu le roi Hassan II, les Aït-atta sont parmi les premiers à franchir la frontière imaginaire pour libérer nos provinces spoliées au sud du pays.

Il s’agit d’un peuple capable de faire avancer notre pays au rang des pays développés sur le plan technologique et économique, si l’on établit un plan de développement global dans son aire de normalisation. Ceux qui avaient la chance de quitter le pays pour aller continuer les études ailleurs, sont devenus aujourd’hui des hauts cadres dans divers domaines. Pour cet effet, les jeunes quittent massivement leur Ighrem et son architecture imposante pour aller se sédentariser dans les villes et s’arabiser ensuite, le cas de la majorité des marocains!!

Les responsables continuent de faire la sourde oreille aux doléances des Aït-atta, malgré leur dévouement et leur abnégation. La chaîne de montagne Saghro, plus précisément, Ighrem Amazdar à Bougfer qui a été le fief des combats n’a pas bénéficié de la moindre infrastructure à ce jour!! C’est honteux, c’est une injustice caractérisée, en ce moment où la justice doit consolider l’état de droit afin de réussir la transition démocratique et accompagner la dynamique du développement.

Les super-tribus Aït-atta, Aït-hdidou et Aït-marghad qui sont culturellement très proches sont venues du sud lors de la conquête Almoravide, elles sont marginalisées! Il s’avère donc très indispensable d’instaurer un plan de développement stratégique et renoncer à l’idée coloniale séparatiste: «Le Maroc utile et le Maroc inutile». Nous sommes tous pour la paix et le développement du Maroc uni sur son intégrité territoriale et sous la souveraineté de sa majesté le roi.

Quand on imagine la vie errante des Aït-atta libre de toute entrave dans un monde ou le courage est la première vertu, les gens mènent leur vie dans un univers clos limité par l’horizon abrupt des montagnes, l’étroitesse des vallées et l’immensité du désert, et, l’autorité centrale refuse de considérer leur spécificité sur leur territoire ancestral. Certains militants, sensibles au sentiment d’affection durable à leur identité et leur culture, tentent régulièrement d’affirmer leur originalité en se rattachant à la composante Amazighe pour organiser un mouvement unifié, fort et crédible.

Chez Aït-atta, Ahidous: la danse sensationnelle très suggestive est systématiquement un art chorégraphique rythmé à la scansion de Tallount frappé par chaque chanteur et la cadence imposée par le déhanchement collectif des hommes serrés côte à côte face au rang des femmes qui, serrées épaule contre épaule, reprennent en chœur les Izlanes improvisés par les hommes. Très pharamineux, Tagwezoumte du chef de groupe encouragé par Tighratine suivi de Tagwouri au sens sensationnel de ses Izlanes (versets très courts et signifiants) qui avaient joué le rôle capital en période de la résistance armée par l’incitation au courage et au sacrifice. Des Izlanes sont lancés par le meneur du groupe et répétés par le choriste dans une folle ambiance pour célébrer un mariage ou le plaisir simple d’une fête. L’Ahidous, remarquable danse souvent nocturne au clair de la lune et à la lueur des feux de broussaille, parfois condamné par l’intransigeance des Fokha généralement Salafistes, Ahidous est malheureusement en régression aujourd’hui chez certaines tribus. Il s’impose donc de préserver ces traditions, ce patrimoine et ce précieux héritage ancestral.

Aït-atta et leurs sympathisants doivent avoir aujourd’hui la bonne volonté pour procéder à la construction du tombeau de Dadda-Atta. J’espère enfin évoquer ce riche sujet qui suscite l’écoulement d’encre des plumes pour ceux qui s’intéresseront au thème prodigieux: Histoire, mode de vie, culture et civilisation des Aït-atta et leurs voisins Aït-hdidou et Aït-marghad. Les responsables sont également implorés d’agir pour une solution adéquate aux problèmes d’ordre économique, social et culturel, en remplissant de bonne foi les obligations assumées au terme de l’état de droit fondé sur l’égalité souveraine de tous les marocains pour pouvoir éradiquer le fléau de la discrimination raciale, linguistique ou régionale par l’inspiration des idées favorables à l’établissement d’un accord harmonieux, de s’engager activement pour bâtir une économie libérale génératrice de richesse et d’emplois, de favoriser une renaissance culturelle en phase avec l’identité marocaine et se doter d’un état moderne pour réaliser un développement authentique au service de l’unité marocaine et de son intégrité territoriale.


 

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