Uttvun 69, 

Yenyûr  2003

(Janvier 2003)

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Réflexions sur la graphie à adopter pour la langue amazighe

Par Dr. A.H. OUSADDEN (Fès)

La session que tiendra le Conseil de l'Institut Royal de la Culture Amazighe le 23-12-2002, a pour but essentiel de décider du genre de graphie dont il faudra doter la langue Amazighe pour la sortir enfin de l'oralité. Ce choix vital et historique et combien redoutable parce que lourd de responsabilité devant le peuple et devant l'histoire, va aborder un problème très sensible et en donner une solution qui engage l'avenir national et implique une orientation historique riche de conséquences. Ce choix est un privilège écrasant qui échoit au conseil de l'IRCAM qui doit faire preuve d'un esprit de haute responsabilité, de maturité, de perspicacité et de courage.

Après des millénaires, le peuple amazigh prend enfin conscience de son retard et sa marginalisation, comme il constate avec amertume que les meilleurs de ses fils aient dû emprunter souvent langue et identité étrangères pour exprimer leur génie. Notre langue et la culture qu'elle véhicule, toujours tenaces depuis la plus haute antiquité, ont profondément souffert de cet handicap scriptural qui nous a tenu en dehors du concert des nations civilisées, tant est vrai l'adage qui dit que tout peuple qui ne possède pas d'écriture ne peut guère concourir au progrès et à la civilisation.

Le choix de la graphie constitue une mission capitale du conseil de l' IRCAM qui doit en connaître profondément les implications. Chaque conseiller de cet institue doit en l'occurrence se mettre en face de ses responsabilités et s'exprimer librement, indépendamment de toute influence ou pression extérieures.

Le problème de la graphie a toujours hanté nos esprits pour avoir été un des objets majeurs de nos soucis. Il a toujours occupé le centre de nos entretiens et de nos colloques comme il a remué toute la jeunesse qui rêve de cet atout cardinal.

A l'heure où la communauté internationale, y compris les pays arabes et asiatiques, s'engage résolument pour l'adoption d'un système graphique universel - en l'espèce la graphie latine - simple et efficace (et au demeurant rendant bien la phonétique berbère), système ayant fait ses preuves dans la communication, les progrès technique et scientifique, il serait pour le moins aberrant que d'aucuns égarés soient motivés par la nostalgie d'une grandeur orientale révolue, ou par des sentiments confessionnels et liturgiques, allant jusqu'à sacraliser les caractères dits arabes mais d'origine araméenne. Si l'authenticité dans ce domaine, doit avoir le pas sur l'efficacité et le progrès, les Tifinaghs, caractères authentiquement nationaux par excellence, auront la préséance sur toute autre graphie. Au demeurant, si le choix se porte sur d'autres caractères, les Tifinaghs ne seront pas pour autant relégués aux oubliettes. La sagesse voudra qu'on leur consacre pour mémoire, quelques heures dans l'enseignement du primaire afin que, depuis cinq mille ans, ils continuent de servir de témoin que l'amazigh n'est point une langue orpheline, à laquelle manquerait un des piliers principaux de sa souveraineté.

Il s'avère donc urgent de ne pas se perdre en tergiversations et palabres superflues. Tout a été dit. C'est pourquoi il faut décider de ce choix avant que des forces hostiles - occultes ou manifestes - ne viennent effrontément troubler les consciences après s'être déjà introduites par effraction dans un espace qui leur est d'ailleurs farouchement interdit, pour nous être légitimement et exclusivement réservé. Ce choix responsable doit s'exprimer avec lucidité, courage et détermination, libre de tout complexe, de toute sujétion, de toute influence politique ou confessionnelle, ne visant que l'intérêt exclusif des Imazighens. Il doit manifester notre volonté inébranlable de rattraper, ce faisant, ce retard séculaire et consacrer notre entrée dans le monde moderne. Il doit s'exprimer avec courage et détermination. Il ne comporte d'ailleurs aucune subordination culturelle ou inféodation politique. Il est emprunté comme l'est d'ailleurs tout outil de travail, comme sont empruntés le système bancaire et la télégraphie. Il ne porte aucune atteinte à nos valeurs fondamentales qui n'en seront qu'enrichies et renforcées en s'ouvrant sur le monde moderne. Le conseil doit s'exprimer à main levée lors d'un éventuel scrutin sur la question et ce, pour écarter toute équivoque, chacun des votants devant simultanément décliner son identité et le tout devant être consigné dans un rapport de séance qui sera déposé aux archives pour témoigner de la responsabilité de chacun devant tous et devant l'histoire. Tout un peuple palpitant et inquiet nous observe, comme nous observent des hauts des cimes nos ancêtres anxieux de pouvoir juger de notre attitude et de notre devoir à honorer leur mémoire, à relever le défit de l'Histoire et à redresser le Destin.

 

 

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