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تقرير عن أسبوع أمود

 

 

 

Aîcha Heddou, Le témoin de l’ultime combat de Zaid Ouhmad

Par: Zaid Ouchna

 

Aicha Heddou était la femme de Mouha Ouhemmou des Ayet Oumesri. Elle est née à Tana et issue du groupe des Ayet Merghad la fraction des Ayet Mesri. Elle est la sœur de Addi Heddou, l’homme avec qui Zaid Ouhmad a eu des altercations qui ont conduit à sa dénonciation. Comme toutes les femmes Timazighines de cette contrée, elle a été élevée conformément aux valeurs régies; c’est à dire la décence et le sens de l’honneur. Toutes les femmes mariées Ist Merghad ont une coiffure particulière qui les distinguait nettement: Ikherban. Elles entrelacent leurs cheveux davantage sur leurs oreilles et forment avec chacune des deux paillets une sorte de macaron. Puis, elles enserrent ces deux boutonnières dans leurs foulards en général de couleurs rouge et jaune. Cette coiffure ne se rencontre que dans ce groupe social. Les Ist Merghad ont toutes sur le visage un tatouage bien composé d’une double ligne pointillée qui va du milieu de la lèvre inférieur à la pointe du menton. On l’appel Tagezzayet. Par-dessus leurs vêtements, généralement colorée, les femmes portent une sorte de dalmatique dit Aäban, fait d’une pièce rectangulaire de dentelle ou d’étoffe fine fantaisie, fixée au niveau des deux épaules par des fibules en argent: Tiseghwnas. Elles se drapent d’une étoffe de laine sillonnée des lignes rouges, blanches et noirs, ces couleurs symbolisent le groupe des Ayet Merghad, et dit: Abizar. Elles ne se voilent jamais, elles sont coquettes et portent des fibules en argent. Elles portent des bracelets et se parent de tous leurs colliers lors des fêtes; des mariages principalement. La division du travail ici se fait par le sexe, les taches de la femme sont réparties à l’intérieur comme à l’extérieur de la maison; quant à faire la guerre, sa charge revient exclusivement à l’homme.

Aicha Heddou, comme toutes les femmes du bourg, est issue de cette atmosphère culturelle qui l’identifie. Elle était volontaire, pleine d’énergie et fougueuse. Elle avait du courage à en vendre aux hommes.

C’est en compagnie de son mari Mouha Ouhemmou qu’elle avait fait avec Zaid Ouhmad son dernier voyage. Elle a été présente lors de sa mort dans la maison des Ayet Ouhessou à Tadafalet alors qu’elle était enceinte. Elle a eu son fils Bassou à la prison de Tinghir. Elle a pu survivre, finalement, jusqu’à la fin des années quatre vingt dix. C’est à la ville de Rich ou j’ai pu la rejoindre avec ses fils Bassou et Heddou. Elle a eu ce dernier de son deuxième mariage.

Son affirmation a été recueillie par voie de question réponse.

Question:

-Tu es de quelle fraction du groupe des Ayet Merghad?

Réponse:

-La fraction des Ayet Mesri.

Q:

-Tu te souviens de ce voyage que tu avais effectué en compagnie de ton époux et de Zaid Ouhmad?

R:

-C’est comme si c’était hier! Le défunt (Mouha Ouhemmou) m’avait donné rendez-vous à une source d’eau qu’on appel Taghbalout n Ayet Âtta. Elle est sur une colline non loin de Tana.

Q:

-Pour aller à cet endroit, qui t’accompagnait?

R:

-Je n’étais avec personne, j’étais toute seule!

Q:

-Quand tu es arrivé à Taghbalout, qui t’attendait?

R:

-Mouha Ouhemmou et Zaid Ouhmad.

Q:

-Tu connaissais antérieurement Zaid Ouhmad?

R:

-Il était le camarade de mon époux et il mangeait souvent à la maison chez nous.

Q:

-Tu n’avais pas d’enfants à ce moment là?

R:

-Bassou était dans mon ventre et j’étais relativement jeune!

Q:

-Ils t’avaient prévenu que vous devriez partir?

R:

-Ils avaient prédit que nous allions partir à Tinghir chez les Ayet Ouhessou. Mouha Ouhemmou voulait que je reste là-bas jusqu’à ce que je mette mon bébé au monde à fin d’éviter des enquêtes et des tortures des militaires.

Q:

-Combien de temps aviez-vous mis pour arriver à Tinghir?

R:

-Nous ne sommes pas partis tout à trac, nous avions passé tout un délai à la montagne particulièrement au mont Baddou.

Q:

-Qu’est ce que vous aviez comme bagages?

R:

-Nous avions de la farine, des musettes de poudre pour les armes, des gourdes pleines d’eau et le matériel pour faire du thé.

Q:

-Et vous déambuliez?

R:

-Oui, nous sommes partis d’abord pour Baddou ou nous avions trouvé refuge près d’un point d’eau. Nous avions tout ce qu’il nous fallait car Zaid Ouhmad avait des réserves de toutes sortes sur les lieux.

Moi, je restais sur place pour préparer le manger; pendant ce temps, ils font des sorties nocturnes dans l'intention d’accomplir leurs charges dans les environs.

Un jour, alors que j’étais derrière le feu pour faire le pain, quand soudain une patrouille de goumiers en file indienne venait dans ma direction. Ils avaient des armes accrochées par des bretelles sur les épaules. Dés qu’ils m’ont bien distingués, ils ont tous, mis leurs armes sur la largeur de leurs épaules à la manière que fait du bâton un berger. Ils m’ont salué à la manière locale sans plus; puis à quelques mètres de moi, ils remettaient leurs fusils à la position initiale!

Q:

-Ils t’avaient reconnue?

R:

-Je ne sais pas. Ils étaient de la région c’est certain.

Q:

-Tu avais mis au courant Mouha Ouhemmou et Zaid Ouhmad?

R:

-Je leur ai dit ce qui s’est passé et ils m’avaient répondu qu’ils ont tout vu!

Q:

-Après ça, vous aviez quitté les lieux?

R:

-Oui, nous avions fait un détour de quelques jours à Igwdman. C’est pendant cette période qu’ils ont attaqué les militaires à la route de Tinejdad et après nous sommes repartis à Tinghir.

Q:

-Dans quel bourg vous avez descendu quand vous êtes arrivés?

R:

-Nous avions passé la première journée dans la maison de Ouzayd à Ayet Châib et à la nuit tombée nous nous sommes rendus à Tadafalet.

Q:

-Qui vous a indiqué la demeure des Ayet Ouhessou?

R:

-C’était Houssa Dani; le frère de Hka Dani la femme de Ouzayd, qui nous a guidés jusqu’à l’endroit. Ouzaid lui, était à ce moment là précis en prison.

Q:

-Vous l’aviez trouvé déjà incarcéré?

R:

-C’est ce qu’on nous a dit à ce moment là; mais en réalité, il n’a pas voulu dénoncer Zaid Ouhmad et les militaires l’ont assassiné dans sa cellule à l’instant même ou nous étions chez lui. Ce jour là également, nous apprenions l’arrestation de Said Ouhmad à la prison d’Assoul.

Q:

-Vous aviez trouvé finalement la maison des Ayet Ouhessou à Tadafalet?

R:

-J’ai trouvé auprès de cette famille mon deuxième foyer. Je respirais mieux aux cotés de la mère. La défunte était aveugle et nous nous sommes aidés mutuellement. Leur demeure était en construction; il n’y avait que deux chambres seulement qui avaient un toit et une seule portière; celle de l’entrée. Les hauts palmiers de l’extérieur surplombaient carrément l’intérieur de la maison.

Q:

-Alors qu’ils étaient quatre, est ce qu’ils font des sorties pour attaquer les militaires ensembles?

R:

-Oui, mais je ne savais pas tout. Je savais par contre que Zaid Ouhmad faisait des allées et retours à Tamtettouchte. J’étais au courant que les habitants d’Aghbalou les avaient priés tous les quatre de ne plus venir chez eux car ils auraient perdu beaucoup d’hommes à cause de Zaid Ouhmad!

Q:

- Tu avais passé combien de temps chez les Ayet Ouhessou?

R:

-J’ai passé moins d’un mois!

Q:

-Tu as été présente lors de la fusillade qui a procréé leur mort?

R:

-J’étais témoin de leur mort!

Q:

-Comment as-tu su que les militaires encerclaient la maison ou vous étiez?

R:

-Le matin nous entendions appelé: Mouha Ouâli! Mouha Ouâli! La mère leur répondait qu’il n’était pas là. D’un coup de brodequin, ils enfonçaient la porte et deux hommes du genre européens se pointaient au pas d’entrée. Zaid Ouhmad, du haut de l’escalier, les descendait tous les deux sur-le-champ et leurs cadavres gisaient sur le sol. C’était des hommes blancs et rouges, très grands avec de larges épaules. Aussitôt, la fusillade commença, les coups partaient de partout et les impacts des balles résonnaient sur les murs en puisé.

Ils y avaient beaucoup de gens qui tiraient de l’extérieur car les coups venaient de tous les cotés de la maison et même des francs tireurs étaient sur les palmiers géants qui surplombaient les lieux, c’est de là où venait le coup fatal qui a tué Zaid Ouhmad. Il tomba du haut de l’escalier pour arriver en bas à la première marche; c’est à dire juste devant mes pieds. Je l’enrôlais dans l’Abizar alors que je savais qu’il était décédé.

Q:

-Et les autres?

R:

-Mouha Ouâli et Mouha Ouhemmou se sont jeté hors de la maison pour essayer de gagner le désert. Bssou était blessé au visage, même au bout de ses forces il voulait encore tuer en moins un militaire. Le sang masquait carrément sa vue; et il a pris quand même garde à l’entrée. Quand les militaires dehors ont fini par tuer les deux Mouha, ils sont revenus pour inspecter la maison. L’un d’eux entrait avant les autres, et sans attendre Bassou lui tira dessus et le tua. Addi Outtaleb était là et criait aux autres: « - Il y a encore quelqu’un qui tire derrière la porte! ».

- Q:

-Au cours de cette hécatombe ou était la mère des Ayet Ouhessou?

R:

-Elle était tout le temps collé sur moi et pleurait les martyrs!

Q:

-Pour vous les femmes, ils ne vous ont pas fait du mal?

Q:

-Quel autre mal resterait-il? J’aurai préféré, et de loin, mourir à ce moment là avec eux!

Q:

-Pourquoi?

R:

-Je n’ai plus vu par la suite que la bassesse et le déshonneur de ce que reste des hommes!

Q:

-Qu’est ce qu’ils ont fait des cadavres de Zaid Ouhmad et ceux des autres?

R:

-Je ne sais pas ce qu’ils ont fait d’eux par la suite. La mère et moi, nous étions incarcérés à la prison de Tinghir. Quelques jours plus tard, j’ai été transférée dans un hôpital militaire pour mon accouchement. J’avais supplié, j’avais hurlé et j’avais imploré pour que j’accompagne la vieille avec moi, même pour la mort s’ils le veulent! Elle était aveugle et n’avait plus personne d’autre que moi; mais les militaires ne voulaient rien savoir. C’était des monstres sans aucun scrupule.

Q:

-Quand tu avais quitté l’hôpital, ils t’ont renvoyée en prison?

R:

-Trois jours après mon enfantement, Ils m’ont transférée à la prison d’Assoul. Ils m’ont mise dans un véhicule militaire jusqu’à Ayet Hani ou j’ai passé la nuit à la prison. Le lendemain matin, un goumier m’a emmené sur le dos du mulet pour le pénitencier d’Assoul. Le pire c’est que j’avais un bébé affamé qui pleurait tout le temps car ils ne m’ont rien donné à manger depuis la chambre de l’hôpital.

Q:

-Qu’est ce qu’ils t’ont dit lorsque tu es arrivé à Assoul?

R:

-Le capitaine Rey dit « Henry » m’avait affirmé qu’il n’avait rien à faire avec des femmes dans sa prison, et dés que les choses seraient calmées, il me libérerait! Je lui ai répondu sans attendre: « Rien ne reste plus de rien! ».

Q:

-Ils t’avaient maintenue longtemps à la prison d’Assoul?

R:

-Mon bébé et moi avions passés plus de cinq mois!

Q:

-Il y avait d’autres femmes à la prison?

R:

-Il y avait également, et même avant que je vienne, la femme de Mouha Ourehhou. Elle aussi, son mari a été tué pour la question de Zaid Ouhmad.

Q:

-Mouha Ourehhou était-il un des compagnons de Zaid Ouhmad?

R:

-Je n’en sais rien.

Q:

-Durant cette période, est ce qu’il y avait d’autres hommes en prison détenus pour cette raison?

R:

-Il y avait justement Said Ouhmad Outararout! C’était lui d’ailleurs qui a nommé mon fils Bassou!

Q:

-Après ta libération, tu as retrouvé Tana, comment étaient les gens avec toi?

R:

-J’ai retrouvé ma maison et aussi ma vache chez les habitants. Beaucoup parmi eux se sont comportés en Amazigh et venaient à mon secours par l’intermédiaire du vrai Amghar Ousekkou. Il y avait d’autres lâches qui me confondaient avec le diable!

Q:

-Il y avait aussi des traîtres?

R:

- J’ai éprouvé les préjudiciables phases de toute ma vie après ce qu’ils ont appelé la délivrance; j’ai été au contraire méphistophélique par les apôtres et j’avais l’œillade du sycophante tout le temps braqué sur moi!

Le pays s’est vu renversé la tête depuis la guerre de Baddou. Les traîtres sont travestis en combattants et les angéliques sont devenues des persona non grata! Personne dans ce pays ne m’a jamais demandé mon témoignage avant ce jour (le 8/août 1996) et personne n’a voulu rien savoir sur ce qui s’est réellement passé! Pourtant, depuis 1936 j’étais l’unique présente des événements de Tadafalet! Le peuple a plutôt opté pour une seule manne: le mensonge!

 

 

 

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