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la négation de la culture amazighe: entre sauvegarde et folklorisme (3ère partie)

Par: H.Banhakeia (Université de Nador)

3.- l’ircam: le modele propre qui plait aux autres

institué pour des raisons purement politiques, ce triple mouvement (notamment le troisième chaînon) se dit sans vision politique afin de bien coloniser l’identité propre! ils se disent bizarrement tous les trois, objectifs, neutres, scientifiques, positivistes… la politique dérangerait le corps, l’espace et l’être dans leur récupération si l’on politisait...

aux deux processus exogènes s’ajoute ainsi au vingt-et-unième siècle (après tant de siècles d’occupation politique) un autre propre (ou endogène, incarné par l’ircam (comparable au hca algérien) qui ne se lasse de dresser des paradoxes pour l’amazighité vers sa propre existence. il ne peut, en fait, rien apporter, mais il demeure complémentaire aux deux autres. ils apportent des solutions à une langue/culture en crise d’identité, et ils entendent entamer une recherche de récupération de l’espace, et non de la culture ou de l’histoire... en conséquence, l’institutionnel, créé par (ou pour) les imazighen, ne fait ainsi que se situer dans la vision de l’autre, prétendant décortiquer la culture sans aucune visibilité. que pensera l’autre? que dira l’autre? sommes-nous la négation de l’autre – qui représente la négation même?

l’exemple de l’ircam est fort intéressant à étudier. cette institution a une politique timide (s’il en a vraiment une), qui se situe entre la sauvegarde et le folklorisme. sa «politique» est moins claire que celle de autres: pourquoi sauvegarder ce qui est? ‘comment le sauvegarder’ ne serait-il alors que le synonyme de ‘comment s’en débarrasser  et n’en faire que du folklorique’? peut-elle cette institution pusillanime assurer vraiment la promotion par des choix politiques? comment peut-elle faire partie active du pouvoir –qui continue à l’ignorer? mais qu’est-ce que la politique? la politique, c’est le droit à la différence (ou l’expression de la différence), et par conséquent un droit à la vie… elle est une énergie régénératrice. y a-t-il de plus frustrant que le coup fatal (et politique) à la culture, celui qui est assumé par les siens? comment y réagir sinon par ce droit à la différence, et à la différenciation? ce qu’il y a d’insoluble dans une telle situation, c’est bien le politique réapproprié par le propre, ce serait une négation de l’institué, sinon une remise en question du fixé…

l’ircam, pour se situer sur le chemin de la promotion de l’amazighité, et en orchestrant les travaux des chercheurs, ferait de la politique qui résoudrait des paradoxes…

le paradoxe premier, qui s’impose à l’institution chérifienne, est sous forme d’une interrogation insoluble: comment recevoir sa propre culture? la recevoir dans la vision de l’autre? pourquoi écrire sur soi? qui va lire (ou recevoir) cette part de nous s’il n’est pas appelé à cela –pour ne pas dire forcé à cela? (23) comment éradiquer cette haine de soi accumulée à travers des siècles et des siècles d’occupation du corps amazigh, si ce n’est pas par du politique: de l’autocritique du système, et de la réappropriation des imazighen de leur culture? tant l’aliénation a fait germer ses maux, et l’acculturation a conséquemment fait son chemin. cela est peu ou prou ignoré…

le deuxième paradoxe: comment s’écrire? notre vision est hantée par la géométrie de l’autre. il en est l’architecte, celui qui se plaît à voir des thèses qui lui font plaisir… si l’on laissait les vrais architectes construire le corps, l’être et la langue en toute liberté, la récupération de cette tradition se ferait sans heurts. le foyer amazigh serait facile à construire, à développer… en projet. généralement, l’apolitique surgit et qu’il est à fonder quand de l’amazighité il est question: tout cela va dans la recherche de sinuosités nouvelles à un corps déjà agonisant. seulement, et curieusement, tout devient politique quand il est question de récupérer objectivement (au sens propre du terme) l’être historique, la civilisation, la langue, la culture…

un autre paradoxe paraît technique, mais... bien que le tifinaghe impose sa graphie et ses règles après tant de mésaventures intellectuelles, il y a tendance générale à écrire dans la langue de l’autre. a publier des textes, en plus d’introuvables dans les librairies, dans la culture de l’autre… une grammaire en français sur l’amazighe, un dictionnaire bilingue… l’ircam fait de cette expérience une opération ordinaire. traduire, d’une langue étrangère à une autre étrangère, des choses écrites sur l’amazighité s’avère l’acte le plus profond de l’aliénation. le paradoxe de la langue: non pas faite pour son évolution, mais pour son exploitation pragmatique. chose qui se faisait avec les éternels ethnographes et militaires curieux… peu importe la vraie grammaire, il ne faut que la calquer sur la dominante. c’est pourquoi, le système graphique ou la graphie devient moins importante, s’annonçant comme une absence qui est à reformuler un jour ou l’autre. de même, la langue amazighe ne peut pas être reconstruite sans une profondeur historique, ni une propagation culturelle. ce que je veux encore dire: les linguistes ne font pas la langue, ils ne sont que des observateurs (bien portants dans leur «sécurité scientifique» -aliénante) qui les obnubile devant tout fait: n’y aurait-il pas du politique sous ce mot-rocher, sous cette plaque-phrase…? s’interrogent-ils. ils vivent alors l’insécurité scientifique sans jamais mettre en doute leur manière de travailler leur propre culture-langue. il y a alors évacuation de l’amazighité, de ses fondements inaliénables. ainsi, cette institution s’inscrit-elle, de par son travail académique ou scientifique conçu de la sorte, dans la tradition colonialiste dans ses deux versions: se déshabiller pour (ou devant) l’autre dans toute sa nudité «apolitique» pour lui exprimer sa vision de bon assimilé ou d’aliéné parfait...

que dit l’ircam au juste du propre dans la vraie situation sociolinguistique du maroc (et du maghreb)? il se plaît à déchiffrer les vieilles cartes où la cité parle arabe, et la montagne n’est enfumée que de l’amazighe… encore, que faire alors de ces méthodes pédagogiques qui entendent préparer l’introduction de l’amazighe dans le système éducatif, si le politique refuse toujours politiquement une telle présence? il se plaît à hésiter entre une panoplie de méthodes faites pour les autres langues… que faire de cette standardisation aberrante? l’institution se plaît à imaginer, à hésiter… et le manuel «tifawin a tamazight» ne fait que montrer combien est épaisse cette «tallest» (obscurité) qui habite à jamais le corps de la culture propre. et ces règles d’orthographe et de grammaire, fabriquées à l’ircam, à quoi bon  si l’enseignant (de ces règles amazighes) se trouve persécuté, piégé, réprimandé, pénalisé… pour un tel engagement professionnel? un simple (pour ne pas dire petit) fonctionnaire fait couler le projet de l’amazighité… et l’édition ne serait-elle, après tout, qu’un marchandage incessant dans le règne d’une diffusion impossible...

par ailleurs, il faut reconnaître un autre fait extraordinaire: la langue se trouve vidée de sa charge culturelle. dans cette récupération de la langue, l’amazighité se métamorphose, malgré la rareté des moyens, rapidement en une tradition écrite, cela a été grâce d’une part à la solidité et à l’accumulation de la production orale, et de l’autre à la structure logico-syntaxique de cette même langue –qu’on imagine une. de la sécurité scientifique… on ne fait que de la dissection scientifique… il s’agit précisément de déconstruire dans cette tradition millénaire de sa propre logique interne, et d’annuler toute présence politique…

mais, que fait l’ircam de ces équations (paradoxes) utiles à la réappropriation de l’identité culturelle: «une nation, une langue.» (à emprunter aux nationalistes européens du xviiie siècle), «une culture. un peuple.»? s’inscrit-il dans une autre équation, celle des arabistes ou bien celle des «francophonistes»? l’ircam confectionne une langue qu’il dit exister, mais qui ne peut exister si seulement un simple fonctionnaire irrité veut qu’elle n’existe… il programme des activités qui ne peuvent avoir lieu même pas dans le pays des lilliputiens… aussi, l’ircam et le ministère de l’enseignement national définissent-ils d’un commun accord les conditions dans lesquelles l’école reçoit le petit amazighophone, mais sans arriver à aucune réalisation. divers trous ornent cette représentation culturelle: non qualification de l’enseignant pour répartir des cours, enseignement d’une non culture, d’une non histoire, d’une non identité, et pour le comble dans une anarchie (absence de suivi) presque totale… et toujours le même petit fonctionnaire qui s’ingénie à mettre les bâtons dans les roues!

le plus grave dans cette institution qui se veut projet amazigh: elle se hisse comme bureaucratie qui se revendique unique héritière d’une culture, d’une ethnie, d’une identité, d’une langue, mais sans rien faire de concret (politiquement) «to fulfill» une telle tâche!

iii.- les canons des maux de la vision de l’autre

si «les hommes passent comme les feuilles des arbres» comme dira homère, qu’est-il de l’arbre nord-africain (culture)? si les images que l’amazigh a de soi sont intéressantes à lire, c’est parce que les autres en sont pour quelque chose. c’est pourquoi de cette négation, il est difficile d’entamer la construction de soi. ces trois processus mènent au résultat suivant: l’on a grande honte d’être ce qu’on est. après cet exercice, il ne peut pas échapper à une telle vision qui devient un modèle de se découvrir. par conséquent, la clairvoyance est impossible.

bien que l’afrique du nord, depuis la nuit des temps, demeure l’espace où les autres peuvent facilement implanter leurs usages, l’amazighité souffre de moyens pour exister dans son propre espace. si l’amazigh ne peut pas se voir, ni se concevoir, les trois parties (projets) lui facilitent la tâche de porter des jugements sur son être. il y a non seulement absence de définition du sujet au niveau de la différenciation, mais notamment de la confusion au niveau de l’identification.

le simple fait de s’évoquer, de parler de soi, au niveau de l’amazighité devient une tâche difficile, voire «raciste». ce regard propre est inhibant; les imazighen exilent le non désiré dans leur projection. ils sont dépossédés de leurs biens et rapports avec les siens. ils vivent soit dans l’anti-narcisse, soit dans l’image d’un autre narcisse différent de ‘soi’. tout cela mène à ce que l’amazighité ne se présente que comme un objet, chacun à sa manière, aux yeux du sujet «oriental» et «occidental», de quelle nature seraient-elles les relations qui doivent les unir: dépendance? indépendance? interdépendance? absence de rapport?

tamazight, bien qu’habitée par le triple modèle, qui est millénaire et porteuse de traditions et de valeurs humaines ancestrales, est une identité à venir. enfin, si l’orient est à relire; il ne faut plus le lire comme le vecteur de toute manifestation de civilisation pour l’afrique du nord, et si l’occident est à interpréter comme le resurgissement d’autres limites de civilisation, quelle part définitoire reste-t-il pour le nord-africain? cet acte même est, en définitive, insensé: parler de l’amazighité, et notamment du «sujet amazigh», dans la langue française est une conduite erronée….

* une ethnie mal vue…

depuis toujours, un homme ou un peuple sans mémoire est vu, dit ou considéré comme identique à un animal, c’est-à-dire mis dans la division inférieure de la nature. il ne peut inscrire de trace, ni bâtir une civilisation propre, ni être maître d’une culture sienne. il se situe complètement en dehors de l’histoire.

si l’identité ne se construit pas sur la différenciation par rapport aux autres, elle ne peut être fondée, ni nommée, ni reconnue… cette distanciation par rapport aux autres est annulée dans les trois institutions qui entendent l’assimiler. force est de faire le bilan objectif et raisonné de ces visions étrangères autour de l’africain du nord et de sa culture. il est autrement nommé, dénommé comme une marge qui dérange la voie civilisationnelle ou spirituelle. approcher ou examiner les implications intellectuelles ou idéologiques de l’objet dit «berbère» devient difficile: l’ethnie est donc mal vue.

l’auto-désignation est garantie par la remise en question du savoir prédominant. par l’existence de la désignation ‘berbère’ ou ‘barbari’, tout ce qui est ‘amazigh’ n’a pas de sens. cette culture est au supplice: les étrangers ne lui portent aucun respect, et ses possesseurs (fils) préfèrent s’exiler dans d’autres cultures-espaces. elle désignerait, par voie de conséquence, une absence, un effacement nominal.

les imazighen font partie de ces peuples qui ont perdu l’essence à travers l’histoire: leurs points de définition sont gommés, leurs paramètres d’identification hypertrophiés et leur projection historique ratée. ils concourent pêle-mêle à investir leur mémoire d’éléments mobiles (mythes, mystifications, mystères). ils recherchent leur identification par rapport à d’autres peuples méditerranéens, fondent l’origine sur des mensonges historiques, et immiscent les vérités historiques et les légendes. il leur est indispensable de déconstruire les bases constituantes pour saisir leur être en tant que groupe, collectivité et ethnie: l’origine (tamazgha: les pays: maroc, algérie, tunisie, libye, egypte, mali, mauritanie, niger, les iles canaries… devient une autre «atlantide»), une seule et importante ethnie (imazighen: ils sont encore méconnus, et les éternels sauvages…), un discours (incarné par le tifinagh: la scolarisation est alors interdite…) et une seule histoire (celle de l’afrique du nord où les hommes illustres de tamazgha sont oubliés, et cette histoire en retient que ceux qui plaisent idéologiquement aux autres…). par ailleurs, pis encore: il y a bien la supposition selon laquelle la mémoire collective prend ses racines dans des espaces lointains (le yémen, la germanie) ou mythiques (l’atlantide), voulant par-là porter atteinte à l’essence de l’amazighité, de là une désorientation totale s’annonce irréversible…

*une culture mal définie…

si la folklorisation et l’acculturation vont ensemble dans l’espace maghrébin, ils sont l’avers et le revers de la colonisation symbolique. elles en sont l’expression juste. les littératures locales, notamment l’oralité, sont transcrites et analysées dans les trois modalités, afin de dominer les autochtones.

la colonisation espagnole, par exemple, est accompagnée d’écrits assurés par des militaires, des missionnaires, des administrateurs qui, plus ou moins, maîtrisent la langue locale (le rifain pour le rif…). les militaires et les administrateurs se plaisent à faire des collectes de contes et de légendes. pourquoi un tel intérêt? ils essaient tous de décrire cette langue / culture, de la déconstruire dans ses moindres éléments définitoires. il y a là, alors, une collecte des informations nécessaires à connaître ce peuple autochtone. les colonisateurs voient dans cet autre des équivalences qui servent leur intentionnalité. plus les espagnols se répandent au rif, plus leur savoir sur la région est plus important. le militarisme accompagne (ou est parallèle) à la découverte scientifique (folklorique).

l’exemple, ou l’illustration, est le même partout… a la résistance des imazighen, à travers l’histoire, on leur offre des systèmes de récupération. les français et les espagnols s’appliquent à connaître l’amazighité (études linguistiques, historiques, géographiques et ethnographiques)…

par ailleurs, quelle serait la différence entre l’institut des hautes-etudes marocaines de rabat (datant du début du siècle xxe et de l’ircam de rabat (datant du début du siècle xxi)?

* une langue munie d’un espace-temps mal perçu

la langue est là, elle est tout. notons encore que du point de vue linguistique, «rien d’interne à une langue ne la prédestine à devenir moyen de communication international, ni, inversement, ne lui interdit de l’être un jour. la beauté, la clarté, notamment, ne sont pas, malgré ce qu’on croit parfois, des préalables à ce destin. il faut donc rechercher d’autres facteurs.» (24) pour diverses raisons, les imazighen sont convaincus que leur langue ‘normale’ et naturelle est bien la langue arabe, et l’anormal c’est tamazight. diverses raisons: ascension sociale, trait de culture, raison religieuse et psychique. par voie de conséquence, l’amazighité est aberration dans le sens darwinien du terme…

si l’amazigh est enseignée comme cours universitaires ou dans des institutions «scientifiques», il est pour préparer des militaires, des interprètes et des représentants au système colonial. la conquête symbolique se prépare. il faut occuper l’espace de l’amazighité, une telle enseigne est toujours vivante…

mais, de nos jours, là quand on permet de scolariser quelques heures de l’amazigh, c’est avec quelle intention? pour l’humilier dans son intelligence… cette année 2008, selon le programme de l’ircam, l’amazigh serait généralisé dans tous les cycles… encore, si au nom de l’égalité des chances pour les langues, est-il possible d’envisager (ou d’imaginer) un demi siècle d’amazighisation après un autre demi depuis 1956 de l’arabisation? de ce projet, il n’y en a que des moments de blessures au propre…

en outre, cette maudite carte linguistique… la carte linguistique du maghreb, avec des îlots amazighophones, est le plus grand mal qu’on puisse faire à l’amazighité. des cartes sont dressées, munies d’informations linguistiques, démographiques et géographiques. ces fameuses cartes d’espaces amazighs et d’espaces arabophones sont créées de la main de ces militaires. l’on défie la précision même… la culture amazighe dépasse cette charge dialectophone. héritage colonialiste non seulement depuis les premiers colons français, mais depuis le vieux hérodote, cette organisation est vivante… portant préjudice à la légitimité de cette terre amazighe. et le comble, les institutions actuelles suivent ‘naïvement’ une telle perception…

enfin, nous savons tous que les étiquettes collées sur le dos de tamazight lui portent un grand préjudice… a travers des étiquettes, on a réussi à limiter, déprécier, massacrer, briser et mâcher l’héritage culturel de ce peuple, et à le verser dans l’oubli. une littérature, un texte sacré ou bien des tablettes de l’antiquité incitent au respect, à effacer tout préjugé et préjudice. par la pratique scripturale, ces étiquettes disparaîtraient…. et, l’amazigh deviendrait maître, sujet au sens propre du terme - loin de tout possible effacement historique.

en conclusion…

il serait futile d’avancer que la mémoire n’est pas tout, mais encore stupide de démontrer que l’histoire équivaut au néant. les etats du maghreb ne sont pas de nature plurilingue, mais diversifié par la pratique idéologique qui modèle inlassablement le propre amazigh. il n’y a pas différentes nationalités. les institutions garantissent subséquemment l’usage des cultures exogènes, et assurent l’annulation de l’endogène. la diversité est acceptée quand les éléments de diversification sont positifs pour l’autre, mais elle est inacceptable quand ces mêmes éléments n’arrangent pas l’élément dominateur. l’amazigh n’est pas situé dans l’espace, il est tout simplement la création de l’occident ou de l’orient, défini comme contraire, négatif, amovible, sans identité.

la négation de l’identité mène souvent à la violence, au génocide. l’alter ego est meurtrier pour l’ego amazigh: il le détruit, il le meurtrit à jamais. par conséquent, on apparaît aux autres comme des fous quand on revendique l’identité dans un espace d’aliénés. cela est juste. pire encore: des misérables… dans cette atmosphère généralisée de «développement local», que ferait-on de l’identité culturelle (et de l’amazighité représentant le propre) qui en est le fondement? (25)

a l’amazighité de quérir pour posséder un instrument de pouvoir, sinon son devenir risque d’être compromis. l’équation contemporaine, avec l’ircam, est diverse: «diversifie pour tromper», «diversifie pour effacer la mémoire», «diversifie pour tuer l’histoire»… comment expliquer ainsi une telle confusion institutionnelle et idéologique qui se veut sauvegarde, tantôt folklorisme de cette culture. a travers l’histoire, la culture amazighe se fait «fabrication» étrangère. la vision des autres n’est pas, en fait, un secours pour l’ego amazigh. elle se présente spécifique et complexe, mais construit-elle un autre monde qui n’a rien à voir avec l’être nord-africain ou bien?

ceci s’explique par le fait que les imazighen nourrissent des rêves devant des politiques qui ne se lassent de promettre «le paradis identitaire». ces politiques ne font que jouer sur le temps, devant une amazighité qui est là: au chaud dans son prétendu analphabétisme, sa prétendue sagesse…

enfin, il serait optimiste de dire: la culture ne meurt pas, mais ce sont ses sujets qui la font disparaître ou croître… en définitive, le mal d’être vu s’avère en soi être mal vu…

notes:

(24) claude hagège, le souffle de la langue, odile jacob, paris: 1992 (2008), p.13.

(25) cf. jean-pierre jambes, territoires aprenants, esquisses pour le développement local au xxie siècle, l’harmattan: 2001.

 

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