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Une justice pour imazighens

Par: Anarouz SAADANI - Khénifra

 

Des audiences routinières se succèdent au Tribunal de la Famille à Khénifra sur lequel les problèmes familiaux et conjugaux déferlent de façon inquiétante. Dans le parquet, le juge, soutenu par l’huissier et les greffiers, fait passer un énorme tas de dossiers d’une main nerveuse et appelle à chaque fois les suivants à comparaître.

L’attention de la salle fut attirée par un français confiant et serein qui est venu se présenter pour une affaire conjugale. Le juge qui devait ressentir le poids de l’obligation morale de rendre un jugement équitable fait appel à un interprète pour accomplir son devoir de façon irréprochable. Il est face à un étranger qui pourrait être un danger potentiel ou un curieux à l’affût des maladresses d’une justice accusée d’injustice. Face à cet étranger, il fait montre d’une bienveillance ostentatoire et d’une sollicitude loyale qui porte à croire que dans ce pays la dignité humaine est sacrée et mérite l’attention du magistrat, et du médecin et tout homme ou femme ayant une responsabilité professionnelle, morale ou civique.

Mais le masque de loyauté s’est rapidement brisé par maints endroits juste après la comparution du français. Lorsqu’une femme berbère s’est présentée immédiatement devant le même juge, la morosité regagna le visage de celui-ci et la tension monte d’un cran lorsqu’il a découvert que la plaignante ne parle que le tamazight. Le public, majoritairement amazigh s’ingénie de réprimer son mécontentement dans un nuage de voix confuses. Pour sortir de l’embarras, le juge assomma la plaignante de quelques questions que celle-ci ne comprenait pas. Le seul souci de cette femme est d’expliquer l’objet de sa plainte croyant que cette justice qui détient le sort de tous, est capable de sonder la profondeur de son malheur et de lui donner raison. Il n’en est rien, sa voix reste inaudible. Elle ne mérite ni interprète ni attention. Le juge a bredouillé quelques phrases au greffier et a fixé une autre date au jugement que la plaignante n’a pas saisi. Elle a rejoint, la mort dans l’âme, la porte de sortie sur les injonctions menaçantes de l’huissier qui n’était soucieux que de sauver les apparences.

Le cas de cette femme berbère n’est pas unique, n’est pas le premier ni le dernier. IL incarne le drame de tous les imazighns qui n’ont pas d’institutions qui les protègent contre l’injustice, les violations de leurs droits et toutes les affres de l’existence. Doit-on avoir besoin d’apprendre la langue de l’autre ou chercher un interprète pour recouvrer ses droits, se faire soigner et être traité comme un être humain à part entière lorsqu’on est chez soi ? Doit-on remettre en cause sa langue et son identité et se réfugier dans la peau de l’autre pour être un vrai citoyen jouissant de ses droits? Qu’en est-elle une cette justice qui étouffe la voix de ceux ou celles qui s’y rendent parce qu’ils se sentent lésés et victimes?

Chaque amazigh doit examiner avec angoisse la misère de son existence chaotique dans ce pays où il n’avait jamais connu un instant de pitié et où on ne lui accorde même pas la dignité de mourir. Pour les imazighns, recourir au tribunal, à l’hôpital ou se rendre dans les locaux de la gendarmerie et de la police, c’est s’aventurer dans un labyrinthe obscur et terrifiant. On est toujours suspect d’un crime congénital commis on ne sait quand ni où, on se sent traqué et obsédé par le spectre de la culpabilité.

L’amazigh n’est pas à l’abri de l’insulte, de l’humiliation et de ce sentiment d’abandon et de déréliction. Il est condamné à refouler sa colère, son amertume et ses déboires d’homme errant et à intérioriser le mépris de soi et les nouvelles évidences qui le réduisent à un être dépendant de la volonté des autres.

Le beau vieux temps est révolu, celui où la femme amazighe lésée recourrait avec confiance et sérénité à l’izerf établi par les siens et par la sagesse ancestrale pour réparer tout préjudice subi, celui où elle s’exprime dans sa langue et selon sa culture qui ne fait pas d’elle un être handicapé ou débile. Elle est précipitée, tout comme les siens, dans un abîme, où elle ne se reconnaît plus, celui des lois qui, à ses yeux, sont absurdes parce qu’elles lui font plus de mal que du bien, celui où des fonctionnaires de la justice ou de l’administration l’enlise un peu plus au lieu d’alléger ses peines et ses misères. Les nuits de ses mêmes fonctionnaires ne seraient jamais hantées par le spectre de l’innocent parce qu’ils appellent mission, devoir ou responsabilité le fait d’humilier, d’insulter ou même d’incriminer sans raison celui ou celle qui n’est pas allé aux cours d’alphabétisation pour pouvoir se présenter devant le juge ou consulter le médecin.

C’est la guerre la plus douce qui vise à faire régner la langue et la culture arabes sur les esprits et les mœurs, à anéantir le lyrisme révolté des imazighns et imposer une nouvelle discipline sociale basée sur la soumission et la vénération de tout ce qui provient de l’orient.

 

 

 

 

 

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