Uttvun 72, 

Kuzvyûr 2003

(Avril 2003)

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Diaspora amazighophone et arabophone de Tamazgha au

 Canada

Par: Arav Benyounès (écrivain, Canada)

Je pense qu'il est important de voir à la fois leur importance et leur organisation en dehors de leurs pays d'origine. La présence des immigrants de Tamazgha diffère d'un continent à un autre. Au cours des dernières décennies, cette présence a subi de profonds changements. Au cours des années 50 et 60, les pays de Tamazgha accédaient à leurs indépendances. La pauvreté et la précarité font que l'immigration est devenue incontournable pour subvenir aux besoins alimentaires élémentaires. Ceci explique qu'à cette époque l'immigration des populations de Tamazgha est composée dans sa grande majorité des manœuvres et d'ouvriers non spécialisés. Pour retenir les travailleurs formés pour une formation donnée, les pays d'accueil leur permettent de faire venir leurs familles dans un programme de regroupement familial. Les pays de Tamazgha fournisseurs d'immigrants, n'ont adoptés aucune politique qui permettra aux enfants d'immigrants de Tamazgha scolarisés et formés dans les pays d'accueil, à s'adapter ou à intégrer les pays de leurs parents. L'anarchie, la mauvaise organisation et le manque de programmes dans les grandes écoles et universités des pays de Tamazgha (Maghreb), font que beaucoup d'étudiants amazighophones et arabophones de Tamazgha poursuivent leurs études en Occident. Une fois bien formés, et souvent avec l'argent des contribuables de leurs pays d'origines, nombreux sont ceux qui ne reviennent pas, et mettent leurs compétences acquises au service de l'Occident à qui ils ont rien coûté. Il est vrai que certains d'entre eux restent à l'étranger faute de se dénicher un travail dans leurs pays d'origine, où souvent les employeurs tant étatiques que privés préfèrent recruter les étrangers au détriment de ces nationaux ayant les mêmes qualifications (paraît que ces nationaux seront trop contestataires, or les étrangers ne se mêlent pas de politique, et des conditions de travail des autres travailleurs). D'autres ont peur de persécutions pour leurs engagements politiques. Les invétérés qui ont décidés de rentrer, se heurtent aux rouages administratifs et aux despotismes qui règnent. Savoir se taire, ou avoir des relations pour accéder à un travail, sinon il faut se préparer à rejoindre la longue liste des chômeurs diplômés formés sur place. Le chômage qui ne touche à Tamazgha (Maghreb) il y a si peu de temps que les travailleurs sans qualification, commence à se faire une place parmi les diplômés: informaticiens, médecins et autres qualifications techniques…etc.: bienvenue l'exode et la fuite des «cerveaux». Traditionnellement, nous sommes habitué à voir les gens du Nord «Occident», venir investir au Sud «Tiers-Monde». Aujourd'hui à Tamazgha en particulier, on assiste à un phénomène inverse: des  amazighophones et arabophones de Tamazgha partent investir au Nord. Bien-sûr, plusieurs raisons sont à la base de ce phénomène: corruptions, difficultés d'exporter, problèmes de transfert d'argent…etc. Pour revenir à nos «moutons», c'est-à-dire l'immigration des  amazighophones et arabophones de Tamazgha vers le Canada, elle est un peu différente de l'immigration vers l'Europe. Si en Europe, elle sera souvent «temporaire» sur le plan administrative, au Canada, elle a l'avantage d'accéder à la citoyenneté canadienne au bout de trois années, après un statut «d'immigrant reçu» avec un parcours «sans faute grave». Les immigrants de Tamazgha qui arrivent au Canada, débarquent dans leur majorité dans la province francophone du Québec, pour une raison de langue. L'écrasante majorité des amazighophones et arabophones de Tamazgha  qui s'installent au Canada, sont de confession musulmane, et une petite minorité juive et chrétienne (aucune donnée n'est disponible sur ces dernières). Ils sont dans la majorité des cas considérés comme des arabes (rares sont ceux qui s'affichent administrativement amazighs: berbères). La plupart des immigrants de Tamazgha qui s'installent au Canada sont des gens qualifiés: médecins, ingénieurs, informaticiens, et certains hommes d'affaires…etc., (à l'exception de certains algériens ces dernières années, à cause d'une guerre civile larvée qui perdure dans ce pays). Ces immigrants de Tamazgha qui s'installent au Canada ont tous un point commun avec leurs concitoyens installés dans d'autres pays: l'ambiguïté d'un retour ou d'un non-retour au pays d'origine. Les amazighophones et arabophones de Tamazgha  se retrouvent à travailler dans de multiples secteurs de l'économie canadienne. Certains accèdent à de hautes responsabilités, même si à un certain niveau ils bloquent, car sans l'avouer, astucieusement certains échelons sont réservés aux canadiens de souche: «les premiers arrivants issus de la première colonisation de ce pays». Certains autres réussissent dans les affaires après de multiples tracasseries, et ce dans divers secteurs de haute technologie, presse et communications, mais la restauration reste dominante etc.… Les amazighophones et arabophones de Tamazgha comme les autres immigrants venus d'ailleurs se heurtent aux problèmes des équivalences de leurs diplômes.  Certains d'entre eux espèrent trouver le même travail et les mêmes responsabilités professionnelles qu'ils avaient dans leurs pays d'origines. Ceux-là déchantent vite. Au lieu de retourner à leurs situations confortables dans leurs pays, la «honte» d'un échec les conduit à accepter n'importe quel travail (laveurs de vaisselle, nettoyeurs, gardiens…etc.,), malgré leurs hautes qualifications. D'autres acceptent de s'inscrire aux aides de derniers recours en attendant des ouvertures, des re-formations ou des jours meilleurs. Ces situations à n'en pas douter, provoquent des déchirements et des drames familiaux souvent dramatiques.  Certains regrettent d'être venu au Canada. D'autres s'en sortent bien que mal, mais l'aperçu de leur situation décrite ci-haut, reflète grosso-modo la réalité des amazighophones et arabophones de Tamazgha qui s'installent au Canada. Les immigrants de Tamazgha installés au Canada, comme ceux en provenance de d'autres pays, sont plus enclin à assimiler l'individualisme que le communautarisme. Ceux qui estiment avoir réussi leur installation préfèrent souvent rester dans l'anonymat, et même s'éloigner et s'isoler d'autres concitoyens. Ici on appelle ça: la liberté individuelle de choix. Parmi ces amazighophones et arabophones de Tamazgha qui «ont réussis», on trouve malheureusement très peu d'entre eux qui apportent un soutien quelconque à ceux qui n'ont pas eu la même chance qu'eux. Cette communauté amazighophones et arabophones de Tamazgha du Canada qui ne cesse de grandir en nombre, n'a pas pu et a du mal à constituer une diaspora, à l'image des communautés italiennes, grecques, portugaise, et même plus récentes, qui proviennent des anciens pays du bloc de l'Est. Ne dit-on pas, que la capacité de s'organiser en diaspora est un signe de maturité?. Pour former une diaspora organisée ou un lobby au service de Tamazgha (Maghreb), il faut être uni au-delà des différences tant ethniques que linguistiques, et surtout avoir un soutien indirect des représentations diplomatiques et économiques des gouvernements des pays de Tamazgha.  Or ce soutien est à l'image de celui qui prévaut en pays d'origines. Certains font bien que mal de s'organiser. Ils forment des associations indépendantes qui ne représentent dans la plupart des cas que ceux qui les ont crées. D'autres reproduisent les schémas des pays d'origines. Ils fondent des associations affiliées aux autorités de leurs pays d'origines, et s'activent dans la tradition des «naâm sidi» et/ou des «beni-oui-oui». Leurs responsables courent derrière des subventions, des intérêts et des faveurs personnelles. Ceci nous amène à dire et à affirmer que les associations d'audiences arabophones sont choyées par les autorités diplomatiques des pays de Tamazgha, par contre les associations d'audiences amazighophones (berbères), comme dans leurs pays d'origines, elles sont rejetées, déconsidérées et souvent combattues, car considérées à tort anti-nationales, parce qu'elles ne vivent plus à l'air de «naâm sidi» et/ou des «beni-oui-oui», et surtout elles refusent d'adhérer à des idées archaïques et non-démocratiques qui maintiennent ces autorités en place. Dans la communauté des pays de  Tamazgha au Canada, comme aux pays d'origines, deux catégories de citoyens se dégagent: arabophones et amazighophones (berbérophones). Les premiers dans leur majorité s'organisent autour des autorités des pays d'origines. Ils sont choyés et surtout influencés pour les opposer aux amazighophones. Ils se réunissent souvent à profusion de discours nationalistes, sans que rien de concret ne sort. Ils sont bernés pendant que les représentants de leurs pays d'origines investissent au Canada, souvent en profitant gratuitement de leurs compétences, relations et expertises.

Quant aux amazighophones, l'endoctrinement arabo-islamo-baâthistes a bien réussi chez certains. Ils sont devenus des pions et des marionnettes qu'on brandit pour mettre en avant un semblant d'unité. Chez les libyens, marocains, mauritaniens ou tunisiens par exemple, aucun groupe petit soit-il, n'a eu le courage, encore moins le mérite de s'afficher ou de s'affirmer amazigh. Ils se cachent tous derrière la lybianité, mauritanité, marocanité, la tunisianité, comme l'algérianité d'ailleurs, ce qui fait l'affaire des arabophones. Ces identifications sont assimilées et considérées par les nord-américains comme étant arabo-musulmanes. Rares parmi eux qui se mêlent à des imazighen rassemblés en association. Certains sont encore mentalement, moralement et dans l'esprit de leurs pays d'origine: ils ont encore une peur bleue de s'afficher amazighs. Par contre les algériens qui s'affirment amazighs viennent de plusieurs régions, mais seuls les imazighen (berbères) de Kabylie se donnent des structures associatives identifiées amazighes. Malheureusement ces derniers reproduisent les schémas de discorde qui prévaut dans leur région: les associations qui se proclament indépendantes sont dans les faits des antennes de tel ou tel parti politique implanté en Kabylie, comme les sites internet. Ils reproduisent souvent chez eux, les schémas et les stéréotypes qu'ils reprochent aux autres, notamment dans le domaine de la censure, du débat à sens unique et surtout du rejet des leurs. Si la tendance se maintient, leurs multiplications déboucheront sur autant d'associations et de sites, qu'il y a de villages en Kabylie. Ces réseaux associatifs tant «indépendants» que rattachés aux autorités diplomatiques, n'ont jamais réussi une symbiose. Certains accrochés aux beaux discours nationalistes vides d'initiatives (arabophones), d'autres (amazighophones) se martèlent sur la légitimité de leur représentativité. Ils sont tous deux incapables de sortir de leurs isolements pour se donner des vocations sociales et communautaires, dont ont besoins les amazighophones et les arabophones du Canada. Le chacun pour soi prévaut chez eux, beaucoup plus que chez d'autres canadiens venus d'ailleurs. Les capacités ne manquent pas, à voir leurs identifications et signatures dans des sites internet: ils sont tous des génies,  mais leur incapacité à assimiler les idées de tolérances, de solidarité, de communautarisme et de pluralité qui font Tamazgha (Maghreb), prouvent une fois de plus leur immaturité à s'organiser  pour des raisons qui restent encore obscures pour ceux que la situation arrange, et évidentes pour ceux qui veulent se mettre à la page et à la hauteur des institutions du pays d'accueil: le Canada. Toute idée de reconnaissance mutuelle entre arabophones et amazighophones (berbérophones) a été crevé dans l'œuf, et considérée suspecte et anti-arabo-musulmane par les autorités diplomatiques des pays de Tamazgha avant qu'elle amorce les buts pour atteindre son objectif final. Heureusement que plus on avance dans le débat, quelques uns armés d'enthousiasme démontrent que c'est possible d'arriver à arrimer amazighité (berbérité) et arabité. Malgré tous ces branle-bas et l'évolution de certaines situations au rapprochement et à la reconnaissance mutuelle, aucun écho favorable n'a été perçu pour encourager cet état de fait. Ce dilemme que font perdurer les autorités diplomatiques des pays de Tamazgha, se traduit chaque jour davantage par l'isolement de plus en plus alarmant des amazighophones et des arabophones de Tamazgha sur l'échiquier canadien. Cette unité et solidarité dont ils ont grandement besoin, si elle ne se déclenche pas et n'arrive pas, elle se traduira par la perte de nombreux avantages et intérêts tant pour les communautés amazighophones, arabophones, que pour les autorités diplomatiques bornées, inconscientes et souvent incompétentes des pays de Tamazgha (Maghreb) qui déconsidèrent leurs citoyens.

 

Arav Benyounès (écrivain, Canada)

Courriel: taralsan@sympatico.ca

Site Web: http://aravbenyounes.ifrance.com

Prochain article: 2 - organisations et statistiques des communautés amazighophone et arabophone de Tamazgha au Canada

 

 

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