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Minucius felix, l’africain voilé

par: hassan banhakeia (université de nador)

 

«vous verrez dans minucius félix les imputations abominables dont les païens chargeaient les mystères chrétiens. on reprochait aux initiés de ne se traiter de frères et de sœurs que pour profaner ce nom sacré: ils baisaient, disait-on, les parties génitales de leurs prêtres, comme on en use encore avec les santons d’afrique; ils se souillaient de toutes les turpitudes»

voltaire, «l’initiation», dictionnaire philosophique, (p.25)

cette étude tend à analyser les aspects protéiformes de l’octavius de minucius félix, (1) écrit probablement entre 218 et 235. il s’agit d’une œuvre préservée dans un manuscrit parisien du ixe siècle, où ce texte est inséré dans la huitième partie de l’œuvre d’arnobe: adversus nationes (contre les païens). (2) françois baudoin, jurisconsulte et historien, est le premier éditeur de l’octavius à heidelberg, en 1560, dans une édition séparée.

notons également que «cet ouvrage a toujours fait le charme des délicats. halm l’appelle «un livre d’or», et m. renan «la perle de l’apologétique chrétienne».» (3) il demeure, toutefois, un texte de dialectique confondante où préciser le discours de l’auteur devient difficile, tiraillé entre les deux protagonistes antagonistes qui discutent de tout. pour nous, minucius félix serait un auteur sophiste qui embrasse les divers points de vue, essayant par là d’argumenter et de garder une certaine distance (écart nécessaire). il discute, en général, la nature et la possibilité rationnelle de la foi. son argumentation est propre de cicéron: exordium, narration, partition, confirmation, réfutation et conclusion. et gaston boissier de préciser que l’octavius se compose comme un «dialogue cicéronien». (4) le texte de félix se présente comme une structure binaire sur le plan de l’éloquence: nous avons, en fait, deux plaidoyers contradictoires, et à l’auteur implicite de les orchestrer selon ses vœux et idéaux.

faisant partie d’une littérature chrétienne naissante, minucius félix est à situer entre tertullien et cyprien. son œuvre est une source d’information importante sur les chrétiens primitifs. ainsi, si l’apologétique est écrit en 198, l’octavius est à placer ou bien avant cette date ou bien après. l’écrivain africain a-t-il été contemporain au règne de marc-aurèle?

probablement contemporain de septime sévère qui lance la cinquième persécution contre les chrétiens, minucius compose l’octavius – dont quelques passages s’inspirent de l’apologétique (107) de tertullien. (5) a son tour, l’octavius va inspirer de idolorum vanitate (247) de cyprien. ce repérage chronologique est remis en question par maints historiens et critiques (roster , niebuhr, eduard de muralto, j.d. van hoven, adolf ebert…) a ce propos, louis-françois jéhan précise: «il est impossible de ne pas reconnaître dans les pensées, le style et l’expression, une ressemblance extraordinaire entre tertullien et minucius félix, ressemblance qui indique des rapports intimes entre eux, et il n’y a pas à balancer non plus pour décider lequel des deux a imité l’autre.» (6) ces similitudes esthétiques et idéologiques entre les deux œuvres montrent singulièrement la défense «africaine» de la foi étrangère –la romaine, celle des seigneurs. les références «locales» sont bien présentes chez les deux auteurs, révélant et renforçant d’une part l’analogie, et de l’autre la dépendance intellectuelle des nord-africains.

i.- l’amazigh voilé…

si l’octavius défend timidement le christianisme, c’est parce qu’il entend exposer et défendre la supériorité de la religion par rapport au paganisme. ce qui nous y intéresse, c’est la part réservée à l’africanité au niveau des mœurs et lors de cette époque, en pleine rome…. que dit-il justement du païen (ou bien du propre)? nous y décelons un ensemble de détails intéressants non seulement sur la culture païenne, propre et africaine, mais aussi sur sa propre vie d’amazigh expatrié à rome. l’auteur évoque amplement l’afrique, ses dieux d’enfance, ses rois… généralement, à l’instar des autres auteurs chrétiens africains, minucius se place dans la polémique avec le païen, la négation du propre et la défense de la foi romaine.

félix est un auteur «latinophone», d’origine africaine. il est célèbre comme apologète chrétien du iie ou du iiie siècle. en plus de l’octavius, il peut être l’auteur d’un autre ouvrage intitulé du destin. selon saint jérôme, ce dernier texte est d’un style moins soigné que l’octavius, et précisément des passages du chapitre-40 du chef-d’œuvre se réfèrent à ce texte perdu. a l’instar des autres écrivains africains, il se convertit tard au christianisme. enfant, il est fortement imbu d’idées païennes: «autrefois nous avons partagé votre ignorance et votre aveuglement; nous avons eu les mêmes opinions que vous; nous avons cru que les chrétiens adoraient des monstres, dévoraient des enfants, se livraient à l’inceste dans leurs banquets.» (octavius, 28) l’autre est identifié non seulement comme différent, mais aussi comme inhumain, cruel et monstrueux.

issu d’une famille aisée, et à l’instar des autres jeunes africains, il s’initie à l’éducation d’avocat à rome. il y gagne une grande réputation. «peut-être a-t-il été tenté par la brillante fortune de son compatriote, l’orateur fronton, devenu le maître, puis l’ami d’un empereur, et l’un des premiers personnages de son temps.» (7) précisément, il critique cet auteur africain, lui reprochant de reproduire le discours de la foule qui s’attaque au christianisme. bien qu’il exerce au barreau de rome (octavius, 2), il n’occupe aucune fonction importante au sein de l’administration impériale. vu son intégrisme, minucius félix refuse d’exercer dans les institutions impériales. est-ce tout simplement pour des raisons religieuses: un bon chrétien ne peut servir une administration païenne ?

seulement, on n’a rien gardé de sa première étape de non chrétien. a-t-il détruit ses propres textes ? comme tout écrivain converti, la conversion lui donne, fort probablement, l’idée de renier ses premiers textes «païens».

ii.- la composition de l’octavius…

la date de la composition du chef-d’œuvre pose problème: aucune date n’est définitive. elle ne se précise que par rapport à l’apologétique de tertullien. les personnages principaux sont un trio: l’auteur, octavius januarius qui représente les chrétiens et caecilius natalis (d’origine africaine), (8) emblème des païens. l’arbitre, qui est l’auteur même, offre à chacun l’opportunité de détendre son point de vue mais tout le dialogue est construit de sorte à préparer la victoire finale du christianisme, présenté comme forme ou foi supérieure au paganisme. mais comment connaître le point de vue explicite de l’arbitre qui tait ses propres vérités, mais qui s’ingénie, d’une manière ou d’une autre, à exposer les arguments des autres ?

le choix du titre montre la position de l’auteur (ou de l’arbitre) en faveur d’octavius, notamment de sa vision du monde. le récit est une longue promenade où des personnages s’échangent des propos de philosophie, de croyance, de politique… il a les caractéristiques d’un drame (structuré en trois parties), en plus d’un épilogue. lors du prologue (1-4), l’auteur va non seulement narrer la promenade de trois amis (cécilius, octavius et marcus) qui se retrouvent, mais également expliciter la vision auctorielle. caecilius est un polythéiste païen. précisément, il va adopter une position de vénération en face de la statue de sérapis. ainsi s’enclenche-t-il un débat entre cécilius et octavius où marcus tient le rôle d’arbitre ou de juge.

un second mouvement (5-13) s’ensuit, mettant en relief le réquisitoire. caecilius s’attaque au christianisme sans le nommer. cette nouvelle foi ne peut rivaliser avec la religion païenne de la grande rome. caecilius apporte une assertion importante: il est fidèle à la religion de ses ancêtres. il s’insurge contre l’aliénation. il tourne en dérision l’omniprésence de dieu, la résurrection et d’autres postulats chrétiens.

la partie centrale (14-38) est une réaction chrétienne aux attaques autochtones. afin d’apporter un dénouement positif, octavius développe un plaidoyer où il défend magistralement la nouvelle foi. d’une part, l’éponyme expliquera la providence, l’unité de dieu et la vraie identité du chrétien, et de l’autre il va dresser des portraits négatifs et ridicules du païen et de ses croyances. comme dernier argument, il décrira la résurrection et les châtiments que vont subir les païens et les mécréants.

l’épilogue (39-41) est tout simplement un plaidoyer. caecilus change de point de vue: il est convaincu de la grandeur de la nouvelle foi. il apparaît reconnaissant «je félicite de tout mon coeur mon cher octavius, mais je me félicite surtout moi-même. je n’attendrai pas la décision du juge; nous avons vaincu l’un et l’autre: car j’ose aussi m’attribuer l’honneur de la victoire. en effet, si octavius est mon vainqueur, moi, je le suis de l’erreur. je reste entièrement d’accord de tout ce qui regarde le fond de la question; je reconnais une providence, je crois à un seul dieu, et je suis persuadé de la vérité de votre religion, qui, dès à présent, est la mienne. il me reste toutefois quelques difficultés particulières, qui ne m’empêchent pas d’ouvrir les yeux à la vérité, mais qu’il importe d’éclaircir, pour que je sois parfaitement instruit: je vous les proposerai demain, car le soleil est sur le point de disparaître.» (octavius, 40) ce passage met en évidence non seulement la naissance de la foi, mais d’autres traits du monothéisme comme l’unicité de dieu, la vérité du christianisme… en outre, l’auteur de conclure: «c’est dieu qui lui a inspiré le discours que nous venons d’entendre, et qui, en lui donnant la victoire, lui a accordé la plus belle récompense. nous nous retirâmes tous pleins de joie, cécilius d’avoir cru, octavius d’avoir vaincu, et moi de la conversion de l’un et de la victoire de l’autre.» (octavius, 41) cet apprentissage du christianisme se fait chez minucius felix de manière ordonné et simpliste. seulement les notions de base se trouvent mis derrière une réflexion qui tend vers la contemplation, pour ne pas dire la méditation chrétienne.

l’auteur a, dans son octavius, réalisé un produit littéraire de l’apologétique bien que la structure soit une mosaïque d’idées hétérogènes et éparses. ce dialogue est-il imaginaire ? les historiens sont unanimes: les personnages d’octavius januarius et cécilius natalis ont réellement existé. le premier est un chrétien naguère converti, et le second un païen confirmé dans son adoration des faux dieux. l’on dit qu’il est ce cécilius qui élève un arc de triomphe à cirta (constantine) en l’an 215. cette adoration est claire dans le texte: «tout à coup cécilius, qui nous avait accompagnés, apercevant une statue de sérapis, porte sa main à la bouche et la baise, selon l’usage du vulgaire superstitieux.» (octavius, 2) le chef-d’œuvre, qui est en soi une preuve de sa foi nouvelle, est sous forme d’un dialogue entre octavius croyant et cécilius païen. minucius, le narrateur, y tient «la balance d’un juge équitable» (octavius, 5) il y verra dans l’héritage traditionnel philosophique un commencement pour aboutir à la vérité (connue pleinement par le christianisme). seulement, bien que l’auteur évite de nommer le christ dans le texte, il va être rangé parmi les pères de l’eglise ! en outre, les discours mis en scène sont sous forme d’un prologue qui annonce les intentions de l’auteur.

notes:

(1) ici, nous allons lire le texte selon la traduction de m.a.p. de l’académie royale de lyon, précisément aux paragraphes (parties) de l’œuvre…

(2) cf. william a. jurgens, the faith of the early fathers, volume 1, liturgical press, 1970.

(3) gaston boissier, fin du paganisme, tome 2, librairie hachette et cie, paris: 1891, p.305

(4) gaston boissier, fin du paganisme, ibid., p.305.

(5) les rapports intellectuels entre tertullien et minucius félix suscitent des réflexions critiques. ils sont contemporains; et l’histoire littéraire s’ingénie à dénouer les rapports qui les unissent.

l’argumentation de l’octavius se précise dans un mouvement précis: thèse, antithèse et synthèse. elle y suit un souci permanent d’impartialité, d’où l’octroi de la parole à cécilius pour défendre l’ancienne religion contre la nouvelle. ainsi, c’est le païen qui parle en premier lieu, et à ce raisonnement va succéder celui du croyant, et à la fin nous avons la synthèse: tout le monde est touché par la foi. une telle méthode est analogue à celle de l’apologétique de tertullien. en outre, l’exposition des références culturelles et leur déconstruction sont assurées dans les deux textes par un discours religieux.

c’est pourquoi, l’on dit que l’un a imité l’autre. qui fut le premier ? qui sait ? citons: william a. jurgens, the faith of the early fathers, volume 1, liturgical press, 1970, p.109:

«a literary dependence between the octavius and tertullian’s apology, the latter dating from 197 a.d., is obvious. their arguments are too similar, couched in much the same term and developed in much the same fashion, to admit of coincidence. both minucius and tertullian wrote in latin, and whichever of them has temporal priority deserves the title of the first christian author to write in the latin language.”

(6) louis-françois jéhan, dictionnaire des origines du christianisme ou histoire des trois premiers siècles de l’église chrétienne, publié par j.p. migne, 1856,p.815.

(7) gaston boissier, fin du paganisme, tome 2, librairie hachette et cie, paris: 1891, p.306.

(8) cf. hélène ménard, maintenir l’ordre à rome, editions champ vallon, 2004, p. 147.

l’auteure identifie caecilius comme «un notable de cirta. des inscriptions de cette cité africaine, datées de l’époque sévérienne, nous font connaître marcus caecilius natalis, fils de quintus, de la tribu quirina, élu comme quinquennalis. il est possible que le personnage de l’octavius et celui connu de l’épigraphie soient apparentés, voire même que ce dernier soit le fils du païen de cirta.» (p.147)

 

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