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PRISCIEN, GRAMMAIRIEN AFRICAIN

Par: Hassan Banhakeia (Université de Nador)

 

Peu est connu de cet écrivain nord-africain, de ce grammairien de Constantinople qui a vécu entre la fin du Ve siècle et le début du VIe siècle, en des temps difficiles de l’arianisme et de l’occupation vandale. Il est le grand lettré damné par Dante. Il «a vécu dans les livres; ses actes, ses paroles, ses goûts, n’ont laissé nulle trace dans les annales, les épîtres, voire les scolies antiques. Ce qu’on sait de sa personne tient en trois lignes. Certes, il est illustre dans les écoles; mais ce n’est pas un homme: c’est un manuel; c’est un nom sans figure.» (1) Il est d’origine complexe: il y a ceux qui disent qu’il est natif de Césarée (Afrique du nord ou Palestine) et pour d’autres de Rome.

Pour nous, tout en se basant sur différentes éditions, il est né vers 460, «à Césarée de Mauritanie (Algérie), Priscien est un Latin d’Afrique du nord (ne pas le confondre avec Theodorus Priscien, qui vécut au siècle précédent et fut médecin; ni avec Priscilien, théologien du IV siècle; ni avec Priscien de Lydie, néoplatonicien qui vécut quelques décennies plus tard). Il reçoit une partie de sa formation à Constantinople, où il s’initie aux auteurs grecs, et enseigne de 491 à 518.» (2) Il est contemporain des empereurs Zénon, Anastase et Justin. Son maître de grammaire est Théoctiste (cité élogieusement dans ses écrits). Ses élèves sont Eutychès et Théodore. Ce dernier est chargé de transcrire les leçons du maître et de les conserver. La grammaire latine de Priscien est en vogue jusqu’au Moyen Age.

Il choisit l’exil à Constantinople vers la fin du Ve siècle où il décroche un poste d’universitaire, enseignant de grammaire latine. Il est l’auteur des traités: De figuris numerorum (Sur les représentations figurées des nombres), De metris fabularum Terentii (Sur les mètres des pièces de Térence) et Praeexercitamina (Exercices préliminaires), traduction d’Hermongène. Ces textes sont courts, et dédiés à un noble romain, portant le nom de Symmaque, fort probablement son mécène. Ses autres textes sont: Institutio de nomine et pronomine et verbo; Partitiones duodecim versuum Aenaidos principalium (il y explique en se référant à l’approche grammaticale l’incipit de chaque chant de l’Enéide). Il est cité également comme un penseur néoplatonicien.

Il est surtout connu comme l’auteur de Institutiones grammaticae (Manuel de grammaire), divisé en dix-huit livres, qui va servir de référence pour l’enseignement des lettres jusqu’à la Renaissance. (4) Entre 526 et 527, Flavius Theodorus, l’un de ses élèves, va entreprendre la transcription d’un tel chef-d’œuvre. Sous forme d’initiation aux arcanes de la grammaire, les 1-16 livres (dits Priscien majeur) des Institutiones grammaticae sont une analyse des lettres, des syllabes, des parties du discours. Les 17-18 (dits Priscien mineur) traitent de la syntaxe. Il est minutieux dans ses définitions grammaticales, fondant les notions de base de la grammaticalité. (5)

Force est de noter que l’originalité de Priscien réside dans sa méthode à traiter le sujet: il analyse avec précision les auteurs classiques. «une œuvre aux dimensions très vastes, illustrée d’une multitude de citations d’auteurs littéraires, dont les IG sont une mine presque inépuisable: auteurs grecs, latins, poètes et prosateurs, de Plaute à Juvénal, cités pour un mot ou plusieurs lignes ou vers. Cette profusion de citations appuie une grande diversité d’analyses, parfois difficiles à suivre, l’enchaînement des idées étant souvent gêné par le désir de ne rien perdre de la complexité des faits.» (6) En effet, cet ouvrage comporte un grand nombre de citations d’auteurs grecs et latins anonymes pour la postérité. «Il est possible que ce contact avec le milieu aristocratique de Rome ait joué un rôle dans la genèse de l’œuvre majeure de Priscien, connue sous le nom d’Institutions Grammaticales, et qu’il s’agisse d’une œuvre de commande s’intégrant au cadre plus large d’une tentative engagée à Rome pour ranimer la vie culturelle en Occident par une sorte de retour aux sources grecques.» (7) L’auteur nord-africain écrit en latin ses analyses, mais sans cesser de prendre le grec pour langue modèle. En multipliant des exemples de la grammaire et de la littérature grecques, il s’adresse à un lecteur helléphone. Il «ignorait, et pour cause, qu’on pût faire une distinction entre vulgaire et langue littéraire; à le lire, Dante peut avoir l’impression que, selon ce désastreux docteur, la grammaire fleurit tout naturellement, et continue de fleurir, sur la tige même du vulgaire» (8) Comment expliquer la haine de l’auteur de la Divine Comédie?

Le manuel de grammaire se divise en trois volets:

*Le son, la lettre, la syllabe;

*Les parties du discours;

*La syntaxe des énoncés.

Il y a alors non seulement analyse de la langue de la petite unité jusqu’à la phrase, mais également tendance à marquer la rupture avec les grammaires de l’époque. Loin de la mise en relief du nom et du verbe, il verra dans les catégories de la langue la formation d’un corps humain où les parties et leurs jonctions sont interdépendantes. (9) Bien que les sept parties du discours (nom, verbe préposition, conjonction, participe, pronom et adverbe,) se substituent l’une à l’autre, seulement le nom et le verbe sont indispensables à la constitution d’un sens complet. De même, ce sont le nom, le verbe, le participe, le pronom et l’adverbe qui véhiculent une signification fixe par leur présence. Quant à la préposition et à la conjonction, elles n’ont pas de sens, et dépendent sémantiquement des autres parties. (10)

Nonobstant, il y a une ‘vague’ aversion des écrits de Priscien qui ne va point s’arrêter pas au XIIIe siècle, (11) mais continue jusqu’aux temps modernes: «D’abord Priscien donne une fois de plus aux grammairiens modernes le droit exorbitant de critiquer l’antique grammatica, qui devrait demeurer intangible; c’est une erreur, mais ce n’est pas encore un blasphème. Le blasphème, le voici: en deux lignes, un Latin sans vergogne prosterne la littérature latine devant la littérature grecque, et la jette sous les pieds des grammairiens et rhéteurs grecs.»(12) En général, cette œuvre demeure comme un bon témoignage des efforts d’un auteur africain pour expliquer langue et grammaire des seigneurs…

EN CONCLUSION…

Que faut-il d’une telle œuvre de Priscien? Elle «apparaît comme une synthèse entre ce que la logique, en l’occurrence la tradition grecque, stoïcienne et aristotélicienne, pouvait apporter de plus éclairant à l’analyse grammaticale, et une connaissance fine et précise des problèmes spécifiquement grammaticaux.»(13) Son débat, à la fois philologique et poétique, demeure intéressant à revoir, à relire pour mettre le doigt sur les arcanes de la langue latine, ravivant la bataille «grammaticale» entre les Anciens, associés à l’erreur, et les Modernes défenseurs de la clairvoyance en grammaire...

La date et les circonstances de sa mort demeurent inconnues.

NOTES

(1) André Pézard, Dante sous la pluie de feu, Librairie Philosophique J. Vrin, col.»Etudes de la philosophie médiévale», n°XL, 1950, p.133

(2) Benoit Patar, Dictionnaire des philosophes médiévaux, Editions Fides, Presses philosophiques, Quebec, Canada, 2006, pp.580-581.

(3) Jules Quicherat,»Solution des problèmes proposés par Chosroës: traité inédit de Priscien le philosophe», in Bibliothèque de l>école des chartes, tome 14. pp. 248-263. 1853.

(4) André Pézard, op cit

«Les ouvrages qui illustrent le nom de Priscien sont, d’une part, le gros traité De arte grammatica, ou Institutionum grammaticarum libri XVIII: ce que le moyen âge appelait Priscianus major; puis, le volume nommé Priscianus minor, c’est-à-dire les Praeexercitamina rhetorica, accompagnés de deux autres livres; enfin, divers opuscules sur des questions de grammaire, d’art littéraire ou de métrique. Priscien a laissé aussi des ouvrages poétiques (…) un panégyrique de trois cent douze vers, De laude Anastasii imperatoris, et la Periegesis, poème géographique développé en onze cents hexamètres.» (p.136)

(5) M. Baratin, «Grammaticalité et intelligibilité chez Priscien», pp. 155-164, in Sylvain Auroux, Matériaux pour une histoire des théories linguistiques, Université de Lille III, 1984,

«il y a en fait pour Priscien deux grammaticalités. La première est l’ensemble des contraintes imposées a priori par les constituants de l’énoncé. C’est une grammaticalité restreinte, dont il est possible de fixer les contours avec précision, et qui correspond grosso modo à ce que la grammaire classique appelle «grammaticalité». Chez Priscien, elle se développe à partir de la morphologie, qui en contient pratiquement toutes les données dans la mesure où la morphologie a charge d’établir l’ensemble des traits distinctifs des mots. La deuxième grammaticalité est le «système du sens» (ratio sensus), qui ne peut apparaître qu’en fonction de l’énoncé, donc dans le cadre spécifique de la syntaxe. Cette deuxième grammaticalité s’identifie avec l’intelligibilité puisque c’est l’énoncé complet qui assume alors ses propres règles de fonctionnement: dès lors qu’un énoncé est intelligible, il obéit de fait même au «système du sens», il est construit. Cette deuxième grammaticalité s’oppose à la première puisqu’elle la nie par le principe de la variation, mais elle la transcende néanmoins.» (p.160)

(6) Marc Baratin et al.,. (Groupe Ars Grammatica), «Le De Adverbio de Priscien», Histoire Épistémologie Langage 27/II, pp. 7-28, SHESL, 2005, p.9

(7) Marc Baratin et al.,. (Groupe Ars Grammatica), «Le De Adverbio de Priscien», Histoire Épistémologie Langage 27/II, pp. 7-28, SHESL, 2005, p.7

(8) André Pézard, Dante sous la pluie de feu, Librairie Philosophique J. Vrin, col.»Etudes de la philosophie médiévale», n°XL, 1950, p.139

(9) cf. Alessandro Garcea & Valeria Lomanto, «Varron et Priscien: autour des verbes Ad significare et consignificare», Histoire Épistémologie Langage 25/II (): pp. 33-54, SHESL, 2003

(10) Irène ROSIER-CATACH, «Priscien, Boèce, les Glosulae in priscianum, abélard: les enjeux des discussions autour de la notion de consignification», Histoire Épistémologie Langage 25/II , pp. 55-84, SHESL, 2003

(11) Bernard Colombat, «La problématique de la «transitivité» dans la tradition grammaticale latine. Quelques jalons de Priscien aux premiers humanistes», Histoire Épistémologie Langage 25/I, pp.151-172, SHESL, 2003

«À partir des Institutions grammaticales de Priscien, et notamment de plusieurs passages du livre XVII consacrés à la construction des pronoms, a été élaborée au Moyen Âge une quadripartition de la construction en: transitiua (transitive), intransitiua (intransitive), reciproca (réfléchie, et non ‘réciproque’), retransitiua (‘retransitive’), selon que l’action exprimée par le verbe passe, ou ne passe pas, d’une personne sur une autre, ou revient sur la personne, soit directement, soit indirectement.» (p.154)

(12) ibid, p.142

(13) Geneviève Clérico (traduction et édition), Sanctius Minerve, ou les causes de la langue latine, Presses universitaires de Lille, 1982, p. 54

 

 

 

 

 

 

 

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