Numéro  58, 

  (Février  2002)

Amezwaru

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Tamazight

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Tamazight et le jeu aux échecs

Un message d'espoir

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هكذا تكلمت ديهيا

عودة إلى الماروك والمارويكوس

هوروس والأمازيغية

إميلشيل ليس سوقا لعرض النساء

النبض الغافي

لماذا المطالبة بإنشاء جامعة بالناظور؟

دوران منسجمان للأمازيغية والعربية بالمغرب

 

 

 

Un message d'espoir

Par: Aïcha Aït-Hammou

«Il faut donc que Jugurtha s'intéresse à ce monde autrement que comme à un objet de contemplation esthétique ou à une source inépuisable de voluptés et de douleurs éphémères. Il faut qu'il apprenne à le considérer comme son champ d'action, où il donnera la mesure de toutes ses forces conjuguées.» Jean Amrouche

 

J'ai un immense sentiment de tendresse pour vous. Une admiration sans limite et sans frontière. Je suis loin, très loin. Même avec des jumelles ou maintenant avec des satellites espion, vous ne pourrez pas me retrouver. Mais un simple regard dans vos cœurs, dans vos âmes les plus intimes, vous révèle que je ne suis pas aussi loin que vous puissiez le penser. Si vous entendez le mot «aman», vous savez que nous sommes faits de la même trame, que nous avons été façonnés de la même douleur et des mêmes espoirs pour la surmonter et la contenir.

J'admire votre courage à renverser les tabous, l'enthousiasme de votre lutte pour la liberté. Vous n'êtes pas sans savoir que les oiseaux de nos cœurs sont dans une même prison sans nom, qu'il a fallu des siècles afin de réussir à les y maintenir. Vous n'ignorez pas que la liberté a un nom, que l'autodéfense est noblesse, que le contenu de nos vies dépend de nos choix, que la satisfaction de ses désirs ne concerne que soi, que la lutte pour la liberté est une libération en soit.

Les vents sont faits pour souffler. Des fois, ils sont capables de se maintenir toute la nuit. Le matin, ils se dissipent, s'évacuent et s'évaporent. Ils ne sont pas toujours capables d'orienter nos vies comme ils le désireraient le faire. Le temps d'une nuit sombre, d'une nuit de ténèbres et d'orages, et le soleil se lève. La chaleur infernale dont nos cœurs ont souffert et ont été étouffés, fait place à la douceur. Seul le grain demeure pour alimenter le corps, l'ivraie se dissipe avec le vent pour alimenter la terre.

L'héritage des siècles qui a filé nos trames, nos âmes, est encore assez solide pour nous maintenir dans une vie que nous sommes les seuls responsables à inventer. Ces choses doivent être dites, proclamées à la lumière du jour. Nous les avons assez refoulées, mangées, ils ont créé en nous des blessures sans nom. Elles doivent guérir. Les négateurs résolus à faire de nous ce que nous ne sommes pas, ont tort. Ils agissent contre les vents de l'histoire, contre la réalité et contre notre résolution déterminée à briser toute échine qui se présente sur notre chemin. Notre résolution à nous maintenir dans la vie tels que nous sommes, est gigantesque. Ce n'est pas une poche de malfaisants qui inventera l'avenir de tout un peuple contre son grès.

La densité de l'amour qu'un être a pour sa langue et sa culture sont incommensurables. Il est d'une intensité que ne connaissent que ceux qui sont bercés dans plus d'une culture, dans plus d'une langue. Ceux qui ont souffert d'avoir perdu une partie d'eux-mêmes sans le vouloir. Nous, nous le connaissons d'instinct. Nous avons souffert du dépouillement de soi que l'on nous a mis sur le chemin de la liberté de l'envol de nos cœurs et de nos esprits. Nous avons senti et ressenti, plus que tout autre, l'épaisseur de l'amour avec lequel nos mères nous ont inculqué le tamazight et sa culture.

La liberté de nos esprits et de nos cœurs ne dépend que de nous. Elle est suspendue à un fil fin, mais assez solide pour porter nos espoirs vers un horizon plus lointain que nous pourrions l'imaginer. La force avec laquelle nos mères nous ont éduqués dans le berceau d'amour, est le meilleur garant de notre survol de toutes les embûches qui ne manqueront pas de se présenter sur notre chemin. La conviction que nous avons dans le caractère de justice qui anime nos entrailles, est assez suffisant pour ne jamais douter de nous-mêmes tant que nous n'avons rien à nous reprocher.

Encore une fois, je vous aime, vous le savez. Je n'ai pas besoin de vous dire à quel point je suis animée par les mêmes sentiments que la plupart d'entre vous. Les sentiments de justice, d'authenticité, de démocratie réelle, bien sûr. Celle qui préconise la liberté dans le respect, l'égalité des chances dans la légalité, la justice et le pain pour tous.

Je ne rêve pas. Je sais que pour cela, il y a toujours eu des esprits assez étroits et bornés pour ne voir plus loin que leur nez. Je sais que pour qu'une telle utopie se réalise dans les faits, il faudra un lavage positif de certains cerveaux rétrogrades et obscurantistes. Ceux qui ne voient que l'ombre de leurs intérêts. Mais travaillons et espérons, l'avenir nous en parlera.

Après cette vague, cette vogue, de mots, je ne dois pas tromper le lecteur de Tawiza. Je n'ai rien contre personne, je n'ai aucune haine ni rancune pour personne. Je n'ai rien contre ni les hommes, ni les femmes, je les aime tous les deux. Il y a de gens, hommes ou femmes, qui font beaucoup pour la promotion de la liberté, de la démocratie et de l'égalité, mais il y a certainement beaucoup de choses à améliorer et je suis la première à devoir le faire avant de le prêcher aux autres. Par contre, j'ai beaucoup de colère contre l'exclusivisme de quelque bord qu'il soit, contre l'opportunisme de quelque cause que ce soit, même dans le Mouvement Amazigh. J'aime les gens pour leurs qualités, leurs idées, et non pas pour leurs origines, leurs langues, leurs couleurs ou leur religion. La démocratie exige la diversité et le pluralisme, nous ne trompons donc pas. ةvitons de nous substituer aux bourreaux que nous dénonçons. Nous dénonçons ceux qui nous privent de notre espace de liberté, mais nous n'avons rien contre les autres.

Un dernier mot. Les textes que vous avez pu lire sont de la pure littérature et n'ont absolument rien à faire avec ma vie privée qui est tout autre que le laissent entendre mes textes.  Mais lorsqu'on écrit, on a tendance à s'identifier à ses personnages et là je n'avais pas pu faire autrement que d'exprimer, moi-même, les sentiments des personnages que j'ai crées. N'allez donc pas spéculer à propos de ma vie privée en partant de ces quelques bribes de textes, quelle que soit votre compétence dans le domaine de l'analyse littéraire. J'ai pu écrire dans un style tout à fait libre et indépendant de mes propres émotions et de mes propres sentiments. Puis, je ne suis pas une grande gueule comme le laisse entendre ces textes. Au contraire, je mène une vie dans une convivialité des plus harmonieuses avec mon environnement réel. Ne prétendez donc pas avoir une prise réelle sur ma propre personne en partant juste de ces textes. Après tout, vous ne connaissez que peu de choses sur moi.

 

Aïcha Aït-Hammou

 

 

 

 

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