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La
poésie de résistance au Rif:
1893-1926 Par:
Abdeslam Khalafi (Professeur à l’université Al-Akhawayn, Ifrane) La tradition
amazighe rifaine est très riche, certes, comme l’a remarqué
S.Chaker, elle «ne présente aucune
spécificité particulière dans ces formes» (p: 11). Mais du point de vue anthropologique et
historique, cette tradition constitue une mine de donnés, sans égal, sur la
vie de la société tribale et sur les grands
événements qui ont marqué une période très importante de l'histoire de la région. Elle est
«pour une large part un témoignage
essentiel sur le vécu historique des populations berbérophones» (p:13). La région du Rif,
depuis le 19 siècle, vivait dans
un état de désarroi et de tension très profonde: les guerres intestinales et les confrontations permanentes contre les menaces
espagnoles faisaient partie de la vie quotidienne: peur de perdre son indépendance,
«le rifain n’a qu’un ami sûr: c’est
son fusil» disait Biarnay,…
assimilant la culture de résistance, et intégrant ses ingrédients dans son
système des valeurs, «il est à la fois constamment sur la défensive et
toujours prêt à attaquer son adversaire ou l’étranger imprudent qui de
s’avise de pénétrer jusque chez lui» (p:28): Produit d'une société
égalitaire, gérée par des coutumes ancestrales, il a refusé les deux
pouvoirs: central et colonial; il a préféré de vivre sa liberté totale,
dans un environnement ou la «dissidence ne signifiait jamais chaos ou absence de
gouvernement, car au sein de chaque tribu
le pouvoir politique et militaire
était organisé par le conseil des ayt Abîin, qui déléguait parfois
certaines de ses prérogative à la confédération
ou à la “nomenklatura” du left» (Chtatou, Tifinagh, p:66) Ainsi ce “rude montagnard”, soif d'une liberté sans limite, et
adorateur des “jeux de la poudre” ,comme l'a décrit
Biarnay, est emporté à partir de 1893 (p:51), dans un conflit qui
diffère totalement
des expériences conflictuelles antérieures; il se trouvait pour la
première fois, devant un type de guerre qui n'a jamais été connu
avant, une guerre dans laquelle la supériorité militaire des
Espagnols est écrasante, et la défaite
des rifains alors était insupportable:
sa dignité était touchée, ce qui a créé chez lui un climat de désarroi
et de deuil. Le poète l'a exprimé
avec une grande amertume:
Tmazight
Tr. Française A tzizwit, a yedji Oh mon
abeille, ma fille Ssara yi di peddu Emmenez
moi dans le pâturage D Sebbanya i
yeijjin Oh , c'est l'Espagne
qui a noyé
Ddunect marra terru le monde dans
le deuil.
A hemren d ighezran Les rivières coulent, S ddem makan aman Mais de sang Sebbanya mani
ghaben ayraden. Oh, l'Espagne, ou
sont les héros?
Ainsi , le poète
devant la force incomparable des Espagnols, exprime le désarroi
collectif des Rifains et
l'ampleur de sa défaite; le Rifain se
sent perdu, lui qui était le maître
de son destin, fuit devant les
troupes des Espagnols: Tamazight
Tr. Française umi d yeffegh urumi Quand le «Rumi» nous a envahis yebbay am roensvar Il s'est débordé comme l'inondation Yegga d am roenzi Il s'ést déployé comme les boucs iseyyeh x roeroar Il s'est coulé sur
le genévrier Yekka d Sidi Waryac Il a pris la route de sidi Waryac Yufa din tamettudvt Où il a rencontré une femme iqess as ij n ughir Il lui a coupé le bras
x rhed n rmejbar De la
jointure iqess as azedjif Il lui
a coupé la tête x rhed n rmejbar De la jointure kennint a
tifarxanin Les femmes de Farkhana hed yarbu ideydey Portent sur leur dos «idejdey» hed yarebbu amejmar D’autres portent l'encensoir addarqet war
tbeyyes La fuite n'a pas mis sa ceinture ghas ar ixef n
wedmar Jusqu'à ce qu'elles soient arrivées
au sommet de la montagne.
Cette guerre massive que le Rifain n'a jamais pratiquée, l'a
poussé à chercher de la force en se référant à ses croyances, et en évoquant
les grands modèles de l'Islam comme le prophète: Tamazight
Tr. Française A
yanjeb amezyan arah d jahed akid i Oh
mon brave! Viens avec moi pour déclarer la guerre sainte contre le «Rumi» A Nbi sidi ad
cawaregh yemma yurwen tesseyma yi Oh mon prophète, sidi, je vais consulter ma
mère qui m'a donné la vie. Umi kid s gh ad
rahegh, nnigh as a yemma, Mais la
mère lui a répondu: Yenna yi Nbi jahed
akid i Oh mon prophète, sidi A mmi inu d amezyan,
war itih ca mani Mon fils est jeune, je ne veux pas le perdre Tekkar lalla Mina
tsoef nnabi Rami
d yusa yenna s uc ayi mmi m, ad ijaped akidi Tenna
s: sidi Nbi mmi inu d amezyan, war yessin ad ini, Yenna s: a tamghart
ahenna, war t’ yeccit usennan, war tireqqef udiddi
Il lui a dit: oh femme rassure toi, ne t'en fait pas de souci, ton fils
sera sain et sauf Umi d yeffegh urumi
amecnaw roenzi Mais quand le «Rumi»
s'est répandu comme les boucs
dans les montagnes Ghar rehmu n tfuct
i yekkar umenghi Et la guerre
s'est déclarée un matin chaud Ticti tamezwart deg
Arba yedvmen Nbi La première
balle tue le fils que le prophète a cautionné Iruh
reomar nni yesfa yeghri Yiwy
it Arbu yeswa qao s tidi Iruh
ddem nni amenni it yeswa yejdi Iruh
weysum nnes amenni t yecca yesghi (yemghi) Rami
d gh ad yareggêh Truh
lalla Mina s rxeffet ioezmi Tenna
s: Muray Nbi ini mani teggid emmi?
Le soir lalla Mina demanda au prophète: Oh mon prophète, sidi
Dis-moi ou tu as mis mon fils Yenna
s: a tamghart xemm it deg mezwura! Le prophète lui répond: Va le
chercher parmi les premiers rangs Itsarrej
ad ini s userham d aziza Truh
lalla Mina s rxeffet uoezmi Tegga
qao mayen din war dinni t’ tufi! Tused
lalla Mina tenna s si Nbi sidi mani teggid mmi! Yenna
s: a tamghart a henna
xemm it deg aneggaru S
userpam d acemrar yudum x af s rhenni Truh lalla Mina s rxeffet u oezmi Tekkar qao mayen
din wa dinni t’ tufi! Mais elle a cherché partout sans le trouver Tenna
s: ini yi sidi, mani teggid mmi! Elle lui a dit: où est-ce que tu as
mis mon fils? Yejbed
hac x uzedjif war yufi min gh ad yini Yenna s: rajar nnem
d ameqran deg Arba yedvmen Nbi, oh
femme Dieu te récompensera dans le fils que le prophète à cautionné Yenna s: a
tamettudvt, ad am ucegh yis inu am arnigh aoejmi,
Oh femme, Je te donnerai mon cheval et je t'ajouterai un taureau Tenna s: a ya Nbi
sidi, mmi inu qao xar ayi Oh! non sidi, Mon fils est le meilleur Yenna
s: ad am ucegh tisarfin n yirden d imendi! Je te donnerais des silos de farine et de blé Tenna
s: a ya Nbi sidi mmi inu qao xar ayi! Oh!
non sidi, Mon fils est le
meilleur Yenna
s: ad am ksegh tewsar ad am arregh temzvi! Je t' offrirai la jeunesse à la place de la
vieillesse Ad
tarwed Muhemmed menxar ra zeg wnni, Tnna s: a ya Nbi
sidi mmi inu qao xqr ayi, Oh! non sidi, Mon fils est le meilleur Yenna s: ad am
ucegh jjennet ttif qao iyenni Je
t'offrirai le paradis Tenna s: a ya Nbi
sidi mmi inu qa xqr ayi Oh! non sidi, Mon fils est le meilleur Ar
ami d yuri refjar yegga agharraf deg wfus afusi Yegga rudvu yezzudj
yestajeb as arebbi A la prière
de «lefjer», le prophète demanda à Dieu la résurrection du fils de lalla
Mina, Dieu exauça sa demande, Et la résurrection de son âme s'est accomplie Ad
yehya arruh nni zi mani s war tedji Yenna s: a yemma
tamejnunt tharmed ayi Le fils dit
à sa mère: Oh mère , pourquoi m'as tu privé de mon bonheur?! Tugha yi ghaق
«lmalakat» farhent ayi J'étais avec les anges Heureux Ggint ayi di recfen
s tsinaf xeydvent xafi Elles
m'ont mis dans le linceul Isin ay d Tterba s
zpid a n arebbi Les tolbats
récitent les paroles de Dieu Ggin ayi deg wndver,
qqimegh haca wehdi Ils
m'ont mis dans mon tombeau Ibedd d sidna Malik
s waddud nnes acedbi Et sidna
malik m'interrogea: qui est ton Dieu? Tittawin am rbaq,
tighmas am isini Il a les
yeux comme l'éclair, les dents comme les aiguilles Yenna
yi (men huwa rebbuk?) a bnadem roasi Yesfepm
ayi arebbi x tzadjit war nezzudj D
reocûr war nuci, yisi d ij n ddbbuz g wfus nnes afusi Umi tipez teodu mya
t rtel Yenna yi: war ccit
gh haca bnadem roasi Et dans sa
main une épingle, Oh ma mère!Il m'a dit qu'il ne punit que le désobéissant
La
période de Bouhmara 1902-1908 Après les conflits
externes des années 1893-1894-1895 contre les Espagnols, les Rifains vont
vivre un deuxième choc interne, à partir de 1904, contre le rogui Bouhmara,
«qui s’était fait passer avec succès, dans le Rif, pour Moulay
mah’ammed, fils aîné du Sultan Moulay Hassan.»(p: 38); au début, les
Rifains croyaient à sa propagande, et ils l'ont bien accueilli en tant que
Sultan des croyants; mais à cause de ses exactions insupportables, et les
contre propagandes de Chrif Amezian et du caid des ayt Said: Lhaj Ali, les
Rifains l'ont chassé de Sélouane en 1908. C'est
à cette époque que la poésie rifaine se débarrassera peu à peu de son pur
contenu religieux pour qu'elle devienne une poésie politique résistante.
Ainsi le combat ne se définira pas dorénavant comme un combat religieux,
mais comme un combat politique et économique basé sur les divergences des intérêts matériels et non seulement
sur la base des conflits religieux;
on dispose d'un corpus qui renoue avec la tradition stylistique classique,
mais réfère à la cause principale de la tragédie rifaine, à savoir les
convoitises Espagnoles et la coopération du rogui avec l'ennemi: il s'agit
des Izlan qui expriment le refus de ce rogui qui a vendu le fer et la terre de
«jbel Uksan», et qui a massacré,
en plus, la population rifaine:
Tamazight
Tr. Française A yadrar n Wuksan Oh la montagne d’Uksan
Yezzenz it Muhemmed Muhammed t'a vendue A yadrar n Wuksan Oh la montagne d’Uksan Yebna d ayes urumi Le «Rumi»habite tes demeures!
A yadrar n Wuksan Oh la montagne d’Uksan A yassus n yexsan Oh la mort de l'humanité Yuta d ayek urumi Le «Rumi» t'a
envahi Yezzvu d ayek
ssenyan Et enfonça dans ta terre les pylônes
A yadrar n Wuksan Oh la montagne d’Uksan
Yeffegh d d ayes
rmeoden Oh la mine de métal
Teffegh d dayes
nnuqart Oh la mine
d'argent regnus ad mmenghen Le monde va être guerre!
O mon fils !O
Djebel H'mam! Tu es la cause que
nous n'avons la paix! Tes eaux sont fraîches Elles font pousser
des arbres touffus sur tes flancs
Adrar n Wuksan est
la cause des convoitises des pays coloniaux, et la cause aussi de l'absence de
la paix dans la région. Ainsi, sa vente
constituera une double défaite pour le Rifain, d'une part, elle
a légitimé la dominance du «Rumi», et de l'autre elle a constitué
une menace pour la population et son indépendance par le Makhzen, ce qui a
approfondi l'amertume générale, et radicalisé le refus total des deux
pouvoirs, qu'il soit interne ou externe; le rogui joue ici un double jeu: en
se référant à la légitimité de l'institution du sultan, il voulait
incarner le concept du commandant, et en collaborant avec l'ennemi, il voulait
préserver ses intérêts personnel. Le Rifain, lui, se trouva coincé entre
deux menaces qu'il devra combattre à la fois. Ainsi, la poésie constituera
dans ce cadre une arme très efficace pour lutter. Elle privera le rogui de sa
légitimité, caricaturera l'image de
son compagnon «Jellul», et incitera les Rifains à prendre les armes:
Tamazight Tr. Française A ya jellul a bu
yiggez Oh Jellul le
tatoué! Yekka d Jnada yeggûr
ineggez Toi qui venait à Jnada
en se bondant Oh Moulay mah'ammed!
pourquoi te combattons nous? Parce que tu as
voulu que nous appelions un esclave: notre Maitre! On a dit: la
fanfare est descendue dans la plaine de Nekour Les aith
abdellah et les Aith- H'difa l'ont chassée!
Devant l'ampleur du
désastre et des exactions
insupportables que le rogui a commis, le poète dénoncera tout contact avec
lui, et demanda aux femmes d'ayt تlla,
qui ont noué une relation de mariage avec lui, de se laisser submerger par la
douleur et le chagrin:
Tamazight Tr.
Française Heznent a
tioellatin Attristez vous, les femmes d'ayt تella
Qessent ura d coar Attristez vous et coupez vos cheveux X Mamma n Hmida Mamma n Hmida a fait de Bouhmara son compagnon Imunen aked uhemmar
Heznent a
tioellatin Attristez vous, les femmes d'ayt تella
War teqnent tazughi Ne vous habillez pas en rouge Heznent a
tioellatin Attristez vous, les femmes d'ayt تella
War tirdvent
tazuddi Ne vous habillez pas le fin des vêtements
Et puis c'est la
guerre qui se déclenchera à Imzuren: La poudre a parlé
entre le coucher du soleil et la prière de l'acha! La
tribu des Bni ouriaghel o ma mère! combien nombreux sont les morts Et les blessés! O
pourquoi!
Mais la défaite de
Bouhmara en 1908 ne constituera pas la fin du drame, puisque les Espagnols
vont continuer leur invasion, et à envoyer des expéditions pour faire «pacifier»
les tribus qui se sentent, après
leur triomphe, bien placées pour défendre leur terre. Le poète était lui
aussi présent pour motiver les émotions et décrire la réaction de la
population:
Isug d urumi Les Espagnols nous ont envahis yettvef tizi Oezza Ils ont pris la terre de Tizi تzza yexs ad iqam atay
Ils veulent boire du thé en utilisant l'eau d'Ulma s
waman n ulemma a yimjapden wtet Oh combattants
rifains Résistez, inutile
de vivre sans dignité tudart mayemmi
tehra
Ainsi, afin que les
berbères résistent, le poète fait
allusion à la beauté des femmes Amazighes que les Espagnols veulent posséder:
A yehramen
irifeyyen Oh! jeunes Rifains Wtet x tmurt nwem Luttez pour votre patrie Asebbanyu yuss d L'Espagnol nous a
envahis ad yawi recbub nwem Il veut capturer les belles femmes rifaines!
La période de
Chrif Amezian: 1908-1912: A partir de 1908,
la région va connaître une mutation profonde dans sa structure tribale;
c’est qu'à cette époque la population berbérophone tend à s'unifier,
et à implanter un nouveau
système qui dépasse la tribu. En 1909, ils vont donner la preuve aux
Espagnols qui'ils sont à la hauteur de les battre dans les deux batailles à
«Ighzar n Wuccen» et à «Ijedyawen». Chrif Amezian, en tant que chef et
symbole de l'unité rifaine,
donnera aussi une poussée considérable à la gloire, et les Rifains se
sentaient une autre fois dans leur peau, et
fiers de leur héroïsme: plus puissants que jamais, ils réclament la résistance radicale qui deviendra une nécessité politique,
religieuse et économique. Les estimations des Espagnols se sont bouleversées,
et le poète continue à décrire les scènes de bataille et à présenter «l'ennemi»
dans une image faible à l'encontre d' «Amjahed» rifain:
Isudv d usemmidv Le vent a soufflé di tghellact n
urumi Dans la bouilloire d'«arumi» yendvar d xas
arebbi Dieu l'a assailli arifi ya weddi Par le
brave Rifain netta d sidi muhend C'est sidi Muhend
ijapden arumi Qui a lutté contre l'«aroumi». Manaya
d asenyan isarhen di rudva A
y amjahed ahurri Barreh
i rqum nnec Yenna
s arni d rqum u sebbanyu yeqdva Beaucoup de
colonnades téléphoniques Dans les plaines Oh! libre
combattant Téléphone aux Espagnols Dis-leur
d'augmenter le nombre de leurs soldats Dis-leur que
l'Espagne est foutue
La parution de
Chrif Amezian sur la scène des événements avec l'écroulement de Bouhmara,
lui donnera, grâce à ses qualités humaines, et à son intégration totale
dans les batailles locales, une image mythique dans l'imaginaire collectif des
Rifains; le poète n'a pas cessé de le célébrer, et l'honorer:
1.sidi
Muhemmed amezvian 2.d
amjaped n tafsusi 3.axedmi
deg wzermadv 4.wennidven
deg wfusi
5.sidi
Mhend amezvian 6.a
yamjapd ahuri 7.yeccaten
s uzermadv 8.yetoawad
s ufusi 9.yejja
mawsa n jdid 10.tesrugha
timessi
11.A
ya sidi muhend 12.A
lmalik n teqbitc 13.A
yuzzer x urumi 14.Yessidf
it ar Mritc
15.Sidi
muhend amezvyan 16.Lmalik
n ujenna 17.A
mawsa d taqudvat 18.Seboaraf
i tengha
19.Sidi
mhend amezvian 20.Yccat
war iteggêd 21.War
yehdij roacat 22.Ura
wi kid s gh ad ymunen 23.Sidi
Mhend amezvian 24.A
cenna ma ynnat 25.Cenna
mara yewta 26.S
mawsa d ttaqudvat
27.a
y amjaped yensa 28.yeccat
haca wehdes 29.ioawnit Arebbi 30.d lmalakat nnes
Traduction Française 1.sidi muhemmed
amezian 2.le combattant le
plus expérimenté 3.un sabre dans sa
main droite 4.l'autre dans sa
main gauche
5.Sidi Mhend
amezian 6.Oh !libre
combattant 7.Il frappe de main
gauche 8.Il frappe de main
droite 9.Son nouveau fusil
10.Enflamme la
guerre
11.Oh
sidi muhend 12.Le roi de la
tribu 13.C'est toi qui as
expulsé «Arumi» 14.C'est toi qui
l'a chassé à Mellila
15.Sidi muhend
amezyan 16.Le roi du ciel 17.Le fusil est court 18.Mais , il a tué
7000 arumi
19.Sidi
Mhend amezian 20.Courageux dans la bataille 21.Il
n'a pas besoin de compagnie 22.Ni des gens qui
l'aident 23.Sidi
Mhend amezian 24.Le brave
des braves 25.Quand il utilise
son Mawsa court 26.Gare aux
Espagnols
27.Le Mujahid a
passé sa nuit seul 28.Combattant
l'ennemi 29.Cest Dieu qui
l'a aidé 30.Lui et ses anges
Mais cette période
glorieuse ne constituera qu'une
étape précaire qui finira par l'assassinat de Chrif Amezian. Le deuil,
alors, se généralisera, et le recul devant les soldats espagnols se
manifesta en règle: les Rifains ne voulaient pas combattre; vite, ils se sont
retournés à leur abri pour pleurer un homme qu'ils ont considéré, pendant
quatre ans, un saint. Huit ans de deuil, sans aucune action
collective forte contre l'enemmi.
Le poète nous a décrit ces moments douloureux dans un style plein de chagrin et de
tristesse. 1.Sidi
muhend amezyan ihac uca yewdva 2.Ifarh
as urumi yisi t di karrusa 3.Ighab
uyur gharyen yetran nnes 4.Ighab
sidi Muhend yedvpar d uyis nnes 5.Sidi
Muhend amezian a yamjapd ahurri 6.Xak
i xeyyeq wenzvar oamayen war yewti 7.Xak
i xeyyeq uyur war yescin taziri
1.Sidi Muhend
amezyan attaque l'ennemi, puis il tombe 2.Le Rumi est
heureux 3.Il l'a mis dans
une carrosse 4.La lune s'est
absentée 5.Et les étoiles
sont devenus stériles 6.Sidi Muhend
Amezian est absent.
7.Son cheval
retourne à la maison 8.Sidi Muhend
amezian le libre combattant 9.C'est a cause de
ta mort que la pluie est en deuil 10.Deux ans de sécheresse 11.C'est à cause
de ta mort que la lune est en deuil 12.Elle n'éclaire
pas le ciel
Puis le poète décrit
comment la fille de Cherif (Habiba) a appris l'information, et comment elle a reçue le choc:
1.Sidi Muhemmed
yemmut ghar uoecci Sidi
muhemmed est décédé le soir 2.Iysit id urumi Le «Rumi» l'a mis dans une carrosse 3.Yisit id di
krrusa A «Azvru Pemmar» il a chanté sa gloire 4.Yiwedv ghar
wezvru pemmar yuta di ganita Tous
ses compagnons sont décédés 5.Umi d gh ad
xerdven A l'exception
de cinq 6.Arexen d di xemsa Quand ils sont
retournés à la maison 7.Terqa tend Habiba Lalla Habiba les a accueillis Leur demanda le
sort de son père 8.Tenna
sen mani yedja Baba 9.Nnan as Bab am
aqa yemmut Ils ont répondu:
Ton père est mort 10.Tenghi t haraqa Une bombe l'a tuée 11.Umi
d as t gh ad yinii 12.Tesghuy uca
tudva Lalla Habiba cria et tomba sur terre 13.Yeqqim ur d
abarcan Le coeur s'est assombri 14.Ixebc it umetta Abarchan blessé et creusé par les larmes
La mort de Cherif
Amezian n'a pas fait plonger «l'humanité» seulement en deuil, mais également
elle a fait plonger l'univers dans un chagrin sans bord:
1.Rami ighab uyur
ghaben yetran nnes Quand sidi
Muhend s'est absenté, les étoiles se sont absentées aussi 1.Ighab sidi Muhend
iban uyis nnes, Sidi Med est décédé,
son cheval est retourné a la
maison En plus, ce qui a
accru le chagrin c'est que le Rifain ne lui connaissait pas de tombeau pour le
visiter et le vénérer:
1.Sidi
Muhend Amezian Sidi Muhend
Amezian 2.War ssinegh
andver nnes Je ne connais pas son
tombeau 3.Rqebtvan d ubulis Le capitaine et le policier 4.Iwyent ad isin
rewsvift nnes L'ont emmener a
Mellila pour lui prendre une photo
La
période de Abddekrim Elkhettabi:1921-1926 (Dans le numéro prochain) |
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