Uttvun 86, 

Sedyur  2004

(Juin  2004)

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Tamazight

umi itwagg usinag n tussna tamazivt?

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جمعية أزمز تحتفل

جمعية تامازغا بالعروي

 

Militantisme amazigh: esquisse d’un effritement

Par: Rachid FETTAH «  Khémisset »

Introduction:

Partant du constat que l’action revendicative régresse de jour en jour, entre un passé récent glorieux, marqué d’omniprésence amazighiste dans le fait sociopolitique et un présent incertain où la mouvance militantiste ne fait que perdre de plus en plus de terrain. Autrement dit, on assiste à une métamorphose meurtrière pour le mouvement amazigh. Car, dans sa situation actuelle, ce mouvement revendicatif se gouffre dans des discours conflictuels, nourris dans une atmosphère de rumeurs et de joutes verbales produites dans les coulisses de l’environnement intellectuel immédiat à l’IRCAM. Un état des lieux qui dresse un pan d’invisibilité contre toute tentative de lecture et d’interprétation; voire, une sorte de pêle-mêle qui rend floues les idées et les prises de positions. A ce propos, les lignes, qui suivent, vont tenter d’esquisser  les contours d’effritement d’un  mouvement voué au déclin.

Éveil d’une conscience et naissance d’un mouvement

Sans remonter trop loin dans le temps, l’éveil de la conscience identitaire date des années60, l’époque où, à travers le monde entier, une vague de discours/actions de contestations et de protestations soufflait des idées nouvelles pour balayer les idéologies dogmatiques et conformistes. C’est ce  vent libérateur qui  illumine une frange d’intellectuels marocains d’origine amazighe pour prendre la parole  et se faire entendre sur l’agora nationale. Dans un Maroc à peine libéré de l’emprise de fer du colonialisme français, pour se trouver soumis à d’interminables compagnes de vaccinations idéologiques antitamazight. Un long processus de lavage massif de la mémoire collective des imazighen. Car, au sein de ce Maroc indépendant, les populations authentiques faisaient, depuis toujours, objet d’un «vaste champs de culture» pour expérimenter l’efficacité et la validité de l’idéologie arabo-bâatiste. Or, cette greffe mal propre ne tardera pas à altérer le patrimoine identitaire que traduisent dans les faits la langue et la culture millénaires. Mais, ce greffon, une fois transplanté, s’avère carrément, incompatible avec les sujets authentiques. Alors face à ces manœuvres desamazighantes, des intellectuels militants ont accentué le ton pour dénoncer et mettre en cause cette incompatibilité. D’où, la naissance de l’action militaniste amazighe. Et depuis, des générations d’adhérents se sont engagées dans des associations pour lutter, culturellement, contre l’invasion idéologique arabiste, c’était l’essence et la base d’un mouvement naissant. A ce propos, Mr. G. KRATOCHWIL affirme que «Il n’est pas exagéré de dire que c’est grâce aux activités associatives que le M.C.A a commencé à apprendre progressivement de l’ampleur dans tous les milieux populaires amazighs». Mais durant les décennies 60 et 70, malgré le mouvement associatif naissant dans des structures comme l’A.M.R.E.C, l’A.N.C.A..P et dans bien d’autres…, l’amazighité avait beaucoup de peine pour se confirmer et elle n’a fait que résister  sous le poids du rouleau compresseur du nationalisme panarabiste (le naçerisme, le baartisme). Alors que pendant la décennie 80, le mouvement associatif se réactivait par la naissance d’autres associations comme celle des anciens élèves d’AZROU et par le rôle de rayonnement culturel joué par la revue «AMAZIGH»; il y avait aussi des associations qui n’ont pas vu le jour par acte d’interdiction. Malgré toutes ces tentatives, le militanisme amazigh n’a pas pu prendre forme nette car l’état central arabo-bâatiste  a mis en place des appareils idéologiques, puissamment, capables d’aplatir et d’éradiquer tous les mouvements contestataires. Et précisément sous le mot d’ordre de cet état central que Mr. Ali Sedki AZAIKOI a été condamné et arrêté pour  avoir revendiqué, dans un article, le droit de cité à la langue tamazight. Certes un événement qui marqua, profondément, les chapitres du militantisme amazigh. Mais, grosso modo, la longue période des années 60, 70 et 80 quoique marquées par l’émergence de bon nombre s’associations, elle n’a pas pu permettre un vrai ancrage d’un militantisme fondamental. Il fallait attendre la décennie 90.

Décennie 90: Parenthèse-clée.

La signature de la charte d’agadir, par six associations, a fait que la décennie 90 s’annonce trop forte et inaugure un militanisme nouveau et renouvelé. C’était une plate forme élaborée comme cadre de référence et d’action associative. Et les associations signataires constituaient le noyau dur du mouvement revendicatif amazigh, puisqu’elles se lançaient pour piloter une mobilité militantiste à travers Souss, Rif et Sud-Est. Une mouvance qui couvrira tout l’ensemble du pays, excepté le moyen Atlas, et mettant en relief les spécificités sociales et culturelles de ces régions qui s’entrecoupent totalement avec l’amazighité. A ce propos Mme. G. KRATOCHWIL souligne que «en reliant les problèmes sociaux spécifiques de la région à la thématique culturelle amazighe. Les associations apparaissent comme des mouvements de protestations et d’opposition sociale et politique». C’est une constatation  qui reste trop valable et colle très bien, surtout, à l’action associative version «Rif et sud-est». En parallèle, de  nouveaux organes de presse se sont nés, journaux et revues :Tifinagh(93), Tifawt(94), Tamaguit(94), AGRAW(95), Tawiza(97) et Tamazight(98) entre autres. Des tribunes où des débats instructifs et constructifs, faisaient échos pour approfondir et éclaircir les revendications du Mouvement Amazigh. Or ce remous médiatico-intellectuel ne passera pas sans affecter les attraits de la scène politique faite et refaite à la lumière de Thèses, d’analyse et de réflexions élaborées selon des points de vue amazighants… bref un flot d’écrits revendiquant plus de reconnaissance à la langue/culture millénaire. Mais, étant trop culturaliste, et pour couvrir le volet politique, cette mouvance intellectuelle et associative s’était trouvée obligée de changer de stratégie, adoptant une autre démarche où la nécessité militantiste va s’orienter vers un affrontement direct avec le makhzen. Et justement, c’est dans cet  esprit d’un combat en corps à corps  que s’inscrit l’audace revendicative de Tilelli lors du 1er Mai 1994, une audace qui a déclenché toute une mobilisation internationale à la question amazigh au Maroc. Mais, mieux encore, dans un discours du roi défunt (Hassan II), presque pour la première fois dans l’histoire du pays, un appel est  lancé pour reconsidérer et revaloriser la dimension socio-identitaire des imazighen, et des perspectives prometteuses se sont écloses pour son intégration dans le système éducatif. Or face à la sourde oreille de l’état central panarabiste, les suggestions royales demeuraient lettres mortes. A l’antipode de ce désengagement officiel, le réseau associatif se développait pour atteindre l’apogée de son organisation et de son efficacité, et une structure est née: le C.N.C. Après quelques mois, ce flux associatif  qui marque le plus haut degré de coordination  et de concordance, ne va pas résister trop longtemps, pour se décliner sous le poids des divergences, ainsi la courbe militantiste trace une ligniarité qui dure beaucoup de temps. Puis un silence pesant s’installe pour occulter l’activisme culturel omazigh jusqu’au jour où une personnalité des hautes sphères intellectuelles, le plus ancien activiste amazigh, un combattant infatigable se manifeste en publiant un manifeste soulignant, en gros caractères, la globalité des revendications que l’état est appelée à reconnaître pour l’amazighité, un texte manifeste qui a canalisé et unifié la mouvance amazighe et qui a, par la même, marqué politiquement l’orientation du mouvement amazigh. Et C’est ce dernier événement qui ferme la parenthèse -clée de la décennie 90.

Ce retour sur le cheminement balisé du mouvement revendicatif, quoique hâtif et moins détaillé, se veut un arrêt pointant les évènements majeurs qui balisaient l’évolution  du mouvement militaniste, durant les années 90. Un parcours tumultueux qui dessine les contours d’une édification bâtie sur des bases solides. Mais, aujourd’hui  une fois que cette construction a pris forme, quel état donne-t-elle à voir, surtout, après la décision royale de créer  l’IRCAM? Que devient ce mouvement  amazigh lourd  d’apports des anciens et des empruntes des ancêtres ?

Doutes et inquiétudes.

Étant un mouvement en devenir, il est normal que des doutes et des inquiétudes l’accompagnent. Signe de bonne santé. Car, ce sont des interrogations qui devraient influencer ces orientations et ces tendances, ce sont aussi des réactions qui pourraient réajuster le cheminement des idées et des actions. Elles reflètent, en somme, la schématisation  récurrente de blocage et de déblocage. Or, face à des situations de crises manifestes, de temps à autre, des voix s’élèvent, parmi la foule silencieuse, pour lancer des cris d’alarmes. De ces voix, il faut citer, donc, celles de Mr. Boudhan et de Mr. Moukhlis qui, par le biais d’articles-réflexions, entrecoupés en profondeur, s’inquiétaient quant à l’avenir du mouvement amazigh. Dans leurs articles respectifs «Est ce une malédiction?» et «Tamazight à la croisée des chemins» tous deux publiés in Tifinagh n°: 10. Fev 97. Mr. Boudhan, plus optimiste, constate  que  «les   divergences et les désaccords au sein du mouvement amazigh sont donc plus qu’un phénomène normal» et que «la chose la plus urgente dont Tamazight a grand besoin, c’est donc, l’union des imazighen, surtout leurs penseurs et leurs intellectuels, pour faire face à l’union antiamazighiste». Quant à Mr. Moukhlis, connu par sa tendance radicaliste, moins optimiste, trouve que la situation est déplorable, car d’après lui «les divisions et les clivages ne font que déchirer  le M.C.A». Et c’est pourquoi il plaide pour plus «de  contacts, de concertations et d’échanges entre les différentes composantes», et il souligne que «malgré, tant de sacrifice, elle (situation du M.C.A) sera de longue haleine et nécessite que le souffle soit long et la résistance permanente et quotidienne».Donc à la lumière de ces deux réactions datant de la fin des années 90, sous quel angle de vision peut on évaluer le militanisme dans son état actuel ( ici/maintenant)? De quelles natures sont  les crises qui pèsent sur le fonctionnement du mouvement? Peut on déjà, confirmer que la création de l’IRCAM  incarne la part du lion dans ces impasses? Ce sont là, entre autres, des interrogations légitimes, relatives aux problématiques qui divisent les prises de positions, en pour et en  contre, dans un débat amorcé juste après la création de l’institut des imazighen.

Création de l’IRCAM: symptômes d’un effritement.

Sans prétendre donner des réponses/ solutions tranchantes, la présente contribution est une tentative d’arrêter sur les sources des divergences et disparités qui mettent le mouvement amazigh dans une situation stagnante.

De prime abord, il faut reconnaître que la création de l’IRCAM (bien accueillie par les uns et mal accueillie par les autres) marque un vrai tournant dans l’histoire du Maroc indépendant. Un tournant, puisqu’il a suscité des débats houleux, que ce soit au sein du mouvement amazigh, ou en dehors de celui-ci. Un tournant, aussi  parce qu-il a  provoqué une énorme vague d’attaques et de contre attaques, que ce soit parmi les acteurs, intellectuels et activistes et activistes associatifs amazighs, ou au sein des organismes politiques et  dans les cercles des dits démocrates de la société civile. Toutes ces manifestations contrastes laissent comprendre des attitudes intellectuelles ou politiques défavorables quant à la création d’un institut pour la langue/culture Tamazight. Mais, surtout, c’est l’adjectif « royale» qui a le plus attiré des critiques hostiles aux manifestations/ productions (culturelles et scientifiques) conçues et élaborées par cette institution.

A ce propos, dans un entretien extrait sur le vif dans la série «Hiwarat»… in Al AHDAT AL MA1GHRIBIA, dans un ton audacieux, l’activiste le plus en vue au sein du mouvement amazigh, Mr Rakha affirme, sans réserve que «le mouvement est pris dans un piège» ou en d’autres termes «il a commis une grande erreur avec la création  de l’IRCAM», et il ajoute que, concernant la régression du militantisme, «ce sont les activistes amazighs qui sont responsables puisqu’ils ont oublié, pour un certain temps, la défense des objectifs du mouvement et ils s’intéressaient de plus en plus aux postes que les membres du C.A ont occupé au sein de l’IRCAM, quoique cet institut ne représente qu’un seul acquis parmi d’autres revendications de grandes importance… au point que les débats tournent autour les questions: qui sont les membres du conseil administratifs? et pourquoi d’autres ont été exclus?» Fin des propos de Mr. Rakha. Mais Ils disent long. C’est le point de vue qui a le mieux posé le doit sur la source des crises qui déstabilisent le militantisme amazigh. Cette situation qui rend urgent une organisation  et une mobilisation de toutes les composantes du mouvement pour mieux gérer cet état de conflit déchirant et pour mettre terme  à cette interactivité négative dérivant de la dichotomie affichée opposant d’un côté  le camp intra IRCAML et de l’autre le front extra IRCAM. Car, pour le mouvement amazigh la création de l’institut a provoqué beaucoup de répercutions touchant l’évolution militantiste, puisque avec l’annonce de la formation personnelle constituant le conseil administratif, une énorme onde de choc a traversé, en long et en large, les structures associatives, car vu  l’effet matériel impressionnant  du budget réservé à l’IRCAM, bon nombre d’acteurs associatifs se sont pris dans une course contre la montre en direction vers l’institut  de Tamazight, pour tenter un recrutement éventuel. Et c’est, précisément, cette ruée vers la mine d’or amazighe qui a affaibli et même vidé les associations de leur énergie intellectuelle et militante. Heureusement que nos AEDES, imdyazen et nos artistes, en vrais réservoirs de la mémoire, qui incarnent le génie et la mémoire de la langue/culture de nos ancêtres, restent toujours fidèles et s’attachent, charnellement contre vent et marée, à leur sol et à leurs montagnes. Ainsi, devant ce désarroi généralisé, les blocs de structures associatives ne tarderont pas à s’effriter, laissant voir des symptômes visibles dont vont dépendre d’autres plus désastreux. Car, même les activités culturelles, elles ont été altérées à fond, elles se font trop rares et de nature appauvrissante,  réduites à des clichés, presque sans portée militantiste, à savoir, des manifestations taxées de médiocrité qui tiennent lieu par occasions routinières: ASSEGAS AMAYNU- TAFSUT N IMAZIGHEN et le fameux 1er mai… des activités quasi insignifiantes qui versent avec douceur, dans le fleuve calme de l’amazighité, aux moments où des échos de clameurs et de cris de révolte des printemps noirs nous parviennent depuis la Kabylie.

Conclusion:

Comme  note de fin, il faut confirmer que le militantisme amazigh nécessite une pause méditative, occasion pour reprendre  son souffle et pour se mettre en ordre. Certes, il faut être vigilant  vis à vis des approches dont l’IRCAM traite l’amazighité au Maroc, mais il ne faut pas tomber dans les antagonismes déchirants et suicidaires pour le mouvement amazigh. «KRATT AYIMAZIGHEN ATTEGGNEM ACHERRIG NOUN»: propos tenus par un leader amazigh, datant des années 70, mais demeurent, toujours, en vigueur.

 

 

 

 

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