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L’apport de la revendication amazighe à la démocratisation culturelle au Maroc.

Par: AZIZ CHELLAF

La démocratie a un lien solide avec le peuple. Toute démocratie s’identifie en rapport avec celui ci. Un gouvernement démocratique est un gouvernement fait par et pour le  peuple. Cela dit que le gouvernement doit incarner obligatoirement la volonté de ce peuple et l’exprimer dans sa diversité. L’identité de celui ci doit être promue et prise en considération dans toute politique publique, sinon ce gouvernement s’écarte de la réalité de ce peuple et de ses aspirations.

Cependant, l’identité s’elle est fort mobilisée et manipulée peut conduire à l’intégrisme. Mais, si cette thèse est admise il est aussi vrai que considérer des citoyens comme des êtres abstraits sans tenir compte de leur culture, de leur langue... peut aussi aboutir à une forme d’oppression. Dès lors, la revendication identitaire peut conduire à une démocratie, si elle réussit à affirmer une reconnaissance des êtres humains tels qu’ils sont réellement avec des droits collectifs qui en résultent, pourvu qu’elle met au devant une ouverture vers les autres. C’est à dire mettre à l’écart toute forme d’extrémisme ou de rejet de l’autre.

Pour une nation plurielle.

Comment parler d’une pluralité et en même temps de la nation puisque celle ci suppose que l’ensemble soit homogène? Et est ce qu’il n’y a pas une contradiction dans tout cela?  Mettre au devant une pluralité ne signifie pas rompre avec le concept de l’Etat-Nation. Il s’agit de le percevoir sous une autre approche qui prend en considération les réalités authentiques. Ainsi le territoire ne peut être que cet espace traditionnel dans lequel nous sommes condamnés à vivre ensemble. Par contre le concept de la nation doit être précisé d’avantage dans sa signification. On n’est pas de toute façon loin de la conception traditionnelle admise jusqu’alors. Seulement, le concept de la nation en général mérite une extension pour bien répondre à la réalité qui est la notre. Ainsi, quand on dit la nation marocaine cela veut dire un ensemble d’individus liés par des liens particuliers. Combien de liens faut-il pour parler d’une nation. Peut être un seul suffit: le besoin de vivre ensemble car l’essentiel ici n’est autre que ce sentiment de solidarité des individus qui vivent dans des limites bien fixées. Plus loin même, on peut dire que c’est le territoire qui est fort déterminant dans tout cela. C’est lui qui détermine l’existence d’une nation. Ce n’est qu’à partir du moment où une collectivité appartient à un territoire qu’il convient de chercher les liens qui regroupent cet ensemble pour parler d’une nation. Ainsi par exemple avant 1975 lorsque le Maroc revendiquait son territoire dans ses limites historiques, c’est à dire s’étendant au delà de la Mauritanie, la nation dans ce cas s’identifiait selon des éléments certainement plus limités que ceux en oeuvre actuellement pour prendre en considération les populations de ce vaste territoire. En somme, le concept de la nation apparaît un peu élastique en fonction du territoire de référence. Ainsi combien de peuples aujourd’hui se trouvent éparpillés entre plusieurs territoires selon le tracé des frontières hérité du colonisateur alors qu’en réalité ils forment une nation unique au sens actuel du terme. Il est aussi vrai que les divisions arbitraires du colonisateur, selon les forces du moment, ont condamné des êtres différents à vivre sous un territoire unique.  Cela nous conduit à se demander alors sur la définition de  cette nation, et de voir s’il y a une acception capable de reconnaître tous les individus malgré leurs différences puisque un territoire ne correspond pas systématiquement à une nation. Autrement dit, y a t il une approche de la nation permettant de trouver un point de rencontre entre ces différentes composantes sans une altération de notre environnement commun pour permettre une vie paisible au sens large du terme?

Deux définitions sont avancées en droit pour définir ce concept. D’abord la conception subjective selon laquelle une nation est constituée des êtres humains liés par des liens communs tels que la langue, la religion, l’histoire....; et la conception objective, en l’occurrence la plus démocratique, consistant à avancer la nation comme le vouloir vivre collectif. Cette dernière conception est effectivement la plus démocratique car elle permet à chacun d’intégrer à tout moment le groupe. Elle reconnaît aussi à tout le monde de vivre sa différence sans être loin de la collectivité à la laquelle il se sent attaché. Par ailleurs, avec les autres ensembles auxquels nous nous sentons liés on peut se rejoindre dans d’autres formes de regroupements tels que des unions économiques régionales pourvu que la construction soit basée sur ce vouloir «s’unir ensemble», signe de reconnaissance des êtres différents à la base.

Le droit à une continuité par l’enseignement.

Le droit de se voir enseigner sa langue maternelle est un droit fondamental garanti par les textes internationaux. La continuité d’une communauté linguistique ne peut être assurée si un enseignement, digne de ce nom, n’est pas dispensé. On a attendu malheureusement que des pays étrangers nous donnent l’exemple à suivre. En effet, en Europe on a pris le soin de répondre aux revendications des populations immigrés avec une dispense d’un enseignement de tamazight dans des écoles en sachant que cela permettra de réaliser une intégration de ces populations et d’éviter leur radicalisation. Par contre, dans le pays d’origine de cette population, on continue d’ignorer ce droit fondamental garanti par des textes internationaux que la constitution a intégré dans le droit positif marocain. L’exemple nous été donné de l’extérieur avant de l’appliquer dans notre cas quand il s’est avéré avec un grand retard que cela n’a rien de contradictoire avec les intérêts nationaux et surtout après avoir rendu compte d’un crime longtemps perpétré contre des innocents qui demandent un de leurs droits le plus fondamental.

La revendication amazighe ne fait que des demandes légitimes dans la mesure où elle se réfère au peuple comme sa base revendicative. Ainsi, il est de devoir de tout gouvernement de servir les attentes de ce peuple dans toutes ces composantes. Son action doit partir de la réalité de celui ci et non pas d’un mythe pour fabriquer la réalité voulue à celui-ci. Si nous faisons ainsi, nous partons des projets programmatiques qui fixent ce que doit devenir ce peuple dans le futur et non pas de promouvoir sa réalité. Incarnant cette volonté mythique, la conception panarabiste ne répond pas à la réalité de ce peuple. Si elle est appliquée au machrek c’est pour une raison qui le concerne. Et surtout, qu’est ce que ces politiques de panarabisme ont apporté au machrek, en termes de prospérité et de démocratie, pour nous les importer? Qu’est ce qu’ils ont dans ce projet colonial promu pour éclater du dedans l’empire ottoman avec le soutien des chrétiens arabes, les premiers pionniers de ce courant? Ceux ci ont vu dans la question arabe une base d’embrigadement, une idée plus sûre que la religion islamique. Aujourd’hui, leurs postes des décideurs dans le monde arabe les doivent à ce sens d’embrigader autour de cette question, une chose que leur force démographique dans ce monde ne leur procure pas. En effet, forts de leur formation dans les écoles étrangères grâce au soutien des européens notamment, ils soutiennent des dictatures minoritaires dans ces pays car c’est la façon qui leur permet de gouverner malgré leur faible densité démographique. Ce qui les favorise, malgré leur poids démographique dans ces sociétés qui ne dépasse pas dans le meilleur des cas les 10% de l’ensemble de la population, est leur main mise sur les partis uniques de ces pays (les parties baâtistes de l’Irak et de la Série sont des exemples frappants).

Pourtant cette réalité est la leur et on constate qu’elle est bien différente de la notre. Simplement, on y a fait référence pour dire que cela répond à leur intérêts et c’est à eux de voir leur choix et à nous de voir le notre. S’il y a un principe qui lie un peuple à son gouvernement, c’est d’abord de voir dans ce dernier l’image et la volonté du premier. Alors a-t-on le droit de vous dire: arrêtez de falsifier notre réalité par vos politiques importées!.

La construction de notre identité doit avoir un rapport très fort avec le passé. Notre enseignement ne doit pas omettre cette réalité dans la formation des générations futures. Or notre histoire actuelle nie notre richesse très ancienne. En effet, notre histoire, du point de vue des pionniers de notre enseignement, ne commence qu’avec l’entrée de l’islam au maroc. Le reste n’est rien: le Maroc était un territoire sans maître et de coup sans histoire. Cela constitue une négation d’une partie de notre histoire dont on a droit; celle de nos générations devancières sans lesquelles on ne saurait pas parler de nous aujourd’hui. Mais, en tout cas, pas pour une présentation comme celle faite dans nos anciens cours d’histoire avançant ces peuples comme des peuples sauvages qui habitent des grottes et se nourrissent des feuilles des arbres. Une présentation qui a l’ère d’avancer la revendication de cette identité comme un retour à la barbarie des siècles d’antan, c’est à dire un état qui fait du berbère une forme d’arriération... comme l’a avancé l’un des «civilisés».

Ces deux demandes on été défendues par la revendication amazighe dans ce pays. D’abord, une reconnaissance de tous les marocains dans leurs différences et surtout leur égalité. Ensuite, le droit des uns et des autres à une existence continue par une dispense d’un enseignement obligatoire et généralisé digne de ce nom et leur assurant une continuité d’existence.

Cela ne constitue pas un danger pour notre pays comme l’arguent certains comme un prétexte pour promouvoir leurs intérêts dans ce pays en excluant ceux des autres. A ceux qui affirment le contraire de le démontrer selon le principe que, celui qui argue une chose a l’obligation d’en apporter la preuve.

 

 


 

 

 

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