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  (Juillet  2011)

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La question de l’identité au Maroc et la réforme constitutionnelle

Par: Brahim FOUGUIG1

 

Le discours royal du 9 Mars intervient à un moment historique caractérisé par une tendance au soulèvement des peuples de l’Afrique du Nord et du Moyen Orient pour imposer un changement radical des régimes politiques en place. Le Maroc n’échappe pas à cette tendance. Une volonté de démocratisation de la vie politique, de transformation profonde du système politique, économique et social et de lutte contre l’abus du pouvoir, la corruption, l’injustice, la rapacité des élites au pouvoir etc. est fortement exprimée par les jeunes du mouvement du 20 février dans différentes villes et à plusieurs reprises. Le discours royal est une officialisation de la volonté politique visant le changement radical2 exprimé.

Les sept points proposés par le roi dans son discours du 9 Mars s’inscrivent dans ce sens3. Le débat national engagé autour de ces points, aussi bien de l’intérieur des instances de l’Etat que de l’extérieur, ouvre des perspectives florissantes pour l’avenir. Un débat serein, logique et responsable de part et d’autre ne manquera pas d’aboutir à un projet de société conçu et accepté par tous.

L’un des points soulevés par le discours royal du 9 Mars est une question très sensible et d’une grande portée pour les marocains. Il en va de leur âme et de leur essence même. Les marocains sont ce qu’ils sont effectivement et non pas correspondre aux desiderata des autres. Ils veulent être reconnus tels qu’ils sont sans subterfuge ni détours. Ils refusent d’être des étrangers sur la terre de leurs ancêtres. Tout regard biaisé dans ce sens est source de conflits latents dont l’expression peut avoir des conséquences fâcheuses.

La question de notre identité et celle de l’Etat marocain n’ont pas été bien fondées. L’évolution environnementale repose la problématique. Le premier point concerné par la réforme constitutionnelle dans le discours royal est bien la question de l’identité.

Les préambules des constitutions successives précédentes l’ont éludé et ont marginalisé l’aspect amazigh de l’identité marocaine depuis la première constitution du Maroc indépendant en 1962. La constitution du 4 septembre 1992 l’a totalement niée et rejetée4 éludant la langue, l’histoire, la culture et la civilisation amazighes. L’idéologie des élites politiques, jusqu’à présent, a avili, marginalisé et détruit une grande partie du savoir, des valeurs et des institutions millénaires du peuple marocain et jusqu’à son identité réelle. Dès lors on peut relever le non-sens de l’article 5 des différentes constitutions qui stipule: «tous les marocains sont égaux devant la loi».

Un grand débat se déroule actuellement sur la scène publique. Les positions sont divergentes et parfois contradictoires. Après 56 ans d’indépendance, la réforme constitutionnelle en cours va –t-elle, enfin, réparer le tort subi par le peuple marocain?

Mon intervention s’inscrit dans le cadre de cet intérêt de grandes sensibilité et susceptibilité telle que l’identité. Elle vise à montrer la nature de l’identité nationale, tirer les enseignements qui en découlent et formuler les recommandations qui en résultent.

Plusieurs questions se posent:

-Qu’est-ce que l’identité?

-Quels sont les facteurs permanents et immuables qui la déterminent?

-Quelle est l’identité (ou les identités) des marocains?

-Quels enseignements et recommandations pour la réforme constitutionnelle?

La réponse à la problématique de l’identité des marocains suivra le cheminement suivant:

- L’identité: terminologie, concept et déterminants

-L’identité est-elle l’ethnie (la race ou le sang)?

-L’identité est-elle la religion?

-L’identité est-elle la langue?

-L’identité est-elle la terre?

-A la lumière de l’analyse, quelle est l’identité ou les identités des marocains?

Conclusion: Quels enseignements et recommandations faut-il retenir pour l’actuelle réforme constitutionnelle?

I-L’identité: Terminologie, Concept5 et déterminants

ur le plan terminologique, l’identité (identity) en Europe tire son origine du terme latin «Idem» qui signifie: lui-même. Le vocabulaire arabe a introduit récemment la traduction du terme identité en l’appelant «al houwiya» qui est extraite du terme arabe «Houwa » qui veut dire «lui-même» (houwanafsouhou). De la même manière, si nous prenons l’équivalent du terme «lui» en langue amazighe «netta», le terme amazigh équivalent et qui donne la même signification que l’identité ou al houwiya sera «Tanttit».

Etre lui-même c’est ne pas être quelqu’un d’autre. Mme telle est elle-même et elle ne peut pas être quelqu’un d’autre. Mr tel est lui-même et ne peut pas quelqu’un d’autre. Moi je suis moi-même et non pas un autre. La personne a donc une ou plusieurs caractéristiques qui lui sont propres et qu’elle ne partage pas avec l’autre ou les autres.

Sur le plan conceptuel, l’identité (TANTTIT, al houwiya) signifie qu’une personne est elle-même et non pas une autre. Un peuple est lui-même et non pas un autre peuple.

Un turc est un être conforme à lui-même et compatible à son être turc. Il n’est pas conforme à un être allemand.

Un français est un être conforme à lui-même et compatible avec son être français. Il est différent d’un espagnol.

Un arabe est un être conforme à lui-même et compatible avec son être arabe. Il est différent d’un perse.

Un amazigh est un être conforme à lui-même et compatible avec son être amazigh. Il est différent d’un arabe…etc.

Ces exemples montrent que l’identité se base sur deux principes importants: la compatibilité (conformité) et la différence (distinction). Un allemand est compatible à son être allemand ce qui permet alors de le différencier et de le distinguer de l’anglais. Ceci est valable pour l’arabe, l’amazigh, le turc, le français, l’Iranien etc.

Le même raisonnement peut être appliqué à l’identité d’un peuple.

Le peuple6 français (ou chinois) est lui-même le peuple français (ou chinois) et il est conforme (identique) à son être français (ou chinois) qui a des caractéristiques qui lui sont propres et qui le distinguent d’un ou des autres peuples.

Le peuple arabe est lui-même le peuple arabe et il est conforme (identique) à son être arabe qui a des caractéristiques qui lui sont propres et qui le distinguent d’un ou des autres peuples.

Le peuple amazigh est lui-même le peuple amazigh et il est conforme (identique) à son être amazigh qui répond à des caractéristiques qui lui sont propres et qui le distinguent d’un ou des autres peuples.

C’est le cas, aussi, des peuples: turc, perse, allemand, russe ou autres.

Le concept identité peut être défini comme étant «un ensemble de caractéristiques qui sont propres à un peuple donné (élément de conformité ou compatibilité) et qui permettent de le distinguer/de le différencier (élément de différence) des autres peuples»7.

Sur le plan des facteurs déterminants se pose la question des critères qui fondent l’identité.

Quels sont les critères pour définir, de manière objective et logique, ce qui est quoi. Comment, par exemple, pourrai-je dégager ce qui me distingue de l’autre qui est différent de moi? A une échelle plus large, quelles sont les caractéristiques communes qui sont propres à un peuple et qui le différencient des autres peuples? C’est à ce niveau, que se pose la question des facteurs permanents et immuables qui fondent l’identité d’un peuple.

Quatre critères sont, souvent, évoqués à ce propos:

-l’ethnie (la race ou le sang) ;

-la religion ;

-la langue ;

-la terre.

L’analyse logique de ces quatre critères  -ethnie, religion, langue et terre- dans leur relation avec l’identité nous permettra de déterminer le critère fondamental et permanent qui fonde l’identité et de distinguer parmi eux l’essentiel de l’accessoire, le déterminant du secondaire, le permanent de l’éphémère.

II-L’identité est-elle la race ou les origines ethniques?

L’analyse sera menée aussi bien sur le plan scientifique que sur le plan idéologique.

Sur le plan scientifique, selon cette thèse, le Marocain serait un être multi-identitaire parce que multiracial. Il sera en même temps un amazigh dans une grande proportion (génétiquement parlant) et dans une proportion moindre un romain, un vandale, un turc, un phénicien, un français, un arabe, un sénégalais, un malien... Toutes ces races et origines ethniques étrangères arrivées, de différents horizons, en Afrique du Nord, se sont dissoutes dans l’élément amazigh, par le biais de mariages successifs, de génération en génération.

Si on prend un français, il sera en même temps un amazigh, un espagnol, un arabe, un anglais, un portugais etc. vu les sangs amazigh, anglais, portugais, espagnol qui coulent dans ses veines.

Un arabe (de l’Arabie Séoudite) est un mélange de sang de plusieurs ethnies. Il est arabe, turc, perse, indou, un éthiopien, somalien etc.

La pureté de l’ethnie ou du sang n’existe nulle part dans le monde. Aucun peuple n’est ethniquement pur. Construire l’identité sur la race ou l’ethnie est une aberration sur le plan scientifique.

Sur le plan idéologique, des génocides ont été commis au nom de la pureté de la race.

L’ethnie a été employée par Hitler et les théoriciens nazis pour imposer la supériorité de l’identité aryenne sur les autres. Durant la seconde guerre mondiale, l’idéologie nazie s’en est servie pour exterminer des millions de personnes.

L’idéologie pan-arabiste, en se basant sur la race arabe pour fonder l’identité unique d’un peuple a conduit au génocide commis contre le peuple Kurde en Irak et en Syrie et aux racismes cultivés contre le peuple amazigh en Afrique du Nord.

Bâtir l’identité sur la race ou l’ethnie est une «aberration sur le plan scientifique» et un «grand danger sur le plan idéologique». Le critère de l’ethnie ou race dans la détermination de l’identité nous conduira certainement à une impasse. Plus, il nous oriente vers le racisme, l’intolérance, la violence et le terrorisme.

Cette théorie n’est pas correcte, il faut être conscient des dangers et du caractère raciste qui lui est intrinsèque. Elle doit être exclue (sinon condamnée) comme caractéristique identifiant un peuple.

L’identité n’est pas la race ou l’ethnie

S’acquiert-elle par la religion?

III-L’identité est-elle la religion?

Certains intellectuels et politiciens considèrent que la religion est le critère essentiel, sinon unique, qui fonde l’identité d’un peuple. La religion est sans conteste fondamentale dans la vie quotidienne de tous les peuples de la terre. Mais est-elle vraiment un facteur fondamental qui détermine l’identité d’un peuple?

Loin du discours idéologique stérile, une analyse logique et sereine du lien entre la religion et l’identité exige le recours à une argumentation scientifique qui se base sur la réalité des peuples8.

Trois exemples peuvent nous aider dans ce sens.

En Iran9, un musulman et un chrétien vivent ensemble en tant qu’iraniens dans un même pays qui est le leur. Ils appartiennent tous les deux à l’identité perse. Ces deux individus ont deux religions différentes. La religion ne constitue pas le quelque chose de commun qui les identifie et qui les différentie des autres. Le quelque chose de commun qui les caractérise et qui les distingue des autres n’est pas la confession. C’est quelque chose d’autre.

Le peuple libanais10 est un peuple arabe. Son identité est arabe. Mais les libanais ne sont pas tous musulmans. L’identité arabe unique du peuple libanais n’a pas unifié la population libanaise autour d’une même religion. Les chrétiens et les musulmans, au Liban, vivent en tant qu’arabes dans une même nation avec une même identité. Là aussi, la religion ne constitue pas la caractéristique commune aux deux communautés et qui les distingue des autres peuples.

En Turquie, la population est partagée entre trois religions: musulmane, chrétienne et juive11. Les trois religions n’ont pas divisé le peuple turc en trois identités différentes. L’identité de son peuple est turque même en présence d’au moins trois confessions.

Ainsi, des communautés appartenant à un même peuple et ayant une identité unique peuvent avoir des religions différentes.

Si on reprend les mêmes exemples précédents -l’Iran, le Liban et la Turquie-, la prépondérance de la confession musulmane dans ces trois pays ne leur a pas conféré la même identité. Bien qu’à majorité musulmane, la population des trois pays conserve chacune son identité. L’Iran garde son identité perse, le Liban son identité arabe et la Turquie son identité turque.

Les populations de peuples différents et par conséquent d’identités différentes peuvent avoir la même religion.

En plus, tous les peuples au cours de leur histoire millénaire sont passés d’une religion à une autre sans altération aucune de leur identité. En Arabie Séoudite, dans la communauté de «Koraich» une grande partie de la population vénérait les statuettes entre autres «latta waalâouzzat» et une autre proportion est de confession juive. Avec l’Islam, leur croyance a changé totalement mais leur identité est restée la même. Elle est restée arabe.

Les populations de l’Afrique du Nord ont adopté des confessions différentes au cours de leur histoire séculaire. Elles étaient, en partie, de confession juive, puis chrétienne et enfin musulmane. La religion du peuple peut changer mais son identité est immuable. Elle n’a pas changé.

L’adoption d’une religion donnée par une communauté ne lui enlève pas son identité. La confession n’a pas pour fonction de donner une identité à un peuple, de lui enlever la sienne et la remplacer par une autre12.

L’identité n’est pas la religion

La langue est –elle un critère suffisant pour attribuer le statut d’identité à un peuple?

IV-L’identité est-elle la langue?

Plusieurs intellectuels font la confusion entre la langue d’une personne et ou d’un peuple et son identité. Plus, certains théoriciens considèrent la langue comme le seul facteur qui confère l’identité à un peuple. Et par conséquent, le changement de la langue d’un peuple est un moyen de transformer son identité. Cette thèse est très courante, au Maroc et dans le autres pays de l’Afrique du Nord13.

Analysons, logiquement, l’approche qui considère que l’identité s’acquiert par la langue14.

La langue15 (ou les langues) d’un peuple est certes importante. Elle est un élément fondamental de sa culture. Mais est-elle suffisante pour être le seul facteur qui détermine l’identité d’un peuple?

Prenons le cas d’une personne qui parle plusieurs langues. Elle maîtrise bien les langues amazighe, française, arabe et anglaise... Est-ce que cette personne possède quatre identités? Est-elle, à la fois, amazighe, française, arabe et anglaise? Evidemment non. Une personne peut parler plusieurs langues, mais il ne peut avoir qu’une seule identité.

Ce cas s’applique, également, aux peuples.

Prenons le cas des peuples sénégalais, indien, brésilien et mexicain. Ils ont tous opté pour des langues étrangères comme langues officielles. Le Sénégal a opté pour la langue française, le peuple brésilien pour la langue portugaise, le peuple indien pour l’anglais et le peuple mexicain pour l’espagnol… etc. Mais le peuple sénégalais a l’identité sénégalaise et non l’identité française, le peuple brésilien a l’identité brésilienne et non l’identité portugaise et ainsi de suite.

Toutes ces langues, bien qu’officielles, restent étrangères à l’identité. Elles n’ont pas changé l’identité initiale de ces peuples.

Au Maroc, les langues vivantes pratiquées par le peuple (non compris l’élite intellectuelle) sont tamazight et darija16. L’arabe classique et le français sont employés au niveau des institutions économiques, politiques, administratives, de l’enseignement et de la recherche etc. Si la langue officielle de l’Etat marocain, en l’occurrence l’arabe, est retenue comme critère de détermination de l’identité, alors le peuple marocain serait, totalement, un peuple arabe. Dans ce cas-là, le peuple sénégalais serait un peuple français, le peuple brésilien serait un peuple portugais, le peuple indien serait un peuple anglais et le peuple mexicain serait espagnol. Le cas marocain ne constitue pas une exception. La langue arabe, bien qu’officielle, ne confère pas l’identité au marocain.

Le fait de prendre la langue extérieure, pour des raisons historiques (colonisation, forte migration ou autres), comme langue officielle d’un peuple donné, ne modifie en rien l’identité de ce peuple, celle héritée de ses ancêtres avant la colonisation, l’invasion ou l’émigration. La langue étrangère à un pays, même élevée au rang de langue officielle, ne lui attribue aucunement le statut de fondement de l’identité d’un peuple.

Et si on retient la langue parlée par un peuple comme critère de définition de l’identité, le marocain aura deux identités. Il parle tamazight et darija. Ainsi, le marocain sera à la fois et en même temps un amazigh et un «dariji 17». Le peuple marocain sera, à la fois et en même temps, un peuple amazigh et un peuple «dariji». Or on sait qu’une personne ne peut pas avoir deux identités en même temps. Il en est de même pour un peuple. Il ne peut pas avoir deux identités à la fois. Il est soit l’un, soit l’autre, ou quelque chose d’autre.

La langue, même officielle, n’attribue pas le statut d’identité à un peuple.

L’identité n’est pas la langue

Quel est l’élément fondamental et fixe (dans le sens de permanent) qui confère à une personne ou à un peuple son identité?

V-L’Identité est-elle la terre?

Dans la plate-forme de l’«Option Amazighe»18, nous avons discuté la problématique de l’identité en relation avec la terre19. Et Mr Mohamed Boudhan, dans une succession d’articles publiés au journal Tawiza, a expliqué, clarifié et argumenté la problématique de l’identité en relation avec la terre.

Nous étions conscients que le débat doit débarrasser le concept de l’identité de «toutes les confusions erronées qui sont venues se greffer sur lui…». L’identité ne s’acquiert ni par l’ethnie (le sang), ni par la religion, ni par la langue (officielle ou non, nationale ou étrangère).

Une analyse du lien entre l’identité et la terre exige une argumentation logique pour aboutir à une thèse judicieuse et efficace. Nous nous appuyions sur trois exemples la France, l’Allemagne, l’Arabie Saoudite pour étayer nos preuves.

La terre de la France est une terre française, c’est la patrie d’un peuple qui y vit depuis des siècles et qui est appelé peuple français et de tous les émigrés qui l’ont choisie, à différentes époques de l’histoire, comme patrie pour y vivre volontairement et définitivement à côté de ceux qui y sont déjà. Cette terre a été le berceau d’une langue qui y est créée. Elle prend le nom de la terre qui lui a donné naissance: la langue française.

De cette manière, on parle de la terre française20, du peuple français, de la langue française. Il y a compatibilité et harmonie entre les trois éléments suivants: la terre, le peuple qui y vit et qui la considère comme patrie et la langue née dans ce territoire.

Ainsi, est français aujourd’hui, toute personne née d’ancêtres français et/ou qui choisit la France comme patrie, indépendamment de ses origines ethniques, de sa langue d’origine, de sa couleur et de sa religion. Les émigrés amazighs, arabes, sénégalais, gabonais, turcs, portugais, espagnols, chinois, japonais, anglais, hongrois, etc. qui ont choisi de vivre définitivement avec le peuple français et sur la terre française acquièrent l’identité de la terre d’accueil. Ils ont l’identité française21.

Est Allemand aujourd’hui, toute personne qui choisit la terre allemande comme patrie, pour y vivre définitivement, indépendamment de ses origines ethniques, de sa langue, de sa couleur et de sa religion.

L’Arabie Saoudite est cette terre (territoire) dont la quelle vit un peuple qui a donné naissance à une langue. Cette terre est arabe, le peuple est arabe et la langue créée sur cette terre est arabe. Il y a compatibilité entre la terre (en tant que patrie), le peuple et la langue. Est Arabe aujourd’hui, toute personne qui choisit la terre d’un des pays de la péninsule arabique comme patrie, pour y vivre définitivement, indépendamment de ses origines ethniques, de sa couleur, de sa langue d’origine et de sa religion. Un arabe est fier de son identité arabe malgré le sang turc, perse ou kurde etc. qui coule dans ses veines.

L’identité nationale d’un peuple est constituée par ce rapport singulier qu’entretient un peuple donné avec sa terre.

Les caractéristiques qui sont spécifiques à ces peuples et qui les distinguent de tous les autres peuples sont: principalement la terre etsecondairement la langue née sur cette terre. La terre constitue, comme on le voit, le facteur déterminant de l’identité. Elle est le critère objectif, permanent et immuable, auquel vient s’ajouter, pour le compléter et le consolider, la langue créée sur cette terre par la population.

L’identité s’acquiert, donc, principalement par la terre et secondairement par la langue née (et de manière générale la culture née) sur cette terre.La langue (et la culture) est un élément de l’identité, si et seulement si, elle est le produit intellectuel d’un processus historique généré par les relations économiques et sociales tissées par les membres d’une population donnée, vivant dans un territoire géographique déterminé et reconnu historiquement être le leur.

Ce concept, tel que précisé ci-dessus, est très pertinent. Car appliqué à tous les pays on aboutit à des résultats judicieux et incontestables.

L’identité s’acquiert principalement par la terre et secondairement par la langue (et autres éléments de culture) née (s) sur cette terre

Au terme de cette analyse, qu’elle est l’identité des marocains?

VI-L’Identité au Maroc est-elle plurielle, unifiée ou unique?

Ces dernières années plusieurs auteurs et politiciens parlent de plusieurs identités au Maroc22. Certains disent que les marocains sont amazighes, arabes, andalous, gnawas et juifs. On dirait cinq identités. Pourquoi se limiter à ces cinq composantes. Nous pouvons ajouter, également, les vandales, les romains, les phéniciens, les espagnoles, les français et la liste peut s’allonger indéfiniment. Sommes-nous autant d’identités qu’il y a d’étrangers qui sont venus vivre définitivement avec nous?

Dans son discours du 9 Mars, le roi Med VI a insisté sur l’identité des marocains dans le premier élément qui doit être touché par la réforme. Il a parlé du «la consécration constitutionnelle de la pluralité de l’identité marocaine unie et riche de la diversité de ses affluents, et au cœur de laquelle figure l’amazighité, patrimoine commun de tous les Marocains, sans exclusive»23. Sommes-nous plusieurs identités unifiées en une seule? C’est-à-dire que notre identité constitue un conglomérat de plusieurs éléments mais dont le cœur est amazigh. Ou bien c’est ce cœur-là qui constitue l’identité unique auxquels se sont adjoints plusieurs affluents culturels divers. Cette formulation mérite une profonde réflexion pour distinguer ce qui est unique de ce qui est pluriel et divers.

Trois questions méritent d’être débattues. Les marocains sont-ils divisés en plusieurs identités? Les marocains ont-il plusieurs identités unifiées en une seule? Ou bien les marocains ont-ils une et unique identité? Et laquelle?

La question de l’identité unique ou de plusieurs identités se pose avec acuité. Une réponse satisfaisante doit être donnée à cette question importante. La réussite de la réforme constitutionnelle en dépend. Tous les pays ont trouvé une solution à leur identité au singulier et/ou au pluriel. A nous de trouver une solution à la nôtre.

1-Les marocains sont-ils divisés en plusieurs identités?

Personne ne nie que les marocains (et les Nord-Africains en général) sont ethniquement hétérogènes. Avec des proportions différentes, ils forment un mélange extraordinaire de plusieurs races: Amazighs, Romains, Phéniciens, Vandales, Byzantins, Noirs, Arabes, Andalous, Turcs, Portugais, Espagnols, Français etc. Mais est-ce l’ethnie fonde l’identité? Nous avons répondu par la négative.

Personne ne nie, non plus, que la religion des marocains est partagée entre l’Islam (98,7% de musulmans), le christianisme (1,1% de chrétiens) et le judaïsme (0,2% de juifs). Nous avons montré l’inexistence de lien entre la religion et l’identité.

Personne ne nie, non plus, que les marocains parlent plusieurs langues. Ils parlent tamazight, darija, l’arabe, le français, l’espagnol, l’anglais etc. Nous avons répondu que la langue n’est pas l’identité.

Comment, alors, voir clair dans cet amalgame extraordinaire sachant qu’il existe bien des pays qui ont deux ou plusieurs identités. Ce sont des pays à «identités multiples».

Prenons quatre cas. L’Irak, l’Espagne, La Belgique, la Suisse.

L’Irak comporte deux identités: l’arabe et le kurde. L’Espagne regroupe cinq identités différentes: les catalans, les basques, les galiciens, les Kechtaliens et les amazigh. L’Etat fédéral belge rassemble trois identités distinctes: les Wallons, les flamands et les germaniques. La Suisse renferme quatre identités dissemblables: l’allemande, la française, l’italienne et la romanche.

Pour ces différents pays (L’Irak, l’Espagne, La Belgique, la Suisse), chaque identité possède un territoire géographique et linguistique (où une langue est née), façonné par l’histoire, qui lui est propre et qui la différencie des autres au sein du même pays.

En Irak, les arabes vivent au Sud du pays et les Kurdes au Nord avec des frontières géographiques et linguistiques reconnues et délimitées historiquement. Chacune des identités a sa terre dont les frontières sont connues et possède sa langue et sa culture nées sur cette terre.

En Espagne, également, chacune des cinq identités dispose d’un territoire géographique qui lui est propre et qui la distingue des autres et dans chacun de ces territoires est née une langue spécifique. Les catalans vivent sur un territoire appelé catalogne au sein duquel ils parlent leur langue «le catalan» qui est née sur ce territoire. Leur identité est catalane. C’est le cas, aussi, des basques etc. Ce raisonnement s’applique à la Suisse, Belgique et à d’autres pays multi-identitaires dans le monde.

Ce modèle, dans lequel les régions se distinguent, l’une de l’autre, principalement, par leurs frontières géographiques et linguistiques, façonnées par l’histoire, ne peut pas s’appliquer aux modèles à «identité unique».

Les origines ethniques des habitants du Maroc sont multiples. Elles sont amazighe, africaine, romaine, phénicienne, arabe, andalouse, française, espagnole etc.

Nous avons démontré que les origines ethniques et raciales (ou de sang) doivent être éliminées comme critère de détermination de l’identité car scientifiquement erronées et idéologiquement dangereuses.

Ensuite, nous avons expliqué que la langue extérieure introduite, dans un pays, même élevée au rang de langue officielle n’est pas un critère pertinent qui octroie l’identité à un peuple donné.

Enfin, nous avons abouti à la conclusion que c’est la terre qui constitue le critère fondamental qui attribue à un peuple son identité. La terre est le socle sur lequel se construit l’identité d’une personne, d’une famille et/ou d’un peuple. Vient ensuite la langue née sur ce territoire pour consolider cette vérité. Elle en constitue une condition nécessaire mais insuffisante. Alors que la langue créée ailleurs (sur une autre terre), bien que, introduite pour une raison ou une autre, dans un autre territoire n’a aucun effet sur l’identité. Elle est un plus, certes très important, comme véhicule de culture et de civilisation et moyen de communication entre les peuples. Mais, elle ne contribue pas à façonner l’identité d’un peuple24.

Y a-t-il au Maroc un espace géographiquement délimité et appartenant, historiquement aux arabes, gnawas, romains, etc. et dont lequel ils ont créé une langue et une culture qui leur est spécifique? Fouiller l’histoire et multiplier les recherches géographiques, vous ne trouverez aucun espace du territoire marocain qui répond positivement à cette question.

La langue et la culture nées sur la terre de l’Afrique du Nord dont le Maroc sont amazighes. La terre marocaine parle tamazight25 de Tanger jusqu’à Aousserd et de Anfa et zenata (Casablanca-Mohammedia) jusqu’au Tafilalet.

Le Maroc, en tant que pays, n’est pas divisé en plusieurs territoires délimités géographiquement et linguistiquement comme le cas des pays à «identités multiples» et dont lesquels sont nées des langues et cultures différentes. Le Maroc n’est pas un pays multi-identitaire.

2-Les marocains ont-il plusieurs identités unifiées en une seule?

Quand on parle «de la pluralité de l’identité marocaine unie et riche de la diversité de ses affluents, et au cœur de laquelle figure l’amazighité…», on se demande où réside l’unicité? Et où apparaît la pluralité et diversité?

-L’identité est-elle un conglomérat constitué de plusieurs apports?

Les apports et affluents ne peuvent être que d’ordre culturel: langue, religion, valeurs, institutions etc. Effectivement, tous les pays du monde entier sont ouverts aux apports culturels et linguistiques extérieurs (affluents). Ils sont venus enrichir la culture et la langue du pays d’accueil. Dans ce cas, l’identité de tous les pays est un conglomérat composé de tous les apports culturels extérieurs mêlés à la culture et langue du pays d’accueil.

L’identité de la France ne serait pas uniquement française. Elle serait un conglomérat de plusieurs identités unifiées et en son sein se trouve l’identité française. Le peuple français sera un peuple à identités allemande, anglaise, espagnole, amazighe, arabe, turque etc. unifiées à des proportions différentes et dans son cœur se situe l’identité française ; vu les apports culturels des étrangers installés en France depuis des siècles et qui sont devenus français.

L’identité de l’Arabie Saoudite ne serait pas uniquement arabe. Elle serait un conglomérat d’identités et dans son cœur l’identité arabe. L’identité anglaise serait un conglomérat d’identités et en son sein l’identité anglaise etc. L’identité iranienne ne serait pas uniquement perse ; Elle serait à caractère pluriel unifiée et en son sein l’identité perse.

Dans ce cas, tous les peuples auraient une» pluralité de l’identité unie et riche de la diversité de ses affluents …» et au cœur de laquelle figure l’identité autochtone de chaque pays. Qui est quoi et dans quelle proportion on est ceci ou cela?

-L’identité est-elle ce cœur spécifique?

L’identité c’est justement ce quelque de chose de commun qui est spécifique à un peuple et qui le singularise des autres peuples. C’est justement ce «Cœur/solbe» dont le roi a parlé, à juste titre, qui distingue les uns des autres et spécifie un peuple d’un autre.

Le peuple anglais a une identité «unifiée» et dont le «cœur/solbe» est anglais. Son identité n’est rien d’autre que ce «cœur/solbe» anglais. Par conséquent son identité est anglaise.

De même, le peuple de l’Arabie Saoudite est un conglomérat d’identités perse, turc, indous, africain etc. dont le «cœur/solbe» est arabe. Son identité est ce «cœur/solbe» qui est arabe.

Le peuple marocain a une identité unifiée dont le «le cœur/solbe» est amazigh. L’identité des marocains c’est ce cœur qui est spécifique et qui nous distinguedes autres. Et à juste titre comme l’a dit le roi dans son discours c’est l’amazighité.

D’où vient ce «Cœur/solbe»? L’identité est déterminée principalement par la terre marocaine et secondairement par la langue (culture) créée sur cette terre. Toutes les deux sont amazighes et l’identité du peuple marocain est par conséquent amazighe.

Ce qui différencie le peuple marocain des autres peuples du Moyen Orient, de l’Europe, de l’Asie …c’est ce «noyau/solbe» dont a parlé le roi. Sinon les marocains et tous les peuples seraient des conglomérats composés d’identités représentant tous les étrangers qui ont choisi de prendre comme patrie le pays où ils vivent actuellement.

En fait, l’identité définie comme nous l’avons fait ne laisse aucun amalgame. Quand un étranger quitte son pays d’origine (sa patrie) et s’intègre dans une autre patrie, il emmène avec lui sa langue et sa culture mais il n’emporte pas sa terre qui a donné naissance à sa langue et à sa culture. Or c’est cette terre-là qui est le critère fondamental qui détermine l’identité. En la quittant définitivement pour vivre ailleurs, un individu se démet de son identité initiale pour s’intégrer dans l’identité de la terre qui l’accueille.

3-Les marocains ont-ils une et unique identité?

Le Maroc appartient à ce vaste espace géographique étendu sur toute l’Afrique du Nord, connu à travers l’histoire sous différentes appellations dont: Lybie, Numidie, Mauritanie, Berbérie, Marrakech, Tamazgha….

Les traités internationaux, d’avant le protectorat du Maroc en 1912, présentent les gouvernants des pays de l’Afrique du Nord « comme les représentants de «la Berbérie», qui, à l’époque, avec «l’empire Ottoman» et «la Perse», formaient les composantes essentielles du monde musulman. Dans cet ensemble, pour distinguer le peuple amazigh de l’Afrique du Nord, des autres peuples de l’Orient (arabe, turc et perse), les documents officiels internationaux parlaient de pays du «Levant» et de «la Berbérie», dont les habitants étaient désignés par «autochtones», «indigènes» ou «berbères»«26.

De même et jusqu’en 1912, les gouvernants du Maroc (Afrique du Nord), quelques soit leurs origines ethniques, ont toujours signé les lettres envoyées aux rois et présidents des autres pays, du nom de «Sultan de Marrakech» ou «Sultan des berbères».

Le territoire de l’Afrique du Nord est, sans conteste, une terre amazighe (berbère) ou vivait et vit encore une population autochtone qui a créé au fil des siècles une langue: la langue «berbère» ou la langue amazighe. Ainsi, les deux conditions (terre: facteur principal et langue créée: facteur secondaire) qui fondent l’identité d’une personne, d’une famille, d’une tribu et d’un peuple sont remplies. Indépendamment de (ou des) langue (s) officielle (s) employée (s), l’Afrique du Nord ou Tamazgha, a une seule et même identité: l’identité amazighe.

Au Maroc, il n’y a pas au sein du territoire national marocain de zones géographiques ou linguistiques délimitées historiquement et réservées chacune aux différentes composantes ethniques marocaines: amazighe, romaine, phénicienne, arabe, andalouse, africaines et autres.

La carte géographique, administrative et des tribus le démontrent bien. Les noms du territoire, des oueds, des plaines, des montagnes, des tribus, des plantes etc. au Maroc sont amazighs. Le nom du Maroc avant le protectorat s’appelait M’rrakch27 qui est bien un nom amazigh.

Le Maroc a une seule et unique identité. Elle est amazighe.

Mais, il est riche de sa pluralité et sa diversité culturelles.

Les apports culturels et linguistiques des étrangers qui ont choisi de vivre définitivement dans l’un des pays de Tamazgha (arabes, français, espagnoles, andalous, romains, africains noirs etc.) doivent être appréciés à leur juste valeur. Ils ont certainement contribué à l’enrichissement et à la diversification de la culture des marocains. Ils font partie intégrante du patrimoine culturel de notre peuple. Mais, ils restent en dehors des éléments qui composent l’identité du peuple comme il a été démontré plus haut. L’unicité réside dans le domaine de l’identité. La pluralité et la diversité revient au domaine de la culture.

Quelques soit son origine ethnique, sa religion, sa langue parlée ou écrite (officielle ou non), le marocain est un amazigh. Le Maroc est un peuple à identité unique (une seule identité) car le modèle de pays multi-identitaire ne s’applique pas aux pays de l’Afrique du Nord28.

La réponse logique et scientifique à la problématique de l’identité nous a permis de gagner en logique, clarté et cohérence et nous évitera sûrement les fausses interprétations et tensions inutiles.

VI-Enseignements et recommandations

Au terme de cette discussion, plusieurs enseignements et recommandations découlent de notre analyse.

Au niveau des enseignements, le premier est lié à l’unicité de l’identité du peuple marocain. Le Maroc n’est pas multi-identitaire. Ce modèle ne s’applique pas à notre pays.

Le deuxième enseignement est inhérent à la nature de cette identité. La terre est le critère fondamental et permanent qui fonde l’identité d’un peuple et la langue née sur cette terre est le critère secondaire qui la renforce et la consolide. La terre est amazighe et la langue née sur cette terre est amazighe, donc l’identité du Maroc et des marocains est amazighe.

Le troisième enseignement est relatif à l’harmonie entre l’identité de la terre, du peuple et de l’Etat. Partout dans le monde, l’Etat qui gouverne un peuple sur une terre prend l’identité de ce peuple et de cette terre. La terre marocaine est amazighe et le peuple marocain est amazigh. L’identité de l’Etat, comme vient de le confirmer le roi, à une identité dont le cœur est amazigh. Or c’est ce cœur qui spécifie le Maroc et qui le différencie des autres pays arabes du Moyen Orient. C’est là où réside sa véritable identité.

Le quatrième enseignement concerne la diversité culturelle du peuple marocain. Le Maroc est riche de sa pluralité et des apports linguistiques, religieux et système de valeurs du bassin méditerranéen, du Moyen Orient et de l’Afrique subsaharienne. C’est à ce niveau que réside la pluralité et la diversité des affluents. Comme partout dans le monde, les affluents culturels viennent enrichir le patrimoine culturel du peuple sans altérer son identité unique. Le domaine du culturel est différent du domaine de l’identité.

Le cinquième enseignement est en relation avec l’identité dans sa relation avec l’ethnie. Construire l’identité sur l’ethnie conduit au racisme, à l’intolérance, au despotisme et au terrorisme. Ce critère est très dangereux. Il est temps de le déconsidérer définitivement.

Concernant les recommandations et en relation avec la réforme constitutionnelle, la première touche l’harmonie entre l’identité de la terre marocaine, celle de son peuple et celle de son Etat. Le royaume du Maroc est un Etat à identité amazighe, celle de la terre et du peuple qu’il gouverne et qui s’approprie tous les affluents culturels diverses et les considèrent comme étant son patrimoine et sa richesse nationale. Ainsi, le royaume du Maroc se renforcera de quatre légitimités fondamentales: la légitimité territoriale, légitimité historique, légitimité populaire et légitimité démocratique.

La deuxième recommandation est relative à la diversité culturelle et linguistique. La nouvelle constitution doit traiter la question des langues et cultures au Maroc sur le même pied d’égalité. Les constitutions précédentes ont nié l’identité, la langue et la culture amazighes. La réforme constitutionnelle actuelle doit réparer le préjudice subi par le peuple amazigh.

Il est temps d’officialiser, de façon égale, la langue amazighe et la langue arabe, de leur assurer la protection, d’exiger d’être étudiées et connues par tous les marocains et de garantir leur utilisation dans tous les domaines.

La troisième recommandation a trait à la reconnaissance par la constitution du droit coutumier marocain (Izerf) et à l’engagement de s’en inspirer dans la recherche des solutions aux problèmes liés à la terre, à la gestion de l’eau et à la gouvernance du pays et des régions.

Références bibliographiques

1-Groupe de l’option amazighe ; «Plate forme: Option Amazighe», publié le 1erYennayer 2957 / 13 Janvier 2007 ; voir le site ; tawiza.ifrane.com. et pour plus de détails et d’éclaircissement voir les articles (en arabe) de Mr Mohamed Boudhane Publiés dans les différents numéros de Tawiza.

2-Mohamed Boudhane, “Ichkaliat al Houiya bi Al maghrib”, Tawiza n° 164, Mekyour 2960/ Décembre 2010 &Tawiza n° 165, Yennayer 2961/ Janvier 2011.

3-J.C. Usunier, «Commerce entre cultures, une approche culturelle du marketing international» ; PUF, 1992.

4-Gérard Noiriel ; «Population, immigration et identité nationale en France: XIXème-XXème siècle», Hachette éditeur, 1992.

5-Nations Unies: Rapport de l’année 2010 sur le développement humain.

6-Constitution du 7 Décembre 1962.

7-Constitution du 24 Juillet 1970.

8-Constitution du 15 Mars 1972.

9-Constitution du 4 Septembre 1992.

10-Constitution du 13 Septembre 1996.

11-Mr Mohamed Abd El Jabri ; «Eclairages sur le problème de l’enseignement au Maroc», in «Plate forme: Option amazighe» op cité.

12-Mr Abdelhadi Tazi, Intervention à l’occasion de la conférence de l’Union des Académies de la langue arabe, tenue à Rabat en novembre 1984.

13-Mme MounaHachim,  « Identité amazighe: Les arabophones sont-ils Arabes?», dossier chronique d’hier et d’aujourd’hui du journal l’Economiste n° 3424 du 14/12/2010.

14-The Narco News Bulletin (http://www.narconews.com), 11 janvier 2007.

15-Sa Majesté le roi Mohammed VI, Roi du Maroc, discours du 9 mars.

Notes:

1 Professeur à la Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales de Fès.

2A mon sens ou du moins c’est mon espoir.

3 Du moins c’est mon espoir.

4Préambule Article 5

Constitutions : 7 Décembre 1962, 24 JUILLET 1970, 15 Mars 1972Le Royaume du Maroc, État musulman souverain, dont la langue officielle est l’arabe, constitue une partie du Grand Maghreb. Tous les Marocains sont égaux devant la loi.

Constitution 4 Septembre 1992 Le Royaume du Maroc, État musulman souverain, dont la langue officielle est l’arabe, constitue une partie du Grand Maghreb arabe. Tous les Marocains sont égaux devant la loi.

Constitution 13 Septembre 1996 Le Royaume du Maroc, État musulman souverain, dont la langue officielle est l’arabe, constitue une partie du Grand Maghreb arabe. Tous les Marocains sont égaux devant la loi.

5Groupe de l’option amazighe ; « Plate forme : Option Amazighe », publié le 1erYennayer 2957 / 13 Janvier 2007 ; voir le site ; tawiza.ifrane.com. et pour plus de détails et d’éclaircissement voir les articles (en arabe) de Mr Mohamed Boudhane Publiés dans les différents numéros de Tawiza.

7Mohamed Boudhane, “Ichkaliat al Houiya bi Al maghrib”, Tawiza n° 164, Mekyour 2960/ Décembre 2010 &Tawiza n° 165, Yennayer 2961/ Janvier 2011.

8 Un peuple est une multitude d’hommes, vivant dans le même territoire et « ayant en commun des caractéristiques telles que la langue, la culture, la religion, l’histoire, voire les origines ethniques », Selon le philosophe allemand Johan Gottlieb Fichten, In Gérard Noiriel ; « Population, immigration et identité nationale en France : XIXème-XXème siècle », Hachette éditeur, 1992.

9 Selon Wikipédia, En Iran : 99% de musulmans (89% Chiites, 10% sunnites), Baha’ïs (0,5%), Chrétiens (moins de 0,4%), Juifs (0,04%) ; Au Maroc en 2009 : 98,7% de musulmans, 1,1% de chrétiens et 0,2% de juifs.

10 Selon Wikipédia, au Liban : 59,7% de musulmans, 39% de chrétiens, et 1,3% d’autres confessions.

11 En Turquie : 65% de musulmans, 10% de chrétiens et juifs ? %, www.istambulguide.net; « les religions en Turquie »

12L’instrumentalisation de la religion par le politique pour remplacer l’identité d’un peuple par une autre extérieure est un comportement raciste qui doit être condamné par tous les démocrates. Il est un génocide culturel et identitaire.

13Mr Mohamed Abd El Jabri dans son livre : «éclairages sur le problème de l’enseignement au Maroc » affirme ce qui suit : « L’opération d’arabisation globale ne doit pas viser uniquement la disparition du français en tant que langue de civilisation, de culture et de communication, mais également –et ceci est d’une importance capitale- la liquidation des dialectes berbères », in Plate forme : Option Amazighe op cité.

Mr Abdelhadi Tazi annonce devant ses frères arabes d’Orient à l’occasion de la conférence de l’Union des Académies de la langue arabe, tenue à Rabat en novembre 1984 : « Si je devais résumer la réussite accomplie dans le domaine de l’arabisation durant le dernier quart de siècle de la vie du Maroc moderne, je conclurai par ces quelques mots : le progrès réalisé par le Royaume du Maroc depuis le retour de Mohamed V de son exil, dépasse de loin ce qui a été accompli durant des siècles de l’histoire du Maroc, depuis sa conquête par Oqba Ibn Nafi’e », in Plate forme : Option Amazighe op cité.

14Il est vrai, au début de sa naissance, le mouvement amazigh revendiquait principalement la reconnaissance officielle de la langue amazighe comme langue à part entière, car elle constituait une composante fondamentale dans l’environnement socioculturel marocain. De ce fait, il appelait à sa promotion par son enseignement à tous les marocains, et sur tout le territoire national, au côté de l’arabe, du français et des autres langues. Réaction légitime pour dénoncer, d’une part, une politique de marginalisation et de non reconnaissance par l’Etat, puis lutter, d’autre part, contre les thèses des théoriciens pan arabistes marocains qui appelaient ouvertement à son éradication systématique dans la société en attendant sa mort définitive.

15La langue est une production intellectuelle de l’intelligence humaine. Sa naissance a exigé des centaines sinon des milliers’années. Elle n’est pas donnée une fois pour toutes. Elle évolue et s’améliore avec le développement des conditions de vie des hommes, la complexité des problèmes rencontrés et résolus etc. Elle joue un rôle prééminent dans la construction d’une communauté culturelle et de la personnalité de ses individus.

Worf (1956) soutient que «la langue, celle que nous avons apprise dans notre communauté de naissance et d’éducation, structure notre vision du monde, notre comportement social. Elle prédispose notre façon de prendre les problèmes et notre comportement face à l’action». In J.C. Usunier, « Commerce entre cultures, une approche culturelle du marketing international » ; PUF, 1992.

16 Abstraction faite de sa structure, sa syntaxe, et une partie de son lexique qui sont empruntés à la langue amazighe.

17La darija selon les linguistes n’est pas l’arabe).

18Groupe de l’option amazighe ; « Plate forme : Option Amazighe », publié le 1erYennayer 2957 / 13 Janvier 2007. 

19Le terme terre est entendu dans le sens du territoire. Celui-ci est d’une importance exceptionnelle. Il a de fortes implications économiques car, comme le comprend bien le monde occidental, la terre a tout à voir avec la production : l’agriculture, l’élevage, le bois, les ressources naturelles. Mais pas seulement cela….. Le territoire, c’est la racine, c’est de là d’où tout émane, c’est la mère et c’est notre lieu d’appartenance. «  La terre, notre mère, c’est celle qui nous abrite, qui nous donne à manger, qui nous donne la nourriture. La terre, ce n’est pas un commerce », In The Narco News Bulletin (http://www.narconews.com), 11 janvier 2007.

20 N. Sarkozy estime que l’«identité nationale française est constituée notamment par le rapport singulier des français avec la terre… ; la France a un lien charnel avec sa terre» dans « l’identité nationale et la terre », discours sur le plan d’aide à l’agriculture, 14 Novembre 2009, Voir wat.tv.

21Par contre tous les amazighes, arabes, turcs, espagnoles, sénégalais, gabonais ou autres qui, pour des raisons économiques et politiques, sont obligés de vivre momentanément sur le territoire français ne sont pas des français. Ils sont des immigrés, des exilés ou des réfugiés.

22MmeMounaHachim,  «  Identité amazighe : Les arabophones sont-ils Arabes? », dossier chronique d’hier et d’aujourd’hui du journal l’Economiste n° 3424 du 14/12/2010.

Elle dit ce qui suit : « En somme, l’amazigh est une composante si fondamentale de notre identité marocaine (et maghrébine) que nous tous, amazighophones et arabophones, devons mener un combat commun afin de voir triompher des causes identitaires et culturelles légitimes, sans que la justesse des revendications ne fige notre pensée critique, ni ne nous fasse avaliser la moindre forme de cloisonnement et de clivage ». Elle reconnait l’existence de causes identitaires, c’est à die en fait l’existence de plusieurs identités.

23 Mohammed VI, Roi du Maroc, discours du 9 mars 2011. Traduction officielle.

24Sauf les cas de colonisations ayant totalement exterminés les peuples autochtones. Et ceci est un autre sujet qui ne fait pas l’objet du débat.

25 Noms des régions, des villes, des villages, des oueds, des montagnes, des plaines etc.

26Pour plus de détails, voir Plate forme amazighe, op cité.

27 M’rrakech signifie en tamazighte : Ammour n Kouch qui veut Terre de Dieu (Ard Allah).

28Nous sommes plutôt dans un modèle de peuple à identité unique mais divisé entre plusieurs pays : Maroc, Algérie, Tunisie, Lybie, Mauritanie, Egypte (Siwa), Mali (Itarguiyen), Niger (Itarguiyen), Espagne (îles canaries) etc.  

 

 

 

 

 

 

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