Uttvun 63, 

Sayûr   2002

(Juillet 2002)

Amezwaru

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Tamazight

I yat n tameddanit zeg yan wanaw nnidven

Agraw n ayt umeskan amazigh

Xef usedvrer n tmazigh n Rbatv

Righ tilelli

Tayri tar ighf

Waxxa cem ran

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Le vrai racisme

Réflexion sur le devenir de Tamazight au Maroc

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ظاهرة تحقير الذات عند بعض الأمازيغيين

قوميون يشنون حربا على الأمازيغية

 

La poésie de résistance au   Rif: 1893-1926 (1ère partie)

Par: Abdeslam Khalafi (Professeur à l’université Al-Akhawayn, Ifrane)

La tradition amazighe rifaine est très riche, certes, comme l’a remarqué  S.Chaker, elle «ne présente  aucune spécificité particulière dans  ces formes» (p: 11). Mais du point de vue anthropologique et historique, cette tradition constitue une mine de donnés, sans égal, sur la vie de la société tribale et sur les grands  événements qui ont marqué une période très  importante de l'histoire de la  région. Elle  est «pour  une large part un témoignage essentiel sur le vécu historique des populations berbérophones» (p:13).

La région du Rif, depuis  le 19 siècle, vivait dans un état de désarroi et de tension très profonde: les guerres   intestinales   et les confrontations permanentes contre les menaces espagnoles faisaient partie de la vie quotidienne: peur de perdre son indépendance,  «le rifain n’a qu’un ami sûr: c’est  son  fusil» disait Biarnay,… assimilant la culture de résistance, et intégrant ses ingrédients dans son système des valeurs, «il est à la fois constamment sur la défensive et toujours prêt à attaquer son adversaire ou l’étranger imprudent qui de s’avise de pénétrer jusque chez lui» (p:28):

Produit d'une société égalitaire, gérée par des coutumes ancestrales, il a refusé les deux pouvoirs: central et colonial; il a préféré de vivre sa liberté totale, dans un environnement  ou  la «dissidence ne signifiait jamais chaos ou absence de gouvernement, car au sein de chaque  tribu le pouvoir politique et  militaire était organisé par le conseil des ayt Abîin, qui déléguait parfois certaines de ses prérogative à la confédération  ou à la “nomenklatura” du left» (Chtatou, Tifinagh, p:66)

Ainsi ce “rude  montagnard”, soif d'une liberté sans limite, et  adorateur des “jeux de la poudre” ,comme l'a décrit  Biarnay, est emporté à partir de 1893 (p:51), dans un conflit qui diffère    totalement  des expériences conflictuelles antérieures; il se trouvait pour la première fois, devant un type de guerre qui n'a jamais été connu  avant, une guerre dans laquelle la supériorité militaire des Espagnols est écrasante, et  la défaite  des rifains  alors était  insupportable: sa dignité était touchée, ce qui a créé chez lui un climat de désarroi et de deuil.  Le poète l'a exprimé avec une grande amertume:

 

Tmazight                        Tr. Française

A tzizwit, a yedji          Oh mon abeille, ma fille

Ssara yi di peddu        Emmenez  moi dans le pâturage

D Sebbanya i yeijjin     Oh , c'est l'Espagne  qui a  noyé    

Ddunect marra terru   le monde  dans le deuil.   

 

A hemren d ighezran    Les rivières coulent,

S ddem makan aman     Mais de sang

Sebbanya mani ghaben ayraden.  Oh, l'Espagne, ou    

                                                         sont  les héros?   

                                                      

Ainsi , le poète devant la force incomparable des Espagnols, exprime le désarroi  collectif  des Rifains et l'ampleur de sa défaite; le Rifain  se sent  perdu, lui qui était le maître de son destin, fuit  devant les troupes des Espagnols:

Tamazight                         Tr. Française

umi d yeffegh urumi   Quand le «Rumi» nous a envahis

yebbay am roensvar  Il s'est débordé comme l'inondation

Yegga d am roenzi    Il s'ést déployé comme les boucs

iseyyeh x roeroar     Il s'est coulé sur  le genévrier

Yekka d Sidi Waryac  Il a pris la route de sidi Waryac

Yufa din tamettudvt    Où il a rencontré une femme

iqess as ij n ughir        Il lui a coupé le bras  

x rhed n rmejbar          De la jointure

iqess as azedjif           Il lui a coupé la tête 

x rhed n rmejbar         De la jointure

kennint a tifarxanin    Les femmes de Farkhana

hed yarbu ideydey    Portent sur leur dos «idejdey»

hed yarebbu amejmar  D’autres portent l'encensoir

addarqet war tbeyyes  La fuite n'a pas mis sa ceinture

ghas ar ixef n wedmar Jusqu'à ce qu'elles soient arrivées  au sommet de la montagne.

 

 Cette guerre massive que le Rifain n'a jamais pratiquée, l'a poussé à chercher de la force en se référant à ses croyances, et en évoquant  les grands modèles de l'Islam comme le prophète:

Tamazight       Tr. Française

A yanjeb amezyan arah d jahed akid i  Oh mon brave! Viens avec moi pour déclarer la guerre sainte contre le «Rumi»

A Nbi sidi ad cawaregh yemma yurwen tesseyma yi Oh mon prophète, sidi, je vais consulter ma mère qui m'a donné la vie.

Umi kid s gh ad rahegh, nnigh as a yemma,  Mais la mère lui a  répondu:

Yenna yi Nbi jahed akid i Oh mon prophète, sidi

A mmi inu d amezyan, war itih ca mani Mon fils est jeune, je ne veux pas le perdre

Tekkar lalla Mina tsoef nnabi

Rami d yusa yenna s uc ayi mmi m, ad ijaped akidi

Tenna s: sidi Nbi mmi inu d amezyan, war yessin ad ini,

Yenna s: a tamghart ahenna, war t’ yeccit usennan, war tireqqef udiddi  Il lui a dit: oh femme rassure toi, ne t'en fait pas de souci, ton fils sera sain et sauf

Umi d yeffegh urumi amecnaw roenzi  Mais quand le «Rumi» s'est répandu  comme les boucs dans les montagnes

Ghar rehmu n tfuct i yekkar umenghi  Et la guerre s'est déclarée un matin chaud

Ticti tamezwart deg Arba  yedvmen Nbi La première balle tue le fils que le prophète a  cautionné

Iruh reomar nni yesfa yeghri

Yiwy it Arbu yeswa qao s tidi

Iruh ddem nni amenni it yeswa yejdi

Iruh weysum nnes amenni t yecca yesghi (yemghi)

Rami d gh ad  yareggêh

Truh lalla Mina  s rxeffet ioezmi

Tenna s: Muray Nbi ini mani teggid emmi?   Le soir lalla Mina demanda au prophète: Oh mon prophète, sidi Dis-moi ou tu as mis mon fils

Yenna s: a tamghart xemm it deg mezwura! Le prophète lui répond: Va le chercher parmi les premiers rangs

Itsarrej ad ini s userham d aziza

Truh lalla Mina s rxeffet uoezmi

Tegga qao mayen din war dinni t’ tufi!

Tused lalla Mina tenna s si Nbi sidi mani teggid mmi!

Yenna s: a tamghart  a henna  xemm it deg aneggaru

S userpam d acemrar yudum x af s rhenni

Truh lalla Mina  s rxeffet u oezmi

Tekkar qao mayen din wa dinni t’ tufi! Mais elle a cherché partout sans le trouver

Tenna s: ini yi sidi, mani teggid mmi! Elle lui a dit: où est-ce que tu as mis mon fils?

Yejbed hac x uzedjif war yufi min gh ad yini

Yenna s: rajar nnem d ameqran deg Arba yedvmen Nbi,  oh femme Dieu te récompensera dans le fils que le prophète à cautionné

Yenna s: a tamettudvt, ad am ucegh yis inu am arnigh aoejmi,  Oh femme, Je te donnerai mon cheval et je t'ajouterai un taureau

Tenna s: a ya Nbi sidi, mmi inu qao xar ayi  Oh! non  sidi, Mon fils est le meilleur

Yenna s: ad am ucegh tisarfin n yirden d imendi!  Je te donnerais des silos de farine et de blé

Tenna s: a ya Nbi sidi mmi inu qao xar ayi!  Oh! non  sidi, Mon fils est le meilleur

Yenna s: ad am ksegh tewsar ad am arregh temzvi!  Je t' offrirai la jeunesse à la place de la vieillesse

Ad tarwed Muhemmed menxar ra zeg wnni,

Tnna s: a ya Nbi sidi mmi inu qao xqr ayi,  Oh! non  sidi, Mon fils est le meilleur

Yenna s: ad am ucegh jjennet ttif qao iyenni  Je t'offrirai le paradis

Tenna s: a ya Nbi sidi mmi inu qa xqr ayi  Oh! non  sidi, Mon fils est le meilleur

Ar ami d yuri refjar yegga agharraf deg wfus afusi  

Yegga rudvu yezzudj yestajeb as arebbi  A la prière de «lefjer», le prophète demanda à Dieu la résurrection du fils de lalla Mina, Dieu exauça sa demande, Et la résurrection de son âme s'est accomplie

Ad yehya arruh nni zi mani s war tedji

Yenna s: a yemma tamejnunt tharmed ayi  Le fils dit à sa mère: Oh mère , pourquoi m'as tu privé de mon bonheur?!

Tugha yi ghaق «lmalakat» farhent ayi   J'étais avec les anges Heureux

Ggint ayi di recfen s tsinaf xeydvent xafi   Elles m'ont mis dans le linceul

Isin ay d Tterba s zpid a n arebbi   Les tolbats récitent les paroles de Dieu

Ggin ayi deg wndver, qqimegh haca wehdi    Ils m'ont mis dans mon tombeau

Ibedd d sidna Malik s waddud nnes acedbi  Et sidna malik m'interrogea: qui est ton Dieu?

Tittawin am rbaq, tighmas am isini   Il a les yeux comme l'éclair, les dents comme les aiguilles

Yenna yi (men huwa rebbuk?) a bnadem roasi

Yesfepm ayi arebbi x tzadjit war nezzudj

D reocûr war nuci, yisi d ij n ddbbuz g wfus nnes afusi

Umi tipez teodu mya t rtel

Yenna yi: war ccit gh haca bnadem roasi  Et dans sa main  une  épingle, Oh ma mère!Il m'a dit qu'il ne punit que le désobéissant

 

La  période de Bouhmara 1902-1908

Après les conflits externes des années 1893-1894-1895 contre les Espagnols, les Rifains vont vivre un deuxième choc interne, à partir de 1904, contre le rogui Bouhmara, «qui s’était fait passer avec succès, dans le Rif, pour Moulay mah’ammed, fils aîné du Sultan Moulay Hassan.»(p: 38); au début, les Rifains croyaient à sa propagande, et ils l'ont bien accueilli en tant que Sultan des croyants; mais à cause de ses exactions insupportables, et les contre propagandes de Chrif Amezian et du caid des ayt Said: Lhaj Ali, les Rifains l'ont chassé de Sélouane  en  1908. C'est à cette époque que la poésie rifaine se débarrassera peu à peu de son pur contenu religieux pour qu'elle devienne une poésie politique résistante. Ainsi le combat ne se définira pas dorénavant comme un combat religieux, mais comme un combat politique et économique basé sur  les divergences des intérêts matériels et non seulement sur la base des conflits  religieux; on dispose d'un corpus qui renoue avec la tradition stylistique classique, mais réfère à la cause principale de la tragédie rifaine, à savoir les convoitises Espagnoles et la coopération du rogui avec l'ennemi: il s'agit des Izlan qui expriment le refus de ce rogui qui a vendu le fer et la terre de «jbel Uksan», et qui  a massacré, en plus, la population rifaine:

 

Tamazight                          Tr. Française

A yadrar n Wuksan      Oh la montagne d’Uksan  

Yezzenz it Muhemmed   Muhammed t'a vendue

A yadrar n Wuksan       Oh la montagne d’Uksan

Yebna d ayes urumi      Le «Rumi»habite tes demeures!

 

A yadrar n Wuksan         Oh la montagne d’Uksan

A yassus n yexsan       Oh la mort de l'humanité

Yuta d ayek urumi         Le «Rumi» t'a envahi

Yezzvu d ayek ssenyan  Et enfonça dans ta terre les pylônes

 

A yadrar n Wuksan       Oh la montagne d’Uksan   

Yeffegh d d ayes rmeoden   Oh la mine de métal  

Teffegh d dayes nnuqart    Oh la mine d'argent

regnus ad mmenghen    Le monde va être guerre!

 

O mon fils !O Djebel H'mam!

Tu es la cause que nous n'avons la paix!

Tes eaux sont fraîches

Elles font pousser des arbres touffus sur tes flancs

 

Adrar n Wuksan est la cause des convoitises des pays coloniaux, et la cause aussi de l'absence de la paix dans la région.

Ainsi, sa vente constituera une double défaite pour le Rifain, d'une part, elle  a légitimé la dominance du «Rumi», et de l'autre elle a constitué une menace pour la population et son indépendance par le Makhzen, ce qui a approfondi l'amertume générale, et radicalisé le refus total des deux pouvoirs, qu'il soit interne ou externe; le rogui joue ici un double jeu: en se référant à la légitimité de l'institution du sultan, il voulait incarner le concept du commandant, et en collaborant avec l'ennemi, il voulait préserver ses intérêts personnel. Le Rifain, lui, se trouva coincé entre deux menaces qu'il devra combattre à la fois. Ainsi, la poésie constituera dans ce cadre une arme très efficace pour lutter. Elle privera le rogui de sa légitimité, caricaturera l'image  de son compagnon «Jellul», et incitera les Rifains à prendre les armes:

 

Tamazight       Tr. Française

A ya jellul a bu yiggez    Oh Jellul le tatoué!

Yekka d Jnada yeggûr ineggez  Toi qui  venait  à Jnada en se bondant

Oh Moulay mah'ammed! pourquoi  te combattons  nous?

Parce que tu as voulu  que nous appelions un esclave: notre Maitre!

On a dit: la fanfare est descendue dans la plaine de Nekour

Les aith  abdellah et les Aith- H'difa l'ont chassée!

 

Devant l'ampleur du désastre  et des exactions insupportables que le rogui a commis, le poète dénoncera tout contact avec lui, et demanda aux femmes d'ayt تlla, qui ont noué une relation de mariage avec lui, de se laisser submerger par la douleur et le chagrin:

 

Tamazight           Tr. Française

Heznent a tioellatin  Attristez vous, les femmes d'ayt تella 

Qessent ura d coar  Attristez vous et coupez vos cheveux

X Mamma n Hmida  Mamma n Hmida a fait de Bouhmara son compagnon

Imunen aked uhemmar

Heznent a tioellatin  Attristez vous, les femmes d'ayt تella 

War teqnent tazughi   Ne vous habillez pas en rouge

Heznent a tioellatin  Attristez vous, les femmes d'ayt تella 

War tirdvent tazuddi  Ne vous habillez pas le fin des vêtements

 

Et puis c'est la guerre qui se déclenchera à Imzuren:

La poudre a parlé entre le coucher du soleil et la prière de l'acha!

La  tribu des Bni ouriaghel o ma mère!

combien nombreux  sont  les morts

Et les blessés! O pourquoi!

 

Mais la défaite de Bouhmara en 1908 ne constituera pas la fin du drame, puisque les Espagnols vont continuer leur invasion, et à envoyer des expéditions pour faire «pacifier» les tribus qui se  sentent, après leur triomphe, bien placées pour défendre leur terre. Le poète était lui aussi présent pour motiver les émotions et décrire la réaction de la population:

 

Isug d urumi   Les Espagnols nous ont envahis

yettvef tizi Oezza  Ils ont pris la terre de Tizi  تzza

yexs ad iqam atay Ils veulent boire du thé en utilisant l'eau d'Ulma

s waman n ulemma

a yimjapden wtet   Oh  combattants rifains

Résistez, inutile de vivre sans dignité

tudart mayemmi tehra         

 

Ainsi, afin que les berbères résistent, le poète  fait allusion à la beauté des femmes Amazighes que les Espagnols veulent posséder:

 

A yehramen irifeyyen  Oh! jeunes  Rifains

Wtet x tmurt nwem  Luttez pour votre patrie

Asebbanyu yuss d  L'Espagnol nous  a  envahis

ad yawi recbub nwem   Il veut capturer les  belles femmes rifaines!

 

La période de Chrif Amezian: 1908-1912:

A partir de 1908, la région va connaître une mutation profonde dans sa structure tribale; c’est qu'à cette époque la population berbérophone tend à s'unifier,  et à  implanter un nouveau système qui dépasse la tribu. En 1909, ils vont donner la preuve aux Espagnols qui'ils sont à la hauteur de les battre dans les deux batailles à «Ighzar n Wuccen» et à «Ijedyawen». Chrif Amezian, en tant que chef et symbole  de l'unité rifaine, donnera aussi une poussée considérable à la gloire, et les Rifains se sentaient une autre fois dans leur peau, et  fiers de leur héroïsme: plus puissants que jamais, ils réclament la  résistance radicale qui deviendra une nécessité politique, religieuse et économique. Les estimations des Espagnols se sont bouleversées, et le poète continue à décrire les scènes de bataille et à présenter «l'ennemi» dans une image faible à l'encontre d' «Amjahed» rifain:

 

Isudv d usemmidv     Le vent a soufflé

di tghellact n urumi  Dans la bouilloire d'«arumi»

yendvar d xas arebbi  Dieu l'a assailli

arifi ya weddi   Par  le brave Rifain

netta d sidi muhend  C'est sidi  Muhend

ijapden arumi  Qui a lutté contre l'«aroumi».

Manaya d asenyan isarhen di rudva

A y amjahed ahurri

Barreh i rqum nnec

Yenna s arni d rqum u sebbanyu yeqdva

 

Beaucoup de colonnades téléphoniques

Dans les plaines

Oh! libre combattant

Téléphone aux  Espagnols

Dis-leur d'augmenter le nombre de leurs soldats

Dis-leur que l'Espagne est foutue

 

La parution de Chrif Amezian sur la scène des événements avec l'écroulement de Bouhmara, lui donnera, grâce à ses qualités humaines, et à son intégration totale dans les batailles locales, une image mythique dans l'imaginaire collectif des Rifains; le poète n'a pas cessé de le célébrer, et l'honorer:

 

1.sidi Muhemmed amezvian

2.d amjaped n tafsusi

3.axedmi deg wzermadv

4.wennidven deg wfusi

 

5.sidi Mhend amezvian

6.a yamjapd ahuri

7.yeccaten s uzermadv

8.yetoawad s ufusi

9.yejja mawsa n jdid

10.tesrugha timessi

 

11.A ya sidi muhend

12.A lmalik n teqbitc

13.A yuzzer x urumi

14.Yessidf it ar Mritc

 

15.Sidi muhend amezvyan

16.Lmalik n ujenna

17.A mawsa d taqudvat

18.Seboaraf i tengha

 

19.Sidi mhend amezvian

20.Yccat war iteggêd

21.War yehdij roacat

22.Ura wi kid s gh ad ymunen

23.Sidi Mhend amezvian

24.A cenna ma ynnat

25.Cenna mara yewta

26.S mawsa d ttaqudvat

 

27.a y amjaped yensa

28.yeccat haca wehdes

29.ioawnit Arebbi

30.d lmalakat nnes

 

Traduction Française

1.sidi muhemmed amezian

2.le combattant le plus expérimenté

3.un sabre dans sa main droite

4.l'autre dans sa main gauche

 

5.Sidi Mhend amezian

6.Oh !libre combattant

7.Il frappe de main gauche

8.Il frappe de main droite

9.Son nouveau fusil

10.Enflamme la guerre

 

11.Oh  sidi  muhend

12.Le roi de la tribu

13.C'est toi qui as expulsé «Arumi»

14.C'est toi qui l'a  chassé à Mellila

 

15.Sidi muhend amezyan

16.Le roi du ciel

17.Le fusil est  court

18.Mais , il a tué 7000 arumi

 

19.Sidi  Mhend amezian

20.Courageux  dans la bataille

21.Il  n'a pas besoin de compagnie

22.Ni des gens qui l'aident

23.Sidi  Mhend amezian

24.Le brave  des braves

25.Quand il utilise son Mawsa court

26.Gare aux Espagnols

 

27.Le Mujahid a passé sa nuit seul

28.Combattant l'ennemi

29.Cest Dieu qui l'a aidé

30.Lui et ses anges

 

Mais cette période glorieuse ne constituera  qu'une étape précaire qui finira par l'assassinat de Chrif Amezian. Le deuil, alors, se généralisera, et le recul devant les soldats espagnols se manifesta en règle: les Rifains ne voulaient pas combattre; vite, ils se sont retournés à leur abri pour pleurer un homme qu'ils ont considéré, pendant quatre ans, un saint. Huit ans de deuil, sans aucune action  collective  forte contre l'enemmi. Le poète nous a  décrit  ces moments douloureux dans un style plein de chagrin et de tristesse.

1.Sidi  muhend amezyan ihac uca yewdva

2.Ifarh as urumi yisi t di karrusa

3.Ighab uyur gharyen yetran nnes

4.Ighab sidi Muhend  yedvpar d uyis nnes

5.Sidi Muhend amezian a yamjapd ahurri

6.Xak i xeyyeq wenzvar oamayen war yewti

7.Xak i xeyyeq uyur war yescin taziri

 

1.Sidi Muhend amezyan attaque l'ennemi, puis il tombe

2.Le Rumi est heureux

3.Il l'a mis dans une carrosse

4.La lune s'est absentée

5.Et les étoiles sont  devenus stériles

6.Sidi Muhend Amezian est absent.

 

7.Son cheval retourne à la maison

8.Sidi Muhend amezian le libre combattant

9.C'est a cause de ta mort que la pluie est en deuil

10.Deux ans de sécheresse

11.C'est à cause de ta mort que la lune est en deuil

12.Elle n'éclaire pas le ciel

 

Puis le poète décrit comment la fille de Cherif (Habiba) a appris l'information, et comment elle a  reçue le choc:

 

1.Sidi Muhemmed yemmut ghar uoecci   Sidi muhemmed est décédé le soir

2.Iysit id urumi   Le «Rumi» l'a mis dans une carrosse

3.Yisit id di krrusa   A «Azvru Pemmar» il a chanté sa gloire

4.Yiwedv ghar wezvru pemmar yuta di ganita   Tous ses compagnons sont décédés

5.Umi d gh ad xerdven    A  l'exception  de  cinq

6.Arexen d di xemsa   Quand ils  sont retournés à la  maison

7.Terqa tend Habiba    Lalla Habiba les a accueillis Leur demanda le sort de son père

8.Tenna sen mani yedja Baba 

9.Nnan as Bab am aqa yemmut   Ils ont répondu: Ton père est mort

10.Tenghi t haraqa   Une bombe l'a tuée

11.Umi d as t gh ad yinii

12.Tesghuy uca tudva   Lalla Habiba cria et tomba sur terre

13.Yeqqim ur d abarcan  Le coeur s'est assombri

14.Ixebc it umetta   Abarchan blessé et creusé par les larmes

 

La mort de Cherif Amezian n'a pas fait plonger «l'humanité» seulement en deuil, mais également elle a fait plonger l'univers dans un chagrin sans bord:

 

1.Rami ighab uyur ghaben yetran nnes  Quand sidi Muhend s'est  absenté,  les étoiles se sont absentées aussi

1.Ighab sidi Muhend iban uyis nnes,  Sidi Med est décédé, son cheval  est retourné a la maison

 

En plus, ce qui a accru le chagrin c'est que le Rifain ne lui connaissait pas de tombeau pour le visiter et le vénérer:

 

1.Sidi Muhend Amezian   Sidi Muhend Amezian

2.War ssinegh andver nnes  Je ne connais pas son tombeau

3.Rqebtvan d ubulis   Le capitaine et le policier

4.Iwyent ad isin rewsvift nnes  L'ont emmener a Mellila pour lui prendre une photo   

 

La période de Abddekrim Elkhettabi:1921-1926 (Dans le numéro prochain)

 

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