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  2005

(Décembre  2005)

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 HAMMU OULYAZID ET ALI KHADAOUI CHEZ LES ZEMMOURS
Par: RACHID FETTAH (Khemisset)

Dans le cadre des activités associatives ramadanesques, la section d’AZETTA réseau amazigh de Khemisset a organisé une rencontre-débat autour de la poésie amazighe à travers le modèle de HAMMU OULYAZID.
A cette manifestation littéraire, Mr ALI KHADAOUI était l’invité de choix pour intervenir à ce sujet cher pour lui, le parcours artistique du grand maître HAMMU OULYAZID: l’homme et l’œuvre.
Les deux hommes, quoique, n’appartenant pas à la même génération, avaient parcouru deux itinéraires qui s’entrecroisent en de nombreux lieux. Le premier, n’est plus, est un grand ANAZUR, poète, parolier et chanteur; quand au second, c’est un fin chercheur, anthropologue de formation et passionné fou des beaux vers des premier Aèdes, INCHADEN? Ces maîtres incontestés de l’art de la joute verbale, ce genre poétique qui faisait l’exclusivité et la singularité dans la tradition orale chez IMAZIGHEN.
HAMMU OULYAZID est originaire de AIN LOUH, petite localité devenue célèbre par son mégaspectacle qu’offre à voir le festival annuel d’AHIDOUS, alors que Mr KHADAOUI, il est natif de la petite commune d’AJDIR , aux environs de la capitale des IZAYAN , et AJDIR aujourd’hui est ce lieu symbole du souffle mélioratif de l’Amazighité. Ce sont là deux hommes et deux vécus superposés, profondément enracinés dans l’imaginaire collectif des populations du moyen ATLAS, cette région berceau de la «flamme berbère». C’est à la fois le cœur battant, univers idéalisé et cadre naturel constituant un immense amphithéâtre qui abrite «coins et recoins»d’une beauté magique et source d’inspiration créatrice, à savoir, des sites et des paysages permettant à l’homme de vivre sa pleine liberté et son naturalisme absolu: les cédraies, AARI, WIWAN, IGLMAM, IGHBULA, ASSIF-N-UMRBIA… et les innombrables cascades sauvages. Et c’est là où INCHADEN (premiers trouvères semi_ professionnels) et IMDYAZEN (troubadours à plein temps) vont pour extraire leur matière poétique brute. A ce propos, l’exemple de la célèbre poétesse d’AGHBALA , TAWAGRALT N-AIT SUKHMAN et de l’illustre maestro MOHA OUL HOUCINE ACHIBAN en dit beaucoup. Alors, c’est à l’image de cet état d’osmose Homme/nature que le poète HAMMU avait composé ses inoubliables ISSFRA? Ces eaux vives d'un ruissellement poétique intarissable.
Contrairement aux jugements infondés qui réduisaient l’art poétique AMAZIGH à la simple fonction de divertissement, de jouissance et de loisirs bas, cet art majeur est le miroir brisé des souffrances et des «blessure de l’oubli» qui dominaient et opprimaient la condition humaine de cet éternel errant qu’est l’être AMAZIGH, et le genre de TAMAWAYT en est la plus manifeste illustration. Alors, marqué jusqu'à la plus fine particule de son imaginaire par les empruntes poétiques du grand maître HAMMU OULYAZID et ses prédécesseurs, ALI KHADAOUI n’était, nullement, avare pour partager sa sincère admiration à ce poète dont l’œuvre ne cessait de conquérir un large auditoire. Et c’est avec un grand cœur généreux qu’il avait conté et raconté le parcours artistique de cet AMDYAZ exceptionnel, celui dont la vie coïncide avec une époque traversée et marquée par les hauts faits de la résistance des IMAZIGHEN face à l’armée coloniale. Et comme couverture narrative à ces évènements historiques, l’art de composer TIMDYAZIN faisait œuvre et support de soutien et d’appui, voire une référence extra champs de bataille où les guerriers puisent courage et endurance.
Dans ce contexte, bon nombre de textes poétiques se sont tissés autour des batailles menées par le fameux MOHA OUHAMMOU AZZAYI. Outre son engagement à côté de l’armée de résistance, tout un florilège de TAYFARIN, d’IZLAN, de TIMAWAYIN et de TINDYAZIN ne cessaient de célébrer jusqu'à nos jours "AMARG" et "BADDAD", deux expressions de la sincérité amoureuse des IMAZIGHEN. Ce qui demeure fort éloquent lors de cette rencontre avec Mr KHADAOUI, c’est la rigueur du chercheur doublé par la spontanéité du poète qu’il est, puisque lui-même doué d’une capacité infaillible de mémorisation et de récitation , suite à quoi une infinité d’IZLAN et d’ISSFRA se sont jaillis de sa bouche dans une fluidité extraordinaire, des morceaux quasi inédits de cette littérature orale qui risque de se perdre à jamais, d’où l’idée adoptée par le chercheur qui s’est donné la tâche de collecter et de répertorier tous les genres poétiques, héritage collectif, qui globalise, homogénéise et uniformise tous les AMAZIGHOPHONES, car, il considère cette chaire poétique comme l’unique remède thérapeutique qui puisse renouveler le souffle de vitalité dans le corps convalescent de l’AMAZIGHITE, ce corps traumatisé sous l’impact des attaques dues aux électrochocs idéologico-politiques.
D’un côté, tout un chœur à voix furibondes vociférant pour une vraie chasse à l’AMAZIGH, voire, une horde de monstres politicards qui, alergicophobes à l’amazighité, hurlaient énergiquement à visage découvert pour que imazighen cessent de réclamer plus de justice et plus de droit à la reconnaissance constitutionnelle de leur identité linguistico-culturelle. OR, le dernier de ces hurlements monstrueux fut celui du sacré-saint commandeur de la caste istiqlalienne. De l’autre coté, une frange de soit disant militants amazighs qui étaient soumis, des décennies durant, à un processus de desidentification socioculturelle programmée au point de rompre avec la filiation symbolique et affective à leur langue-culture mère, ce sont les derniers nostalgiques des idéologies fanées, des victimes laissées exposées, sans immunisation aucune, face aux ravages des agents démagogènes porteurs de germes phagocytaires de l’arabobâatisme. Ils constituent dans l’ensemble une petite poignée d’adeptes d’un marxisme-léninisme dans sa mauvaise version arabobaâtiste. Alors n’étant pas reconnus à travers TIMDYAZIN et les beaux ISSFRA de Hammu oul yazid, ils étaient les premiers à prendre congé, avant terme, de la rencontre, car, surintoxiqués, démagogiquement, par des doctrines importées, ils se sont sentis dépaysés. Donc hormis cette unique fausse note, en parlant amplement de la carrière artistique de «l’artisanat d’ISSFRA» qu’était Hammu oul yazid, ALI Khadaoui a bien ciblé son objectif, il a réussi à ébranler le pathos d’un auditoire avide à la magie du mot et à l’alchimie du verbe en Tamazight. L’intervention de MR. Ali Khadaoui vient à son point nommé, car, il a bel et bien fais en sorte que des consciences s’éveillent et que notre attachement au patrimoine ancestral se conforte.
En guise de bilan, la rencontre autour de la vie et l’œuvre de HAMMU OULYAZID s’avère une vraie plongée au fond «d’ISSAFEN GHBANIN» (rivières profondes) non pas à la manière de Michael Pyron, mais plutôt à la façon d’un enfant du pays dont l’existence s’enracine dans les profondeurs du sol socioculturel sur lequel cette semence poétique s’est éclose, un chercheur infatigable qui s’investit affect et intellect pour restaurer l’héritage ancestral, et ceci en compilant l’ensemble d’IZLAN, de TIMDYAZIN et de TAMAWAYIN dispersés par ci et par là, tel que des éclats d’une mémoire collective. Heureusement des voix toujours vivaces, comme celles de Rouicha, de Meghni, de Chrifa et de Hadda Ouakki, pour, ne citer que ces quatre noms symboles, continuent de souffler âme et vie dans le répertoire inépuisable de TAMDYAZT des premiers poètes AMAZIGHS.
 

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