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  (Mai  2011)

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Quelques réflexions sur l’art de la traduction amazighe (3ème partie)

Par: H.Banhakeia (Université de Nador)

III.- TRADUIRE LE POEME AMAZIGH

Attaché à sa rive de naissance (terre de sa culture), l’homme excelle plus dans l’expression de son être et de ses rêves dans sa langue, dérivant d’une histoire continue et personnelle, d’un processus de syncrétisme entre le vécu et l’expression adéquate. Il forge également une prosodie métrique qui pourrait faire chanter ses paroles dans un premier temps, ensuite réfléchir à les fixer. Cette poésie nécessaire rapporte une tranche de réalité chantée par une voix passionnée,  se voulant témoin du vécu et de l’idéal. Ce chant s’adresse aux hommes qui portent la même culture. Toutefois, dans la tradition écrite, même si les poètes amazighs tentent de ciseler des formes de l’expression adéquate pour leur communauté, ils demeurent quasi ignorés, et leurs recueils passent inaperçus, et il revient, peut-être, à la traduction de les faire connaître et de déterrer les détours de leurs poèmes. Et les traducteurs, sans une tradition établie, ne peuvent rendre aisément compte d’une telle richesse. La volonté de traduire des vers «chantants» apparaît comme une aventure complexe. Trois espaces se révèlent, à notre point de vue, aires de réflexion: le texte dans sa syntaxe, le texte dans sa sémantique, et le texte dans sa charge culturelle. En plus de ce déplacement entre deux rives-langues, il est question de transmigrer dans la duplicité spatiale de l’amazigh: l’oral et l’écrit.

Le traducteur amazigh doit être conscient de cette mobilité dérangeante entre l’oral et l’écrit. Il va lire le texte dans deux versions différentes, plutôt en le concevant en tant que produit oral, ensuite en tant que produit écrit. La lecture doit être multiple et à haute voix. La musicalité, le sens perçu, les arrangements de sons commencent à dévoiler au regard du traducteur les implicites intraduisibles. Le lexique est à défrayer dans ses moindres détails afin de déstructurer les réseaux sémantiques du texte, en plus d’une information sur les autres textes du poète, la date et le lieu de composition…

Faut-il que le traducteur soit un poète pour entamer une telle entreprise? Avant de traduire, le traducteur fixe des critères à suivre dans son travail, et au fur et à mesure qu’il avance dans l’exercice, il en rajoute d’autres critères. L’on se focalise alors sur la réception: ce texte amazigh peut-il être aisément reçu? Que dire alors du poème, genre minoré pour la réception, qui se veut un corps «ouvert», renfermant l’indicible? Comment transposer le non-dit présent dans une langue différente?

Certes, notre expérience dans le domaine de la traduction est modeste. Nous avons traduit le recueil Iγembab yarezun x wudem-nsen deg uγembub n waman (A la recherche de mon âme) d’Ahmed Ziani (1) et une dizaine de poèmes anglais, français et espagnols…(2) Lors de ces traductions, il est de constater que traduire est une entreprise plus problématique que l’acte d’écrire même. Quand on écrit, une force intérieure se fait force, et elle pousse le sujet inspiré à créer, et la question de «qui va lire?» se confond avec l’ego souffrant, appelé à s’affranchir du refoulé, par contre l’acte raisonné de traduire naît réception et se fait assomption de l’altérité: le sujet devient objet, et l’action de créer est complètement écartée. Faire parler Ahmed Ziani en français, c’est faire de lui un écrivain qui pouvait partager l’espace poétique et symbolique réservé exclusivement aux poètes français. Lors de la traduction l’on ressent que la parole «belle» on veut la ciseler, l’émacier, la marteler pour la marquer avec la fausse enseigne de «littéraire», forcer la parole «naturelle» pour en faire un «corps artificiel» qui s’écarte du «dire courant» des gens.

En général, traduire de la poésie amazighe devient simultanément une tâche à haut risque, et un exercice intéressant, voire une épreuve cérébrale où nous sommes appelé à penser en plusieurs langues et à sonder plusieurs cultures, à découvrir les confins de la langue dénudée de tradition écrite (fixée). L’on découvre les trésors de sa propre culture, l’on défait avec amour la langue maternelle en mille labyrinthes pour retrouver les arcanes de tamazight, et par conséquent l’on refait le texte dans ses réseaux de signification. Les textes d’arrivée et de départ entretiennent diverses correspondances: cultures et langues s’entrechoquent sur le pont de la traduction, poussant vers la rive gauche ou vers la rive droite. Et c’est le marché qui va enfin préciser les circonstances et les modalités d’un tel choc de cultures…

** *

Des recueils d’Ahmed Ziani, Talewliwt i Mulay (1997) a été déjà traduit par Roel Otten, visant un auditoire flamand. Cette traduction tend à voir dans les poèmes une parole poétique où l’émigré rifain va traverser des ponts de nostalgies multiples. Elle s’apparente plus à un exercice d’exégèse et de déchiffrement (de traduction littérale). Par exemple, dans ce recueil bilingue, le nombre de vers «amazighs» n’est jamais celui des lignes commentées «de la traduction flamande», avec une augmentation de 30 à 50 pour cent. Le traducteur se hâte, fort probablement, à inscrire l’explication ou le commentaire plus qu’à figer les traces esthétiques du poème. Le public est bien défini: les flamands et les rifains «intégrés». Autant le traducteur ne se soucie pas d’insérer les marques de la ponctuation dans le texte amazigh, autant il se plaît à marquer au gré de son oreille la nouvelle prosodie du texte traduit…

Quant à notre traduction, elle va durer plus de dix mois vu la complexité de la tâche. Le poète récite un poème plusieurs fois et ensemble l’on recherche le sens «français» de ces «izran inufesren»: vers libres. Pour insérer des points et des virgules, plusieurs lectures sont nécessaires. Il s’agit, au fait, de multiples rencontres – généralement deux à quatre rencontres de deux heures par semaine). Avant d’avancer la profondeur de sa pensée poétique, le poète Ziani fait des gestes de contrariété et de gêne: de telles interrogations du traducteur éveillent en lui le lecteur, l’analyste, l’exégète et le critique. Traducteur et poète passent par un exercice douloureux: l’on découvre sa langue dénudée dans ses rapports aux langues d’aliénation (dans un rapport déséquilibrant).

Si le titre de ce troisième recueil est: Iγembab yarezun x wudem-nsen deg uγembub n waman, celui de la traduction n’est pas littéralement: «Visages recherchant leur teint dans le visage de l’eau», mais plutôt A la recherche de mon âme. Ce nouveau titre est réalisé en concertation avec l’auteur, et le travail de traduction a, en général, suivi la même logique: penser à la réception française, et revoir en conséquence la traduction littérale. Cibliste, notre traduction «incline» la balance du côté de la rive d’arrivée. De plus, notre dessein est d’illustrer, à propos de ce recueil, les possibilités et les occurrences qu’offre la langue amazighe d’un poète comme souci d’un sourcier attentif qui relit les poèmes comme prétextes à des travaux philologiques et culturels. Nonobstant, ce va-et-vient entre les rives se fait puzzle, et s’accomplit dans un rythme lent.

Notre expérience suit une méthodologie précise, mariant le cibiliste et le sourcier. Elle s’organise en trois étapes:

- Etape I: traduction «approximative» du texte amazigh en présence du poète (3)

* expliquer le mot à mot, et approcher le sens général du texte;

* discuter les aspects formels et structurels avec le poète;

* ponctuer le texte selon la vision du poète;

* insister sur l’aspect écrit / typographique du poème.

- Etape II: récriture de la traduction en présence du poète (4)

* relire littéralement la première traduction établie;

* ré-approcher le sens «multiple» du texte;

* discuter les nuances du texte proposé (en français) avec le poète;

* élaguer et refaire le texte traduit.

- Etape III: révision finale

* raffiner le texte traduit en remettant en question le texte établi, en réduisant les interférences grâce à un autre regard, celui du linguiste Abdellah Boumalk à la fin du travail;

* insérer de notes infra-paginales pour expliquer le contexte socio-culturel du vers ou du mot dans la traduction.

A la fin de ces trois étapes, l’on découvre deux choses importantes: cette poésie «chantée» est à lire comme des tranches d’une poésie remaniée, se voulant écrite, et à un autre niveau l’on recherchait par cette traduction à «faire connaître» Ahmed Ziani même en le trahissant, et en recréant la poéticité de ses textes, enfreignant les limites existantes entre l’oral et l’écrit.

Par ailleurs, il est intéressant de noter que, dans le cas de cette traduction, il y a un fait extraordinaire au niveau de la réception: attentifs aux équivalences entre les deux langues poétiques, les lecteurs se plaisent à consulter plus la traduction que le texte original. Par conséquent, nous notons la manifestation du préjugé linguistique a toute sa place dans ce recueil bilingue, nonobstant rares sont les lecteurs qui n’émettent pas des critiques du texte bilingue, surtout dans sa version française.

***

Bien que ces trois étapes aillent dans le sens de rendre possible la traduction comme étant une récriture «correcte», voire une production proprement dite, des problèmes persistent à un autre niveau, plus complexe: l’esthétique. Comment serait-il le beau dans le deuxième texte: refait, déformé, enrichi, réduit…? Et la vision du monde remodelée, restructurée? Là, c’est à la réception d’avancer et de préciser le degré d’émotion et de jugement positif à propos de la littérarité traduite, importée depuis l’autre rive… La perception de l’amazighité ne peut être mieux rendue que par sa propre langue, le recours à une autre langue ne serait q’une approximation partielle.

En outre, l’art poétique de Ziani se confond fondamentalement avec une structure mnémotechnique, faisant recours à l’oralité. Ses poèmes proviennent de la mémoire orale, celle qui pare l’oubli. Le poète apprend par cœur ses vers, il ne cesse de les revivre, de les répéter, comme si l’œuvre du poète se résumait à un seul poème continu, voire total. Comment traduire alors la mémoire? D’autre part, la recherche est à la base de l’écriture de Ziani. La netteté, le travail de la forme et la connotation culturelle sont les principaux axes d’élaboration d’un poème. Comment réussir à les transposer vers l’autre rive?

Si la poésie est à la fois une et plurielle, comment peut-elle la traduction rendre compte de cet état polymorphe? De cette unicité? De cette pluralité? Des deux statuts? Dans une traduction poétique, l’on fonde l’ineptie en reprenant les vers dans un autre système que le leur, c’est comme si on mettait l’ours polaire dans les terres touarègues… Le poème se réalise à plusieurs niveaux, et «la difficulté majeure de la traduction poétique, c’est la diversité des exigences que vous présente simultanément tout poème, et qui de plus se contredisent, puisqu’il convient «de respecter à la fois (…) le sens, les images et leur résonance dans l’imagination, les rimes, la prosodie, (…) le jeu des sonorités expressives.»« (5) Conçus comme des chants, liés fortement à la même rime, les poèmes rifains semblent intraduisibles. Par conséquent, réussir la traduction, c’est préserver les éléments définitoires d’une chanson basée sur un retour des mêmes sonorités. L’un des points du renouveau dans le recueil traduit est le retour non mécanique de la rime. Le poète entend ouvrir une voie nouvelle dans l’expérience poétique rifaine: rompre avec le classicisme du vers «chantant».

Par ailleurs, comment traduire la comptine du Humpty Dumpty dans une langue autre que l’anglais, tout en gardant la visée didactico-ludique? (6) Ne faut-il pas la traduire par une autre comptine qui traite du même thème, en l’occurrence de l’œuf «fragile», comme «Hida mida» (7) chez les Rifains afin de garder le même impact phonético-poétique sur les enfants, et ainsi la même interprétation fantastique va probablement émerger?

* Pour le traducteur, comment réagir devant des poèmes qui tendent à sonder l’être nord-africain par le seul biais de la langue? Comment traduire le poème «Rmed huma a tacared» (p.120)? La traduction proposée vide le texte de l’amazighité… Certes, Ziani use d’une langue épurée, presque à l’abri des emprunts, il forge des phrases longues dotées d’un rythme particulier. Le poète apparaît un chercheur infatigable de mots, de significations, de visages, de formes, d’images et de masques. Comment traduire tout cela, ce qui est greffé dans le profondément culturel par une autre langue (culturellement différente)?

Les images surabondent dans les poèmes de Ziani jusqu’à en représenter l’essence. Elles pullulent dans le texte, formant un réseau culturel fermé. Cet imaginaire est-il transposable? A chaque rive sa conception des êtres, des paysages, des réminiscences d’histoire collective, et le poète en fait un usage particulier.

En outre, l’image se fait chez le poète, dynamique. Comment traduire le mouvement dans «Tuddimt, iyuddumen zeg useynu, tenufser» (p.213)? Nous proposons: «Une goutte, arrachée du nuage, chuta» (p.215). Et le symbole dans l’extrait suivant: «Ini-ayi, a tafirast, mani yedja ulelec i teggid?» (p.183)? La proposition est: «Dis-moi, ô poirier, où est ton fleurissement?» (p.184) Précisément, «fleurissement» sonne faux…

***

* Traduire les titres est un acte complexe, assemblant réception et production. Ainsi, le titre du poème:»Mani neggwar? Mani netnus?» (p.17) devient «Où partir? Où dormir?» (p.20), effaçant tout implication subjective. Et la nominalisation dans ce titre, «D attla3 deg Wetlla3» (p.98), «Awar nehra yawar!» (p.158) est rapporté respectivement par un verbe synonyme, «Voguer dans l’errance» (p.100), «Parler sans voix» (p.161) à lire comme des propositions «imprécises». Une interrogation comme «Mani tghemyed?» (p.183) est rapporté dans «Attache» (p.184)… En général, il est utile d’éviter le calque total mot à mot, et d’avancer plutôt des formulations plus ou moins accrocheuses pour le lecteur français.

* Quand on décide à faire la traduction d’un texte poétique, le beau disparaît totalement pour laisser le champ au»courant», «simple», «communément connu» car au fond les deux textes (l’original et le traduit vivent dans une dialectique enrichissante, mais parfois destructrice). Toujours est-il que le poème de Ziani va du complexe au simple, et d’autres allers-retours se déclenchent entre les deux états. La traduction apparaît tantôt profonde et correcte, tantôt superflue et incorrecte (littérairement).

Dans le poème «ij n tefrit deg ij n tmeddit» (p.191), l’on sent que l’aspect poétique est à peine esquissé dans la traduction. Cela s’explique soit par l’inadéquation entre les deux univers poétiques. Les entraves pour une bonne traduction sont l’ellipse, l’imprécision, l’implicite et la rupture «syntaxique» par rapport à la réalité représentée. Il y a risque de dénaturer l’œuvre dans ses visées esthétiques. A chaque poème sa raison d’être sur le plan poétique, et à la traduction de dévier de telles visées. Avons-nous alors privé la poésie de Ziani de ses spécificités génériques et langagières? En général, le poème traduit n’a droit de figurer comme transposition objective de l’idée du beau, il est certes transposition d’une tradition, plus ou moins, refaite dans ses expressions du beau.

De même, la composition polyphonique est assurée par des «tenna» ou «yenna» ou «nnigh», là la voix vibre avec force, mais que faire pour embellir la version française, tout en respectant cette composition? Faut-il encourir la sanction des grammairiens pour transposer une telle présence de l’acte de «dire la poésie? En outre, la clôture d’un poème de Ziani tend vers l’inachevé, à emplir par le lecteur… Le poète tisse une telle fin comme si c’était une extinction ou une explosion. Et il revient à un anthologiste de la poésie française, de trouver des clôtures analogues afin de rendre compte du même effet.

* Le texte poétique à traduire est un chemin infini d’écarts par rapport à l’usage courant de la langue. Comment fixer de tels écarts? Parfois, le texte original ne se soucie pas des rapports entre propositions ou phrases, le texte (de traduction) recherche des conjonctions ou des coordinations afin de «réinventer» une autre logique au texte. Par exemple, nous avons:

«Texsegh cem attas! Attas!

Char, awar war t-ikessi!» (p.87)

Ces deux vers sont traduits comme suit:

«Je t’aime beaucoup! Beaucoup!

Que le mot ne peut le dire!» (p.89)

Mais, nous n’avons relevé le jeu de mots (war, awar) est particulier chez le poète. Sous forme de traduction «approximative», nous avons cherché dans le lexique français, des mots semblables, chargés poétiquement.

Dans d’autres exemples, nous avons traduit:

- «Ttugh ad mtegh» par «oublier pour mourir»: où l’allitération est annulée;

- «Tittawin-nnem neqent twazit, // Seddarent annami,» (p.23) par «Tes yeux tuent l’ennui, // Ressuscitent l’habitude,» (p.25) où les mots «twazit», «annami» sont mal traduits faute de mots équivalents;

- «I necc d iseggwasen // Ma ad awdegh nigh lla?» (p.15) par «Pour moi, une éternité, // Arriverai-je ou non?» (p.16) où l’ellipse pose le problème de cohérence dans le distique français;

- «Ufigh ixf-inu // 3ad aqa-yi d amezyan.» (p.203) par «Il s’avéra // Que j’étais toujours enfant.» (p.204) où le sens général est relativement altéré…

En général, le poète se veut un artisan dans le travail de la langue poétique. Ainsi, il use d’un jeu constant des mots. Il multiplie la dérivation, l’allitération et les assonances. Pour le traducteur, cela charrie un ensemble de difficultés. Par exemple, pour «A tin d ta3aryant war t3ari,» (p.124) nous proposons: «O femme nue qui ne se déshabille,» (p.127) sans être totalement convaincu de réaliser la fin: traduire par là la poéticité du vers…

* Prenons la figure de la répétition, il s’agit d’une technique privilégiée dans les écrits de la langue amazighe. Comment traduire la parole «répétitive»? Comment l’expliquer dans d’autres langues, de tradition écrite, et la présenter dans des constructions versifiées? Cet écho est indispensable. Cette prédilection exagérée pour les répétitions crée non seulement, de manière manifeste, une sorte de dynamique, mais également une reproduction de plusieurs sens – de la là la multiplicité textuelle. Afin de renforcer le mnémotechnique, ces reprises verbales sont là pour dire combien la poésie de Ziani se réduit à être une parole infinie mais finie dans sa matérialité. Par exemple, «Awar, nehra yawar!» est traduit par «Parler sans voix» au lieu de «La parole, sans la parole!»…

En somme, loin de reconstruire honnêtement le sens, la traduction d’un poème ne se fait que dans l’»imperfection allusive». (8)

IV.- TRADUIRE DU SHAKESPEARE

Dilemme intense: entreprendre la traduction du théâtre universel sans avoir une tradition écrite du théâtre amazigh.

Traduire une pièce est un travail collectif, assumé par les metteurs en scène, les comédiens et le public. Il y a coexistence nécessaire entre paroles (texte) et personnages (jeu). En outre, il y a coprésence de signes verbaux et de signes non verbaux. En effet, les personnages parlent, et leurs paroles, chacune à part, ont une inflexion précise, une respiration adéquate, une musique idoine, une syntaxe appropriée, un rythme recherché… Tout cela fait la poétique interne du drame, et il revient au traducteur de respecter une telle structuration. (9) Comment reproduire le rythme du texte, la respiration des dialogues, la scansion des phrases énoncés par les acteurs «anglais» dans un moule «nord-africain»? L’ordre des mots est évidemment important, le non-dit émergeant entre les propos des personnages, le non-dit émergeant entre les propos des personnages, la syntaxe des gestes l’est également dans une telle récriture. Polysémique dans sa réalisation, la traduction théâtrale ne vise pas seulement la compréhension, mais le «visuel» ou la tranche de réel à offrir aux spectateurs. «Sur scène, les mots résonnent, miment sollicitent l’imaginaire et les sensations plus encore que l’intelligence. Tous les textes de théâtre ont en commun une finalité précise: celle de prendre corps et voix dans l’espace et le mouvement de la représentation. De sorte que la traduction théâtrale est une activité dramaturgique plus encore que linguistique. Entre la langue de départ et la langue d’arrivée intervient une troisième langue médiatrice: le langage de la scène et de la représentation, l’idiome complexe du jeu de l’acteur.» (10) Le théâtre est traduit dans le dessein d’être «joué», d’être transposé dans un espace différent. Comme tout horizon traductif, la validité et l’efficacité d’une traduction sont jaugées du côté du public. La langue d’arrivée est importante; et pour les Imazighen dans quelle variante présenter la pièce? serait une question capitale. La pièce, une fois jouée, va se définir en tant que texte reçu d’une manière précise par le public, et il y aura par conséquent des irrégularités morphologiques, phonétiques et syntaxiques sous forme de jeu de mots, afin d’acclimater le texte à son nouvel espace.

Traduire Harold Pinter est un exercice agréable. Nous avons traduit deux pièces de Harold Pinter (1930-2008): Mountain Language (11) et The New World Order, (12) publiées dans le journal amazigh «Tawiza». Le défi est grand: le même traducteur Eric Kahane précise les problèmes techniques pour traduire Pinter. (13) Nous avons essayé grosso modo de préserver la théâtralité du texte, d’y insister sur le dire, le jeu, mais sans penser arriver à fin. Justement, modifier les paroles des personnages de Pinter, en plus d’être une expérience épineuse, peut altérer les propos sous-jacents du texte…

Prenons les propos du personnage «Officer», ils paraissent universels, appropriés au spectateur marocain:

«OFFICER: Now hear this. You are mountain people. You hear me? Your language is dead. It is forbidden. It is not permitted to speak your mountain language in this place. You cannot speak your language to your men. It is not permitted. Do you understand? You may not speak it. It is outlawed. You may only speak the language of the capital. That is the only language permitted in this place. You will be badly punished if you attempt to speak your mountain language in this place. This is a military decree. It is the law. Your language is forbidden. It is dead. No one is allowed to speak your language. Your language no longer exists. Any questions?” (p.21)

Le spectateur va déguster la tirade comme si c’était une tranche de la réalité vécue. Comment la traduire, en y ajoutant des mots proprement «marocains», encore plus «amazighes» pour signifier l’oppression et la marginalisation?

Notre proposition de traduction est:

«LQBTAN: Sslent ayi mlih. Kenniw d tarwa n idurar. Ma tesslant ayi? Iles nkent immut. Netta ixs war ittili. War ixs ad tsiwlent s wawal n idurar deg umcan a. War ixs ad tsiwlent s wawal nkent γar aryazn nkent. Awal nni ixs war itili. Ma tfehment? War γar kent bu lhq ad tsiwlent s wawal nkent. Netta aqa t barra i lqanun. War ixs ad tsiwlent γar wawal n temdint. Nettat d awal waha i tzemmarent ad tsiwlent deg umcan a. Aqa ad kent marheγ mala tarzunt ad tsiwlent da awal nni n udrar. Deg a d lqanun aserdasi. Netta d lqanun. Iles nkent mamnuε. Netta d awal immut. Ura d ij n ixs ad isiwl awal nkent. Iles nkent war illi. Ma dinni cra n isqsitn?

Faire arriver le message «cru» au spectateur ou bien écrire un amazighe standard? Nous avons opté pour la seconde, par l’emploi de néologismes – difficiles à saisir instantanément par le spectateur…

Nous avons un autre passage difficile bien que les mots utilisés soient simples:

“LIONEL: Who is this cunt anyway? What is he, some kind of peasant – or a lecturer in theology?

DES: He’s a lecturer in fucking peasant theology.” (NWO, 55)

Que faire avec les mots «fucking» et «theology»?

Notre proposition de traduction est:

LIONEL: Nniγ ac, min iεna, aγyul a? Aqa ad yiri ca n ufellah… ca n umehdar n “ddin”?

DES: Cra n umehdar n ddin n ifedjahen

«Cunt» est traduit par «aghyul» pour faire amazighe. Les Imazighen usent abondamment des noms d’animaux pour qualifier l’autre…

Nous avons un dernier passage à analyser:

“DES: You called him a cunt last time. Now you call him a prick. How many times do I have to tell you? You’ve got to learn to define your terms and stick to them. You can’t call him a cunt in one breath and a prick in the next. The terms are mutually contradictory. You’d lose face in any linguistic discussion group, take my tip.

LIONEL: Christ, would I?

DES: Definitely. And you know what it means to you. You know what language means to you.

LIONEL: Yes, I do know.” (NWO, 57-58)

Ici, la traduction devient plus complexe sur le plan lexical: «prick»,»linguistic discussion group»…

Notre proposition de traduction est:

DES: Tennid as aγyul rexxu 3ad. D rexxu tennid as amedjar. Mechar imuran ixes ayi id ac t 3awadeγ? Ixes ic a tesned min xsen ad inin awaren nnec, ssenni a ten tettfed mlih. War tzemmared a t zawwared s weγyul γar qell xemsa, s umedjar γar xemsa. Tnayn a n wawaren war d tisen ak wayawya. Me3lik tuγa neγ deg ij wayraw n min xsen ad inin wawaren, a tiri dehcen xaf k, ammn min d ac qqareγ.

LIONEL: A llatif! A llatif! Niccan?

DES: Niccan. I tesned min deg a ixs ad yini i cek. Tesned min iqqar ils i cek.

LIONEL: Wah, sneγ.

Le ton comico-tragique est difficile à reproduire. Il faut casser la syntaxe des phrases anglaises, en reproduire d’autres, typiquement amazighes pour le réaliser. Voilà notre grief, et c’est la tradition d’une traduction dramatique qui pourrait le confectionner…

Cet exercice véhicule une variété de problèmes: il y a profit à les traiter pour avoir une meilleure traduction dramatique d’une part, et de l’autre il y a intérêt à les répertorier, analyser et déconstruire pour sonder les arcanes de la culture et de la langue amazighes

***

Le deuxième exemple à traiter dans ce travail est bien une traduction de Roméo et Juliette de William Shakespeare, faite par Ahmed Adghirni, Fouad Lahbib et Ayt Belkacem Afulay. (14) Le texte shakespearien est inépuisable, et les traductions dans toutes les langues le trouvent complexe à reproduire. C’est pourquoi nous allons insister sur le jargon «dramatique» comme problématique dans une telle entreprise, à réaliser entre l’anglais muni d’une tradition théâtrale importante, et l’amazighe sans tradition propre.

La traduction théâtrale a ses propres règles puisque la représentation est la fin d’une telle entreprise. (15) Faut-il opter alors à l’adaptation? Faut-il que le traducteur soit un dramaturge pour entamer une telle entreprise? Traduire William Shakespeare (1564-1616) en amazighe? Pourquoi Roméo and Juliette et non pas Othello the Moor of Venice ? Pourquoi une tragédie et non pas une comédie? Le lecteur amazigh va-t-il tirer profit de ces représentations complexes de la nature humaine? Traduire Shakespeare pour faire évoluer le théâtre amazigh? Est-ce que le public (le pour qui traduit-on?) peut se réjouir d’une telle adaptation?

Ici, nous nous satisfaisons, dans un premier temps, d’une réflexion sur la terminologie dramatique à partir de cette traduction amazighe de Shakespeare. Certes, parmi les obstacles auxquels se heurte la traduction, il y a bien le lexique à utiliser. Elle est une interprétation des mots, un renouvellement du sens courant, et une présentation aux parlants d’un nouveau contexte réel sur l’autre rive-culture. La communauté va-t-elle l’accepter dans son environnement en tant que texte étranger mais familier? A quel degré?

La traduction facilite, par exemple, l’intégration des néologismes dans l’amazighe, et l’épure par la suite de toute accumulation gênante des emprunts. Le processus de l’écrit à venir se trouve donc plus renforcé. Si sur le texte écrit, les néologismes sont à présenter en astérisque et à expliquer en notes infrapaginales, comment le faire devant un public en face qui n’attend pas d’excroissance «lexicale»? Certes, le traducteur a des moments d’hésitation à trancher pour l’usage d’un néologisme et il lui revient de penser au contexte réel de la communication.(16)

Prenons trois champs lexicaux:

PROFESSIONS AND CHARACTERS:

Nurse: Tasekkiwt

Servant: Isemg / isemgan

Lady: Massa

Train: Isbaysin

Maskers: Lsanin ixencucen

Torch-Bearers: Midden usinin tifawin d izittiyen

Musicians: Imesghwalen

Friar: Tegmat / ugwerram

Franciscan: (pas d’équivalent)

Page:Yan uqcic

Partisans: Imeddukal

Apothecary: Uattar

ARCHITECTURE:

Public Place: (pas d’équivalent)

Open Place: Yan Ugharas

Street: Yan Ubrid”

Hall: (pas d’équivalent)

House: Tigemmi

Garden:Turtit

Window:Usseksel

Cell: Dar Ugwerram / Tigemmi

Room: Aguns

Chamber: Tmesriyt n yides

Churchyard: Isemdal gh llant tmedelin

Monument: Isemdal gh llant tmedelin

TERMINOLOGIE DRAMATIQUE:

Tragedy: (pas d’équivalent)

Play: Urar

Traduction : Turart

Theatre: Amezgun

Dramatis Personae: Isegbaren

Character: Asegbar

Actor: Asegbar

Prologue: Tarselt tamezwarut

Act: Tarselt

Scene: Tannayt

Chorus: Useddi, taseddit

Enter: Ikcem ed; yaggwi-d

EXEUNT: Iffegh

Plusieurs remarques sont à relever:

* Il y a des concepts qui n’ont pas d’équivalent. Et le traducteur ne crée pas de néologisme pour «tragedy», «public place», «Franciscan» et «hall», et le texte d’arrivée se trouve infidèle au texte de départ.

* Il apparaît clair que les traducteurs ont travaillé sur le texte français (traduction de Shakespeare) en utilisant un dictionnaire français-amazigh pour une traduction qui tient compte des néologismes.

Quand il y a effacement d’un terme, c’est tout simplement parce que le traducteur trouve des problèmes de correspondance et d’équivalence. Pour la tragédie, il n’y a pas de correspondant.

Il y a réduction de différents mots dans le texte de départ à un seul équivalent dans le texte d’arrivée. «Actor» et «Character» sont reproduits par «Asegbar». L’ouverture de sens possibles pour le texte est totalement annulée.

* Au niveau de la composition, il y a proposition textuelle déformante: les traducteurs placent le chorus au début du deuxième acte, à l’encontre de l’auteur qui place le chorus comme intermède entre les deux actes. (p.29)

* La charge culturelle est évacuée dans le processus de la traduction. Les concepts religieux sont altérés, et proposés dans un contexte totalement différent.

* Qui va lire la traduction? demeure, sans doute, la question posée par le traducteur, et comme ils sont certains d’un fait: ce sont les Imazighen (non anglophones, non francophones, non arabophones) qui vont le lire, ainsi ils ont adapté le contenu était de manière hâtive et chaotique.

Enfin, l’activité dramaturgique va au-delà du linguistique, d’un système de mots agencés, de paroles assumées par des personnages.

***

EN CONCLUSION…

N’importe quel traducteur doit être capable de justifier ses choix de traduction, c’est-à-dire sa conception de la traduction, son projet de traduction et son horizon (les paramètres qu’il a à sa disposition), ayant toujours un souci constant de réflexion sur la langue.(17) C’est pourquoi l’écart par rapport au premier texte est toujours là… présent.

Par quels moyens pourrait-on réussir la réappropriation de l’histoire, de la culture, de la langue dans l’acte de traduire? demeure la question-clé pour tout travail du traducteur, et déterminante pour évaluer son projet. A-t-on réussi à se réapproprier Shakespeare ou Pinter et à faire connaître Ahmed Ziani? Toute traduction est imparfaite, elle est à refaire: l’on n’est jamais satisfait d’un tel acte complexe. Le texte de traduction continue à se dérober au texte original, les idées sont difficiles à reproduire, à faire traverser d’une rive à l’autre, bien que l’on use un pont bien bâti…

En conclusion, sans la création de groupes de traducteurs, sans des organismes officiels or la néologie amazighe, sans l’établissement d’une édition vouée aux textes traduits vers l’amazighe, d’une distribution efficiente, d’une école qui reçoit les chefs-d’œuvre traduits vers l’amazighe et les fait promouvoir, l’on ne peut parler de traduction comme outil de promotion et de sauvegarde de la littérature amazighe.

NOTES:

(1) Poète rifain, né à Ayt Said, Nador, en 1954. Il vit entre les Pays-bas et le Maroc. Il est auteur de trois recueils: Ad arigh deg wezru (1993) et Talewliwt i Mulay (1997), Igembab yarezun x wudem-nsen deg ugembub n waman (2002)

(2) Traduction, publiées dans des journaux et revues, de poèmes de Verlaine, Blake, Prévert, Jorge Manrique, Saint-John Perse…

C’est dans l’esprit de mater les préjugés et de se réapproprier la langue maternelle que cette traduction vers l’amazighe trouve toute sa légitimité. Néanmoins, cette entreprise est paradoxale: l’on découvre pêle-mêle les failles de sa langue (naguère réduite à la parole) et sa force (dans la malléabilité à absorber toutes les idées et expressions).

(3) Ecrivain autodidacte, Ziani maîtrise l’arabe, le flamand et relativement l’anglais, mais il méconnaît la langue française.

(4) Ziani est devenu un ami après ces dix mois de travail commun: cette relation pose plus de problèmes pour une traduction «objective»: tolérer devient l’action prédominante dans l’entreprise. La traduction prend la forme d’une sanction, le débat devient plus intense.

(5) Efim Etkind & Efim Grigor’evich Etkind, Un art en crise: essai de poétique de la traduction poétique, L’Age d’Homme, 1982, p.12

(6)«Humpty Dumpty sat on a wall.

Humpty Dumpty had a great fall.

All the King’s horses and all the King’s men

Could’t put Humpty Dumpty in his place again.”

(7) «Rmed huma a tirared hida mida

Huma a tenqeb Zida” (p.120)

Traduit par:

«Apprends à jouer «hida mida»

Pour que Zida picote!» (p.122)

(8) Pierre Leyris, interview dans Le Monde, 12 juillet 1974

(9) Paul Bensimon, Traduire le dialogue, traduire des textes de théâtre, Palimpsestes n°1, Presses Sorbonne Nouvelle

«Un texte de Shakespeare c’est d’abord un texte écrit pour des bouches, pour des poitrines, pour des souffles. Le traduire pour la scène invite donc à écrire une langue orale et gestuelle, musclée et vive, susceptible d’offrir au comédien un instrument de jeu vigoureux et précis. Il faut prendre en compte la demande concrète de l’acteur, faire en sorte que la texture des mots puisse être soutenue par le geste du corps et l’inflexion de la voix.» (p.54)

(10) Danièle Berton & Jean-Pierre Simard, Création théâtrale: adaptation, schèmes, traduction, collection «Théâtre», Université de Saint-Etienne, 2007, p.48

(11) Harold Pinter, Mountain Language, London: Faber and Faber, 1988.

(12) Harold Pinter, The New World Order, London: Faber and Faber, 1991

(13) Eric Kahane, «Le point de vue d’un traducteur: réponses à des questions sur la traduction des textes dramatiques», pp.139-154, in Paul Bensimon, Traduire le dialogue, traduire les textes de théâtre, Palimpsestes n°1, Presses Sorbonne Nouvelle, 1989.

(14) W. Shakespeare, Romeo d Juliet, tarurt n Ahmd Adghirni, Fouad Lahbib d Ayt Belkacem Afulay, Matabia Takatoul al Watani, 1995, (p.102).

(15) Paul Bensimon & Didier Coupaye, Traduction, adaptation, Palimpsestes n°3, Presses Sorbonne Nouvelle, 1990.

«tout l’enjeu de la traduction théâtrale, comme de l’écriture théâtrale – le texte écrit devient prétexte à l’événement théâtral qu’est la représentation, moment de rencontre entre mot et geste, entre signes verbaux et non-verbaux.» (p.79)

(16) Cf. Igor Skouratov, «Néologismes et traduction», in Sylviane Cardey (coordonné par), Modélisation, systémique, traductibilité, pp. 241-254, Centre Tesnière, Bulag, Revue annuelle, n° 28, Centre Tesnière, Presses Universitaires Franche-Comté, 2003.

(17) cf. M.-F. Delport et J.-C. Chevalier L’horlogerie de saint Jérôme (Problèmes linguistiques de la traduction) (Paris, L’Harmattan, 1995.

 

 

 

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