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tamyur  2005

(Août  2005)

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Tamazight

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Atay inghan kradv

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Samhi a yimma

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De la politique de la langue à la constitutionnalisation

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De la politique de la langue a la constitutionnalisation de tamazight (2ème partie)
Par: Hassan Banhakeia (Université d'Oujda)

V.- LE TAMAZIGHT EST UNE QUESTION INELUCTABLEMENT DEMOCRATIQUE
Comment, en effet, la constitutionnalisation du tamazight va-t-elle démocratiser les régimes et les rendre plus justes? Si nous approchons l’enseignement, les mass média et les institutions, la légalisation du propre qui permet de vivre en harmonie avec soi et l’Histoire, est absente –pour ne pas dire effacée. La démocratie, on le sait bien, dérive de l’authenticité, et ce trait n’est présent et palpable que dans l’amazighité. Un processus démocratique sous-tend donc une réconciliation identitaire du Maghreb avec sa langue. Peut-il le tamazight assurer le passage à une société moderne et démocratique? Ainsi, gérer positivement le pluralisme linguistique est un des traits essentiels de toute démocratie (sur ce point tant de démocraties (sociales, politiques, économiques) ne satisfont pas les ambitions d’un groupe ethnique. Bien que la langue soit inséparable de la pensée; elle en est l’expression ou le moyen d’existence. Derrière toute langue, il n’y a pas qu’un système d’idées et de contenus (pour ne pas dire «idéologie»), mais des traces de l’histoire.
C’est pourquoi, il est nécessaire de changer les politiques linguistiques du Maghreb (qui sont, au fond, une seule régie par la haine du propre) pour les concilier avec la démocratie. En tant qu’ensemble d’idées, de projets, d’objectifs et de visions, la politique, elle seule, peut réorganiser ce chaos pour en faire une situation saine. Et l’IRCAM et le HCA, ces institutions politiques censées défendre les droits et les intérêts de l’amazighité au Maghreb, ne peuvent rien faire car elles n’ont pas de politique (idées, projets, objectifs, visions) et ne s’investissent d’aucun réel rôle politique.
1. Question de résistance démocratique…
Cette communication aurait pu prendre un autre titre, plus convenable : « Le Tamazight au Maghreb ou le Maghreb face à la Démocratie à venir » ou un troisième titre plus vague : « Les langues du Maghreb et l’avenir politique» pour dire que le tamazight est un héritage minorisé, doté d’un capital symbolique « poco recomendable ». Une question serait inévitable et omniprésente : Comment s’est déroulée l’arabisation de l’Afrique du nord ? Cette question dérange car elle conduit à opposer la fiction au réel, les « futuhat » aux guerres d’extermination. En gardant les souvenances de ces guerres pacifiques, les Etats du Maghreb procèdent, pour incongru que cela paraisse, par la contrainte afin d’imposer l’arabe. Ici, notre intérêt partiel pour des aspects politiques est telle que nous ne voulons pas nous aventurer dans une tâche complexe. En fait, notre désarroi devant l’héritage politique du Maghreb, fait à partir de tant de moments de confusion, explique notre aversion à ce genre de questions. Et des concepts comme la politique d’assimilation (17) et la politique de non-intervention (18) d’une part, et la langue nationale et la langue officielle de l’autre, vont être débattus et revus dans cette communication, essayant d’y apporter une explication autant idéologique qu’objective.
Une conception démocratique de la langue est nécessaire à poser dans la politique maghrébine, si politique il y a, visant à instaurer la cohésion sociale. La démocratie linguistique se trouve comme un concept détesté, rejeté dans l’oubli et l’effacement. Elle est le Mal. Qu’est-il du consensus linguistique si démocratie est à venir selon les promesses et les projets nourris par ces nouveaux Etats ? Et une impression surgit au fin fond de nous : Que dire de ceux qui prétendent mélanger le « légal » et le légitime, serait comme faire de l’artificiel un élément naturel ? Face à ces arabistes qui réfléchissent « par rumeur » en criant : nous sommes arabes, nous avons l’arabe langue officielle et nationale, que faire d’autre chose ? Le mouvement amazigh, timide et assumant une infériorité tant intériorisée, n’utilise pas les rumeurs à sa cause, et s’accroche à la rationalité et à la scientificité de ses droits et à leur solide légitimité. Peut-être attend-il aussi la pitié, tant espérée, des autres.
Par ailleurs, cet article arrive à un moment où tant de remous sonnent à propos du statut à venir pour le tamazight qui va entrer dans la Constitution « à venir » (celle qui instaurerait enfin la démocratie pluraliste) : le tamazight serait-il langue officielle et / ou langue nationale ? Quelle définition faut-il apporter à chacune des langues qui existent dans l’environnement maghrébin ? De quelle nature sont les discours qui traitent de la réalité plurilinguistique ? Qu’est-il des législations linguistiques ? Toutes ces questions sont illégitimes dans le fond : l’amazighe est la langue originelle, et toutes les autres langues ne sont qu’étrangères, donc secondaires. Plus précisément, à cause de la langue étrangère (s’amalgamant avec l’Occupation qui l’impose par la force), l’Afrique du nord n’a jamais pensé à son être, elle a toujours vécu dans l’aliénation et dans l’acculturation, tendant à se trouver une place dans le corps de l’Occupation. Chez les modérés, l’on forge alors le concept de « démocratie pluraliste » réitéré dans les textes fondateurs des Institutions des pays, un pluralisme confondant. Avoir une société équitablement plurilingue n’est pas de l’utopique, mais une réalité d’un Etat essentiellement démocratique, et même sur le plan économique cela n’est pas aussi coûteux que ça. Quand il est question du tamazight, il n’est plus question de pluralité, ni de démocratie, il est plutôt objet d’autre chose de haï, effacé…. Là, la pluralité signifie division, dissidence et « siba ».
En définitive, en tant que totalité première et unique, la question amazighe est une lutte pour la démocratie, une lutte pour l’authenticité, et enfin une réconciliation avec soi, avec le propre.
2. Question des droits linguistiques…
Sans une forte conscience identitaire, il est inconcevable de poser le problème de la langue dans son rapport à la lutte démocratique. Les droits linguistiques et la modernisation (démocratisation) de l’Etat vont de pair. Par exemple, au Mexique, ce sont bien la « Ley General de Derechos Linguisticos de los Pueblos Indios » en 2003 ou les Programmes de normalisation linguistique en Espagne 1982-1986 qui puissent mettre ces deux nations sur la voie de la démocratie. Ce pas courageux des Mexicains peut expliquer amplement l’évolution socio-économique du pays…
La première revendication du réseau associatif dans tout le Maghreb est la défense et la promotion de l’amazighe. Est-ce juste la langue ? Le Printemps berbère (1980) est cité avant tout comme une confrontation linguistique au sein des institutions algériennes. S’ensuit la grève du cartable durant 8 mois qui est une déclaration ouverte de conflit linguistique (aménagement linguistique). D’avril à septembre 2001, le mouvement kabyle résiste à la « hogra » (humiliation) totalitaire des arabistes au pouvoir, et la dimension linguistique est aussi là … Tous ces événements quêtent une possible démocratie pluraliste.
Simultanément, au Maroc, en 1980, on vote au Parlement la création d’un « Institut d’Etudes Berbères ». Cette loi ne sera jamais réalisée. Et en 1982, une première lutte pour la langue amazighe, et en conséquence il y a arrestation et incarcération d’universitaires et de cadres marocains. Ali S. Azayku, le coupable, est incarcéré pendant une année. La demande était le statut de langue pour le tamazight. Le cinq août 1991, à propos de l’état de la langue et de la culture amazighes, nous lisons dans le premier point : « Les textes portant création et organisation de l’Institut National d’études et de recherches consacrés à la langue et à la culture amazighes sont restés lettre morte, les instances législative et exécutive n’ayant pas fait leur devoir en vue de traduire ces textes dans la réalité. » (19) Voilà, l’IRCAM et le HCA seraient-ils des réponses satisfaisantes ? Dans la partie des perspectives de l’action culturelle amazighe, il est dit : « il devient crucial de procéder à la promotion et au développement de la langue et la culture amazighes. (…) Cette mission est une contribution à l’élaboration d’une politique linguistique et culturelle démocratique fondée sur la reconnaissance et le respect des droits linguistiques et culturelles légitimes de l’ensemble des composantes du peuple marocain. Cette politique d’ouverture peut-être considérée comme une prémisse dans la perspective de l’édification de la culture nationale démocratique. » (20) Cette revendication se veut une perspective démocratique, comment la réaliser ? En 1994, lors des manifestations du 1er mai, la demande de l’enseignement du tamazight est affichée sur les pancartes, cela mène à l’incarcération et à la persécution de plusieurs militants à Goulmima. Une telle répression dit beaucoup…
Le « Manifeste amazigh », paru en mars 2000, essaye d’élargir les revendications et les perspectives démocratiques, mais dans un ton où s’entremêlent le désespoir et la révolte : « Indépendant est maintenant notre pays. Passent quelques années à peine de l’Ere de la Liberté. Déjà, les Imazighen perçoivent, avec étonnement et amertume, les premiers signes d’une marginalisation dont ils savent qu’ils seront les principales victimes. » (21) La marginalisation du tamazight s’explique par l’acte politique, et c’est par cet acte que sa résurrection est possible. Aussi, pouvons-nous dire que la démocratie est un acte politique, et c’est précisément par la politique que les langues se démocratisent… Une reconnaissance implicite ou imparfaite au Maghreb amazigh par les officiels peut être lue comme l’expression d’une mauvaise foi, il est d’opter pour une reconnaissance « explicite et claire ».
Nous citons, parmi les autres revendications, la deuxième : « Le temps est venu pour que notre langue nationale originelle, le berbère, soit reconnue langue officielle de par la loi suprême du pays. Singulière situation que celle de la tamazighte : en son berceau même elle n’a pas de statut de langage ! Ses contempteurs ont beau jeu de ce fait pour faire mourir de dépit le berbérophone en lui signifiant à tout bout de champ, avec ironie et arrogance, que la seule langue ayant droit à l’existence dans ce pays est l’arabe ; c’est la Constitution qui en a ainsi décidé ! « Opprimé donc je suis, et au nom de la loi des lois ! », voilà le ressentiment que ne cesse de ruminer tout Amazigh dont l’esprit n’est pas accaparé par les soucis de la vie au quotidien. L’un des penseurs de la Philosophie des Lumières n’a-t-il pas écrit qu’il « il n’y a pas de plus cruelle tyrannie que celle que l’on exerce à l’ombre des lois et avec les couleurs de la justice » ? » (22) Le tamazight qui est dit « langue nationale originelle », opte pour avoir le statut de langue « officielle » bien que la loi lui prépare la marge et l’effacement par des textes d’application, comme « almithaq alwatani litarbiya wattakwin ».
C’est, par voie de conséquence, aux institutions de changer radicalement pour que s’établisse alors un mouvement démocratique qui récupérerait l’amazighité...
VI. QUELLE LANGUE A AMENAGER POUR LE MAGHREB ?
La langue nord-africaine ne s’effrite pas totalement devant les politiques d’assimilation phénicienne, byzantine, latine, germanique, arabe, européenne… elle peut survivre toujours aux coups de l’effacement. Cet effacement est à définir comme une sorte de censure du Pouvoir. Pour ces régimes, il fallait mettre l’amazighité dans la case des « interdits » et non pas dans celle des « effacés ». Cette mise à l’écart est importante à analyser : les effets de l’effacement sont lents au moment de réaliser ces contre-projets humains dans la mesure où l’amazighité, bien qu’elle n’entre pas dans le système de la légalité et de l’illégalité, préserve l’essence du peuple qui échappe au système. Pour nous, le problème est de comprendre la logique d’un tel effacement, voire de le déconstruire. Peut-elle servir de politique qui anéantit définitivement le propre ?
Cette logique « négativiste » apparaît dans les statistiques et la composition des cartes linguistiques. Dire que l’urbanisation signifie une déperdition automatique du tamazight, esquisser la carte linguistique (héritée des colons, et jamais tracée objectivement) où des taches marquant les montagnes montrent la présence du tamazight, et des cités sans cette présence ! font très mal à l’aménagement qui se veut juste et objectif. Où sont les sciences sociales dans tout cela ? L’aménagement linguistique est, en plus d’être une action sur la langue, est une reconstruction objective d’une réalité existante. En définitive, le Maghreb ne peut se passer de sa langue-culture : l’amazighité. Qu’on pourrait identifier comme pluralité. Une totalité qui ne peut être compartimentée ni refondée, ni délimitée par des frontières. Qu’est-ce qu’une frontière linguistique si elle est placée au sein d’une même société (ethnie) ? Ne faut-il pas la nommer autrement : rupture, absence. Il n’y a pas de frontière linguistique « proprement dite », ce sont bien les coups « de répression » qui déterminent le flux et le reflux linguistiques des nations.
Ce raisonnement recherche également des preuves « historiques ». Le Maghreb amazigh, selon ses historiens officiels, n’a pas de langue. Si elle existait, elle serait toujours la langue du Couchant pour les Arabes. N’y aura-t-il pas une autre langue opposée, celle du Lever ? Cette langue n’est pas l’arabe, mais l’arabisation. A l’Est l’arabe et à l’ouest l’arabisation. Au Maroc, l’arabisation de l’enseignement secondaire est achevée en 1983, et c’est à partir de 1967, que l’arabisation totale de l’enseignement primaire s’est réalisée. Et qu’est-ce que l’arabisation ? L’arabisation est un pari difficile ; les promoteurs le savaient aussi. Par conséquent, ils s’empressent d’inscrire leurs enfants dans les écoles occidentales. L’arabisation ne peut pas être un exercice rationnel au Maghreb, mais un achèvement de quelque chose qui a commencé au VIIIe siècle (futuhat exterminatrices), et dont le tarissement ne s’achève. L’arabisation et l’analphabétisation se confondent au Maghreb, tout comme arabisation et politique linguistique se confondent aussi. L’arabisation au Maghreb n’est pas une politique linguistique, mais plutôt une mission antiamazighe. De même, l’arabisme, qui naît de manière plus forte au Maroc au début du siècle XX, signifie alors des décennies de retard pour les pays de l’Afrique du nord. Ce qui est absurde chez les arabistes qui luttent contre toute forme de colonisation, c’est qu’ils oublient qu’eux aussi usent d’une idéologie colonialiste parachutée de l’Orient lointain et étranger. L’arabisation est un projet d’extermination (pas d’assimilation) : arabiser le non arabophone, arabophonisation ! Il se confond avec l’asservissement du tamazight par l’arabe. Cet emplacement pose problème, il met en question la vision développée par la politique linguistique (dite ouverture) dont l’objectif final demeure l’asservissement ou la préparation d’une fin. Et les moyens employés sont, bien sûr, régis par la technique du quiproquo et de la confusion.
Ajoutons que l’’arabisation est à voir comme un processus totalitaire : programmé et confondant : il ne substitue pas le français, mais assimile les amazighophones. Cependant, elle est un projet clair et précis : éradiquer le Maghreb de son amazighité pour un « Maghreb à venir totalement arabe ». Pire encore, cette politique s’avère sacralisation. On peut sacraliser un mot parce qu’il nous paraît beau, on sacralise alors notre goût. On peut également sacraliser une idée parce qu’elle se manifeste judicieuse, on sacralise alors cette profondeur ou cette vision. On prétend sacraliser les deux, alors ce serait de la confusion ou de l’hypocrisie.
Depuis quelques années, les politiques algériens et marocains commencent à définir le tamazight comme langue « nationale ». Est-ce une tactique pour éviter la confrontation entre langues privilégiées politiquement et langues réduites à néant politiquement. Rappelons : tant qu’il y ait contact entre langues dans une même aire, il y aura toujours un conflit qui pourrait définir les poids de mesure ; le tamazight est national, il l’a toujours été : il ne fonde pas l’histoire officielle de ce pays. Ce n’est pas la différence qui unit le tamazight à la langue exogène (arabe, français, espagnol), mais l’opposition. De ce rapport naît l’exclusion de la langue identique, et l’inclusion systématique de la langue étrangère. Rappelons que la minoration du tamazight n’est pas une chose naturelle, mais une décision politique incarnée par des interdictions et des effacements. En Afrique du nord, et je crois pas que c’est l’une des zones du monde, où la langue autochtone n’a pas de statut, elle forme un danger pour l’unité du pays. Le tamazight est vu par les nationalistes maghrébins comme une menace à l’avenir des institutions. Par ailleurs, l’arabe n’exclut pas le français, et vice versa. Mais ensemble ils excluent le tamazight. L’aménagement maghrébin est une « purification » plurilingue. L’aménagement linguistique au Maghreb se construit à partir de la haine de soi. Le Moi amazigh, en conséquence, est devenu infinitésimalement petit. Pourquoi ? Vu leur statut de langue étrangère et leur partage d’intérêts, ils concourent incessamment à éradiquer l’héritage amazigh sur tous les plans.
Enfin, si au Maghreb, la richesse linguistique est présente, c’est pour affirmer la richesse de cette culture, de cette tranche de l’humanité. Cette situation plurilinguistique est non seulement à lire comme un fait positif, mais à instituer (aménager) pour la préserver. Le plurilinguisme unit un Etat sur la base de la différence, de la fraternité, de l’égalité et surtout de la démocratie, autour d’un héritage unique : l’amazighité. Aménager la langue ou les langues d’un pays, c’est réconcilier l’homme avec son Milieu. Ainsi, gérer le plurilinguistique au sein d’un Etat, c’est affirmer sa richesse humaine, intellectuelle et culturelle, et la déterminer positivement dans le réel.
VII. L’ARABE CLASSIQUE, LANGUE DES INSTITUTIONS, ET LE TAMAZIGHT, LANGUE DE L’HISTOIRE
Très schématiquement, gouverner au Maroc se base sur l’avènement d’une dynastie et la fin d’une autre. Cette succession de dynasties va forger la personnalité politique de l’Etat dans la détermination des moyens d’assurer le pouvoir. L’Etat devient une sorte de recherche d’équilibre entre la famille qui est le noyau (incarnant la gouvernance) et le Peuple vu comme la périphérie (source d’enrichissement). Des alliances assurent la cohésion politique. L’Etat se gouverne alors en se souciant essentiellement de la continuation. Il crée ses propres lois, leur greffant des lois divines. Pourtant, cet Etat fonctionne selon un ensemble de rationalités (étatiques). Et par conséquent les structures institutionnelles fondent une logique qui renforcerait une méthode précise qui ferait couronner l’idéologie de l’Etat. Tamazight, ou l’amazighité, entrerait-elle dans une telle logique de systématiser l’univers ?
Ainsi, il est de dire que l’arabe n’a pas d’importance plus de ce que les institutions lui octroient ; au Maghreb cette langue étrangère en a jusqu’au point de pouvoir se déformer au contact quotidien du tamazight, créant ainsi l’arabe « dialectal ». Qui n’a pas souffert de la coercition en classe ? Y a-t-il quelqu’un sur qui on n’a pas exercé de la coercition car il a prononcé des mots amazighs dans l’enceinte de l’école ? L’école marocaine, depuis 1957, tend à une homogénéisation linguistique impossible, en se basant essentiellement sur la proscription de l’usage de la langue maternelle.
En Afrique du nord, bien qu’il ne s’investisse d’aucune fonction institutionnelle, le tamazight est à nommer « langue propre », à l’instar de la Catalogne où on parle de « lengua propia », et c’est bien ce titre qui singularise le peuple maghrébin. Quelle serait la particularité du peuple maghrébin si ce n’est pas sa langue originelle ? Le tamazight serait l’identification historique. Langue de l’histoire. Les Phéniciens édifient des centres-points de commerce. Les Imazighen gardent leur patrimoin linguistique, et l’enrichissent par des emprunts. Les Romains pouvaient frayer des routes partout ; ils construisaient des chaussées dallées pour conquérir tant de régions, et par conséquent agrandir davantage l’Empire. Ce réseau routier était aussi un réseau pour la langue latine. Là, au sein de ce grand royaume, les Imazighen conservèrent le tamazight comme instrument véhiculaire. De même, à l’instar de la monnaie romaine qui est nécessaire sur les terres de la Méditerranée… l’administration romaine rendit le latin indispensable pour les peuples barbares (où les Imazighen étaient une partie importante). Avoir une situation (ou un travail) meilleure, il faut que le nord-africain maîtrise le latin : cette situation pérenne avec les autres peuples qui arrivent. En général, cela est valable pour toutes les invasions et conquêtes. C’est le linguistique qui sauvegarde plus de traces, plus que les ruines… Tout système envahissant de ce point du monde, qui se montre absent physiquement et présent métaphysiquement, renforce cet Etat (qui ne compte pas sur le « ici » et non plus sur la population), dans sa détermination à s’élaguer et à se réfugier dans l’aliénation. C’est ainsi que la langue « des autres » devient institutionnel, et tamazight réduite à sa place « historique »…
En conséquence, défendre le tamazight s’avère un acte révolutionnaire. Précisément, propre de l’anarchique. Maintenant, devant un Etat sous-jacobin, se revendiquer de l’amazighité relève de l’opposition à l’unité de la nation. Les intellectuels du Makhzen, définis comme des défenseurs institutionnels, sont des intellectuels médiatiques qui ne se lassent pas de formuler des contradictions, des « réflexions calculantes ». Car leur destinataire n’a jamais été ce peuple « méprisé, misérable et analphabète », qu’on déteste intellectuellement… Ils vivent dans une autre réalité, expliquent un autre univers, fixent des illusions et voient des fictions. Ils n’interprètent jamais correctement, mais peuvent traduire tout. Leur aporie est de ne pouvoir voir l’amazighité (qui étant là) de leur être. Ils concluent leur discours par : le tamazight, langue nationale !!! Pas officielle !!! Leur philosophie, précisément l’équation, est : une langue = une nation, doit demeurer insoluble. Plus que ça, c’est une aporie générale dans la pensée maghrébine.
Ainsi, penser à la promotion de l’amazighe au rang de langue officielle des appareils de l’Etat induira des métamorphoses, tantôt au niveau de l’organisation tantôt au niveau de la légitimité historique. Devant un tel réaménagement, il est naturel d’arriver à une animosité entre le puissant (la majorité) de l’Histoire et le fort (la minorité) de l’histoire. Ainsi, c’est quelque chose de réellement possible, mais de politiquement révolutionnaire. Curieusement, cette réconciliation est possible si l’Etat (et ses appareils) demeurent neutres. Elle peut aussi être plus fructueuse si l’Etat avance une autocritique –c’est-à-dire une réelle prédisposition à changer les choses.
VIII.- ET LE TAMAZIGHT DANS LA CONSTITUTION
L’on entend souvent les gens dire : « Si on constitutionnalise le tamazight, on sera faibles et divisés ! Comme langue nationale, peut-être. Mais, jamais comme langue officielle. C’est impossible ! » Ce n’est là qu’une résistance commune aux personnes qui détestent le réalisme et s’obnubilent de thèses arrivistes. L’on sait bien, et eux le savent aussi, que constitutionnaliser le tamazight n’est pas un acte de réforme, mais de révolution.
La Constitution confectionne les modes de l’action politique qui sont permis et tolérés. Elle consiste plus à limiter qu’à définir. Elle met en place un ensemble de lois que le Pouvoir doit utiliser afin de gouverner. Elle révèle notamment l’ordre politique existant, étant capable de réglementer le réel dans toutes ses manifestations. Peut-il alors le politique ignorer le réel ? L’absence du propre sur la scène politique sera une des explications de la vacuité des projets « politiques » et un écart à tout ce qui est réellement. Cette absence jette le trouble dans l’esprit réaliste et « démocratique » qu’il faut forger au Maghreb.
Faut-il vraiment insérer la langue comme un élément fondateur d’une Constitution ? Notons que la Constitution américaine, écrite en anglais, ne fait point référence à la langue officielle. Par contre, la Constitution française y insiste par la loi n°92-554 du juin 1992, dans l’article (2) placé sous le titre premier « De la souveraineté » : « La langue de la République est le français. » Ainsi, langue est essentiellement souveraineté. A la même année, l’Union Européenne adopte la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires. Ce texte consacre « le droit imprescriptible de pratiquer une langue régionale dans la vie privée et publique. » La France, pays plurilingue, ne va pas la ratifier, bien qu’elle la signe en 1999. Une telle position du pays jacobin s’explique par des motifs purement idéologiques.
Imaginons la constitutionnalisation du tamazight au Maghreb et les différents changements positifs qui vont s’amener comme conséquence immédiate. Il y aurait, à titre d’illustration, une révolution politique, menant ce corps à la réconciliation avec le propre, et à se définir par rapport aux corps exogènes (francophonie et arabophonie). Cependant, cela ne refléterait pas immédiatement un changement de parcours des institutions et de la société. Ce ne serait qu’un commencement, une base « théorique » sur laquelle il faut greffer des lois et des exécutions.
La constitutionnalisation du tamazight n’est qu’une question à poser uniformément à toute la société maghrébine. Elle doit s’imposer à tout le monde. Cette officialisation est, en plus de son importance, un critère de détermination des systèmes politiques. Elle apportera du nouveau, mais surtout du réel. A la crise, elle peut offrir des solutions. A l’imprécision et au vague va se substituer la clarté profonde. Les institutions sont donc à refaire : « L’inflexibilité des lois, qui les empêche de se plier aux événements, peut, en certains cas, les rendre pernicieuses et causer par elles la perte de l’Etat dans sa crise. L’ordre et la lenteur des formes demandent un espace de temps que les circonstances refusent quelquefois. Il peut se présenter mille cas auxquels le législateur n’a point pourvu et c’est une prévoyance très nécessaire de sentir qu’on ne peut tout prévoir. » (23) Le souci constant chez les gouvernements de l’UMA de décomplexer le politique passe inéluctablement par la « réalisation » de la Constitution et non pas par sa « dé-réalisation ». Ainsi, il est nécessaire de ne pas laisser dormir les lois sur le tamazight qui s’en va à retracer d’autres voies, peut-être d’extinction volontaire, peut-être de révolte continue.
1) Le cas des voisins ibériques :
Rappelons que le peuple « d’«Ibères» (…) s’applique à un peuple africain de type berbère infiltré jusqu’aux Pyrénées le long du Levant espagnol » (24) Cette vérité historique dérange et les Espagnols qui définissent le Maghreb en tant que partie du monde arabe, et les Maghrébins qui ne se réfèrent qu’à la conquête islamique de l’Ibérie qu’on ne relie point à cet héritage commun.
Précisons que pour bien expliquer les destins du Maghreb, il est utile de se référer à la Constitution « espagnole » dans sa diversité « démocratique », celle qui a fini par reconnaître sa propre diversité ou son propre divers. Dans l’article (3), le castillan est défini comme la langue officielle de l’Etat. Tous les citoyens ont le devoir de la connaître et le droit de l’utiliser. Les autres langues espagnoles sont aussi officielles dans les communautés autonomes respectives en accord avec leurs « statuts ». La richesse des modalités linguistiques de l’Espagne est un patrimoine culturel qui sera objet d’un respect spécial et de protection.
Que disent, à leur tour, les Statuts des communautés espagnoles ? Dans l’article (6) des “Estatutos Autonomicos” du Pays Basque, le « basque » est dit « langue propre » du peuple basque, co-officiel avec le castillan. Les institutions basques utilisent communément les deux langues. L’article prohibe la discrimination linguistique. De même, l’Académie royale de la langue basque –Euslkaltzaindia- est l’institution consultative officielle en ce qui concerne l’euskera. Une telle institution, sur un plan formel, ressemblerait faussement à l’IRCAM et au HCA.
L’article (3) des constitutions catalane et baléare qualifie le catalan de « llengua pròpia », ensuite de co-officiel » avec l’espagnol, enfin d’obligatoire : le gouvernement autonome a l’obligation d’assurer « l’usage normal » du catalan et de l’espagnol et de créer les conditions qui puissent permettre de réussir l’égalité pleine au niveau des droits et des devoirs des citoyens de la Catalogne. Les deux constitutions sont claires : « personne ne peut être discriminé à cause de la langue ». Notons, toutefois, que la minorité linguistique d’« Aran » de la Catalogne sera « objecte d’ensenyament i d’especial respecte i protecció » (article 3) Cette situation de l’aranais est similaire à celle du « tamazight » au Maroc.
Suivant la même vision démocratique, l’article (5) de la Constitution galicienne nomme le galicien comme « lingua propia », ensuite « officiel » à l’instar de l’espagnol, et les pouvoirs politiques de la Galicie peuvent garantir l’usage normal des deux langues et garantiront les conditions pour faciliter sa connaissance, enfin personne ne peut être « discriminé » à cause de la langue.
Par contre, dans les statuts autonomiques des Iles Canaries et de l’Andalousie, le lecteur ne découvre rien à propos de la langue. Plus nettement, les Estatutos autonomicos des Iles Canaries ne font pas référence à l’héritage linguistique, mais plutot à l’“identité singulière”, au “peuple canario” et à “la defensa de la identidad y de los valores e intereses del pueblo canario”. Tant de concepts difficiles à définir.
Enfin, ces textes fondateurs voient clair: l’homme (ou le citoyen) ne se mesure pas espace, mais langue (qui s’avère le véritable espace).
2) Le cas de l’Afrique amazighe :
- La Constitution malienne (25) efface l’héritage amazigh, parle vaguement de langues nationales sans les déterminer.
- La Constitution burkinabé est composée le 27 janvier 1997. Le préambule reconnaît « une société pluraliste de progrès ». L’article (1) interdit la discrimination basée sur la langue. Puis, l’article (13) interdit également la formation politique « tribaliste ». Ainsi, l’amazighité passe sous le volet « de société pluraliste », sans avoir de ses droits.
- Dans le préambule de la Constitution nigérienne, le texte reconnaît l’ « attachement au principe de la démocratie pluraliste ». Dans l’article (1), le sceau de l’Etat est orné avec le motif « une lance en pal chargée de deux épées touareg »… L’article (3) parle des communautés qui «  jouissent de la liberté d’utiliser leurs langues en respectant celles des autres. Ces langues ont, en toute égalité, le statut de langues nationales. La loi fixe les modalités de leur promotion et de leur développement. » Seulement le français est reconnu seul comme langue officielle.
Au fait, il s’agit d’une constitution laïque, développant « la séparation de l’Etat et de la religion » (article 4). Enfin, l’article (9) interdit la création de « parti à caractère ethnique ».
Enfin, ces trois textes de lois reconnaissent ceci : c’est de la terre que découle la Constitution. Autrement dit, les rites et l’histoire y sont explicités sous le « tribal ».
3) Le cas du Maghreb Amazigh
A quoi se rattache l’acte de constitutionnaliser en Afrique du nord ? Au tribal ? A la terre ? A l’histoire ? A l’homme ? Ou bien à la philosophie d’Uqba, celle de fonder l’invisible ? En général, la constitutionnalisation veut dire :
- réviser (sinon refaire) le texte existant ;
- insérer des éléments nouveaux (peut-être vieux, mais oubliés / effacés politiquement) ;
- renforcer davantage la construction d’un Etat de droit.
Cette constitutionnalisation de l’élément fondateur « amazighité » peut assurer la voie vers l’Histoire et rapprocher enfin le Citoyen des Lois.
Quitte à répéter une évidence, il faut bien noter que le tamazight, unique langue autochtone du Maghreb, s’oppose aux autres langues arrivées avec les colonisateurs et les « forasteros ». Cette opposition créera des classifications « artificielles » et de nouvelles définitions postulées par l’idéologique et les initiatives du pouvoir. Durant tant d’étapes historiques, la confrontation symbolique (dérivant du propre et de l’impropre) est à son apogée : le propre est vidé, et l’étranger (ou l’impropre) apparaît prédominant. En conséquence, la langue propre n’est pas reconnue par les textes fondateurs et juridiques des pays dits de l’Union du Maghreb Arabe. La Constitution des maghrébins ne se bâtit pas autour de l’idée du respect du propre. Comment peut-on expliquer ce statut extraconstitutionnel ? Comment la constitutionaliser ? Et que dire de la Constitution qui s’inspire totalement de l’étranger ? Constitutionaliser n’est pas la bonne option, mais oui l’interrogation suivante : comment amazighiser la constitution ? Peut-elle la Constitution exister outre la réalité palpable ? Quels sont les rapports existant entre le légiféré et le réel ?
De nos jours, la Constitution est la Dulcinée des Maghrébins ! Elle est là (imagée, défendue, chérie, et le politique repart tel Don Quichotte à sa recherche), elle s’avère à la fin une Illusion car le politique a toujours manqué de réalisme. L’on entend par-ci par-là, il faut un débat national sur le cas de la constitutionnalisation du tamazight comme dans les célèbres jugements du juge Sancho Panza sur son île. Citons : « quand tout le peuple statue sur tout le peuple, il ne considère que lui-même ; et s’il se forme alors un rapport, c’est de l’objet entier sous un point de vue à l’objet entier sous un autre point de vue, sans aucune division du tout. Alors la matière sur laquelle on statue est générale comme la volonté qui statue. C’est cet acte que j’appelle une loi. » (26) Les citoyens décident la loi à laquelle ils doivent obéir : peut-on décider sur sa langue ? Sur celle de ses aïeux ? Quel est l’objectif ultime d’une loi ? Insérer adéquatement les citoyens dans leur milieu ? En outre, s’il y a constitutionnalisation de l’amazighité, il faut surtout des lois qui la mettent en application et la protégent dans les administrations et les institutions. Autrement dit, à l’officialisation il faut lui adjoindre un ensemble de lois linguistiques pratiques, claires et positives.
La Constitution fonde les institutions selon les contenus et les idéaux développés. Ces constitutions étudiées, de tout le Maghreb, ont un inconscient « de tabous », incarné par l’histoire où le tamazight est tout. La Constitution du Maghreb amazigh, dans l’abstrait, se base sur trois agents : l’Amazighité, l’Islam et l’Arabité. Seulement, l’histoire se passe régulièrement, appelés les auteurs à définir le bon, le méchant et le garant de l’équilibre. L’Amazigh est le méchant, l’Arabe le bon, et l’Islam l’équilibrant (pour ne pas dire l’équilibriste). Précisément, cette équation fonde la sacralisation de la langue. Elle naît d’une vision romantique où la nostalgie tient une grande place, mais l’historique mis en marge. Précisons que l’Islam peut être une identité, une culture, mais chargées de significations « envahissantes ». Il est l’œuvre divine. A l’homme de construire des langues et de fonder des cultures…
La communauté islamique, étant la meilleure dénomination de la communauté maghrébine, est-elle assez unie pour qu’elle le soit par la langue « exogène » ? L’on peut expliquer : l’arabo-musulman doit céder la place à l’amazigho-musulman (englobant déjà l’arabe), mais pas le vice-versa. Rappelons qu’il n’y a pas d’homogénéité entre Arabes et Imazighen dans leur vision du monde… L’identité arabo-musulmane s’avère une chimère. Elle ne peut exister en tant que redondance : arabo-arabe ; en tant qu’oxymore : arabo-amazigh ; en tant qu’euphémisme : n’en parlons pas ! L’identité, dans sa réalité, n’a pas besoin de tri, ni de hiérarchie. Elle est une totalité.
- A l’instar de son régime politique, la Constitution libyenne est vague.
A partir des textes fondamentaux de cet Etat qui se veut Jamahiriya et de doctrine socialisme islamique, il est d’observer :
*L’Islam est la religion d’Etat, le Coran est la constitution de la Jamahiriya ;
*L’Arabe est la langue officielle ;
*L’Etat interdit la discrimination basée sur la race, le sexe, la religion, l’handicap, la langue ou la situation sociale.
- En Tunisie, prétendument connue comme le pays des Phéniciens et des Arabes, la Constitution (27) se dit membre légitime de la « famille arabe ». Logiquement, la langue est l’arabe. De même, la formation politique ne peut se fonder sur « une langue » autre que l’arabe.
Dans ce pays nord-africaine, l’on ne parle même pas de droits des minorités (et les Imazighen sont vus comme une… un peu partout !)
-Le préambule de la Constitution algérienne reconnaît l’amazighité aux côtés de l’arabité. Mais l’article dit clairement que seul l’arabe est la langue nationale et officielle. L’article (42) interdit toute formation de politique fondée sur le linguistique. De même, l’article (178) avance que l’arabe et l’islam sont dits des valeurs constitutionnelles intangibles, mais ce n’est pas le cas de l’amazighité.
Cette Constitution insère dans son texte le terme « amazighité », mais sans lui donner au niveau linguistique aucune part ni droit. Seul l’arabe est « officiel », « national » et intangible ! En outre, l’amazighité ne peut pas avoir un « fonctionnement politique » en tant que parti ou organisation politique.
Finalement, le gouvernement algérien entend trancher sur la question de l’amazighité. Le Président de la République, après des consultations avec le mouvement amazigh, opte pour la voie parlementaire pour inscrire le tamazight dans la première loi du pays. Les deux chambres du Parlement seront convoquées en session extraordinaire pour adopter l’amendement.
- Actuellement, dans la Constitution marocaine, (28) le tamazight en tant qu’héritage linguistique des marocains est effacé. Le préambule est clairement pour la négation du tamazight et de l’amazighité. Que faire pour réconcilier les marocains avec leur être ?
Toutefois, dans le cas du Maroc, la politique en matière des langues est précise, elle dérive pleinement de la Constitution (l’ensemble des textes écrits entre 1962 et 1994 investit l’arabe comme langue officielle du royaume). Ainsi, toutes les institutions ne fonctionnent normalement qu’avec le moyen de l’arabe classique et du français, et cela depuis 1912.
- Enfin, la Constitution mauritanienne (29) reconnaît le plurilinguisme, et identifie l’amazighe comme une des langues propres du pays. Les autres langues sont l’arabe, la hassaniya (langue maternelle des Maures non reconnue), le pulaar, le soninké, le wolof et le bambara, et le français. Dans la même logique d’ « altération », la Constitution ne reconnaît que les trois langues négro-africaines et les deux langues étrangères (l’arabe et le français). Plus précisément, le français, langue officielle jusqu’en 1991, est relayé par l’arabe…
Diverses observations et conclusions sont à énumérer comme suit :
a) Tout d’abord, que fait-on de l’équation : terre et constitution ?
b) Il me semble que cet appel à continuer à effacer l’amazighité dans la Constitution est lié non seulement à la quête du pouvoir politique, mais aussi à sa nature. Que faire de la citoyenneté amazighophe ? De l’être amazigh qui fonde l’Afrique du Nord, de la Libye jusqu’en Maurétanie ?
c) Ensuite, l’amazighité est le non-écrit de la Constitution ; elle se confond avec la blancheur des pages. Comment peut-on alors parler de constitution ? Pour schématiser, et non pas y répondre, cette non-présence du propre dans le texte fondateur comporte quatre fonctions :
* elle propose un pouvoir qui est homogène et qui doit le rester ;
* elle conçoit un commencement de l’Histoire, tout ce qui précède est de la non-Histoire ;
* elle permet de systématiser les sociétés à partir d’institutions faites plus d’interdictions que de droits citadins ;
* elle assure la continuité du pouvoir « exogène ».
d) Le droit maghrébin ne se hisse pas comme organisation du palpable, mais se hisse plutôt sur des prétextes et des préjugés que la Constitution tente vainement d’expliquer. Par le légal on renforce alors le dominant. Et par l’illégal on redouble, évidemment, d’épaisseur d’effacement l’effacé (absent). Il s’agit alors d’un droit présenté comme un outil effectif de constitution des pouvoirs « arabistes »…
e) Aussi, est-il recommandable de s’interroger sur les liens que la Constitution a noués avec les institutions. Tout cela fait en sorte que politiciens, technocrates, législateurs et gouvernants appliquent à la lettre la Constitution, et ne tolèrent point que l’on parle ni de l’effacé, ni de l’oublié.
f) Le support institutionnel est réellement déterminé par les statuts  idéologique, politique, institutionnel, socioéconomique et sociohistorique de la langue. Une révision totale de ces statuts pourrait assurer une vraie constitutionnalisation du tamazight. Et une telle réalisation peut passer par les étapes suivantes :
- Relecture des Constitutions existantes ;
- Autocritique politique et partisane ;
- Récriture d’une Constitution « réaliste ».
g) Enfin, si on cite, dans l’avenir, le tamazight en tant que langue « nationale », les maux vont se démultiplier pour l’amazighité. Car cette dénomination est en soi une reconnaissance de la fin « irréversible » du propre. Que l’on cite pour citer, ce corps serait enclin à la dégradation, et l’exemple de l’enseignement du tamazight à l’école marocaine en est une bonne illustration : le tamazight était meilleur sans cette entrée « humiliante » en tant qu’objet « folklorique » à faire consumer…
IX.- QUELLE POLITIQUE LINGUISTIQUE OFFICIELLE ?
Sur l’amazighité les pouvoirs politiques du Maghreb sont unanimes : ils ne reconnaissent pas le propre. Tout ce qui fait en politique est loin du propre, en est totalement étranger. L’organisation des partis politiques signifie le respect de la Constitution qui tend à enterrer l’amazighité. Suivant la même logique, les institutions et les appareils de l’Etat annulent cette « partie effacée », tout en se dotant de techniques d’effacement inspirées du fondement politique. La constante de l’Etat est donc, et de manière contradictoire, de rechercher avec insistance la reconnaissance davantage auprès de ceux qu’il ne reconnaît pas…
C’est pourquoi l’arabiste se dérobe devant une question : « Pourquoi le tamazight ne peut-il pas être que langue officielle ? » Comment interpréter de tels propos ? Est-ce le prétexte de l’hétérogénéité qui s’élève derrière ce refus de l’identitaire au sein d’une Constitution ? Est-elle alors possible l’homogénéité au Maghreb ? Cette absence de l’amazighité dans la Constitution est un signe indéniable de la non-démocratie. Par une telle constitutionnalisation, la souveraineté s’ouvrira, devenant plus large, au Peuple. Si la Constitution est l’art de gouverner le pays, en plus d’être une vision (philosophie) du pouvoir adéquat à résoudre les problèmes et à faire avancer le pays, la politique linguistique est avant tout un ensemble de mesures politiques qui forgent l’avenir d’une société. Au Maghreb, la seule politique appliquée est celle de l’assimilation servie dans un enchaînement « politique » où l’égalité, l’octroi des droits linguistiques, le respect des traditions, l’écriture de l’histoire et la révision des mythes fondateurs sont à poser. Justement, au Maroc, le rapport au tamazight va de l’assimilation (uniquement) à l’assimilation complexe et à la non-intervention qui se trouvent amalgamées ? Une politique mixte (officielle / officieuse, explicite / implicite, intentionnelle / aléatoire, décrétée / sans décret, interventionniste / non interventionniste) est mise en application.
La langue n’existe qu’en tant qu’action sur le milieu, ceci est essentiel pour comprendre les objectifs de l’aménagement. L’aménagement s’appuie sur des motivations idéologiques (implicites) en s’explicitant par une méthode prometteuse. Au Maghreb, le tamazight n’est pas une langue sans statut, mais sans institutions pour la réaliser. Peut-on planifier le tamazight au sein d’un Etat régi par l’arabisation ? Peut-on aménager le tamazight dans les institutions arabisées ? Peut-on normaliser le tamazight dans une Nation où règne l’arabisme ? Peut-on avoir une perestroïka linguistique ? Les propositions de graphitisation, de standardisation et de modernisation (fondant la langue littéraire) pour l’amazighe sont insuffisantes pour fonder cet héritage linguistique. Un chercheur catalan aura cette vision critique : « La créacio de l’Amazic Comu és, doncs, un element del canvi democratic a l’altra banda de la Mediterrania. Es tracta d’un objectiu que és, a més, imprescindible per a la normalitzacio de la llengua amaziga. Sense un Amazic Comu que funcioni com a llengua de relacio interdialectal i com a instrument de creacio i de transmissio cultural, aquestes funcions seran cobertes per altres llengues, principalment l’arab o el francès, i la subordinacio social de la llengua amaziga no faria més que accelerar-se. » (30) Cette « litteracie », vue selon Brian Street comme étant la capacité pour l’acquisition des techniques du langage écrit dans la société, (31) peut assurer la reconstruction de l’amazighe littéraire, mais que dire de son introduction dans les institutions qui forgent l’histoire. Si cette politique linguistique tend à instaurer la tradition scripturale, et comme nous le savons tous : l’écriture est à lire comme les paroles de dieu (selon les Pharaons) ; l’on se rend compte que l’équation tamazight / arabe se résout totalement en arabe, dans une équation métaphysique insoluble.
De cet amazigh, il est plus important de créer des idées (qu’on ne doit que recueillir de la pensée). Parallèlement, le tamazight doit opter non pas à être tout simplement une langue d’enseignement, mais surtout d’amazighiser l’école maghrébine.
En dernier lieu, pour les Imazighen émigrés, que fait-on ? On les arabise là-bas, et ainsi rien n’échappe à l’arabisation. L’usage public de cet héritage est interdit ; le généraliser devrait-il être la politique correcte ?
EN CONCLUSION…
Si l’officialisation du tamazight s’impose avec urgence, c’est tout simplement il s’agit d’une injustice que nous avons traînée depuis des siècles. Les Imazighen ne sont pas une minorité, mais plutôt un peuple « sans constitution », sans pouvoir ni support institutionnel. Avec une politique linguicide, le Maghreb est sur la voie de la dénaturation, de sa perte ethnolytique. (32) Sans une bonne politique linguistique, la cohésion sociale est difficile à réaliser. De même, si l’on standardise l’amazighe dans le sens juste de l’insérer dans une normalisation, et sans lui octroyer des champs et des usages sociaux plus vastes, ce serait réifier l’amazighe. Seulement, l’amazighité n’est pas au fait un problème politique, mais de conscience.
Si la normalisation est possible en Algérie et au Maroc, l’aménagement, je crois, est de l’impossible. Les politiciens (doublés de linguistes) maghrébins tergiversent entre l’unité (réductrice) et l’union. Face à la promotion « chauvine » de l’arabe, le tamazight prédomine toujours dans les pays du Maghreb (dans un sens ou dans un autre, surtout sur le plan symbolique). « Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître, s’il ne transforme sa force en droit, et l’obéissance en devoir. » (33) Ainsi, les intellectuels maghrébins, en plus d’avoir peur d’énoncer le terme « amazigh » ou « amazighité », développent des thèses « orientales » pour parler du monde « occidental », celui du Maghreb ! Peut-on d’un grenadier cueillir des figues ?
Le désordre est-il possible ? Le chaos peut-il être fabriqué par une main agissante et munie de volonté destructrice ? Peut-il le tamazight être tout ? Il est tout d’abord la langue propre de l’Afrique du nord. S’il n’a pas disparu, c’est bien grâce à la volonté de Dieu. Le Destin a voulu qu’il soit éternel. D’où la sacralité de cette langue, de cette culture, de cet héritage et de ce peuple ! Le tamazight n’est pas à prendre comme l’ « à venir » de la société maghrébine, mais comme son avenir. Le support institutionnel s’avère nécessaire à le fonder, à lui donner d’autres fonctions. Face à cette tendance à effacer le propre et à protéger (et promouvoir) l’exogène qui est légitimée (légiférée également) par la Constitution, seule une autre Constitution pourrait inverser le courant.
Enfin, en ces moments, où il est illogique de fonder l’amazighité par référendum, où il est possible de la récupérer par volonté présidentielle (Algérie) et volonté royale (Maroc), il est davantage facile de composer la Constitution du Maghreb arabe, focalisée sur l’interdiction de l’amazighité, il appert urgent de composer, en plus de l’insertion de la langue propre dans le Livre Fondateur, une « Défense et Illustration de l’Amazighe » comme garantie de l’officialisation. 
NOTES
(1) Publié pour la première fois et partiellement dans Tawiza n°90, octobre 2004, cet article paraît ici dans sa version définitive.
(2) J.-J. ROUSSEAU, Du contrat social, Editions sociales, « Les classiques du peuple », Paris, 1977, p.103)
(3) Ignace DALLE, Maroc 1961-1999, l’espérance brisée, Maisonneuve et Larose & Tarik Editions, Paris, 2001, p.46.
De l’enseignement au Maroc, nous avons les données suivantes : « On passe de 6 000 écoliers en 1925 à 8 000 en 1930, à 22 000 en 1938, à 35 000 en 1945, à 110 000 en 1950 et à 206 000 en 1955. En 1953, on estime à 8% le pourcentage des écoliers par rapport à la population en âge d’être scolarisée. »
(4) Ignace DALLE, Maroc 1961-1999, l’espérance brisée, Maisonneuve et Larose & Tarik Editions, Paris, 2001, p.55.
(5) Jean-Pierre COT et Jean-Pierre MOUNIER, Pour une sociologie politique, Seuil, 1974. « Almond et Verba entendent cerner les composantes de la culture politique démocratique. Ils définissent la cutlure comme l’orientation psychologique à l’égard d’objets sociaux, c’est-à-dire l’intériorisation, par chacun, du système politique dans la psychologie propre. » (p.38)
(6) cf. Ignace DALLE, Maroc 1961-1999, l’espérance brisée, Maisonneuve et Larose & Tarik Editions, Paris, 2001., p.53.
(7) cf. Ibn Khaldun in Abdeslam Cheddadi, Education et culture au Maroc, Editions Le Fennec, Casablanca, 2003, p.89
L’arabe dialectal est le résultat du dualisme amazigh / arabe, avec une victoire pour la langue autochtone : « L’idiome berbère l’emporta sur l’arabe, qui se mua en une autre langue mixte, où le berbère est dominant. »
(8) « Bulletin Officiel n° 3286 du Mercredi 22 Octobre 1975
Décret n° 2-75-663 du 11 chaoual 1395 (17 octobre 1975) fixant la vocation des établissements universitaires ainsi que la liste des diplômes dont ils assurent la préparation et la délivrance.
Le Premier Ministre,
Vu le dahir portant loi n°1-75-102 du 13 safar 1395 (25 février 1975) relatif à l’organisation des universités, notamment son article 21 ;
Vu le décret n°2-75-662 du 11 chaoual 1395 (17 août 1975) portant création d’établissements universitaires et de cités universitaires ;
Après examen par le conseil des ministres,
Décrète : Article 12 : L’Institut d’études et de recherches pour l’arabisation est chargé d’entreprendre, de promouvoir et d’orienter les travaux nécessaires à l’arabisation. A cet effet, il doit oeuvrer pour faire de la langue arabe un instrument de travail et de recherche couvrant tous les domaines, et particulièrement les domaines scientifique et technique. »
(9) Les textes de sociolinguistique parlent, en général, de différents concepts pour signifier cette gestion des langues : planification linguistique, aménagement linguistique, glottopolitique, normalisation politique, politique linguistique
(10) Selon Kremnits (1981, p.66), « le concept de conflit linguistique serait applicable chaque fois que deux groupes linguistiquement différenciés cohabitent dans une même organisation étatique, dès que l’une des deux a sur l’autre un avantage, en droit ou en fait. »
(11) On entend par Maghreb amazigh : la Maurétanie, le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et la Libye. C’est un Maghreb « étant, existant, réel et historiquement démontrable », à l’encontre de ce Maghreb arabe qui n’existe nulle part que dans l’imaginaire et la fantasmagorie des arabistes. S’il faut parler d’un Maghreb arabe, ce sera bien sûr la région est de la péninsule arabique. Maghreb juif existe aussi, concept utilisé par Jacques Derrida.
Par ailleurs, qu’est-il de nos jours du nom « du commencement » : Occident islamique ?
(12) C’est bien Mohamed El Fassi, ministre de l’Education nationale en 1957, le premier politique marocain à « arabiser » l’enseignement primaire, et à rétracter quelques mois après. En octobre 1959, Abdelkrim Benjelloun dénombre les principes de l’enseignement au Maroc : unification, arabisation, généralisation et marocanisation. Après l’enseignement, c’est au tour de l’administration à être « arabisée » par le ministre M. Boucetta en novembre 1960.
(13) l’Institut Royal pour la Culture Amazighe fondé en 2001, comme résultat de la montée en puissance du mouvement amazigh, notamment avec la composition du « Manifeste amazigh » (01/03/2000)
(14) Haut Commissariat à l’Amazighité fondé le 07/06/1995, comme conséquence de la grève des cartables en 1994)
(15) Par purification linguistique, on n’entend pas une purification physique, mais plutôt symbolique. Autrement dit, on n’extermine pas la famille « Ameqran », mais on tue sa « langue » qui énonce d’autres signes / sons que « Ameqran »… A la fin, ce nom tombe en désuétude ou devient sans signification dans son propre environnement.
(16) Ici, l’on observe le comble de la contradiction : Depuis le 17 octobre 2001, la Délégation Générale à la Langue Française s’appelle la Délégation Générale à la Langue Française et aux Langues de France : volonté de l’Etat jacobin à enterrer le monolinguisme et à le remplacer par une conception plurilingue de la France (où le berbère a une mission patrimoniale), et qu’est-il du Maghreb francophonique (ment) satellite ?
(17) La politique d’assimilation est un projet qui tend à planifier l’accélération de la minorisation d’un groupe linguistique. L’interdiction, l’exclusion, la dévalorisation sociale, la marginalisation économique, la répression… sont les moyens utilisés pour réussir cette politique.
(18) La politique de non-intervention est la suite de la politique d’assimilation. Elle est un choix conscient qui sait que le groupe linguistique touche à sa fin. Elle se présente sous forme de deux options :
- non intervenir (politiques linguistiques en Tunisie, Libye et Maurétanie) ;
- intervenir négativement afin d’assurer la fin (La Charte de l’enseignement et de la formation au Maroc).
(19) « Charte d’Agadir », 05/08/1991.
(20) « Charte d’Agadir », 05/08/1991.
(21) « Le manifeste amazigh », 1er mars 2000.
(22) Le manifeste amazigh, 1er mars 2000.
(23) J.-J. Rousseau, Du contrat social, Editions sociales, « Les classiques du peuple », Paris, 1977, p.190.
(24) Pierre Vilar, Histoire de l’Espagne, PUF, « Que sais-je ? », Paris, 1947, p.8
(25) Constitution malienne :
Préambule : « démocratie pluraliste », « laïcité de l’Etat ».
Article 2 : « Toute discrimination fondée sur l’origine sociale, la couleur, la langue, la race, le sexe, la religion et l’opinion politique est prohibée. »
Article 25 : « le français est la langue d’expression officielle. La loi fixe les modalités de promotion et d’officialisation des langues nationales. »
(26) J.-J. Rousseau, Du contrat social, Editions sociales, « Les classiques du peuple », Paris, 1977, p.94)
(27) Constitution tunisienne :
Préambule : « fidèle aux enseignements de l’Islam, à l’unité du Grand Maghreb, à son appartenance à la famille arabe. »,
Article 1 : « sa religion est l’Islam, sa langue l’arabe »,
Article 2 : « constitue une partie du Grand Maghreb Arabe, à l’unité duquel elle œuvre dans le cadre de l’intérêt commun. »
Article 4 : « la devise de la République est : Liberté, Ordre, Justice »
Article 8 : « Un parti politique ne peut s’appuyer fondamentalement dans ses principes, objectifs, activité ou programmes, sur une religion, une langue, une race, un sexe ou une région. »
(28) Constitution marocaine :
Préambule : « Etat musulman, dont la langue officielle est l’arabe, constitue une partie du Grand Maghreb Arabe. 
(29) Constitution mauritanienne
Préambule : « Confiant dans la Toute Puissance d’ALLAH, le peuple mauritanien proclame sa volonté de garantir l’intégrité de son Territoire, son Indépendance et son Unité Nationale et d’assumer sa libre évolution politique, économique et sociale.
Fort de ses valeurs spirituelles et du rayonnement de sa civilisation, il proclame en outre, solennellement, son attachement à l’Islam et aux principes de la démocratie tels qu’ils ont été définis par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme du 10 décembre 1948 et par la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples du 28 Juin 1981 ainsi que dans les autres conventions internationales auxquelles la Mauritanie a souscrit.
Conscient de la nécessité de resserrer les liens avec les peuples frères, le peuple mauritanien, peuple musulman, arabe et africain, proclame qu’il oeuvrera à la réalisation de l’Unité du Grand Maghreb de la Nation Arabe et de l’Afrique et à la consolidation de la paix dans le monde. »
Article 1 : « La Mauritanie est une République Islamique, indivisible, démocratique et sociale.
La République assure à tous les citoyens sans distinction d’origine, de race, de sexe ou de condition sociale, l’égalité devant la loi.
Toute propagande particulariste de caractère racial ou ethnique est punie par la loi. »
Article 5 : « L’IsIam est la religion du peuple et de l’Etat. »
Article 6 : «  Les langues nationales sont l’Arabe, le Poular, le Soninké et le Wolof ; la langue officielle est l’Arabe. »
(30) Carles Castellanos, Llengua, dialectes i estandarditzacio, Octaedro, Barcelona, 2000, p.111.
(31) Brian Street, Cross-Cultural Approaches to Literacy, CUP, 1993.
(32) cf. Louis-Jean Calvet, Linguistique et colonialisme, Paris, Payot, 1974.
(33) J.-J. Rousseau, Du contrat social, Editions sociales, « Les classiques du peuple », Paris, 1977, p.58.
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*Carles CASTELLANOS, Llengua, dialectes i estandarditzacio, Octaedro, Barcelona, 2000.
*Louis-Jean CALVET, Linguistique et colonialisme, Paris, Payot, 1974.
-- La guerre des langues et les politiques linguistiques, Payot, Paris, 1987.
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