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Compte rendu du recueil poétique TIMATARIN de Lahoucine Jouhadi

Par: Oumerzoug Abdelaziz (filière des études amazighes, faculté des lettres, Agadir)

I- Paratexte:

1.1.L’auteur:

Né à Casablanca en 1942, Lahoucine Jouhadi est retraité de l’enseignement secondaire depuis 2003. Pendant quarante ans, il a enseigné l’histoire dans un lycée de cette ville. Originaire des Ayt Baàmran dans le Sud-Ouest marocain, il a appris la totalité du Coran dans ses variantes (qir’a’at, « lectures «) au sein des universités rurales du Sud marocain. Il a ensuite intégré le système public de l’éducation nationale où il a obtenu une maîtrise d’histoire. Chercheur infatigable, en particulier en histoire de la région de Souss, il a publié plusieurs articles dans l’Encyclopédie du Maroc (Maεlamat al maghrib). Houcine Jouhadi a également publié un recueil de poèmes Timatarin (les alertes) en 1997 (Dar Qurtuba, Casablanca).

Après avoir animé une dizaine d’émissions à la radio nationale sur les différents thèmes théologiques, il a publié une biographie (en amazigh) du prophète de l’Islam, Mohammed sous le titre de Tagharast n Ureqqas n Rebbi (Rabat, Publications de l’Amrec, 1995) avant de se pencher sur la traduction du Coran et du Hadit.

1.2. Le titre de l’œuvre : Timatarin

1.3. La date de parution: Avril 1997

1.4. Le genre littéraire : La poésie

1.5. Etude de la couverture:

1.5.1. La première page

En haut de la page apparaît le nom complet du poète suivi du titre Timatarin en caractère arabe puis en Tifinaghe, vient après le genre littéraire: recueil de poésie amazighe

En bas de la page le poète nous présente un dessin symbolique sous la forme d’une roue avec toutes les significations qu’elle recèle (mouvement, vitesse, déplacement, transition, modernité, développement etc). Ce dessin comprend des motifs géométriques relevant de l’alphabet tifinaghe et des arts décoratifs amazighs

1.5.2. Etude de la quatrième page (la dernière)

Sur cette page le poète traduit le titre Timatarin en « icône »par le biais de deux fusils qui se croisent pour former le symbole de la langue amazighe, il s’agit de la lettre (yaz), cette dernière est également ornée cette fois ci par deux vers en alphabet tifinaghe:

Ssiεr a ygan argaz imma tamart

ila tnt zalaγ γ udrar icct uccn

accompagnée d’un extrait de la présentation de Mohamed Chafiq.

II- Le texte:

2.1-Genre de poésie:

Le recueil de JOUHADI fait partie de la poésie moderne que l’on peut distinguée de la poésie traditionnelle du fait que la poésie moderne est produite de manière solitaire par le poète, et qu’elle est indépendante de la music-chanson et de la situation, c’est-à-dire absence d’échange immédiat avec le public ce qui permet d’instaurer les notions d’auteur et de lecteur.

Cette autonomie est rendue possible grâce à l’écrit qui conserve l’intégralité du texte tout en lui donnant une perpétuité dans le temps que ne garantit pas la voix.

2.2. Analyse des titres des poèmes:

Le titre de recueil poétique recèle une valeur significative: Timatarin «les alertes », c’est- à-dire les trois coups de feu qu’on déclenche pour avertir d’un danger. Il s’agit ici des dangers auxquels sont confrontées la langue et la culture amazighes et surtout le danger de l’arabisation et de l’invasion des médias internationales qui diffusent à l’échelle planétaire une culture médiatique appelée culture internationale, ce qui contribue au changement culturel des masses.

Les titres de ce recueil nous permettent de découvrir que le poète traite des thématiques diverses en se servant de la richesse des paradigmes linguistiques de la langue amazighe:

- Syntagme verbal: 

«yudr innas»  , «g argaz»

- Syntagme nominal:

«imiγ n sidi buεtman »

- Prédicat adjectival:

« abukad »  , « abrgag »

- Noms verbal (d’action):

Astay - afulki - asgawr - tiddukla - tiγri - tawda - asrti - talalit n ugllid - tarfafant

-Nom d’agent:

Amdyaz - amkraz - amddakwl- amzdaγ

-Toponymes:

Lbusna - tizi wzzu - ssumal – urika - tin iggi ( tanger) - imiγ n Sidi buεtman-imiγ n ayt baεmran.

-Noms propres:

Tasmγurt n umarir mohmmad mustawi - talalit n uxyyat yasin - tasmγurt n cafiq tasmγurt n rrays hmad amntag.

-Champ lexical de la flore, la faune et la nature:

- tanzruft ( sahara) - asif - idgl ( cédre )

- izm n ifran - tayyu

- azirz ( sechresse) - tafsut – asmmid

III- Thèmes:

Le poète a abordé des sujets relatifs à des thèmes socioculturels comme l’identité ( tamagit ) la solidarité, la démocratie, la liberté… qui sont inspirés des valeurs de la société civile:

«  tadrfit tra irgazn tra timatarin

tadrfit tga addag n zzit fas aman ifak

iγ ur iswi ,irz ibbi yawi t usmmid”

  “Fad igan win tmagit ntta ad iyyi issallan

imma win irifi, sgaddan ma Issnen Aman”

“tamaziγt iγ tugga ar tatta tifawin

tafukt ur ar t iddl wanna t ur irin

acku tumz ignna han tattuy I tillas “

Les thèmes abordés par le poète touchent également des sujets véhiculés par la littérature traditionnelle à savoir: ( la beauté, l’amour de la femme), la vie quotidienne ( le discours du roi sur tamaziγt, les élections, les guerres tribales, la guerre du golfe, la Bosnie…). La vie sociale (souvenirs d’enfance, la morale sociale avec l’affaire Tabet, la misère paysanne face au crédit agricole), les éloges des amis et des figures intellectuelles (Chafiq, Mohamed Moustaoui…), la nature avec l’hommage fait aux arbres et aux animaux (idgl-izm), les inondations dans le Haut-Htlas, l’introduction des médias modernes comme la radio et la télévision:

« rradyu gan amazzal ar attan awal

isnnugma γass ad akal lkmn ayyur »

« lbusna igllin iga igigil ur ittaf

amddakwl ula babas takat a γ llan »

« gwmatnγ cafiq ad ak nini «smhat»aγ

iγ ur izdar ils ad inu a issnu awal »

« ibbin unzar igmd ufraw ula asulil

ula azirz ar issad aγbalu a iyyi t Innan »

IV- Langue et stylistique:

Le poète se donne la tâche de s’approcher à la langue de son lecteur (parler tachelhit) et il vise un public cultivé ou, du moins, alphabétisé et exclut les analphabètes.

Le poète ne dit plus ce qui est attendu, mais il dit l’inattendu, il peut surprendre, voir choquer, il attaque, parfois violemment:

« aydi ka iga ar izznza γir taqqurt

iblis a iga sul tagwmat a f ka srsn »

“ wann yak innan uhu yuf tn ufunas”

La langue utilisée dans ce recueil est essentiellement une langue épurée alimentée de néologie:(tamagit , tidmi, amaynu, tadrfit, amadan, asnti…) et accompagnée de quelques emprunts:( rriš, εlaxir, lεdu, tomobil, lbank, rradio, smh…) avec un lexique tamaziγt-arabe en bas de la page.

Pour émailler sa production poétique le poète utilise plusieurs procédés stylistiques entre autres:

-La métaphore:

« nmaqqarn ilgmadn tillas n wadan

wanna ur igin ifiγr išš tn wayyad »

-La comparison:

« tayri tfrujja rwasnt ajddig»

«  illa mad t akk issudan zun issuda ayyis »

-La symétrie:

“  ahwaš ntta ka f nmun ka f nzug “

-La personnification:

“ izm giγ t azmz ad aγ ikrfn γ udar “

“ taggugt aγ nn a zzallat ar am nsillif “

-La répétition (l’anaphore):

“ nkkin ad igan agizul n sus ng lmrs nsnkkin ad igan a yaggas asafar nttrs “

-La paronomase:

“ mašš nga azru ng azur ng akal ng ayyur“

Le poète recourt également aux éléments de la littérature orale pour féconder ses poèmes à savoir les chants et les proverbes, préservés par la mémoire collective, pour dénoter que le respect de la tradition littéraire est de règle.

“Ah a yanwal nna γ ur tlli mas n yan

mqqar irγa lqqndil tillas a γ llan “

“ taggugt aγ nn a zzallat ar am nsillif “

Le poète recours au proverbepour étayer son discours et le doter d’une force argumentative.

-L’antihèse:

“  wanna iγlin ar d agrn ifggigi

rad sul akin ahh iγ irza wafudi “

Les structures langagières qu’on a relevées ne sont pas exactement celles de toute acte de langage: ce sont celles qui répondent à la fonction poétique. Ces “embellissements” dénotent la création fertile du poète.

V-Intérêt de l’œuvre:

Comme le poète l’a mentionné dans l’introduction de son œuvre, l’intérêt fondamental de cette œuvre est de servir de catalyseur à l’engagement social et culturel. Il tente à mobiliser les écrivains maghrébins à enrichir le répertoire amazighe et faire face aux défis de la vie moderne qui risquent de plus en plus de mettre notre culture dans l’oubli, dans ce contexte le poète déclenche l’alarme par le biais de son recueil poétique:timatarin

Le poète vise, ainsi, à réconcilier les intellectuels avec la langue et la culture amazighes, pour redonner du souffle à ce composant de la civilisation marocaine qui comporte ses racines dans l’histoire profonde de l’Afrique du Nord.

Conclusion

Le poète Lahoucine Jouhadi fait preuve du poète sensible aux causes sociales de ses congénères, son engagement se révèle en tant qu’attitude intellectuelle car il appartient souvent à l’intellectuel de tracer les voies de la lutte révolutionnaire en vue de changer cette réalité et d’édifier les bases d’un ordre nouvel susceptible de changer les espoirs et les objectifs des masses.

Par ailleurs les procédés stylistiques et les motifs poétiques indiquent que notre poète s’inscrit dans la littérature moderne tout en gardant des liens solides avec la tradition littéraire.

Bibliographie

Bounfour, A., 1999, Introduction à la littérature berbère ,1. La poésie, Paris.

Boukous, A., 1995, société, langues et cultures au Maroc, enjeux symboliques, Publication de la faculté des lettres et des sciences humaines_Rabat.

La littérature amazighe, oralité et écriture, spécificités et perspectives, actes de colloque international, sous la direction de Aziz Kich, ircam, Rabat, 2004.

Jouhadi, L., 1997, Timatarin, recueil de poésie amazighe, Dar qourtouba, Casablanca.

 

 

 

 

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