Numéro  57, 

  (Janvier  2002)

Amezwaru

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Tamazight

Talkkawt n tmazight d imazighn

Ad awn inix

Zzegliz

D turjit wapa

Anebdu

Asidd

Awal amazigh

Baolili

Ifesti

Izarfan izayan

Negh ig nugi ad neknu

Ussan n zzawit

Xnifra nnegh

Français

Amazigh, je le reste

Tamedyazt et théâtre à khnifra

Tamazight et les citoyens

Mots et choses amazighs

Le sacré et le profane

العربية

الاستخفاف بالأمازيغية والأمازيغيين

أم كسيلة تتحدث عن ابنها

إشكالية التوحيد والمعيرة

هوروس والأمازيغية

مزيد من التحقير للأمازيغ

من يريد العودة بالأمازيغية إلى الوراء؟

الأمازيغية والنفاق السياسي

تينهينانت العظيمة

 

 

 

Mots et choses amazighs (suite)

 La préfixation et la suffixation : Une technique linguistique efficace

 Par: Ali Amaniss


« En fait, beaucoup de locuteurs pourraient facilement augmenter
leur bagage lexical de 2000 à 3000 mots s’ils connaissaient bien une dizaine de préfixes, une trentaine de suffixes et une centaine de radicaux fondamentaux. Plutôt que d’essayer d’apprendre les mots un par un, mieux vaut posséder la « machine à fabriquer les mots. » Jacques Leclerc

 

Introduction

 

Une des caractéristiques des langues Romanes ( français, anglais, allemand…) est leur capacité à produire, à construire, à engendrer, à dériver, de nombreux verbes à partir d’un unique verbe de base pris comme référence (une racine), et cela grâce à une technique linguistique simple mais très efficace qui est la technique de préfixation et de suffixation. Il suffit d’accoler un suffixe ou un préfixe à un radical, qui est souvent lui-même un verbe, pour changer son sens et sa signification.

 

Pour commencer, prenons un exemple en français. A partir du verbe porter, la langue française produit, grâce aux préfixes (em, ex, im, ra, re), les verbes suivants :  porter, em-porter, ex-porter, im-porter, ra-porter, re-porter.

 

C’est la même chose avec le verbe mener, en utilisant les préfixes (a, ra, em) le Français produit les verbes suivants :  mener, a-mener, ra-mener, em-mener.

 

A la place de créer un verbe totalement différent pour chacune des actions ci-dessous, la langue française réutilise le même verbe en lui ajoutant un préfixe. Ce qui constitue une économie linguistique considérable de tout point de vue. Une économie dans les possibilités lexicales et une facilité dans l’apprentissage de la langue, notamment dans le processus de mémorisation pour les gens qui l’apprennent et ceci grâce à une opération d’association des idées.

 

En anglais c’est la même chose, à partir du verbe to pose, cela donne : to pose, to ex-pose, to im-pose, to de-pose, to op-pose, to sup-pose.

 

Le tamazight utilise la même technique linguistique de préfixation et de suffixation pour la dérivation de nouveaux verbes. Pour une meilleure compréhension de notre exposé, nous indiquons que les verbes sont généralement donnés sous leur première personne de l’impératif, comme le font habituellement les amazighizants. Cette forme représente l’équivalent de l’infinitif en langue française. Cependant, pour plus de clarté de l’exposé, nous ajoutons la troisième personne du singulier au passé.

 

Les suffixes

 

Prenons un premier exemple qui est commun à l’ensemble des parlers, à savoir, les particules de direction qui sont la particule de rapprochement (d) et la particule d’éloignement (n). Avec ces deux simples particules qui suffixent les verbes, tamazight ajoute à son patrimoine de verbes, deux verbes supplémentaires à partir d’un verbe pris comme référence (base, racine.)

 

Exemple :

Awiy,yiwiy (mener, porter)

awiy-d, yiwiy-d (ramener, rapporter)

awiy-n, yiwiy-n (emmener, emporter)

 

Ces deux particules situent la direction de l’action par rapport au locuteur qui donne les ordres, comme le montre la figure. La particule (n) permet d’éloigner l’action de lui awiy-n (emporter), alors que la particule (d) permet de rapprocher l’action de lui awiy-d (rapporter).

 

Ces deux particules suffixent pratiquement tous les verbes de la langue amazighe. Nous donnons ci-dessous une liste de ce genre. Nous donnons les verbes dans le cadre d’une phrase afin de faciliter leur compréhension.

 

sers agherum, isers agherum (pose le pain)

sers-n agherum, isers-n agherum (pose le pain là-bas)

sers-d agherum, sers-d agherum (pose le pain de ce côté-ci)

 

niy iyyis, iniy iyyis (chevaucher le cheval)

niy-n iyyis, iniy-d iyyis (chevaucher le cheval [pour y aller])

niy-d iyyis, iniy-n iyyis (chevaucher le cheval [pour revenir])

 

amezv aman, yumezv aman (tiens l’eau)

amezv-n aman, yumezv-n (tiens l’eau)

amezv-d aman, yumezv-d (rapporte)

 

Note :

 

En général, la particule (n) est utilisée pour montrer quelque chose qui est loin du locuteur. En plus de son utilisation comme suffixe des verbes et de certaines prépositions (ar, ar-d, jusqu’à), elle est également utilisée pour construire les pronoms démonstratifs dans la quasi-totalité des parlers comme le montre l’exemple suivant.

 

Exemple :

wann (celui-là),   (en tachelhiyt) gh-wann (celui-là)

tann (celle-là),     (en tachelhiyt) x-tann (celle-là)

winn  (ceux-là),   (en tachelhiyt) gh-winn (ceux-là)

tinn (celles-là),    (en tachelhiyt) x-tinn (celles-là)

 

La particule (d) quant à elle est utilisée dans la direction de l’interlocuteur pour construire d’autres pronoms démonstratifs.

 

Exemple :

wad-degh (celui-ci),  (en tachelhiyt) gh-wad (celui-ci)

tad-degh (celle-ci),    (en tachelhiyt) x-tad (celle-ci)

wid-degh  (ceux-ci),  (en tachelhiyt) gh-wid (ceux-ci)

tid-degh (celles-ci),   (en tachelhiyt) x-tid (celles-ci)

 

Les particules (n) et (d) peuvent être doublées selon le contexte dans lequel elles interviennent, mais l’idée reste la même, le (d) ramène l’idée vers le sujet et (n) l’éloigne de lui. Le phonème « gh » est souvent prononcé en tachelhiyt comme un « x ».

 

Les préfixes

 

Les préfixes sont également utilisés en tamazight pour réutiliser un seul verbe-racine et en fabriquer de nouveaux.

 

Le préfixe (s) ou (ss)

 

Le préfixe (s) ou (ss) ajouté au verbe a pour fonction de changer la direction de l’action. Son absence signifie que cette action est relative au sujet du verbe et sa présence signifie qu’elle est dirigée vers un objet extérieur au sujet.

 

Prenons des exemples :

 

mun, iman (accompagner, rejoindre)

s-mun, i-s-man (faire accompagner, joindre, lier, relier, coller)

 

niy, iniy (monter soi-même sur quelque chose)

s-niy, i-s-niy (faire monter quelqu’un sur quelque chose)

 

ggez, iggez (descendre soi-même)

su-ggez, i-su-ggez (faire descendre, baisser)

 

irid, yarud (être lavé soi-même)

ss-ired, i-ssu-red (laver, se laver)

 

arew, yirew (accoucher)

ss-irew, i-ss-irew (faire accoucher [sage femme])

 

amezv, yumezv (tenir)

ss-imezv, i-ss-umezv (faire tenir, accrocher, coller)

 

Les suffixes mis en jeu dans les exemples ci-dessus sont basés sur la lettre (s). Dans certains cas, il suffit d’un seul (s) et dans d’autres cas, il en faut deux (ss). Comme dans le cas des particules (d) et (n), les suffixe (s) et (ss) sont ajoutés pour préciser la direction de l’action par rapport à l’interlocuteur. L’absence du préfixe signifie que l’action est éloignée du locuteur et sa présence au début du verbe signifie que l’action se rapporte au locuteur.

 

Ce (s) ou (ss) ajouté aux verbes dans la langue amazighe est semblable aux verbes pronominaux en langue française, comme dans (se rappeler, se laver, se coucher, s’amuser)… Néanmoins, l’action des verbes en français se reporte à l’interlocuteur lorsque la particule (se) est présente et elle se reporte à autre chose que l’interlocuteur lorsque la particule (se) est absente. En tamazight, c’est le contraire qui se passe, la présence de (s) ou (ss) éloigne l’action et son absence la rapproche.

 

Le préfixe (m) ou (mm)

 

En plus des particules (s) et (ss), il existe d’autres particules telle que la particule (m) ou (mm) qui préfixe les verbes et qui est destinée à joindre l’action entre au moins deux objets, comme dans l’exemple suivant :

 

m-iyabbayen awal  (ils ne se parlent plus),

mm-nenghan  (ils se sont tués),

m-iyawalen tichirratin n sen  (chacun a épousé la fille de l’autre [entre familles]),

da tte-m-gheran g temgheriwin  (ils s’invitent pendant les mariages.)

 

Nous donnons d’autres exemples en mettant en évidence la particule ajoutée aux verbes :

gher, ighura (étudier soi-même)

ss-gher, i-ss-ghura (enseigner à quelqu’un)

mm-gher, imm-ghura (s’appeler entre personnes)

 

negh, inegha (tuer)

ss-negh, i-ss-negha (faire mal, provoquer la douleur)

mm-negh, immengha (s’entretuer)

 

Le préfixe (tt)

 

Il existe d’autres particules tel que le (tt) qui permet de dériver des verbes qui sont des sortes de « participes passé », mais conjugables sans avoir recours à un auxiliaire « avoir » ou « être » comme en français, comme dans les exemples suivants :

 

wet, iwet (frapper)

ttu-wet, i-ttu-wet (être frappé, être gâté)

 

Le préfixe (n)

 

Il existe également une autre particule qui est le (n). L’exemple suivant permet de le montrer. Mais il est probable que la particule (n) soit une transformation de la particule (m). Cependant, j’insiste que le verbe suivant avec la particule (n) existe dans la région du centre du Maroc et qu’il est quotidiennement utilisé.

 

feru, ifera (réconcilier, résoudre, solutionner)

n-firi, i-n-fara (se réconcilier, se résoudre, mutuellement, être résolu)

 

Le préfixe (l)

 

Un autre préfixe est (l). Il est accolé à certain verbes pour en dériver d’autres.

 

Bbiy, ibbiy (couper)

m-yabbay, i-m-yabbay (se déchirer mutuellement quelque chose)

l-biy, i-l-biy (déchirer brutalement en tirant avec les dents)

 

Combinaison de particules

 

Deux ou plusieurs particules ci-dessus peuvent intervenir ensemble dans la formation d’un seul verbe. Cette technique combinatoire permet d’augmenter davantage le nombre de verbes et par conséquent les possibilités linguistiques pour mieux exprimer les idées avec précision et détail. Prenons l’exemple suivant :

 

amezv, yumezv (tenir)

ss-imezv-d, i-ss-umezv-d (faire tenir, accrocher, coller, du côté de l’interlocuteur)

ss-imezv-n, i-ss-umezv-n (faire tenir, accrocher, coller, du côté opposé)

 

Ici ce sont les particules (ss) et (n), (ss) et (d) qui sont combinées autour d’un radical qui est (amezv). Il existe également d’autres possibilités, (m) et (s), comme dans l’exemple suivant.

 

negha, inegha (tuer)

ss-negha, i-ss-negha (faire mal, provoquer la douleur)

mm-negh, i-mm-negha (s’entretuer)

mm-s-negh, i-mm-s-negha (s’entretuer, se faire mal mutuellement)

 

On dit par exemple : Mm-s-neghan ighfawen, ils se sont réciproquement fait mal à la tête (ils se sont dérangés l’un l’autre, ils se sont embêtés les uns les autres.)

 

L’autonomie des verbes construits

 

Si nous voulons résumer quelques des particules apposées aux verbes pour changer leur sens, nous écririons, en partant du verbe yiwiy (mener, porter), ce qui suit :

 

awiy, yiwiy (porter)

awiy-n, yiwiy-n (apporter vers le côté opposé à l’interlocuteur)

awiy-d, yiwiy-d (apporter vers le côté de l’interlocuteur)

ss-iwiy, i-ss-iwiy (faire emporter par de l’eau)

m-iyaway, i-m-iyaway (s’engager mutuellement dans des mariages)

 

Ainsi, à partir d’un seul verbe, le génie du tamazight en construit quatre autres en leur apposant des préfixes ou des suffixes, basés sur les lettres (n), (d), (s), (m), qui changent chaque fois leur signification pour convenir à d’autres contextes autres que le contexte initial du verbe originel.

 

Il faut voir que les spécificités de la conjugaison du tamazight font que le préfixe ajouté à un verbe peut ne pas être constamment au début du verbe conjugué comme nous le voyons ci-dessus avec ss-iwiy, i-ss-iwiy. La particule (ss) se retrouve au milieu du verbe pour la troisième personne du singulier du verbe conjugué au passé. Mais cela ne veut pas dire que le verbe n’a pas été préfixé comme nous l’avons vu avec la première personne de l’impératif du même verbe.

 

Une fois les verbes ainsi construits avec des suffixes et des préfixes, ils deviennent des verbes autonomes dans leur conjugaison, dans leurs dérivations (noms, participe passé…) Pour cela, nous donnons des exemples pour mieux apercevoir que cette autonomie des verbes est quasi-intégrale, du moins pour l’ensemble des verbes que nous avions passé en revu.

 

Prenons un premier exemple. Le verbe qqar, iqqur (être d’aspect dur) est un verbe duquel est dérivé le nom taghart < taqqart (l’aspect dur d’une chose). En tamazight la lettre (q) passe phonétiquement en (gh) notamment lorsqu’elle est doublée.  L’autre nom que ce verbe permet de dériver est taghurart < taqqurart (la sécheresse.) Avec la particule (s), le verbe qqar, iqqur, donne s-gher, i-s-gher < s-qqer, i-s-qqer (faire sécher.) Ce verbe donne deux noms. Le premier est isgharen (le bois de cuisine ou de chauffage séché avant son utilisation) qui est souvent utilisé dans cette forme plurielle (son singulier devrait être asgher.) Le deuxième nom que ce verbe donne est asaghur (la luzerne séchée au soleil pour alimenter les bêtes en hiver.) Nous voyons que la dérivation des noms à partir des verbes préfixés est totalement autonome.

 

Un autre exemple. Avec le verbe irid, yarud (être lavé), nous retrouvons le nom tareda (lavage). Avec la particule (ss) ce verbe nous donne ss-ired, i-ss-ured (laver). Dans certaines régions amazighophones, les femmes se regroupent souvent pour faire la lessive près d’un canal d’eau, la rigole, tarugwa, tiruggwin. Cet endroit s’appelle amessird, imessirden. Ce nom dérive du verbe messird, imessird qui est un verbe très rare où deux particules (m) et (s) sont en jeu.  La signification de ce verbe est qu’on lave ensemble les habits des uns et des autres. D’ailleurs amessird est un lieu symbolique qui traduit la vivacité de la vie communautaire chez les Imazighen et où toutes les informations de tamazirt circulent.

 

Pour la conjugaison, il est clair que tous les verbes ainsi dérivés se conjuguent normalement sans aucun problème. Nous préférons ne pas donner d’exemple afin d’éviter d’alourdir l’exposé.

 

La préfixation et la suffixation des noms

 

La technique de préfixation n’est pas spécifique aux verbes. Elle est également utilisée avec les noms qui ne dérivent pas nécessairement de verbes préfixés. Prenons les exemples suivant.

 

Le suffixe (d)

 

Zun (comme) est une proposition qui sert à la comparaison et l’analogie. Elle peut être utilisée avec ou sans la particule (d). 

 

Zun ur djin izveri Udera tiyeni (comme si Udera n’avait jamais vu les dattes.)

Zun as iga ighef amellal (Comme s’il avait des cheveux blancs.)

 

Mais elle peut également être utilisée avec le suffixe (d), zun-d

 

Zun-d waddegh zun-d wa (Ces deux choses sont identiques)

Zun-d, zun-d (abréviation de la dernière expression)

 

Certains parlers utilisent l’expression gh-zun-d à la place de zun-d, mais cela n’enlève rien à l’utilisation de la technique de suffixation.

 

Le préfixe (ag)

 

La particule (ag) permet de dériver, des noms à partir des verbes. En général, elle est ajoutée au verbe en lui appliquant des modifications dues à la phonétique et à l’articulation spécifique à tamazight.

 

Ig-zdew, (ou ag-zdew), pl. ig-zdewen, est un mot qui dérive du verbe zdew, izdew (s’incliner, s’abaisser.) Il est d’ailleurs fort probable qu’il a la même racine que ddaw  (en dessous, en bas), tadawet, tidiwwa (le dos, la pente), mots qui tournent tous autour de l’idée d’inclinaison.

 

Ag-mmun, ig-mmunen, prononcé igmmunn (parcelle du terrain cultivé dans un champs), le verbe impliqué ici est mun (accompagner, rassembler), qui donne avec le préfixe (s), le verbe s-mun, i-s-man (raccorder, rattacher, relier, concilier.) En effet, agmmun a un rôle de « rassembleur » de certaines plantes sur la même surface du champ. Cette surface est délimitée par une petite digue (tigitt, tigitin), mot qui dérive du verbe (g, iga) qui permet d’arrêter l’eau autour de ces plantes.

 

Ag-nesu (l’intérieur), est un mot qui dérive du verbe (nes, inesa) (passer la nuit, s'abriter pendant la nuit), ag isena (lit. là où il a passé la nuit). L’intérieur des maisons, des tentes, est en effet un lieu pour se mettre à l’abri pendant la nuit.

 

Ag-wlim, igwleman, (peau traitée de l’animal, mouton en général, sur laquelle le pain est préparé dans les compagnes.) Nous savons que ilem, ilemawen, signifie la peau, ce qui suggère que ce nom dérive de ce nom. Mais nous pouvons également suggérer que ce nom dérive du verbe llem, illem (tordre, filer) à cause de la manière dont ce pain est préparé avant d’être mis dans le four.

 

La particule (ag) est une particule étymologiquement dérivée, semble-t-il, du verbe (g, iga.) En effet, si nous analysons les noms ci-dessus dans lesquels elle intervient, nous constatons aisément que chacun a un rôle qu’il fait, une fonction qu’il accomplit.

 

Le génie linguistique du tamazight

 

Cette technique est évidemment utilisée au quotidien, comme l’agglutination, par les gens parlant le tamazight sans l’avoir nécessairement étudiée et sans avoir le plus souvent conscience qu’ils l’utilisent. C’est un mécanisme linguistique intrinsèque et inhérent à tamazight et il lui donne énormément de force surtout si cette technique est exploitée d’une manière consciente par les linguistes pour élargir son lexique à différentes situations qui le nécessite.

 

Si nous ajoutons la technique d’agglutination de la langue amazighe à cette technique de préfixation et de suffixation, nous obtenons au moins deux caractéristiques linguistiques primordiales et fondamentales du génie linguistique du tamazight. Les deux techniques ci-dessus sont des caractéristiques notamment des langues romanes (une branche importante des langues indo-européennes.)  Ces dernières utilisent depuis déjà des milliers d’années un alphabet adapté à leurs besoins et qui a prouvé son efficacité dans ce domaine. Pour mieux rendre compte du génie linguistique amazigh, pour mieux aider à une évolution naturelle du tamazight, il n’y a donc pas meilleur alphabet que les caractères latins pour mettre en relief d’une manière équivoque l’ensemble de ces caractéristiques dont la plupart restent à découvrir.

 

Une technique universelle

 

Les mots dans les exemples ci-dessus peuvent ne pas être compris par tout le monde vu les différences dialectales, mais un peu de réflexion sur votre propre parler peut vous révéler facilement l’existence des mêmes techniques qui sont universelles à l’ensemble des parlers du tamazight malgré les quelques différences dialectales qui peuvent se retrouver entre eux. Ces différences sont d’ailleurs artificielles et chaque personne connaissant l’un, peut facilement passer à l’autre en peu de temps.

 

Ali Amaniss

 

 

 

 

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