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langue et littérature amazighes: cinquante ans de recherche. hommage à paulette Galland-pernet et Lionel Galland (À la Faculté des Lettres et des sciences humaines – Rabat 27 juin 2006)

"L'odyssée amazighe des Galand"

Par: Mohamed Elmedlaoui

(Institut Royal de la Culture Amazighe)

Madame Galand-Pernet, Monsieur Lionel Galand, Monsieur le recteur (de l'IRCAM), Monsieur le secrétaire générale d' l'IRCAM, Mesdames et Messieurs.

Je remercie le comité d'organisation de m'avoir permis d'apporter ce modeste témoignage à l'égard de deux personnes qui nous sont très chères, Paulette Galand-Pernet et Lionel Galand.

Je commence par dire que c'est un moment historique. Car, quels que soient les détails des différences d'appréciation, en fonction des points de vue, il est certain qu'une dynamique nouvelle traverse depuis presque une décennie la société marocaine à plusieurs niveaux. A certains de ces niveaux, on fait référence à cette dynamique en parlant de réconciliation, le terme vient d'être prononcé par M. El Moujahid ; sur d'autres plans, on parle d'ouverture et de rééquilibrages socio-économiques et socioculturels.

En ce qui concerne le plan socioculturel, dans le cadre duquel s'inscrit la présente heureuse rencontre, et plus précisément le secteur de la gestion et de l'aménagement de l'espace linguistique et littéraire au Maroc, l'occasion qui nous réunit ici aujourd'hui est fort pertinente.

Elle est pertinente en tant que moment fort et marquant parmi toute cette série d'essais d'évaluation, qui accompagnent dernièrement ladite dynamique au Maroc.

Elle est fort pertinente également d'après sa nature, car il s'agit d'un hommage rendu aux Galand, Paulette Galand-Pernet et Lionel Galand, de la part de leurs collègues marocains, de leurs disciples directs ou indirects, qui sont nombreux ici au Maroc, ainsi que de la part de leurs amis et connaissances au Maroc toujours.

L'occasion est également fort pertinente et significative d'après le cadre institutionnel dudit hommage, puisque c'est l'Institut Royal de la Culture Amazighe qui l'a initié et qui l'encadre.

Elle est, enfin, pertinente et significative d'après le lieu même qui en abrite aujourd'hui la cérémonie, puisqu'il s'agit de la prestigieuse Faculté des Lettres et des Sciences Humaine, héritière de l'ancien Institut des Hautes Etudes Marocaines, où Lionel Galand et Paulette Galand-Pernet ont démarré pour de bon, il y a plus d'un demi siècle, leur odyssée de recherche en langue et littérature berbères, sanctionnée par une œuvre colossale, en production, en encadrement et en animation de séminaires et de conférences. Grâce à l'approche de cette œuvre exhaustive et diversifiée de cet heureux couple en matière de langue et littérature amazighes, œuvre comparable, mutatis mutandis vu précisément le progrès accompli, à celle de la classe de certains Basset et autres de même calibre, cette langue et cette littérature sont, aujourd'hui, en passe d'acquérir leurs lettres de noblesse et leur dimension universelle, basées précisément sur la diversité de leurs aspects et sur leurs propres spécificités au sein du club des cultures méditerranéennes. C'est loin des anciennes approches ethnographiques mues plutôt, qu'elles étaient, par du goût pour l'exotique de société, aux dépens de la linguistique en soi et de la littérarité en soi. On a qu'à lire "Littératures berbères: des voix et des lettres" de Paulette Galand-Pernet (1998) pour s'apercevoir de ce changement radical de l'approche expressément formulé.

Je ne peux pas me mettre à la place de l'un et/ou de l'autre des Galand, en essayant d'imaginer, par exemple, quelles auraient été, tout au début, les perspectives dans lesquelles l'un et/ou l'autre envisageait l'avenir du paysage qui constituait et constitue toujours, plus d'un demi siècle après, l'espace de leur odyssée, c'est à dire l'espace de tout ce qui se rapporte à cette langue et à cette littérature. Ils sont les mieux placés maintenant pour prendre le recul nécessaire et porter un jugement comparatif sur la situation et les aboutissements. Mais, parmi les choses certaines à l'actif de cette odyssée et de l'esprit qui l'animait et qui l'anime toujours, il y a le fait suivant: au moment où les Galand commençaient à déferler les voiles de leur Calypso pour ainsi dire au large du pays maure, il n'y avait pratiquement à bord, comme Marocains impliqués, que quelques informateurs. Aujourd'hui, ce sont deux générations de chercheurs marocains confirmés en langue et/ou en littérature berbères, femmes et hommes, qui viennent ici leur rendre hommage en reconnaissance d'une œuvre qui progresse toujours et de laquelle chacun d'eux et chacune d'elles se sent tributaire à un degré ou à un autre. Tous ces gens sont là aujourd'hui pour dire à l'unisson:

AUX GRANDS HOMMES ET FEMMES, LE MAROC RECONNAISSANT.

En ce qui me concerne personnellement, et pour ce qui est de ma propre formation en langue et littérature berbères, que je n'ai entamée qu'après avoir intégré l'université en tant qu'assistant de formation arabisée, je me sens personnellement moi-même, en quelque sorte, d'une façon informelle, il est vrai, mais pourtant réelle, un disciple de la science des Galand dans le domaine du berbère, surtout son volet linguistique.

C'est de Lionel Galand que j'ai reçu la lettre du 03 octobre 1981, puis celle du 17 mars 1982, qui me permirent de briser le cercle pédagogico-administratif vicieux où je me suis trouvé coincé en tant qu'arabisant de formation qui s'était lancé dans l'aventure, combien audacieuse à cette époque, de préparer un doctorat de troisième cycle en linguistique berbère. C'est lui et sa femme, Paulette Galand Pernet, qui m'ont accueilli par la suite, la première fois où, en avril 1982, je mettais les pieds à Paris dans le cadre de mes premiers tâtonnements visant à préciser mon projet de thèse de troisième cycle. Venait ensuite toute une série d'orientations et de recommandations de la part de M. Galand auprès de personnes et d'institutions. Tout cela fut dans un esprit purement noble, libéral et désintéressé, car M. Galand n'était pas en fin de compte mon directeur de thèse; C'était François Dell qui m'encadrait officiellement et que je salue ici à l'occasion. Le tout fut couronné par l'acceptation de M. Galand de me faire l'honneur de siéger au Jury de ma thèse sur la syllabation, quoique celle-ci fût écrite dans un cadre théorique qui n'était pas sien.

Et depuis, mes échanges avec les Galand n'ont jamais perdu de leur régularité – j'en garde jalousement un riche dossier de correspondance, au contraire, ils ont même développé et consolidé, en plus, une autre dimension, la dimension du purement affectif et de purement humain, par delà les intérêts des détails scientifiques et les rapports professionnels.

C'est pourquoi, je me sens aujourd'hui pleinement satisfait de voir que la pression au quotidien de mon institution d'affiliation, l'Institut Royal de la Culture Amazighe, n'a pas du tout détourné cette institution de la vertu de renouer avec le sens des valeurs des choses en nous permettant aujourd'hui, et quelle que soit la modestie de la forme, de témoigner ici, en communion à travers cet hommage, de toute l'estime et de toute l'affection que nous avons pour les Galand.

Puisse cette heureuse rencontre être, enfin, l'occasion pour nous tous, d'engager un moment de réflexion avec recul, en invoquant l'esprit de l'odyssée des Galand, afin de revaloriser la recherche fondamentale sur la langue et la littérature amazighes et faire tout ce qui est nécessaire pour que cet esprit continue de façon à assurer la relève. L'appel qui vient d'être lancé tout à l'heur à l'IRCAM par le doyen de la Faculté, M. Berriane va droit dans ce sens. Ce sera là, j'espère, le comble de tout hommage aux Galand.


 

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