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La réussite de l’enseignement de tamazight est-elle assurée?

Par: Aziz CHELLAF

Après une longue absence de la langue amazigh sur le champ de l’enseignement marocain, elle est introduite pour l’année scolaire 2003-2004.

Le caractère classique de la perception de la notion de l’Etat-nation chez notre élite gouvernante commence à changer en faveur d’une position plus ouverte sur la réalité de notre identité nationale. En effet, l’esprit dominant chez cette élite, qu’elle soit celle formé à la française ou celle formé au machrek, est une conception jacobine de la notion de l’Etat. Une conception qui n’admet qu’un territoire, une nation et une langue. Les choses ont changé et l’accent est de plus en plus mis sur notre caractère composite qui en tout cas n’altère aucunement notre unité dans la diversité. Cependant cette position n’est pas éteinte, une fois pour toute, de fait qu’elle apparaît au cours de chaque débat national touchant, de prés ou de loin, cette question. On l’a vu dans le cadre du caractère à adopter pour l’enseignement de cette langue (on reviendra sur cette question). Cette position est commune aussi bien pour les islamistes que pour les pan-arabistes, elle constitue leur cheval de bataille pour toutes les questions.

Récemment, exprimant cette position d’un changement favorable dans la prise en considération de notre caractère composite, l’IRCAM a pris une décision allant dans le sens d’une reconnaissance relative de la langue amazigh, composante de notre société. Cette décision introduit l’enseignement de tamazight dans le système éducatif marocain dès l’année scolaire 2003-2004. Cependant, vu les circonstances entourant la prise de cette décision et les moyens mis en oeuvre pour cette entreprise, une part de doute sur une possible réussite de cet enseignement demeure posée.

D’abord on peut reprocher l’absence d’un débat national ou au pire d’un débat scientifique sérieux sur cette question, ni même la prise en considération des points exprimés par les différentes tendances travaillant dans le domaine, d’où notre question sur le rôle de la société civile dans cet Etat. La question de caractère à adopter pour la transcription de cette langue a posé un problème.

Ainsi la graphie tifinagh a été retenue par l’Institut pour l’enseignement de cette langue au moment où cette question a fait objet d’un grand débat entre les differents acteurs. Or, au moment ou chacun soutenait sa position par des motifs de differents ordres, cette décision est prise, sans savoir comment. Le débat n’était pas de tout public et ne fait sortir ces réunions d’un compte rendu, ni même d’une publication de sa décision avec les motifs, ce qui peut montrer l’objectivité de la décision prise. Quoi qu’il en soit, cette manière laisse planer plusieurs doutes de cette question. Ainsi si l’institut a pris le caractère de tifinagh dans un sens d’authenticité, celui-ci est archaïque. Dès lors, il vaudrait mieux faire le travail qu’il faut pour dépasser ce caractère en confiant ce travail de la graphie à un organe ad hoc indépendant qui pourrait associer des chercheurs du pays et de la diaspora pour lui donner la confection qu’il mérite. Avec cette décision, on constate que le choix de la graphie tifinagh va complètement à l’encontre de la pratique aussi bien au Maroc qu’à l’étranger, car le berbère fonctionnel actuel est à base de la graghie latine majoritairement, et accessoirement de caractère arabe; le tifinagh n’est pratiqué que chez les touaregs dans sa forme archaique. Donc en absence d’un caractère de tifinagh réellement adapté et actualisé, il sera judicieux de se rallier à la pratique dans ce domaine, à savoir le caractère latin, d’autant plus que la quasi-totalité de la production amazighe est faite par ce moyen.

En somme, on sort avec un choix anticipé de la graphie comme si les choses avaient été préparées préalablement.

Encore pour montrer le caractère précoce et anticipé de ce travail, il faut dire que la période de deux semaines de stage pour les futurs instituteurs de cette langue est insuffisant. En effet, deux semaines pour des cours dispensés en linguistique, en culture et civilisation amazighe, en histoire de tamazight, et le tifinagh parait, à un simple observateur, insuffisant pour assimiler tout cela avant de l’enseigner.

Par ailleurs, on peut relever une autre question, à savoir que ce n’est le tamazight qui est enseigné mais les différents dialectes de cette langue, ce qui veut dire enfin de compte qu’on est, purement et simplement, dans le cadre de la politique des dialectes de la télévision marocaine, or un dialecte est enfin de compte «une variété régionale d’une longue»(petit robert). Ainsi, on est devant une dérive qui fait que si l’IRCAM a pris une décision selon laquelle le tamazight sera enseigné, cette décision sera susceptible d’une interprétation du ministère de l’éducation qui à sa manière en décidera la façon. Autrement dit, passer de l’enseignement d’une langue: tamazight à l’enseignement des dialectes. En effet, le ministère a déjà fixé son objectif qui est de «permettre aux élèves de parler et d’écrire l’amazigh en utilisant des manuels scolaires unifiés, dont le lexique sera adapté, chaque fois que nécessaire, aux spécificités régionales et locales de la langue». Cela dit, si la décision est prise par une institution soi disant autonome et voulant cette langue, on a confié son enseignement à un ministère qui peut sous des prétextes divers intervenir chaque fois pour adapter cette langue, selon leur sens, aux spécificités et donc de dévier cette langue de sa mission liminaire. Mais avant de quels manuels parle le ministère? Ceux-ci ont tardé à voir le jour et on absence de ces livres les instituteurs se contentent de faire pour les élèves un apprentissage oral et proposer quelques exercices qui leur ont été proposés lors de leur stage de formation.

Ainsi en absence de toute préparation pour faire réussir cet enseignement, surtout avec l’insuffisance des moyens, on ne peut qu’exprimer notre inquiétude.

La méthode était de faire une expérience à titre de celle d’un laboratoire en sélectionnant un petit nombre d’écoles pour expérimenter cet enseignement et de faire un suivi très poussé de cela pour voir ce qui marche de ce qui ne l’est pas et à partir de là voir ce qui est à adapter ou à changer. Pourquoi cette hâte à faire cet enseignement pour une langue qui était absente depuis fort longtemps ?

En tout cas bonne réussite à cette expérience qui s’annonce difficile.

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